Première embarcation : huit hommes éliminés
Lundi 27 octobre 2025, dans les eaux internationales du Pacifique oriental, la première frappe a frappé une embarcation transportant huit hommes. Selon Pete Hegseth, ces individus étaient connus des services de renseignement américains, naviguant sur des routes connues pour le narcotrafic et transportant des narcotiques. L’attaque a été précise, létale, totale. Aucun survivant. Les images diffusées par le Pentagone montrent des frappes de précision touchant deux bateaux amarrés ensemble et deux autres filant à toute vitesse sur l’eau libre. En quelques secondes, huit vies se sont éteintes, sans avertissement, sans sommation, sans possibilité de reddition. L’administration américaine qualifie ces hommes de « narcoterroristes », les comparant à Al-Qaïda, affirmant qu’ils ont causé plus de morts américaines que le groupe terroriste responsable des attentats du 11 septembre.
Deuxième et troisième frappes : sept morts supplémentaires
La deuxième frappe a ciblé une embarcation transportant quatre hommes. Même scénario, même résultat : aucun survivant. La troisième attaque a visé trois autres individus. Là encore, l’efficacité meurtrière des forces américaines n’a laissé qu’un seul survivant sur l’ensemble des trois opérations. Les autorités mexicaines ont accepté de coordonner le sauvetage de cet unique rescapé, mais on ignore encore s’il a été retrouvé vivant ou si lui aussi a succombé dans les eaux froides du Pacifique. Ces frappes portent le nombre total d’attaques à au moins treize depuis début septembre, avec quatorze embarcations ciblées et un bilan qui dépasse désormais les cinquante-sept morts selon certaines sources. L’administration Trump ne montre aucun signe de ralentissement, au contraire, elle intensifie sa campagne militaire.
Des bateaux connus des services de renseignement
Hegseth a insisté sur le fait que les quatre embarcations étaient « connues de notre appareil de renseignement, transitant le long de routes connues de narcotrafic, et transportant des narcotiques ». Cette affirmation soulève pourtant de nombreuses questions. Si ces bateaux étaient connus, pourquoi ne pas les intercepter? Pourquoi ne pas procéder à des arrestations? Pourquoi choisir l’élimination immédiate plutôt que la saisie de preuves et les poursuites judiciaires? La réponse semble tenir à une nouvelle doctrine adoptée par l’administration Trump : considérer les trafiquants de drogue comme des ennemis en temps de guerre plutôt que comme des criminels relevant du système judiciaire. Cette transformation conceptuelle a des implications énormes, car elle autorise l’utilisation de la force létale sans les protections normalement garanties par le droit criminel ou international. Aucune force américaine n’a été blessée lors de ces frappes, précise le Pentagone, soulignant la nature unilatérale de ces opérations où seuls les occupants des embarcations ont payé le prix ultime.
Un bilan qui dépasse cinquante morts depuis septembre
Treize frappes en moins de deux mois
Depuis le début de cette campagne militaire en septembre 2025, les États-Unis ont mené au moins treize frappes contre quatorze embarcations différentes. Les sept premières attaques ont ciblé des bateaux dans les Caraïbes, causant la mort d’au moins trente-sept personnes. Le 22 octobre, la campagne s’est étendue au Pacifique avec une première frappe ayant fait deux morts, marquant un changement géographique significatif dans la stratégie américaine. Le lendemain, une deuxième frappe dans le Pacifique a causé trois victimes supplémentaires. Et maintenant, avec les trois dernières attaques du 27 octobre, le bilan grimpe à plus de cinquante-sept morts selon les estimations les plus récentes. Cette escalade rapide témoigne d’une intensification de la politique de tolérance zéro de Trump envers le narcotrafic, mais elle soulève également des interrogations majeures sur la durabilité et la légalité de cette approche.
Un déplacement vers les eaux sud-américaines
Le passage des Caraïbes au Pacifique oriental marque un tournant stratégique important. Les eaux au large de l’Amérique du Sud sont le point de départ de la majorité de la cocaïne mondiale, produite principalement en Colombie, au Pérou et en Bolivie. En déplaçant ses opérations militaires vers cette région, l’administration Trump tente de frapper le problème à sa source, d’intercepter la drogue avant qu’elle ne commence son long voyage vers le nord. Cependant, cette extension géographique comporte des risques. Les eaux sud-américaines sont traversées par de nombreuses embarcations civiles, commerciales et de pêche. Le risque d’erreurs, de frappes contre des innocents, augmente considérablement avec chaque nouvelle opération. De plus, cette présence militaire américaine agressive dans les eaux internationales proches des côtes sud-américaines pourrait être perçue comme une provocation par certains gouvernements de la région.
Trump compare les cartels à Al-Qaïda
Le président Donald Trump et son secrétaire à la Défense ont établi une comparaison explicite entre les cartels de la drogue et les groupes terroristes comme Al-Qaïda. Hegseth a déclaré : « Ces narcoterroristes ont causé plus de morts américaines qu’Al-Qaïda, et ils seront traités de la même manière. Nous allons les traquer, nous allons les identifier dans nos réseaux, et ensuite, nous allons les chasser et les éliminer. » Cette rhétorique place officiellement les trafiquants de drogue dans la même catégorie que les terroristes internationaux, justifiant ainsi l’utilisation de tactiques militaires plutôt que policières. Trump a même affirmé que le Département de la Défense a passé « plus de DEUX DÉCENNIES à défendre d’autres patries. Maintenant, nous défendons la nôtre. » Cette reformulation de la lutte antidrogue en termes de guerre antiterroriste a des implications juridiques et éthiques profondes, car elle contourne les protections normales du droit criminel.
Les questions juridiques et éthiques explosent
Des exécutions extrajudiciaires selon les critiques
De nombreux membres du Congrès et groupes de droits civils dénoncent ces frappes comme des exécutions extrajudiciaires illégales. Contrairement aux opérations antiterroristes contre Al-Qaïda où les États-Unis arguaient de la légitime défense après une attaque directe contre leur territoire, la situation avec les trafiquants de drogue est différente. Ces individus sont des criminels, certes, mais ils n’ont pas déclaré la guerre aux États-Unis, ils ne cherchent pas à détruire l’État américain, ils cherchent simplement à faire du profit en exploitant la demande massive de cocaïne qui existe aux États-Unis. Les éliminer sans procès, sans possibilité de défense, sans respect du droit international, constitue selon ces critiques une violation flagrante des normes juridiques fondamentales. Les parlementaires réclament que l’administration présente des preuves et des arguments légaux justifiant ces attaques, mais jusqu’à présent, la Maison Blanche a refusé de fournir une justification juridique détaillée.
Un « conflit armé » déclaré contre les cartels
Le mois dernier, l’administration Trump a formellement déclaré que les États-Unis sont engagés dans un « conflit armé » avec les cartels de la drogue, qu’elle a qualifiés de « combattants illégaux ». Dans une notice adressée aux membres du Congrès, l’administration affirme que les cartels sont des « groupes armés non étatiques » dont les actions « constituent une attaque armée contre les États-Unis » et sont désormais engagés dans un « conflit armé non international » — autrement dit, une guerre contre un acteur non étatique. Cette classification juridique est cruciale car elle permet à l’administration de contourner les protections normalement accordées aux criminels présumés et d’utiliser la force militaire létale sans procédure judiciaire. Cependant, cette interprétation du droit international est hautement contestable et n’a pas été validée par les tribunaux ou par la communauté internationale.
Trump refuse de demander l’autorisation du Congrès
Interrogé la semaine dernière sur les raisons pour lesquelles il ne sollicite pas l’autorisation du Congrès pour sa campagne militaire visant les régimes sud-américains qu’il accuse d’alimenter l’épidémie de drogue aux États-Unis, Trump a répondu avec une franchise brutale : « Je ne pense pas que nous allons nécessairement demander une déclaration de guerre. Je pense que nous allons simplement éliminer les gens qui apportent de la drogue dans notre pays, d’accord? Nous allons les éliminer. Ils vont être, genre, morts, d’accord. » Cette déclaration choquante contourne complètement la Constitution américaine, qui accorde au Congrès le pouvoir exclusif de déclarer la guerre. En agissant unilatéralement, Trump établit un précédent dangereux où le pouvoir exécutif peut engager les forces armées dans des opérations létales sans supervision législative ni débat démocratique.
Le déploiement militaire massif dans les Caraïbes et le Pacifique
Dix avions de combat F-35 à Porto Rico
Pour appuyer sa campagne militaire contre les cartels, Trump a ordonné le déploiement de dix avions de combat furtifs F-35 à Porto Rico, territoire rattaché aux États-Unis situé dans la mer des Caraïbes. Ces avions représentent la pointe de la technologie militaire américaine, capables de frappes de précision et pratiquement indétectables par les radars conventionnels. Leur présence dans les Caraïbes envoie un message clair : les États-Unis sont prêts à utiliser leur arsenal militaire le plus sophistiqué contre les trafiquants de drogue. Ce déploiement s’ajoute à une présence déjà massive dans la région, transformant les Caraïbes en zone militarisée où la surveillance et l’intervention américaines sont omniprésentes. Les pays de la région regardent avec inquiétude cette accumulation de puissance militaire, s’interrogeant sur les intentions à long terme de Washington.
Plus de 4000 militaires et sept navires de guerre
L’engagement militaire américain ne se limite pas aux avions. Plus de 4000 militaires ont été déployés dans la région, accompagnés de sept navires de guerre, dont trois navires amphibies d’assaut dans les Caraïbes et un autre dans le Pacifique. Cette force représente une capacité d’intervention considérable, capable de mener des opérations prolongées sur de vastes zones maritimes. Les navires amphibies d’assaut, en particulier, peuvent transporter des milliers de soldats et des hélicoptères, suggérant que l’administration Trump pourrait envisager des opérations terrestres à l’avenir. Vendredi dernier, Hegseth a ordonné au porte-avions USS Gerald R. Ford — le plus grand du monde — et à son groupe de frappe d’entrer dans une zone de commandement couvrant les Caraïbes et les eaux sud-américaines. Cette « présence de force renforcée » vise à « renforcer la capacité américaine à détecter, surveiller et perturber les acteurs et activités illicites qui compromettent la sécurité et la prospérité de la patrie américaine ».
Des bombardiers B-1B au-dessus du Venezuela
Les données de suivi des vols ont montré un bombardier B-1B opérant au-dessus des Caraïbes près des côtes du Venezuela, bien que Trump ait nié cette information. Ces bombardiers stratégiques à long rayon d’action peuvent transporter des charges d’armement massives et représentent une menace militaire sérieuse. Leur présence dans la région s’inscrit dans la stratégie plus large de l’administration Trump de faire pression sur le gouvernement de Nicolas Maduro, que Washington accuse de faciliter le trafic de drogue et d’avoir « vidé ses prisons vers les États-Unis d’Amérique » tout en inondant le pays de drogue. Le Venezuela affirme avoir déjoué un groupe soutenu par la CIA qui planifiait une prétendue attaque sous faux drapeau contre un navire de guerre américain, dans ce que le gouvernement Maduro décrit comme une tentative d’entraîner le pays dans une « confrontation militaire totale ». La situation devient de plus en plus tendue, avec un risque réel d’escalade militaire régionale.
Les incohérences et contradictions de la politique
Des survivants rapatriés, pas détenus
Une contradiction majeure mine la rhétorique de l’administration Trump. Si ces individus sont vraiment des « terroristes » engagés dans un « conflit armé » contre les États-Unis, pourquoi deux personnes ayant survécu à une frappe récente dans les Caraïbes ont-elles été rapatriées dans leurs pays d’origine plutôt que détenues par les États-Unis? Cette décision suggère que même l’administration reconnaît implicitement que ces personnes ne sont pas des combattants ennemis au sens traditionnel, mais plutôt des criminels relevant du droit pénal. Si on les considère comme des terroristes, ils devraient être détenus et interrogés pour obtenir des renseignements sur les réseaux de trafic. Le fait qu’ils soient simplement renvoyés chez eux révèle l’incohérence fondamentale de la classification juridique adoptée par Washington. Cette contradiction pourrait devenir un problème majeur si l’administration doit défendre sa politique devant les tribunaux.
Le Venezuela n’est pas un producteur majeur de cocaïne
Malgré l’accent mis par Trump sur le Venezuela, ce pays n’est pas un producteur majeur de cocaïne selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Pratiquement toutes les cultures de coca se trouvent en Bolivie, au Pérou et en Colombie. La Drug Enforcement Administration (DEA) sous Trump n’a même pas mentionné le Venezuela dans son rapport de mars sur l’état du trafic de cocaïne. Pourtant, l’administration Trump s’est acharnée à lier le président vénézuélien Nicolas Maduro au trafic de drogue, ainsi qu’au gang Tren de Aragua, malgré des rapports des agences de renseignement qui nient les liens entre ce groupe et le gouvernement de Maduro. Cette focalisation sur le Venezuela semble davantage motivée par des considérations géopolitiques — le désir de renverser le régime de Maduro — que par une stratégie cohérente de lutte antidrogue. L’instrumentalisation du narcotrafic comme prétexte pour une intervention militaire rappelle des précédents historiques troublants.
Des opérations secrètes de la CIA au Venezuela
Plus tôt ce mois-ci, Trump a annoncé avoir autorisé la CIA à mener des opérations secrètes à l’intérieur du Venezuela, affirmant que le gouvernement de Maduro a « vidé ses prisons vers les États-Unis d’Amérique » et inondé le pays de drogue. Cette déclaration publique d’opérations normalement classifiées est inhabituele et potentiellement dangereuse, car elle met en péril les agents sur le terrain et alerte les services de sécurité vénézuéliens. Le gouvernement vénézuélien affirme avoir déjoué un groupe soutenu par la CIA planifiant une attaque sous faux drapeau contre un navire de guerre américain, accusation que Washington nie catégoriquement. Mais l’existence même d’opérations secrètes américaines au Venezuela, combinée au déploiement militaire massif dans la région, crée un scénario extrêmement volatil où une confrontation militaire ouverte pourrait éclater à tout moment. Les pays voisins du Venezuela regardent avec anxiété cette escalade, craignant d’être entraînés dans un conflit régional qu’ils ne souhaitent pas.
L'impact sur les relations internationales
Les gouvernements sud-américains dans l’embarras
Les gouvernements d’Amérique du Sud se retrouvent dans une position extrêmement délicate. D’un côté, ils reconnaissent que le trafic de drogue est un problème majeur qui ravage leurs propres sociétés. De l’autre, ils ne peuvent accepter que les États-Unis mènent des opérations militaires létales dans leurs eaux territoriales ou dans les eaux internationales adjacentes sans coordination ni consultation. Le Mexique, qui a accepté de coordonner le sauvetage du survivant des dernières frappes, marche sur une corde raide, tentant de maintenir de bonnes relations avec Washington tout en défendant sa souveraineté et ses citoyens. Les pays producteurs de coca comme la Colombie, le Pérou et la Bolivie craignent que cette militarisation américaine ne déborde vers leurs territoires, transformant la région en zone de guerre. Certains gouvernements ont discrètement exprimé leur malaise face à cette approche unilatérale américaine.
Le risque d’une guerre régionale
Alors que l’armée américaine accumule sa présence au large des côtes du Venezuela, l’administration Trump envisage des plans potentiels pour attaquer le pays, une opération qui risque de dégénérer en guerre régionale. Le Venezuela entretient des relations étroites avec la Russie, la Chine, Cuba et d’autres pays qui pourraient réagir à une intervention militaire américaine. De plus, les pays voisins comme la Colombie, le Brésil et la Guyane pourraient être entraînés malgré eux dans un conflit s’il éclate. Les flux de réfugiés, l’instabilité économique et les répercussions sécuritaires d’une guerre au Venezuela se feraient sentir dans toute l’Amérique du Sud. Les organisations internationales, y compris les Nations Unies et l’Organisation des États américains, observent avec inquiétude cette escalade militaire, mais semblent incapables ou réticentes à intervenir pour désamorcer la situation.
L’érosion du multilatéralisme
Cette campagne militaire unilatérale des États-Unis contribue à l’érosion continue du multilatéralisme et du respect du droit international. Traditionnellement, la lutte contre le narcotrafic s’effectuait par la coopération internationale, les traités d’extradition, le partage de renseignements et les opérations policières coordonnées. L’approche de Trump rejette complètement ce modèle au profit de l’action militaire directe et unilatérale. Cette évolution inquiète de nombreux pays qui craignent que si les États-Unis peuvent ignorer impunément le droit international pour poursuivre leurs objectifs, d’autres grandes puissances pourraient faire de même. La Chine et la Russie observent attentivement ces développements, prenant note de la manière dont Washington contourne les institutions internationales quand cela lui convient. Le précédent établi par cette campagne antidrogue pourrait avoir des répercussions bien au-delà de l’Amérique latine, affaiblissant l’ordre international fondé sur des règles qui a prévalu depuis la Seconde Guerre mondiale.
Conclusion
Le Pacifique est devenu un cimetière aquatique où plus de cinquante personnes ont perdu la vie sans procès, sans défense, sans espoir de survie. L’administration Trump a transformé la lutte contre le narcotrafic en guerre ouverte, utilisant la puissance militaire américaine pour éliminer quiconque est soupçonné de transporter de la drogue vers les États-Unis. Cette politique soulève des questions fondamentales sur la légalité, l’éthique et l’efficacité d’une approche purement militaire à un problème complexe qui possède des dimensions sociales, économiques et médicales. Les critiques dénoncent des exécutions extrajudiciaires, les défenseurs parlent de légitime défense nationale. Mais au-delà des débats juridiques se trouve une réalité brutale : des hommes meurent en mer, frappés par des missiles américains, leurs corps coulant dans les profondeurs du Pacifique, et personne ne semble capable d’arrêter cette machine de guerre.
L’escalade militaire dans les Caraïbes et le Pacifique transforme toute une région en zone de conflit potentiel. Le déploiement massif de forces armées américaines, l’envoi du plus grand porte-avions du monde, les bombardiers stratégiques survolant les côtes vénézuéliennes… tout cela suggère que les ambitions de Washington vont bien au-delà de la simple interdiction du narcotrafic. Le Venezuela semble être la cible réelle, le narcotrafic servant de prétexte commode pour justifier une présence militaire qui pourrait éventuellement servir à d’autres fins. Les pays d’Amérique du Sud regardent avec anxiété cette accumulation de puissance, craignant d’être entraînés dans un conflit qu’ils ne souhaitent pas et qui ne résoudra aucun de leurs problèmes fondamentaux.
Le plus troublant dans cette situation est peut-être son caractère totalement prévisible. Nous savons que la militarisation de la lutte antidrogue ne fonctionne pas, que chaque trafiquant éliminé est immédiatement remplacé par un autre, que le problème fondamental réside dans la demande massive de cocaïne aux États-Unis et non dans l’offre. Nous savons que cette approche violera inévitablement le droit international, causera des victimes innocentes et créera des précédents dangereux. Nous savons que le coût humain et financier de cette campagne sera énorme tandis que son efficacité sera négligeable. Et pourtant, nous continuons sur cette voie, répétant les erreurs du passé, espérant que cette fois ce sera différent. Plus de cinquante morts dans le Pacifique, et ce n’est que le début. Combien d’autres devront mourir avant qu’on réalise que cette guerre est aussi impossible à gagner que toutes celles qui l’ont précédée? La réponse, tragiquement, est probablement : beaucoup trop. Pendant que Trump célèbre ses « succès » militaires contre les « narcoterroristes », les cartels adaptent leurs routes, leurs méthodes, leurs tactiques. Et la cocaïne continue d’inonder les rues américaines, preuve vivante—ou plutôt mortelle—que la violence d’État ne résout rien, elle ne fait que multiplier les cadavres et les tragédies des deux côtés de cette guerre sans fin.