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La confiance mal placée de la Maison-Blanche

Revenons un moment en arrière. Le 1er octobre 2025, quand le gouvernement a d’abord fermé ses portes, la Maison-Blanche était étonnamment confiante. Les communications étaient claires, le message intérieur fermement établi : les Démocrates capituleront rapidement. Pourquoi cette certitude ? Plusieurs raisons confluaient pour créer une illusion de domination politique. D’abord, Trump pensait que les Démocrates seraient terrorisés à l’idée de fermer le gouvernement — une action qui, traditionnellement, coûte cher politiquement au parti qui la cause ou qui l’accepte. Deuxièmement, la Maison-Blanche avait apparemment misé que la douleur économique immédiate forcerait rapidement les démocrates à accepter ses conditions. Troisièmement — et cela révèle peut-être quelque chose de plus troublant — les conseillers de Trump pensaient que les démocrates ne pourraient simplement pas tenir face à la pression. Ils pensaient à un jeu où Trump avait déjà gagné avant même que n’ait commencé le jeu. Mais voici le problème : les Démocrates, menés par Chuck Schumer au Sénat, avaient leurs propres calculs. Schumer avait décidé que les extensions des crédits d’impôt liés à l’Obamacare — ceux qui aident des dizaines de millions d’Américains à payer leurs primes d’assurance santé — étaient non-négociables. Lui et ses collègues savaient que Trump avait précédemment signé une loi qui terminait le financement de Medicaid et supprimait ces crédits d’impôt. Accepter un compromis maintenant signifierait accepter un défaut immédiat pour ces millions d’Américains. Donc Schumer a dit non. Non dans le calme déterminé de quelqu’un qui comprend l’enjeu. Et quand Schumer a dit non, tout s’est effondré — l’illusion soigneusement cultivée de Trump que ce shutdown serait facile, rapide, déterminé par sa volonté.

Trente-et-un jours de stagnation politique

Le shutdown progresse maintenant, jour après jour, semaine après semaine, dans une monotonie qui ressemble à la torture. Trente-et-un jours. C’est le nombre de jours que les Américains ont vécu sous un gouvernement partiellement paralysé. Comparativement, le shutdown précédent de Trump — celui de 2018-2019 — avait duré 35 jours avant qu’il finisse par capituler face à la pression, notamment après que les contrôleurs aériens aient menacé de ne plus travailler sans salaire. Nous nous rapprochons dangereusement de ce record. Et le pire ? Il n’y a absolument aucun signe que les choses vont s’améliorer rapidement. Le Sénat a rejeté treize fois consécutives les mesures de financement temporaire. Les deux côtés restent inébranlables dans leurs positions. Trump a même essayé de proposer une approche alternative le 31 octobre : il a appelé le Sénat à voter pour des « projets de loi ciblés » qui financerait spécifiquement les militaires, les contrôleurs aériens, et le SNAP. C’était une tentative tactique pour diviser les Démocrates, en théorie. Si certains Démocrates avaient votés avec les Républicains pour rouvrir les militaires, cela aurait créé une fissure. Mais les Démocrates ont tenu bon. Aucune fissure. Aucun vote scindé. Juste un refus collectif. Et Trump, regardant cela, a compris pour la première fois peut-être : ils ne vont pas capituler. Il a vraiment commis une erreur de calcul stratégique.

L’escalade du désespoir : le « nuclear option »

C’est à ce moment que Trump a fait quelque chose que beaucoup considèrent comme désespéré et politiquement suicidaire. Le 31 octobre, depuis l’Air Force One, il a écrit sur Truth Social, en lettres majuscules qui frappent comme des coups de poing : « INITIATE THE NUCLEAR OPTION » — lancez l’option nucléaire. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Il appelait le Sénat à abolir la filibuster — la règle qui exige une majorité de 60 sénateurs pour passer la plupart des législations au Sénat. Si on l’abolissait, seulement une majorité simple de 51 voix serait nécessaire. Avec les Républicains contrôlant 53 sièges, cela aurait théoriquement permis à Trump de forcer la réouverture du gouvernement sans concessions aux Démocrates. C’était une proposition extrême, une option réellement nucléaire en termes politiques, parce que — et c’est crucial — si les Démocrates reprennent le contrôle du Sénat plus tard, ils pourraient utiliser le même outil pour faire passer n’importe quelle législation sans aucune minorité veto. C’est pourquoi les Républicains ont immédiatement fermé la porte. John Thune, le leader républicain au Sénat, a dit simplement : non. Mitch McConnell, bien que sans contrôle direct, a également laissé entendre que c’était une mauvaise idée. Même les alliés de Trump se sont distancés. Un conseiller proche de Trump a même admis à Politico que Trump « comprend que c’est probablement impossible » — ce qui signifie que Trump savait, au moment même où il le proposait, que c’était voué à l’échec. C’était de la politique de théâtre, du pur spectacle, une tentative d’apparaître fort tout en étant réellement en train de céder du terrain.

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