Aller au contenu

Obsession présidentielle pour le Nobel

Depuis le début de son second mandat en janvier 2025, Donald Trump est obsédé par le prix Nobel de la paix. Il en parle constamment. Il affirme publiquement qu’il le mérite. Il cite régulièrement ses accords de paix—notamment le cessez-le-feu à Gaza qu’il a négocié en septembre—comme preuve irréfutable de sa légitimité. Il a même obtenu des nominations officielles de la part de Benjamin Netanyahu, du Pakistan, de l’Azerbaïdjan, du Rwanda et du Cambodge. Trump s’est convaincu que ce prix lui revenait de droit, qu’il était le pacificateur du monde moderne, l’homme qui mettait fin aux guerres que ses prédécesseurs avaient laissées pourrir. Cette conviction n’est pas nouvelle: déjà lors de son premier mandat, Trump avait exprimé sa frustration de ne pas avoir reçu le Nobel malgré ses rencontres avec Kim Jong-un et ses «accords historiques» au Moyen-Orient. Mais cette fois, avec un cessez-le-feu à Gaza approuvé quelques jours avant l’annonce du Nobel 2025, Trump était certain de gagner. Il avait déjà préparé son discours de remerciement, selon des sources proches de la Maison-Blanche.

Le 10 octobre: annonce du Nobel et effondrement

Le 10 octobre 2025, le Comité Nobel norvégien a annoncé que le prix Nobel de la paix était attribué à María Corina Machado, leader de l’opposition vénézuélienne, «l’un des exemples les plus extraordinaires de courage civil en Amérique latine de ces derniers temps». Trump n’était même pas mentionné. Pas une allusion, pas une considération, rien. Le silence était assourdissant. La réaction de la Maison-Blanche a été immédiate et virulente. Steven Cheung, directeur de la communication, a publié un communiqué déclarant: «Le Comité Nobel a prouvé qu’il place la politique avant la paix. Le président Trump continuera à faire des accords de paix, à mettre fin aux guerres, et à sauver des vies. Il a le coeur d’un humanitaire, et il n’y aura jamais personne comme lui capable de déplacer des montagnes par la seule force de sa volonté.» Richard Grenell, envoyé de Trump pour le Venezuela, est allé encore plus loin, déclarant que «le prix Nobel est mort depuis des années». Trump lui-même, fait rare, n’a rien tweeté immédiatement—un silence qui en disait long sur sa blessure narcissique profonde.

Pourquoi Trump n’avait aucune chance

Les experts en relations internationales et les spécialistes du Nobel ont été unanimes: Trump n’avait aucune chance de gagner. Nina Graeger, directrice de l’Institut de recherche sur la paix d’Oslo, a expliqué que le testament d’Alfred Nobel stipule que le prix doit être attribué à «celui qui a accompli le plus ou le mieux pour la fraternité entre les nations». Trump, avec son mépris pour les organisations internationales, son retrait des accords de Paris sur le climat, son langage agressif envers les alliés et ennemis, et son approche transactionnelle de la diplomatie, ne correspondait tout simplement pas aux critères. De plus, le Comité Nobel privilégie généralement la durabilité de la paix, le travail patient d’institutions qui renforcent la fraternité internationale, et les efforts discrets plutôt que les spectacles médiatiques. Le cessez-le-feu à Gaza, bien qu’important, n’avait que quelques semaines d’existence au moment de l’annonce—trop récent, trop fragile pour justifier un Nobel. Mais Trump, incapable de comprendre ces nuances, a vécu ce rejet comme une trahison personnelle, une injustice cosmique orchestrée par des élites européennes qui le haïssaient.

facebook icon twitter icon linkedin icon
Copié!

Commentaires

0 0 votes
Évaluation de l'article
Subscribe
Notify of
guest
0 Commentaires
Newest
Oldest Most Voted
Inline Feedbacks
View all comments
More Content