Certains monarques laissent derrière eux des palais et des monuments. D’autres laissent derrière eux des questions auxquelles les historiens peinent encore à répondre. Léopold II de Belgique a réussi à faire les deux, créant un héritage si complexe que son propre pays célèbre ses réalisations tandis que le monde se souvient des atrocités. Son règne a modifié deux continents d’une manière dont aucun ne s’est encore remis. Nous allons en apprendre davantage sur ce roi qui a suscité de profondes divisions.
1. Naissance et début de la vie
Le premier monarque de Belgique, Léopold Ier, et son épouse, la reine Louise d’Orléans, accueillent leur deuxième fils à Bruxelles le 9 avril 1835. Cet enfant, également prénommé Léopold, deviendra l’héritier de la dynastie en devenant duc de Brabant à l’âge de onze ans.
2. Nom de naissance complet
Dans la grande tradition des monarchies européennes, où les noms ont le poids des dynasties, le futur roi Léopold II entre dans le monde sous le nom de Léopold Louis Philippe Marie Victor à Bruxelles. Son nom royal en cinq parties résonne dans les couloirs de la souveraineté belge.
3. L'ascension vers le trône
Bien que Léopold II soit mort sans héritier mâle légitime, son règne de quarante-quatre ans, le plus long de l’histoire belge, avait commencé de manière décisive avec son ascension après la mort de son père, Léopold Ier, le 10 décembre 1865. La lignée royale se poursuivra par l’intermédiaire de son neveu, Albert Ier.
4. Mariage avec Marie-Henriette
Les cloches du grand mariage d’août 1853 annonçaient ce qui semblait être un mariage royal parfait entre Léopold II et l’archiduchesse Marie-Henriette d’Autriche. Pourtant, derrière les calculs politiques et la splendeur des cérémonies se cachait une union vouée à la froideur. Ils eurent trois filles et un fils.
5. Surnom du roi bâtisseur
Si les Belges ont fièrement surnommé Léopold II leur « roi bâtisseur » pour avoir transformé Bruxelles en monuments grandioses et en projets urbains d’envergure, cet héritage architectural comportait une sombre ironie. Les majestueuses avenues et les travaux publics ont en effet été financés par l’exploitation du Congo.
6. Fondation de l'État libre du Congo
Pour contrôler le Congo, Léopold a commencé par créer une organisation prétendument caritative afin d’asseoir ses prétentions. Ce travail de fond astucieux a porté ses fruits lors de la conférence de Berlin de 1884-1885, où il a obtenu le soutien de la communauté internationale pour créer l’État libre du Congo.
7. Association internationale du Congo
Il construit méthodiquement la légitimité de ses ambitions coloniales. À partir de la conférence de Bruxelles de 1876 réunissant des scientifiques et des explorateurs autour de la découverte de l’Afrique, le monarque crée l’Association internationale africaine en 1878, puis la transforme en Association internationale du Congo.
8. Exploitation du caoutchouc et de l'ivoire
Ce qui avait commencé comme une entreprise philanthropique dans le commerce de l’ivoire au Congo s’est transformé en quelque chose de bien plus sinistre sous le contrôle de Léopold II. Avec la montée en flèche des prix du caoutchouc dans les années 1890, son administration a mis en place des systèmes de travail forcé de plus en plus oppressifs, transformant le territoire en un monopole brutal.
9. Commission d'enquête internationale
Dans une tentative mal calculée de détourner les critiques croissantes, Léopold II a créé sa propre commission d’enquête en 1904, mais l’enquête s’est retournée contre lui. La commission a confirmé les rapports faisant état d’atrocités généralisées dans l’État libre du Congo, exposant ainsi les véritables réalités de son régime.
10. Transfert du Congo vers la Belgique
La conférence de Berlin de 1884-1885 a accordé à Léopold II la domination personnelle de l’État libre du Congo, plaçant ce vaste territoire africain sous son contrôle individuel plutôt que sous celui de l’autorité belge. Pendant vingt-trois ans, Léopold a dirigé la région comme sa propriété privée jusqu’en 1908.
11. Dernières années
Le silence qui a accueilli le cortège funèbre de ce personnage en 1909 en dit long sur la complexité de son héritage. Au cours de son règne de 44 ans, qui s’est achevé par sa mort à Laeken le 17 décembre, le roi des Belges a transformé sa nation par une modernisation ambitieuse.
12. La fin de la reine Marie-Henriette
Issue de l’illustre dynastie des Habsbourg-Lorraine, l’archiduchesse autrichienne Marie-Henriette connaîtra une fin de vie loin de la splendeur impériale. Après un mariage difficile avec Léopold II, les deux souverains menant des vies séparées, la reine s’éteint seule dans la ville belge de Spa en 1902.
13. Détails sur ses enfants
La disparition du fils unique et héritier de Léopold à l’âge de neuf ans en 1869 a porté un coup dévastateur à la dynastie, mais ses trois filles ont mené une vie remarquablement longue. Louise-Marie a vécu jusqu’à 66 ans, tandis que Stéphanie et Clémentine ont survécu jusqu’au vingtième siècle.
14. Frustrations de la monarchie constitutionnelle
Le jeune statut de la Belgique en tant que nation dans les années 1830 a laissé ses structures de pouvoir quelque peu fluides, créant une ouverture à laquelle Léopold II n’a pas pu résister. Se heurtant à des contraintes constitutionnelles dans son pays, il les contourne habilement en établissant son fief personnel dans l’État libre du Congo.
15. Une longue histoire de voyages
Globe-trotter chevronné qui a parcouru les grandes capitales européennes et s’est aventuré en Égypte, en Palestine et en Inde, cet homme cultivait l’air mondain d’un explorateur chevronné. Pourtant, par une ironie de l’histoire, le monarque n’a jamais mis les pieds sur le vaste territoire africain.
16. Obtention du grade militaire
Bien qu’il ait été formé au commandement militaire dès l’adolescence, Léopold II n’a été promu que très tôt lieutenant général et nommé colonel en chef des unités belges, ce qui n’a été qu’un tremplin cérémoniel. Le jeune roi réoriente rapidement ses ambitions considérables vers l’expansion coloniale et les activités économiques.
17. Traité anti-esclavagiste de 1890
Alors que les diplomates se réunissent à la conférence de Bruxelles de 1889-1890 pour élaborer des mesures anti-esclavagistes, une réalité différente se déroule dans l’État libre du Congo. Alors que Léopold II se fait le champion de l’abolition dans les salles européennes, son régime colonial impose simultanément le travail forcé et la brutalité.
18. Utilisation de la Force Publique
Il n’a jamais mis les pieds dans l’État libre du Congo lui-même, mais le monarque a maintenu une main de fer par l’intermédiaire de son mandataire militaire, la Force publique. Cette force mercenaire est devenue son instrument de contrôle à distance, appliquant les politiques de travail et supprimant toute résistance de la part du peuple congolais.
19. Henry Morton Stanley Partnership
Henry Morton Stanley, déjà célèbre pour avoir localisé David Livingstone en Afrique, a apporté une crédibilité scientifique considérable aux aspirations coloniales de Léopold. Grâce à leur partenariat de 1878 au sein du Comité d’étude sur le Haut-Congo, Léopold a habilement tiré parti de la réputation respectée de Stanley pour dissimuler ses ambitions territoriales.
20. Succession sans héritier mâle
L’actuel monarque de Belgique, le roi Philippe, doit sa couronne à un fascinant destin royal. Sa lignée remonte à Albert Ier, neveu de Léopold II, un chemin de succession tracé par une tragédie lorsque le fils unique de Léopold II s’est éteint en bas âge en 1869.