Un télégramme du Département d’État qui fait trembler le monde
La directive en question n’a pas été annoncée lors d’une conférence de presse, ni même dans un communiqué officiel destiné au grand public. Elle a été transmise aux ambassades et consulats américains du monde entier sous forme de télégramme interne, un document administratif dense et technique qui redéfinit les critères d’inadmissibilité médicale pour les demandeurs de visa. Ce télégramme, daté du 6 novembre 2025, est le fruit d’une révision majeure du Manuel des Affaires Étrangères, l’outil de référence des agents consulaires. Il ne s’agit pas d’une simple mise à jour de procédure : c’est une refonte idéologique de ce que signifie être « admissible » aux États-Unis. Pendant des décennies, les examens médicaux pour les visas se concentraient presque exclusivement sur les maladies contagieuses — tuberculose, syphilis, lèpre — et sur la vérification des vaccinations obligatoires. L’objectif était clair : protéger la population américaine contre les épidémies. Mais cette nouvelle politique élargit le spectre de manière radicale. Elle ordonne aux médecins agréés et au personnel consulaire d’évaluer de manière prospective si l’état de santé d’un demandeur pourrait engendrer des « coûts substantiels à long terme » pour les ressources publiques américaines. Autrement dit, il ne s’agit plus de protéger la santé publique, mais de protéger les finances publiques.
Les maladies ciblées : une liste qui fait froid dans le dos
Le document officiel énumère une liste extensive de conditions médicales susceptibles d’entraîner le refus d’un visa. L’obésité figure en tête de liste — une condition qui touche des centaines de millions de personnes à travers le monde. Le diabète, les maladies cardiovasculaires, les troubles respiratoires, le cancer sous toutes ses formes, les maladies métaboliques, les maladies neurologiques, les troubles mentaux graves, l’apnée du sommeil, l’hypertension artérielle et l’asthme sont également mentionnés. Ces affections ne sont pas rares, elles ne sont pas exotiques, elles ne sont pas le fruit de comportements irresponsables. Ce sont des maladies chroniques qui touchent des personnes de tous âges, de toutes origines, de tous milieux sociaux. Et pourtant, elles deviennent des motifs d’exclusion. La directive précise également que toute maladie « susceptible de nécessiter des soins institutionnels chroniques » doit être considérée comme un facteur de risque. Cela inclut potentiellement les personnes âgées, les personnes en situation de handicap, ou encore celles qui nécessitent des traitements de longue durée comme la dialyse ou la chimiothérapie. Le message est brutal : si votre état de santé risque de coûter trop cher, vous n’êtes pas le bienvenu.
Le principe de la « charge publique » réactivé avec une brutalité inédite
L’administration Trump justifie cette nouvelle politique en invoquant un principe historique du droit américain : la « charge publique ». Ce principe, inscrit dans la loi sur l’immigration depuis plus d’un siècle, permet de refuser l’entrée aux États-Unis à toute personne jugée susceptible de devenir dépendante de l’aide publique. « L’autonomie est depuis longtemps un principe fondamental de la politique d’immigration américaine », indique le texte officiel. Mais ce qui change aujourd’hui, c’est l’ampleur de l’application de ce principe. Jusqu’à présent, la charge publique visait principalement les personnes sans ressources financières, les chômeurs de longue durée, les familles nombreuses sans moyens de subsistance. Désormais, elle s’étend aux personnes malades, quel que soit leur niveau de revenus, leur qualification professionnelle ou leur contribution potentielle à la société américaine. La doctrine élargie de la charge publique n’est pas nouvelle — des tentatives de durcir les critères d’inadmissibilité basés sur la santé ont déjà émergé sous d’autres administrations — mais jamais à cette échelle. Les analystes en politique de santé mettent en garde contre un impact disproportionné sur les candidats issus de pays où l’obésité et le diabète sont très répandus, ce qui pourrait détériorer les relations bilatérales et créer des tensions diplomatiques majeures.
Les conséquences concrètes pour les demandeurs de visa
Voyageurs d’affaires, étudiants, familles : personne n’est épargné
Cette nouvelle directive ne concerne pas uniquement les demandeurs de visas d’immigrant, ceux qui souhaitent s’installer définitivement aux États-Unis. Les avocats spécialisés en droit de l’immigration soulignent que même les demandeurs de visas non-immigrants à court terme — comme les voyageurs d’affaires, les touristes, les étudiants internationaux ou les travailleurs temporaires — pourraient être concernés si les postes consulaires appliquent strictement cette nouvelle directive. Concrètement, ce changement offre aux agents consulaires une plus grande latitude pour exiger des garanties financières supplémentaires, refuser des visas directement ou placer les demandeurs en traitement administratif jusqu’à ce qu’ils prouvent qu’ils disposent d’une assurance santé privée couvrant leur séjour aux États-Unis. Les universités américaines accueillant un grand nombre d’étudiants en visa F-1 préparent déjà des webinaires pour expliquer ces nouveaux critères et avertir que des affections courantes détectées lors de l’examen médical pourraient désormais entraîner un contrôle renforcé. Les familles souhaitant rejoindre leurs proches aux États-Unis, les professionnels qualifiés cherchant des opportunités d’emploi, ou encore les personnes âgées désirant se rapprocher de leurs enfants expatriés pourraient tous se voir refuser l’entrée sur le territoire américain en raison de leur état de santé ou de leur âge.
Les garanties financières deviennent une nécessité absolue
Les responsables de la mobilité internationale conseillent déjà aux employés en déplacement de voyager avec une preuve d’assurance privée, une attestation de capacité à couvrir les frais médicaux, et, si possible, des lettres de médecins confirmant que leur état est bien contrôlé. Mais ces garanties suffiront-elles ? Rien n’est moins sûr. Car la directive laisse une marge d’interprétation considérable aux agents consulaires. Chaque ambassade, chaque consulat, chaque agent pourra appliquer ces critères de manière plus ou moins stricte, créant ainsi une inégalité de traitement selon le pays de résidence du demandeur. Un cadre supérieur d’une multinationale, parfaitement assuré, pourrait se voir refuser un visa si son dossier médical révèle une hypertension chronique ou un diagnostic de diabète de type 2. Un étudiant brillant, admis dans une université prestigieuse, pourrait être bloqué à la frontière si son examen médical détecte une obésité modérée. Une mère de famille souhaitant rendre visite à ses enfants installés aux États-Unis pourrait être jugée inadmissible si elle souffre d’une maladie cardiovasculaire, même stabilisée sous traitement. Le système devient imprévisible, arbitraire, et profondément injuste.
Des délais d’attente rallongés et des taux de refus en hausse
À court terme, cette politique risque d’allonger les délais des examens médicaux et d’augmenter les taux de refus de visa de manière significative. Les médecins agréés, chargés de réaliser les examens médicaux obligatoires, devront désormais effectuer des évaluations beaucoup plus détaillées, ce qui prendra du temps et coûtera plus cher aux demandeurs. Les agents consulaires, de leur côté, devront analyser des dossiers médicaux complexes, consulter des experts, demander des documents supplémentaires. Tout cela ralentit le processus, crée des goulets d’étranglement, et frustre des millions de personnes qui voient leurs projets de vie, de travail ou d’études bloqués par une bureaucratie de plus en plus oppressante. À long terme, les employeurs multinationaux devront peut-être prévoir des budgets plus importants pour des assurances complémentaires ou envisager de délocaliser certains projets vers des pays tiers si des talents clés ne passent pas les contrôles médicaux américains. Les universités américaines, déjà confrontées à une baisse des inscriptions internationales depuis plusieurs années, risquent de voir ce phénomène s’accentuer. Les entreprises technologiques, qui dépendent massivement de la main-d’œuvre étrangère qualifiée, pourraient être contraintes de revoir leurs stratégies de recrutement.
Un impact disproportionné sur certains pays et populations
Les pays en développement particulièrement touchés
Les analystes en politique de santé mettent en garde contre un impact disproportionné sur les candidats issus de pays où l’obésité et le diabète sont très répandus. Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé, l’obésité touche plus de 650 millions d’adultes dans le monde, et le diabète affecte près de 537 millions de personnes. Ces maladies sont particulièrement fréquentes dans les pays en développement, où les systèmes de santé sont souvent moins performants et où l’accès aux soins de qualité est limité. En appliquant cette nouvelle directive, les États-Unis risquent de fermer leurs portes à des populations entières, créant ainsi une forme de discrimination sanitaire qui pourrait détériorer les relations bilatérales et créer des tensions diplomatiques majeures. Les pays d’Amérique latine, d’Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient et d’Asie du Sud, où les taux d’obésité et de diabète sont en forte augmentation, seront particulièrement touchés. Les candidats issus de ces régions devront non seulement prouver qu’ils disposent de ressources financières suffisantes, mais également démontrer que leur état de santé ne représente pas un risque pour les finances publiques américaines. Un fardeau supplémentaire qui rend l’accès au visa américain encore plus difficile.
Les personnes âgées et les familles en situation de réunification
Les personnes âgées souhaitant rejoindre leurs enfants installés aux États-Unis sont particulièrement vulnérables face à cette nouvelle politique. Avec l’âge, les maladies chroniques se multiplient : hypertension, diabète, maladies cardiovasculaires, troubles articulaires, problèmes de vision et d’audition. Toutes ces conditions, parfaitement normales dans le processus de vieillissement, pourraient désormais constituer des motifs de refus de visa. Les familles qui souhaitent se réunir, qui ont attendu des années pour obtenir un visa de regroupement familial, pourraient voir leurs espoirs anéantis par un simple résultat d’examen médical. Les enfants installés aux États-Unis, souvent citoyens américains ou résidents permanents, se retrouvent dans une situation impossible : leurs parents, pourtant admissibles sur le plan légal, sont exclus pour des raisons de santé. Le rêve américain, pour ces familles, devient un cauchemar bureaucratique. Et cette réalité touche des millions de personnes à travers le monde, créant des drames humains invisibles, des séparations forcées, des déchirements familiaux que les statistiques officielles ne sauront jamais capturer.
Les questions de compatibilité avec les lois anti-discrimination
Des interrogations subsistent également sur la compatibilité de cette directive avec les lois anti-discrimination américaines et les conventions internationales sur le handicap. Les États-Unis ont ratifié plusieurs traités internationaux qui garantissent les droits des personnes en situation de handicap et interdisent toute forme de discrimination fondée sur l’état de santé. La Convention relative aux droits des personnes handicapées, adoptée par l’ONU en 2006, stipule que les États doivent garantir l’égalité d’accès à tous les services publics, y compris les procédures d’immigration. En appliquant des critères d’inadmissibilité fondés sur des maladies chroniques, les États-Unis pourraient être accusés de violer ces engagements internationaux. Des organisations de défense des droits humains et des associations de patients préparent déjà des recours juridiques pour contester cette politique. Mais les procédures judiciaires prennent du temps, et en attendant, des milliers de personnes voient leurs demandes de visa rejetées sans possibilité de recours immédiat. Le droit à la mobilité, le droit à la vie familiale, le droit à l’éducation et à l’emploi sont bafoués au nom d’une logique comptable qui réduit les êtres humains à des chiffres.
Les réactions des experts et des organisations internationales
Les avocats spécialisés en immigration sonnent l’alarme
Les avocats spécialisés en droit de l’immigration sont en état d’alerte maximale. Depuis l’annonce de cette directive, les cabinets juridiques reçoivent des centaines d’appels de clients paniqués, inquiets de voir leurs demandes de visa compromises par leur état de santé. Les juristes soulignent que cette politique crée une incertitude juridique majeure, car elle laisse une marge d’interprétation considérable aux agents consulaires. Aucun critère objectif n’est fourni pour déterminer ce qui constitue un « coût substantiel à long terme ». Un agent consulaire pourrait juger qu’un diabétique bien contrôlé ne représente pas de risque, tandis qu’un autre, dans une ambassade différente, pourrait refuser le visa pour la même condition. Cette inégalité de traitement est non seulement injuste, elle est également contraire aux principes fondamentaux du droit administratif américain, qui exige une application uniforme et prévisible des règles. Les avocats préparent déjà des recours juridiques, des class actions, des pétitions adressées au Congrès. Mais le processus judiciaire est lent, et en attendant, des milliers de personnes voient leurs projets de vie remis en question. Les organisations professionnelles d’avocats en immigration ont publié des communiqués demandant au Département d’État de clarifier les critères d’application de cette directive et de garantir que les droits des demandeurs seront respectés.
Les universités et les entreprises s’inquiètent pour leurs recrues internationales
Les universités américaines, qui accueillent chaque année des centaines de milliers d’étudiants internationaux, sont profondément préoccupées par cette nouvelle politique. Les responsables des services d’admission internationale organisent des webinaires d’urgence pour informer les étudiants des nouvelles exigences et les aider à préparer leurs dossiers médicaux. Mais ils savent que cette directive pourrait avoir un impact dévastateur sur les inscriptions internationales, déjà en baisse depuis plusieurs années en raison des politiques migratoires restrictives et de la concurrence d’autres destinations universitaires comme le Canada, le Royaume-Uni ou l’Australie. Les entreprises technologiques, de leur côté, s’inquiètent pour leurs stratégies de recrutement international. Des géants comme Google, Microsoft, Apple ou Amazon dépendent massivement de la main-d’œuvre étrangère qualifiée, et toute restriction supplémentaire sur les visas de travail pourrait compromettre leur capacité à attirer les meilleurs talents. Les chambres de commerce américaines ont déjà exprimé leur opposition à cette politique, soulignant que les restrictions sur l’immigration qualifiée nuisent à la compétitivité économique des États-Unis et favorisent leurs concurrents internationaux.
Les organisations de santé dénoncent une discrimination médicale
Les organisations de santé publique et les associations de patients dénoncent cette politique comme une forme de discrimination médicale inacceptable. L’American Medical Association, l’American Diabetes Association, l’American Heart Association et de nombreuses autres organisations professionnelles ont publié des déclarations condamnant cette directive. Elles soulignent que les maladies chroniques comme le diabète, l’obésité ou les maladies cardiovasculaires peuvent être parfaitement contrôlées avec des traitements appropriés, et que les personnes atteintes de ces conditions peuvent mener des vies productives et contribuer pleinement à la société. En excluant ces personnes sur la base de leur état de santé, les États-Unis envoient un message stigmatisant qui renforce les préjugés et la discrimination à l’encontre des personnes malades. Les experts en santé publique rappellent également que l’obésité et le diabète sont souvent le résultat de facteurs socio-économiques et environnementaux complexes, et que blâmer les individus pour leur état de santé est une approche simpliste et injuste. Ils appellent le gouvernement américain à reconsidérer cette politique et à adopter une approche plus humaine et plus équitable de l’immigration.
Les précédents historiques et les tentatives passées
Un principe centenaire qui refait surface
Le principe de la « charge publique » n’est pas nouveau dans l’histoire de l’immigration américaine. Il remonte à la fin du 19e siècle, lorsque les États-Unis ont commencé à adopter des lois restrictives pour contrôler les flux migratoires en provenance d’Europe et d’Asie. À l’époque, les autorités américaines craignaient que les immigrants pauvres, malades ou handicapés ne deviennent un fardeau pour les systèmes d’assistance publique naissants. La loi sur l’immigration de 1882 introduisit pour la première fois le concept de « charge publique », permettant de refuser l’entrée aux « idiots, aux aliénés, aux personnes susceptibles de devenir une charge publique ». Cette formulation, choquante pour nos standards modernes, reflétait les préjugés et les peurs de l’époque. Au fil des décennies, le principe de la charge publique a été appliqué de manière plus ou moins stricte selon les administrations, mais il n’avait jamais été étendu de manière aussi systématique aux maladies chroniques non contagieuses. Des tentatives de durcir les critères d’inadmissibilité basés sur la santé ont déjà émergé sous d’autres administrations, notamment sous la première administration Trump entre 2017 et 2021, mais elles avaient été largement contestées et partiellement annulées par les tribunaux. Cette nouvelle directive marque une escalade majeure dans l’application de ce principe.
Les batailles juridiques des années précédentes
Entre 2019 et 2020, l’administration Trump avait déjà tenté d’élargir la définition de la charge publique en incluant l’utilisation de programmes d’aide sociale comme les bons alimentaires, l’assurance maladie publique (Medicaid) ou les aides au logement. Cette politique, connue sous le nom de « règle de la charge publique », avait provoqué une vague de contestations juridiques de la part d’organisations de défense des droits des immigrants, d’États fédérés et de villes. Plusieurs tribunaux fédéraux avaient suspendu l’application de cette règle, la jugeant contraire à la loi sur l’immigration et discriminatoire à l’encontre des personnes à faibles revenus et des immigrants issus de pays en développement. En 2021, l’administration Biden avait officiellement abrogé cette règle, rétablissant une définition plus restrictive de la charge publique. Mais aujourd’hui, en 2025, avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, cette politique refait surface sous une forme encore plus radicale. Cette fois, ce ne sont plus seulement les bénéficiaires de programmes sociaux qui sont visés, mais toute personne dont l’état de santé pourrait, hypothétiquement, générer des coûts pour le système américain. Les batailles juridiques des années précédentes ont montré que ces politiques sont hautement contestables sur le plan légal, mais elles ont également révélé la détermination de certains responsables politiques à restreindre l’immigration par tous les moyens possibles.
Les leçons ignorées des politiques d’exclusion passées
L’histoire de l’immigration américaine est jalonnée de politiques d’exclusion fondées sur des critères aujourd’hui largement condamnés. L’exclusion des personnes atteintes de maladies mentales, de handicaps physiques, ou de conditions médicales jugées « indésirables » a longtemps été la norme. Pendant des décennies, les personnes homosexuelles étaient considérées comme « mentalement malades » et donc inadmissibles aux États-Unis. Les personnes séropositives ont été exclues de l’immigration américaine jusqu’en 2010, une politique qui a été largement critiquée comme discriminatoire et contraire aux principes de santé publique. Les personnes atteintes de handicaps intellectuels ont été systématiquement refoulées à Ellis Island et dans d’autres points d’entrée jusqu’au milieu du 20e siècle. Toutes ces politiques ont été progressivement abandonnées, non pas parce qu’elles étaient inefficaces sur le plan économique, mais parce qu’elles étaient injustes, discriminatoires et contraires aux valeurs fondamentales de dignité humaine et d’égalité. Pourtant, aujourd’hui, nous assistons à une résurgence de ces logiques d’exclusion, habillées dans un langage plus technocratique, plus administratif, mais tout aussi déshumanisant. Les leçons du passé semblent avoir été oubliées, ou délibérément ignorées.
Les implications économiques et diplomatiques
Un coût économique pour les entreprises américaines
Cette politique pourrait avoir des conséquences économiques majeures pour les entreprises américaines. Les multinationales qui dépendent de la mobilité internationale de leurs employés devront désormais prévoir des budgets supplémentaires pour des assurances santé privées couvrant les séjours aux États-Unis, des examens médicaux plus approfondis, et éventuellement des solutions alternatives si des employés clés se voient refuser un visa. Les start-ups technologiques, qui recrutent massivement à l’international, pourraient être contraintes de délocaliser certaines fonctions vers des pays plus accueillants. Le Canada, l’Australie, le Royaume-Uni et plusieurs pays européens sont déjà en train de capitaliser sur les politiques migratoires restrictives des États-Unis pour attirer les talents internationaux. Les universités américaines, qui génèrent des revenus considérables grâce aux frais de scolarité des étudiants internationaux, risquent de voir leurs inscriptions chuter davantage. Selon les estimations de l’Institute of International Education, les étudiants internationaux contribuent chaque année à hauteur de 40 milliards de dollars à l’économie américaine. Si cette nouvelle politique dissuade des milliers d’étudiants de choisir les États-Unis comme destination d’études, l’impact économique pourrait être considérable.
Des tensions diplomatiques en perspective
Cette politique risque également de créer des tensions diplomatiques avec de nombreux pays partenaires des États-Unis. Les gouvernements étrangers pourraient percevoir cette directive comme une forme de discrimination à l’encontre de leurs citoyens, surtout si les taux de refus de visa augmentent de manière significative pour certaines nationalités. Les pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie, où les taux d’obésité et de diabète sont en forte augmentation, pourraient y voir une forme de néocolonialisme sanitaire, une manière de fermer les portes aux populations des pays en développement tout en maintenant l’accès privilégié pour les citoyens des pays riches et développés. Des organisations internationales comme l’Organisation mondiale de la santé ou le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme pourraient également critiquer cette politique et appeler les États-Unis à respecter leurs engagements internationaux en matière de droits humains et de non-discrimination. Les relations commerciales, les accords de coopération scientifique et technique, les programmes d’échange universitaire pourraient tous être affectés par cette nouvelle politique. À long terme, les États-Unis risquent de se retrouver de plus en plus isolés sur la scène internationale, perçus non plus comme un modèle de démocratie et de libertés, mais comme un pays qui trie ses visiteurs en fonction de leur rentabilité biologique.
L’impact sur les pays en développement et les flux migratoires globaux
Les pays en développement, déjà confrontés à des défis économiques, sanitaires et sociaux considérables, seront les plus touchés par cette politique. Les talents qualifiés de ces pays, qui aspirent à poursuivre des études ou à travailler aux États-Unis, se verront barrer l’accès en raison de conditions médicales souvent liées à des facteurs environnementaux et socio-économiques hors de leur contrôle. Cette politique risque d’aggraver les inégalités mondiales en matière de mobilité et d’opportunités, créant un monde à deux vitesses où les citoyens des pays riches peuvent se déplacer librement, tandis que ceux des pays pauvres sont enfermés dans leurs frontières. Les flux migratoires pourraient se réorienter vers d’autres destinations plus accueillantes, renforçant l’attractivité de pays comme le Canada, l’Australie ou certains pays européens. À long terme, cette politique pourrait affaiblir l’influence culturelle, économique et diplomatique des États-Unis dans le monde, un prix élevé à payer pour une logique comptable à court terme.
Les solutions alternatives et les résistances possibles
Les recours juridiques en préparation
Face à cette directive, plusieurs organisations de défense des droits des immigrants, des associations de patients et des cabinets d’avocats préparent des recours juridiques pour contester la légalité de cette politique. Les arguments juridiques sont nombreux : violation des principes de non-discrimination, incompatibilité avec les conventions internationales sur les droits des personnes handicapées, application arbitraire et inégale des critères d’inadmissibilité, absence de critères objectifs et mesurables pour déterminer ce qui constitue une « charge publique ». Les tribunaux fédéraux américains ont déjà, par le passé, suspendu ou annulé des politiques migratoires jugées discriminatoires ou contraires à la loi. Il est probable que cette nouvelle directive fasse l’objet de multiples contestations juridiques dans les mois et années à venir. Mais les procédures judiciaires prennent du temps, et en attendant, des milliers de personnes voient leurs demandes de visa rejetées sans possibilité de recours immédiat. Les organisations de la société civile appellent également le Congrès américain à intervenir et à clarifier la loi sur l’immigration pour limiter la marge d’interprétation des agents consulaires et garantir que les critères d’inadmissibilité médicale restent limités aux maladies contagieuses représentant un danger pour la santé publique.
Les stratégies d’adaptation des demandeurs de visa
En attendant que les batailles juridiques portent leurs fruits, les demandeurs de visa doivent s’adapter à cette nouvelle réalité. Les avocats spécialisés en immigration conseillent de préparer des dossiers médicaux détaillés, incluant des lettres de médecins attestant que les conditions chroniques sont bien contrôlées, des preuves d’assurance santé privée couvrant les séjours aux États-Unis, et des attestations de capacité financière à couvrir d’éventuels frais médicaux. Les personnes souffrant de maladies chroniques sont encouragées à consulter des spécialistes avant leur examen médical pour optimiser leur traitement et présenter un dossier médical aussi favorable que possible. Certains demandeurs envisagent même de retarder leur demande de visa jusqu’à ce que leur état de santé se soit amélioré, ou de chercher des destinations alternatives comme le Canada, l’Australie ou l’Europe. Les universités et les employeurs, de leur côté, renforcent leurs programmes d’assistance aux étudiants et employés internationaux, offrant des conseils juridiques, des couvertures d’assurance santé complètes et un soutien administratif pour naviguer dans ce nouveau paysage bureaucratique complexe.
Les campagnes de sensibilisation et de mobilisation
Des campagnes de sensibilisation sont en train de se mettre en place pour alerter l’opinion publique sur les conséquences de cette politique. Des associations de patients, des organisations de défense des droits humains, des syndicats d’enseignants et de médecins se mobilisent pour dénoncer cette forme de discrimination médicale. Des pétitions circulent en ligne, des manifestations sont organisées devant les ambassades américaines dans plusieurs pays, des articles d’opinion et des rapports d’experts sont publiés pour documenter l’impact de cette directive sur les personnes concernées. L’objectif est de créer une pression publique suffisante pour forcer le gouvernement américain à reconsidérer cette politique ou, à défaut, pour inciter le Congrès à légiférer et à encadrer plus strictement les critères d’inadmissibilité médicale. Les réseaux sociaux jouent également un rôle important dans la mobilisation, permettant aux personnes affectées de partager leurs témoignages, de se soutenir mutuellement et de construire une solidarité transnationale face à cette politique. Mais la bataille sera longue, et son issue reste incertaine.
Conclusion
La directive du 6 novembre 2025 marque un tournant majeur dans la politique d’immigration américaine. En élargissant les critères d’inadmissibilité médicale pour inclure des maladies chroniques comme l’obésité, le diabète, le cancer ou les troubles cardiovasculaires, les États-Unis franchissent une ligne rouge qui transforme le processus de demande de visa en une sélection économique impitoyable. Ce n’est plus une question de sécurité sanitaire, mais de rentabilité biologique. Les personnes malades, quel que soit leur talent, leur qualification ou leur contribution potentielle, deviennent des indésirables, des charges potentielles, des risques à éliminer. Cette politique aura des conséquences profondes et durables : pour les millions de personnes qui verront leurs rêves brisés, pour les familles séparées, pour les universités et les entreprises américaines qui perdront des talents précieux, pour les relations diplomatiques et commerciales des États-Unis avec le reste du monde. Elle envoie également un message glaçant sur la direction que prend notre monde : un monde où la valeur des êtres humains se mesure en termes économiques, où la santé devient un critère de tri, où la solidarité cède la place à la logique comptable. Face à cette dérive, la résistance est nécessaire, urgente, vitale. Les batailles juridiques, les mobilisations citoyennes, les campagnes de sensibilisation doivent se multiplier pour défendre le droit fondamental à la mobilité, à la dignité, à l’égalité. Car ce qui est en jeu, c’est bien plus qu’une politique d’immigration : c’est notre capacité collective à rester humains.
Cette directive, aussi technique et administrative soit-elle, révèle une fracture profonde dans notre conception de la justice et de la solidarité. Elle nous rappelle que les avancées en matière de droits humains ne sont jamais définitives, qu’elles peuvent être remises en question, affaiblies, détruites si nous baissons la garde. Elle nous rappelle également que la lutte pour l’égalité, la dignité et la justice est un combat permanent, qui exige vigilance, courage et détermination. Les personnes atteintes de maladies chroniques ne sont pas des fardeaux, elles sont des êtres humains à part entière, avec leurs talents, leurs rêves, leurs contributions à la société. Elles méritent respect, dignité et opportunités, pas discrimination et exclusion. Et c’est cette vérité fondamentale que nous devons défendre, envers et contre toutes les logiques comptables et bureaucratiques qui voudraient nous faire croire le contraire. Le combat ne fait que commencer.