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La mutation du concept de RINO

Dans les années 1990, être qualifié de RINO — Republican In Name Only, républicain de nom seulement — signifiait généralement être trop libéral sur les questions fiscales, trop enclin à accepter des compromis budgétaires, trop mou face aux démocrates. Grover Norquist, le gardien du temple anti-taxes, avait imposé son serment de ne jamais augmenter les impôts, et tout républicain qui s’en écartait se voyait immédiatement affublé de l’étiquette infamante de RINO. George H.W. Bush en fit l’amère expérience en 1992 lorsqu’il augmenta les taxes après avoir promis de ne pas le faire — « Read my lips: no new taxes » — et perdit sa réélection face à Bill Clinton. Mais l’ère Trump a complètement transformé la définition de RINO. Désormais, ce n’est plus une question d’idéologie fiscale ou de politique économique. C’est une question de loyauté personnelle envers Donald Trump. Le procureur général Bill Barr, pourtant l’un des défenseurs les plus acharnés de Trump pendant trois ans, est devenu un RINO le jour où il a osé affirmer qu’il n’y avait pas eu de fraude électorale massive en 2020. Mitch McConnell, le leader républicain au Sénat qui a confirmé trois juges conservateurs à la Cour suprême, est devenu un RINO lâche quand il a certifié la victoire de Joe Biden.

Les vrais républicains selon Abraham Lincoln

Jim Jones a écrit un éditorial magistral en 2021 où il demande une définition autoritaire du terme RINO. Sa réponse est cinglante et historiquement informée : les vrais républicains sont ceux qui respectent les droits civiques et s’opposent à l’insurrection. Le Parti républicain a été fondé en 1854 précisément pour s’opposer à l’expansion de l’esclavage — c’était un parti progressiste, un parti qui défendait les droits humains fondamentaux contre les démocrates sudistes esclavagistes. Abraham Lincoln, le premier président républicain, a mené une guerre civile pour préserver l’Union et abolir l’esclavage. Teddy Roosevelt, autre titan républicain, a combattu les monopoles et défendu les droits des travailleurs. Ronald Reagan, l’icône moderne du conservatisme, a insisté sur le respect de la loi et des institutions démocratiques. Selon Jones, les véritables RINO sont ceux qui trahissent ces principes fondateurs — et Trump en est l’incarnation parfaite. Lorsque Trump refuse d’accepter les résultats d’une élection démocratique, lorsqu’il incite une foule à attaquer le Capitole, lorsqu’il traite les juges qui règlent contre lui d’« ennemis du peuple », il trahit tout ce que le Parti républicain a représenté pendant plus d’un siècle et demi.

Le cas Rusty Bowers et la défense de la Constitution

L’exemple de Rusty Bowers, président républicain de la Chambre des représentants de l’Arizona, illustre parfaitement le dilemme moral auquel sont confrontés les républicains traditionnels. Après l’élection de 2020, Bowers a reçu la visite d’émissaires de Trump qui lui demandaient de convoquer une session spéciale de la législature pour examiner des prétendues preuves de fraude électorale et éventuellement remplacer les électeurs certifiés par de faux électeurs pro-Trump. Bowers a refusé catégoriquement, expliquant que cela violerait son serment de défendre la Constitution de l’Arizona et des États-Unis. « Le droit de vote est fondamental », a-t-il déclaré lors de son témoignage devant le comité du 6 janvier, « et toute tentative de l’annuler doit passer par les tribunaux avec des preuves factuelles ». Il a ajouté : « La Constitution est d’inspiration divine selon ma foi, et pour moi, agir contre elle simplement parce que quelqu’un me le demande va à l’encontre de mon être même. Je ne le ferai pas ». La réaction de Trump ? Il a qualifié Bowers de RINO et a appelé ses supporters à le cibler. Bowers a ensuite perdu sa primaire républicaine, victime d’une campagne orchestrée par les loyalistes trumpistes.

Le prix de l’intégrité dans le Parti républicain moderne

Ce qui est arrivé à Bowers s’est répété des dizaines de fois à travers le pays. Liz Cheney, fille de l’ancien vice-président Dick Cheney et républicaine conservatrice à toute épreuve, a été expulsée de son poste de leadership à la Chambre des représentants et a perdu sa primaire dans le Wyoming après avoir voté pour l’impeachment de Trump et participé à l’enquête sur le 6 janvier. Adam Kinzinger, représentant républicain de l’Illinois et ancien pilote de l’Air Force, a été ostracisé par son propre parti et a choisi de ne pas se représenter. Jeff Flake, sénateur républicain de l’Arizona, a quitté la politique plutôt que de se soumettre au trumpisme. Bob Corker, sénateur républicain du Tennessee et ancien président de la commission des affaires étrangères, a fait de même. Mitt Romney, ancien candidat républicain à la présidence et seul sénateur républicain à avoir voté deux fois pour la destitution de Trump, est devenu un paria dans son propre parti. Le message est clair : dans le Parti républicain de Trump, la loyauté personnelle prime sur tous les principes, toutes les convictions, tous les serments constitutionnels. Jim Jones observe cette dérive avec horreur et dégoût.


Et moi, je me demande combien de temps encore ce pays peut survivre à cette perversion totale de la démocratie. Quand un parti politique devient un culte de la personnalité, quand la fidélité à un homme remplace la fidélité aux principes, quand les héros deviennent des traîtres et les lâches des leaders, nous ne sommes plus dans une démocratie — nous sommes dans quelque chose de bien plus sombre et dangereux.

Source : AlterNet

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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