La visite de Mohammed ben Salmane à Washington
Mohammed ben Salmane a été reçu le 18 novembre 2025 à la Maison-Blanche avec un protocole exceptionnel, digne d’un dirigeant incontestable. Pourtant, ce prince héritier saoudien traîne derrière lui l’ombre d’un meurtre brutal. Les États-Unis, sous l’administration Trump, ont choisi de balayer cette réalité sous le tapis des intérêts stratégiques et des contrats lucratifs. Des accords commerciaux d’une valeur de plusieurs milliards de dollars ont été signés lors de cette visite, consolidant les relations économiques et militaires entre Washington et Ryad. Pour Trump, cette visite représente un succès diplomatique et une opportunité de renforcer les liens économiques avec l’un des plus riches pays du Golfe. Mais pour la veuve de Jamal Khashoggi et pour tous ceux qui défendent les droits humains, c’est une gifle monumentale.
Le contraste est saisissant entre la pompe de cette réception et la réalité sanglante de l’assassinat de Jamal Khashoggi. En 2018, le journaliste saoudien, critique du régime après en avoir été proche, était entré dans le consulat saoudien à Istanbul pour obtenir des documents administratifs. Il n’en est jamais ressorti vivant. Un commando d’agents saoudiens l’attendait, prêt à exécuter un plan macabre. Son corps a été démembré, et à ce jour, ses restes n’ont jamais été retrouvés. Les services secrets américains ont conclu que Mohammed ben Salmane avait autorisé cette opération. Pourtant, Trump persiste à défendre le prince héritier, balayant d’un revers de main toute responsabilité. Cette attitude révèle une amnésie morale troublante.
Trump défend « MBS » avec véhémence
Lors de la conférence de presse qui a suivi la rencontre, Donald Trump n’a pas hésité à prendre la défense de Mohammed ben Salmane avec une détermination féroce. « Il n’était au courant de rien », a-t-il affirmé, contredisant frontalement les conclusions de la CIA et d’autres agences de renseignement. Trump a même qualifié Jamal Khashoggi de personnage « extrêmement controversé », ajoutant que « beaucoup de gens n’aimaient pas ce monsieur ». Des propos qui ont provoqué l’indignation de la veuve du journaliste et de nombreux défenseurs des libertés de la presse. Cette défense acharnée du prince saoudien soulève des questions : Trump est-il réellement « mal informé », comme le suggère Hanan Elatr Khashoggi, ou choisit-il délibérément d’ignorer la vérité pour préserver des relations économiques avantageuses ?
La scène a pris un tournant encore plus gênant lorsqu’une journaliste de la chaîne ABC News a tenté de poser une question sur l’assassinat de Khashoggi. Trump a immédiatement réagi, tentant de faire taire la journaliste et de détourner l’attention. Cette réaction a choqué Hanan Elatr Khashoggi, qui s’est dite « choquée » de voir le président américain museler la presse, cette même presse que son mari défendait au péril de sa vie. « J’ai été choquée de voir le président américain tenter de faire taire la journaliste », a-t-elle confié. Ce geste révèle une hostilité envers la vérité et un mépris pour la transparence qui sont à l’opposé des valeurs que les États-Unis prétendent incarner.
Les contrats économiques avant la justice
La visite de Mohammed ben Salmane a été marquée par la signature de nombreux contrats portant sur des milliards de dollars, incluant des ventes d’armes, des investissements énergétiques et des accords technologiques. Pour Trump, ces contrats représentent des emplois américains et un renforcement de l’influence américaine au Moyen-Orient. Mais à quel prix ? Hanan Elatr Khashoggi a exprimé sa déception face à cette priorité accordée aux intérêts économiques au détriment de la justice. « Je suis très déçue de voir que l’Amérique renonce à ses valeurs, les droits de l’homme et la démocratie », a-t-elle déclaré. Elle a ajouté que son mari, s’il avait été en vie, aurait probablement été heureux de voir ces liens économiques se développer, mais qu’il aurait été horrifié de constater que cela se faisait au mépris de la justice et de la vérité.
Je regarde cette affaire et je me demande : combien vaut une vie humaine face à un contrat de plusieurs milliards ? La réponse est glaçante — pour certains dirigeants, elle ne vaut rien du tout. On assiste à une marchandisation de la morale, où les principes fondamentaux sont négociables en fonction des profits. Et ce qui me terrifie, c’est que cette logique devient la norme, presque banale.
Les mots qui blessent : Trump qualifie Khashoggi de « controversé »
Une caractérisation insultante
Donald Trump a qualifié Jamal Khashoggi d’« extrêmement controversé », une affirmation qui a profondément blessé Hanan Elatr Khashoggi. Pour elle, son mari était un homme stable, courageux, transparent et un journaliste professionnel. Jamal Khashoggi avait effectivement été proche du pouvoir saoudien avant de devenir l’un de ses plus virulents critiques. Il avait fui l’Arabie saoudite pour s’installer aux États-Unis, où il écrivait des chroniques pour le Washington Post, dénonçant les dérives autoritaires du régime. Qualifier cet homme de « controversé » revient à minimiser son engagement pour la liberté d’expression et à justifier, d’une certaine manière, son assassinat. C’est une insulte à sa mémoire et à tous ceux qui risquent leur vie pour défendre la vérité.
Trump a également affirmé que « beaucoup de gens n’aimaient pas ce monsieur », une déclaration vague et sans fondement qui semble destinée à ternir l’image de Khashoggi. Hanan Elatr Khashoggi a répondu en affirmant que Trump était « mal informé » au sujet de son mari. Elle a souligné que Jamal avait de bonnes idées pour son pays, qu’il espérait être entendu par le prince héritier et qu’il souhaitait contribuer à une réforme positive de l’Arabie saoudite. Mais au lieu de lui donner cette chance, le régime saoudien a choisi de le faire taire de la manière la plus brutale qui soit. Les mots de Trump effacent cette réalité et transforment une victime en coupable.
La réaction de la veuve : « Mal informé »
Hanan Elatr Khashoggi a choisi ses mots avec soin lorsqu’elle a réagi aux déclarations de Trump. « Cela m’a beaucoup bouleversé, et j’ai été déçue », a-t-elle confié, ajoutant que le président américain était « mal informé au sujet de Jamal Khashoggi ». Cette formulation diplomatique masque une colère profonde et une douleur immense. Comment peut-on être « mal informé » sur un sujet aussi documenté, aussi médiatisé ? Les conclusions des services secrets américains, les rapports de l’ONU, les enquêtes journalistiques — tout converge vers la même vérité : Jamal Khashoggi a été assassiné sur ordre de Mohammed ben Salmane. Trump choisit d’ignorer cette réalité, et cette ignorance volontaire est une forme de complicité.
La veuve du journaliste a également exprimé sa stupéfaction face à la manière dont son mari a été présenté lors de cette rencontre. « Comme s’ils parlaient de quelqu’un d’autre », a-t-elle dit. Cette distorsion de la réalité est insupportable pour elle. Jamal Khashoggi n’était pas un ennemi des États-Unis, il était un résident américain, un défenseur des valeurs démocratiques, un homme qui croyait en la liberté de la presse. Et pourtant, le président des États-Unis le traite comme un personnage secondaire, presque gênant, dont on peut salir la mémoire sans conséquence. Cette attitude est non seulement une trahison envers Khashoggi, mais aussi envers tous les journalistes qui risquent leur vie pour informer.
Tentative de faire taire la journaliste d’ABC
Lors de la conférence de presse, une journaliste d’ABC News a posé une question sur l’assassinat de Jamal Khashoggi. La réaction de Trump a été immédiate et hostile. Il a tenté de faire taire la journaliste, détournant l’attention et refusant de répondre de manière substantielle. Pour Hanan Elatr Khashoggi, cette scène a été particulièrement choquante. « J’ai été choquée de voir le président américain tenter de faire taire la journaliste », a-t-elle déclaré. Cette réaction de Trump illustre un mépris flagrant pour la liberté de la presse, une valeur que Jamal Khashoggi défendait avec passion. En tentant de museler une journaliste qui posait une question légitime, Trump a montré qu’il était prêt à sacrifier les principes démocratiques pour protéger ses alliés politiques et économiques.
Il y a quelque chose de profondément troublant dans cette scène. Un président qui fait taire une journaliste pour protéger un prince accusé de meurtre — c’est une inversion totale des valeurs. On devrait défendre ceux qui cherchent la vérité, pas ceux qui l’étouffent. Mais voilà, nous sommes dans une époque où la vérité est devenue une marchandise négociable.
La quête de justice d'Hanan Elatr Khashoggi
Une lettre sans réponse à Donald Trump
Hanan Elatr Khashoggi a révélé qu’elle avait écrit à Donald Trump avant la visite de Mohammed ben Salmane à Washington. Dans cette lettre, elle demandait au président américain de l’aider à obtenir réparation pour l’assassinat de son mari. Elle espérait que Trump utiliserait cette rencontre pour exiger des excuses officielles et une indemnisation financière de la part du prince héritier saoudien. Mais sa lettre est restée sans réponse. « Pour le moment, je n’ai pas reçu de réponse », a-t-elle confié, laissant transparaître une déception profonde. Cette absence de réponse est révélatrice de l’indifférence de l’administration Trump envers la justice et les droits humains. Pour Trump, cette affaire est un obstacle aux relations diplomatiques, pas une priorité morale.
La veuve de Jamal Khashoggi a également publié un message sur X (anciennement Twitter) le 18 novembre 2025, après que Mohammed ben Salmane eut qualifié l’assassinat de son mari d’« énorme erreur ». Dans ce message, elle a appelé le prince héritier à la rencontrer pour « présenter ses excuses et m’indemniser pour le meurtre de mon mari ». Mais là encore, aucune réponse. « Malheureusement, je n’ai aucune réponse de leur part », a-t-elle déclaré. Cette indifférence est une humiliation supplémentaire pour une femme qui a déjà perdu son mari dans des circonstances atroces. Elle réclame simplement ce que toute victime mérite : la vérité, des excuses et une réparation. Mais dans le monde de la diplomatie internationale, ces demandes semblent secondaires face aux intérêts économiques.
Réclamer les restes de Jamal pour un enterrement digne
L’une des demandes les plus poignantes d’Hanan Elatr Khashoggi concerne les restes de son mari. Le corps de Jamal Khashoggi a été démembré après son assassinat, et à ce jour, il n’a jamais été retrouvé. La veuve du journaliste souhaite « retrouver les restes » de son mari afin de « l’enterrer avec dignité ». Cette demande, si simple en apparence, résume toute l’horreur de cette affaire. Une femme ne peut même pas faire son deuil correctement parce que le corps de son mari a été effacé, comme s’il n’avait jamais existé. Elle réclame également des excuses officielles et une réparation financière, non pas par cupidité, mais parce que c’est un principe de justice. Reconnaître le tort causé, c’est reconnaître l’humanité de la victime.
Hanan Elatr Khashoggi a insisté sur le fait que cette affaire avait « détruit (s)a vie ». Elle a perdu son mari dans des circonstances terrifiantes, et depuis, elle se bat pour obtenir justice. Mais chaque jour qui passe sans réponse, chaque rencontre diplomatique où l’assassinat de son mari est balayé sous le tapis, est une nouvelle blessure. « Je continuerai à parler et à me battre pour la justice, pour moi et mon mari », a-t-elle affirmé. Cette détermination est admirable, mais elle ne devrait pas être nécessaire. La justice devrait être automatique, pas une bataille épuisante menée par une veuve seule contre des puissances mondiales.
« Je continuerai à me battre pour la justice »
Malgré l’absence de réponse de Trump et le silence de Mohammed ben Salmane, Hanan Elatr Khashoggi ne baisse pas les bras. « Je continuerai à parler et à me battre pour la justice, pour moi et mon mari », a-t-elle déclaré avec une détermination inébranlable. Elle sait que cette bataille sera longue et difficile, mais elle refuse de laisser la mémoire de son mari être effacée ou déformée. Pour elle, obtenir justice, c’est aussi défendre les valeurs que Jamal Khashoggi incarnait : la liberté de la presse, la transparence, le courage de dire la vérité même face aux dictatures. Tant qu’elle vivra, elle portera ce combat, même si le monde semble lui tourner le dos.
Je pense souvent à cette femme qui doit se battre, encore et encore, pour obtenir ce qui devrait être une évidence : la justice. C’est épuisant, c’est injuste, et c’est révoltant. Mais c’est aussi un témoignage de force. Dans un monde où les puissants pensent pouvoir tout acheter, même la vérité, elle continue de crier. Et ce cri doit être entendu.
L'Amérique renonce à ses valeurs
Les droits humains sacrifiés sur l’autel de l’économie
Hanan Elatr Khashoggi a résumé sa déception en une phrase dévastatrice : « Je suis très déçue de voir que l’Amérique renonce à ses valeurs, les droits de l’homme et la démocratie ». Cette déclaration est un réquisitoire accablant contre une politique étrangère qui privilégie les intérêts économiques au détriment des principes moraux. Les États-Unis se sont longtemps présentés comme les défenseurs de la liberté, de la justice et des droits humains. Mais en accueillant Mohammed ben Salmane avec tous les honneurs, en signant des contrats de plusieurs milliards de dollars et en minimisant l’assassinat de Jamal Khashoggi, l’administration Trump a envoyé un message clair : les droits humains sont négociables si le prix est suffisamment élevé.
Cette attitude n’est pas nouvelle, mais elle atteint ici un niveau de cynisme rarement vu. Les ventes d’armes à l’Arabie saoudite se poursuivent malgré les atrocités commises au Yémen, les violations des droits humains et l’assassinat d’un journaliste américain. Les investissements saoudiens dans l’économie américaine sont célébrés, tandis que les victimes du régime sont oubliées. Pour Hanan Elatr Khashoggi, cette trahison est d’autant plus douloureuse qu’elle a obtenu l’asile politique aux États-Unis, un pays qui lui avait promis protection et justice. Aujourd’hui, ce même pays lui tourne le dos pour conclure des affaires avec l’homme qui a ordonné le meurtre de son mari.
Une diplomatie aveugle à la justice
La rencontre entre Donald Trump et Mohammed ben Salmane illustre une diplomatie aveugle à la justice. Les relations bilatérales entre les États-Unis et l’Arabie saoudite reposent sur des intérêts stratégiques : le pétrole, les ventes d’armes, la lutte contre l’Iran, les investissements économiques. Mais ces intérêts sont-ils suffisants pour justifier l’abandon de toute exigence morale ? La réponse de Trump est claire : oui. En défendant Mohammed ben Salmane et en qualifiant Jamal Khashoggi de « controversé », Trump a montré qu’il était prêt à sacrifier la vérité et la justice pour maintenir des relations cordiales avec un régime autoritaire. Cette position envoie un message dangereux aux dictateurs du monde entier : vous pouvez assassiner vos opposants sans conséquence, tant que vous êtes un partenaire économique intéressant.
Cette diplomatie aveugle est également une trahison envers les journalistes du monde entier qui risquent leur vie pour informer. En minimisant l’assassinat de Khashoggi, Trump donne un blanc-seing à ceux qui veulent faire taire la presse. Il envoie le message que la liberté de la presse n’est pas une priorité, qu’elle peut être sacrifiée si cela arrange les affaires. Pour Hanan Elatr Khashoggi, cette attitude est insupportable. « J’espère que les États-Unis s’en souviendront au moment où ils développent les liens économiques avec Ryad et lui vendent des armes », a-t-elle déclaré. Mais ses espoirs semblent vains face à une administration qui a clairement fait son choix.
Un asile politique qui sonne creux
Hanan Elatr Khashoggi a obtenu l’asile politique aux États-Unis, un geste qui était censé symboliser la protection offerte aux victimes de régimes autoritaires. Mais aujourd’hui, cet asile sonne creux. Quel sens a la protection américaine si le pays qui l’accorde fait des affaires avec l’homme qui a ordonné le meurtre de son mari ? Quel sens a l’asile politique si les valeurs qui le justifient — les droits humains, la justice, la démocratie — sont abandonnées pour des contrats commerciaux ? Pour la veuve de Jamal Khashoggi, cette contradiction est une humiliation supplémentaire. Elle vit dans un pays qui prétend la protéger, mais qui, dans les faits, collabore avec son bourreau.
L’asile politique est censé être un refuge, un lieu où les victimes trouvent la sécurité et la justice. Mais quand ce refuge fait des affaires avec ceux qui ont détruit votre vie, il devient une prison dorée. On vous protège en apparence, mais on vous trahit dans les faits. C’est une cruauté supplémentaire.
Les conclusions des services secrets ignorées
La CIA pointe la responsabilité de « MBS »
Les services secrets américains, en particulier la CIA, ont conclu avec une certitude élevée que Mohammed ben Salmane avait autorisé l’assassinat de Jamal Khashoggi. Cette conclusion repose sur des renseignements solides, incluant des interceptions de communications et des témoignages. La CIA a estimé qu’une opération d’une telle ampleur, impliquant un commando d’agents saoudiens envoyés à Istanbul, ne pouvait pas être menée sans l’approbation directe du prince héritier. Cette conclusion a été partagée avec le Congrès américain et largement médiatisée. Pourtant, Donald Trump continue de défendre « MBS », affirmant qu’il « n’était au courant de rien ». Cette contradiction est incompréhensible, sauf si l’on admet que Trump choisit délibérément d’ignorer les faits pour préserver ses relations diplomatiques.
La position de Trump est d’autant plus choquante qu’elle contredit non seulement les conclusions de la CIA, mais aussi celles d’autres agences de renseignement et d’organisations internationales. Le rapporteur spécial de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires a publié un rapport accablant, affirmant que l’assassinat de Khashoggi avait été planifié au plus haut niveau du régime saoudien. Toutes ces preuves convergent vers la même conclusion : Mohammed ben Salmane est responsable. Mais Trump préfère croire la version saoudienne, qui nie toute implication du prince héritier. Cette attitude est une insulte aux professionnels du renseignement qui ont travaillé sur ce dossier.
Trump contredit ses propres agences
En défendant Mohammed ben Salmane, Donald Trump ne se contente pas d’ignorer les faits — il contredit ses propres agences de renseignement. La CIA, le FBI et d’autres services secrets américains ont tous conclu que le prince héritier était impliqué dans l’assassinat de Jamal Khashoggi. Mais Trump choisit de les contredire publiquement, préférant croire la version saoudienne. Cette position est non seulement irresponsable, mais elle sape également la crédibilité des institutions américaines. Comment peut-on faire confiance aux services secrets si le président lui-même refuse d’écouter leurs conclusions ? Cette contradiction envoie un message dangereux : les faits sont secondaires, les alliances politiques priment.
Cette attitude rappelle d’autres moments où Trump a contesté les conclusions de ses propres agences de renseignement, notamment sur l’ingérence russe dans les élections américaines. Dans le cas de l’assassinat de Khashoggi, les conséquences sont encore plus graves. En niant la responsabilité de Mohammed ben Salmane, Trump donne un blanc-seing à un régime autoritaire pour continuer à éliminer ses opposants. Il envoie également un message aux autres dictateurs : tant que vous êtes un allié économique des États-Unis, vous pouvez agir en toute impunité. Cette politique est non seulement immorale, mais elle est aussi dangereuse pour la stabilité mondiale.
Une vérité documentée mais niée
L’assassinat de Jamal Khashoggi est l’un des crimes les plus documentés de l’histoire récente. Les enquêtes de la CIA, les rapports de l’ONU, les investigations journalistiques — tout converge vers la même conclusion. Le journaliste a été attiré dans le consulat saoudien à Istanbul, où il a été tué et démembré par un commando d’agents saoudiens. Son corps n’a jamais été retrouvé. Les preuves incluent des enregistrements audio, des témoignages de sources turques et des analyses de renseignement. Malgré cette montagne de preuves, Mohammed ben Salmane nie toute implication, et Donald Trump le soutient. Cette négation de la vérité est une trahison envers Jamal Khashoggi, sa famille et tous ceux qui croient en la justice.
On vit dans un monde où les faits ne comptent plus. Peu importe les preuves, peu importe les enquêtes, peu importe les témoignages. Si quelqu’un a assez de pouvoir ou d’argent, il peut réécrire la réalité. Et nous, spectateurs impuissants, assistons à cette mascarade en silence. C’est terrifiant.
Le portrait d'un journaliste courageux
Jamal Khashoggi, proche du pouvoir puis critique
Jamal Khashoggi n’était pas un opposant de la première heure. Il avait été proche du pouvoir saoudien, travaillant comme conseiller et journaliste lié au régime. Mais au fil des années, il a pris conscience des dérives autoritaires du royaume, notamment sous le règne de Mohammed ben Salmane. Il a commencé à critiquer ouvertement les violations des droits humains, la répression des dissidents et la guerre au Yémen. Cette évolution lui a valu l’hostilité du régime, et il a fini par s’exiler aux États-Unis. De là, il a continué à écrire des chroniques pour le Washington Post, dénonçant les abus du pouvoir saoudien. Son courage était d’autant plus remarquable qu’il savait les risques qu’il prenait.
Jamal Khashoggi était un homme nuancé, qui ne rejetait pas son pays mais espérait le voir évoluer vers plus de démocratie et de transparence. Il avait de bonnes idées pour l’Arabie saoudite, et il espérait être entendu par Mohammed ben Salmane. « Jamal attendait une invitation du prince héritier et espérait avoir l’espace pour être entendu », a raconté sa veuve. Mais au lieu de l’écouter, le régime a choisi de le faire taire définitivement. Ce choix révèle la fragilité du pouvoir saoudien, incapable de tolérer la moindre critique. Jamal Khashoggi était un homme de dialogue, mais il a été réduit au silence par la violence.
Un défenseur de la transparence et de la liberté
Hanan Elatr Khashoggi a décrit son mari comme un homme stable, courageux, transparent et un journaliste professionnel. Ces qualités, loin de faire de lui un personnage « controversé » comme l’a prétendu Trump, en faisaient un modèle pour tous ceux qui croient en la liberté de la presse. Jamal Khashoggi défendait la transparence dans un pays où le secret d’État est la norme. Il réclamait la liberté d’expression dans un régime où la dissidence est réprimée. Et il le faisait avec professionnalisme, toujours en s’appuyant sur des faits et des analyses. Son assassinat est une perte immense pour le journalisme et pour tous ceux qui croient que la vérité doit primer sur le pouvoir.
Son héritage et sa mémoire
L’héritage de Jamal Khashoggi est double. D’un côté, il est devenu un symbole de la lutte pour la liberté de la presse et les droits humains. Son nom est désormais associé au combat contre l’impunité des régimes autoritaires. De l’autre, sa mémoire est menacée par ceux qui tentent de minimiser son assassinat ou de ternir son image. Les propos de Trump qualifiant Khashoggi de « controversé » participent à cette entreprise de salissage. Mais Hanan Elatr Khashoggi ne laissera pas la mémoire de son mari être effacée. « Je continuerai à parler et à me battre pour la justice », a-t-elle affirmé. Et tant qu’elle le fera, l’héritage de Jamal Khashoggi restera vivant.
Les morts n’ont pas de voix, alors nous devons parler pour eux. C’est notre responsabilité, notre devoir moral. Jamal Khashoggi ne peut plus défendre sa propre mémoire, alors ceux qui l’ont aimé doivent le faire à sa place. Et nous, simples observateurs, devons nous assurer que son nom ne soit pas oublié, que son combat ne soit pas vain.
Mohammed ben Salmane qualifie le meurtre d'« erreur »
Une reconnaissance insuffisante
Lors de sa visite à Washington, Mohammed ben Salmane a qualifié l’assassinat de Jamal Khashoggi d’« énorme erreur ». Cette reconnaissance, bien que tardive, est loin d’être suffisante. Parler d’« erreur » minimise la gravité de ce qui s’est passé. Ce n’était pas une erreur, c’était un meurtre prémédité, une opération planifiée impliquant un commando d’agents saoudiens. Une « erreur », c’est un accident, un malentendu. Mais l’assassinat de Khashoggi était un acte délibéré, destiné à faire taire un critique gênant. En utilisant ce terme, le prince héritier tente de minimiser sa responsabilité et de tourner la page sans assumer pleinement les conséquences de ses actes.
Hanan Elatr Khashoggi a réagi à cette déclaration en publiant un message sur X, appelant le prince héritier à la rencontrer pour « présenter ses excuses et m’indemniser pour le meurtre de mon mari ». Mais elle n’a reçu aucune réponse. Cette absence de réponse montre que la reconnaissance de « MBS » n’est qu’une opération de communication, destinée à redorer son image sans prendre de véritables mesures réparatrices. Qualifier le meurtre d’« erreur » sans offrir d’excuses formelles, sans proposer de réparation financière et sans retrouver les restes de Jamal Khashoggi, c’est une reconnaissance vide de sens.
Aucune excuse formelle ni réparation
Malgré cette reconnaissance publique, Mohammed ben Salmane n’a présenté aucune excuse formelle à la famille de Jamal Khashoggi. Il n’a pas non plus proposé de réparation financière, ni aidé à retrouver les restes du journaliste. Pour Hanan Elatr Khashoggi, ces absences rendent la déclaration du prince héritier insincère. « Malheureusement, je n’ai aucune réponse de leur part », a-t-elle confié. Elle réclame des excuses officielles, une indemnisation et la restitution des restes de son mari pour un enterrement digne. Ces demandes sont simples et légitimes, mais elles semblent trop demander à un régime qui préfère tourner la page sans assumer pleinement ses responsabilités.
Une réhabilitation diplomatique inacceptable
La visite de Mohammed ben Salmane à Washington marque une réhabilitation diplomatique du prince héritier, malgré son implication dans l’assassinat de Jamal Khashoggi. Cette réhabilitation est inacceptable pour Hanan Elatr Khashoggi et pour tous ceux qui défendent les droits humains. « Je suis très déçue de voir que l’Amérique renonce à ses valeurs », a-t-elle déclaré. En recevant « MBS » avec tous les honneurs, en signant des contrats de plusieurs milliards de dollars et en minimisant l’assassinat de Khashoggi, l’administration Trump envoie un message clair : les relations économiques priment sur la justice. Cette réhabilitation est une gifle pour la mémoire de Jamal Khashoggi et une trahison des valeurs démocratiques.
On peut réécrire l’histoire, mais on ne peut pas effacer la vérité. Mohammed ben Salmane peut être reçu avec tous les honneurs, il peut signer des contrats, il peut qualifier le meurtre d’« erreur ». Mais rien de tout cela ne changera les faits : il a ordonné l’assassinat d’un journaliste. Et ça, aucune réhabilitation diplomatique ne pourra le faire oublier.
Conclusion
L’affaire Jamal Khashoggi restera comme un symbole de la trahison des valeurs démocratiques face aux intérêts économiques. En recevant Mohammed ben Salmane avec tous les honneurs, en défendant le prince héritier et en qualifiant Jamal Khashoggi de « controversé », Donald Trump a envoyé un message clair : les droits humains sont négociables, la justice est secondaire, et la vérité peut être ignorée si le prix est suffisamment élevé. Pour Hanan Elatr Khashoggi, cette rencontre a été un choc, une déception profonde, un rappel douloureux que l’Amérique qu’elle croyait connaître n’existe peut-être plus. Mais malgré tout, elle continue de se battre, de réclamer justice, de défendre la mémoire de son mari. Et dans ce combat, elle n’est pas seule — tous ceux qui croient en la liberté de la presse, en la transparence et en la dignité humaine doivent se tenir à ses côtés.
L’assassinat de Jamal Khashoggi n’est pas seulement une tragédie personnelle, c’est une attaque contre le journalisme, contre la liberté d’expression, contre tous ceux qui osent dire la vérité face au pouvoir. En minimisant ce meurtre, en réhabilitant son commanditaire et en abandonnant la veuve de la victime, l’administration Trump participe à cette attaque. Mais l’histoire retiendra qui était Jamal Khashoggi — un homme courageux, un journaliste professionnel, un défenseur de la transparence — et qui sont ceux qui ont trahi sa mémoire. Et peut-être qu’un jour, la justice triomphera. Peut-être qu’un jour, Hanan Elatr Khashoggi obtiendra les excuses, la réparation et la dignité qu’elle réclame. Peut-être qu’un jour, l’Amérique retrouvera ses valeurs. Mais en ce 19 novembre 2025, ce jour semble encore bien loin.
Source : lemonde
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