Le Forum de Halifax où deux peuples réalisent qu’ils sont devenus étrangers
Le 22 novembre 2025. Halifax. Le Forum de sécurité internationale annuelle. Plus de 300 délégués du monde entier se rassemblent. Des politiciens. Des académiques. Des militaires. Des chefs d’État. Et samedi matin, quand on demande aux sénateurs américains de parler de la place du pays dans le monde, la conversation dérive rapidement. Vers le Canada. Vers la rupture. Angus King — un des deux indépendants du Sénat américain — regarde ses pairs et dit simplement : « c’est une rupture culturelle ». Pas économique. Culturelle. C’est la perception. C’est la manière dont les Canadiens voient maintenant les Américains. Plus comme des voisins. Comme des adversaires. Et King, qui vient d’une région frontalière, sent ça dans ses os. Il le voit dans les regards. Dans l’absence de sourires. Dans la manière dont les conversations qui étaient légers deviennent froides.
Kevin Cramer du Dakota du Nord — un État qui en connaît beaucoup sur le Canada parce qu’il en est séparé d’une ligne invisible — confirme. « Il y a devenu une tension », dit-il. Et la tension ? Elle se voit dans les chiffres les plus tristes : le nombre de Canadiens qui visitent les États-Unis pour les loisirs a baissé. En Dakota du Nord, ça signifie moins de gens qui achètent dans les magasins. Moins de gens qui restent dans les hôtels. « Ces chiffres sont en baisse parce que les gens sont en colère ». C’est la statistique de l’amitié brisée.
Des délégués de 300 pays réunis pour débattre de la démocratie. Et voilà que les sénateurs américains réalisent que leur plus grand allié — littéralement assis à côté — est devenu un étranger. Il y a quelque chose de profondément dévastateur dans cette prise de conscience. C’est comme remarquer que ton meilleur ami ne te parle plus et réaliser qu’il y a un an qu’il ne t’a pas vraiment regardé dans les yeux.
Thom Tillis et la défense — l’amertume d’une alliance sans gratitude
Mais voilà où ça devient noir. Le sénateur Thom Tillis de Carolie du Nord regarde le débat sur la rupture culturelle et dit : d’accord, parlons de la vraie raison. Le Canada ne paie pas sa part pour la défense. Ottawa doit 300 milliards de dollars à l’OTAN pour des années de shortfalls. Trois cents milliards. Et aucun premier ministre — pas une — n’a payé. Ils disent tous « on va s’en occuper ». Et rien. Et Tillis — brutal dans sa honnêteté — dit : « Chaque premier ministre dit la même chose, et aucun ne le fait ». Et pendant ce temps, les États-Unis ? Les États-Unis ont toujours payé. Toujours. « Depuis la création de l’OTAN ».
C’est l’accusation de l’allié trahi. C’est Tillis qui dit : vous nous acceptez pour votre sécurité. Vous acceptez notre argent. Notre armée. Notre engagement. Et maintenant vous nous voyez comme des adversaires ? C’est injuste. C’est ingrat. Et Cramer ? Cramer ajoute que yes, le Canada a promis d’augmenter ses dépenses de défense — 9 milliards de plus d’ici mars 2026. Mais Tillis lève la main : « C’est beau. Mais pouvez-vous aussi rembourser 20 ans de retards ? » Pouvez-vous. C’est un défi. C’est presque une humiliation. Et c’est ça qui montre que la rupture n’est pas juste économique. Elle est morale.
Tillis a raison sur l’OTAN. Les chiffres sont réels. Le Canada a manqué ses obligations. Mais quand tu le dis comme ça — comme une accusation, comme une trahison — c’est plus que de l’analyse. C’est de la rancune. Et la ranceur, c’est le poison qui tue les alliances.
L'absence : quand les petites choses comptent plus que les grands traités
Les magasins vides de Minot — l’économie de l’amitié perdue
Kevin Cramer a un accent particulier quand il parle de sa région. « Les Canadiens venaient aux magasins. Ils restaient dans les hôtels ». C’était pas un grand commerce. C’était du détail — du petit commerce. Mais ça importait. Ça créait des emplois. Ça créait des liens. Et maintenant ? « Ces chiffres sont en baisse parce que les gens sont fâchés ». Les Canadiens restent chez eux. Ils font leurs achats au Canada. Ils ne traversent pas la frontière pour magasiner. Et les hôtels de Minot, de Grand Forks, de tous ces petites villes frontalières — ils perdent les revenus. Et avec ça, ils perdent la raison d’investir, d’embaucher, de grandir.
C’est ça que les statistiques macroéconomiques ne montrent pas. Le pire de la guerre commerciale n’est pas dans les grands chiffres. C’est dans l’accumulation des petites ruptures. Une touriste qui ne vient plus. Un client régulier qui ne croise pas la frontière. Et multiplié par des milliers. C’est l’économie d’une amitié qui se fragmente. Et Cramer le sait. C’est pourquoi il dit : « Notre relation avec les Canadiens est profondément personnelle ». C’est pas un traité. C’est des gens qui se connaissent. Qui se font confiance. Qui se soutiennent. Et quand ça se brise… ça brise l’économie aussi.
Les chiffres baissent. Voilà la phrase. Les chiffres baissent. Et ce qui tue, c’est que derrière chaque chiffre en baisse, il y a une personne qui a décidé de ne pas traverser cette ligne. Il y a une relation qui s’est éteinte.
Jane Harman qui défend le Canada — et qu’on ignore
Jane Harman, une ancienne représentante de Californie — démocrate, donc du camp opposé à Tillis — essaie de défendre le Canada. Elle dit que oui, le Canada a engagé à augmenter ses dépenses de défense. En juin, Carney a annoncé que le Canada amènerait ses dépenses à 2 % du PIB d’ici mars 2026. Ça, c’est une promesse réelle. C’est un engagement de 9 milliards supplémentaires. C’est du sérieux.
Mais Tillis ? Il regarde Harman droit dans les yeux et essentiellement dit : ça m’est égal. « C’est beau » — c’est le mot qu’il utilise. « Beau ». Comme si c’était cosmétique. Comme si c’était insignifiant. Et puis il demande : « Pouvez-vous aussi compenser 20 ans de paiements manqués ? » C’est pas une question. C’est un refus. C’est Tillis qui dit : vous ne pouvez pas vous rattraper maintenant. Le mal est fait. Et c’est ça qui est vraiment désolatnt. Parce que ça montre que même quand le Canada essaie — vraiment essaie — les Américains sont peut-être déjà trop blessés pour remarquer.
Tillis rejette la promesse. Il demande le remboursement. Et je comprends sa logique. Vraiment. Mais à ce moment, tu arrêtes de négocier. Tu arrêtes de construire une relation. Tu rentres en mode punition. Et c’est ça qui transforme une dispute commerciale en aliénation.
L'espoir qui s'efface : quand même les optimistes abandonnent
Cramer qui cherche une solution — mais le temps s’écoule
À la fin du débat, Kevin Cramer essaie de rester optimiste. Il dit qu’il y a de l’espoir. Que les deux peuples veulent se réunir. Que la meilleure façon de corriger tout ça est de « retourner à la table de négociation et régler tout ce qui nous sépare ». C’est un appel à la raison. C’est un appel à l’amitié. C’est Cramer qui dit : il n’est pas trop tard. On peut encore récupérer ça.
Mais voilà le problème. Plus le temps passe, plus la rupture s’enracine. Plus les Canadiens voyent les Américains comme des adversaires, plus ils construisent des alternatives. Plus les Américains se sentent trahis par le Canada, plus ils se durcissent. Et c’est une spirale. Lentement, les liens meurent. Les étudiants canadiens qui venaient aux universités américaines diminuent. Les chercheurs qui collaboraient se dispersent. Les entreprises qui opéraient des deux côtés se réorganisent. Et un jour, tu réalises qu’il n’y a plus rien à récupérer. Juste deux étrangers qui se rappellent vaguement que autrefois, ils étaient amis.
Cramer dit « il n’est pas trop tard ». Et peut-être qu’il a raison. Mais le ton des autres sénateurs — King qui parle de jours tristes, Tillis qui demande des réparations — c’est pas optimiste. C’est la voix de gens qui ont déjà commencé à partir.
La ligne invisible qui devient un mur invisible
La frontière Canada-États-Unis. C’est la plus longue frontière non militarisée du monde. Pendant des décennies, c’était un symbole. Un symbole de paix. De confiance. De deux nations qui se considéraient tellement partenaires qu’elles n’avaient pas besoin de soldats. Juste une ligne sur une carte. Mais maintenant ? Maintenant c’est une ligne psychologique. Les Canadiens traversent moins. Les Américains des états frontaliers réalisent que leurs voisins ne viennent plus. Et la ligne devient un mur. Pas physique. Pire. Émotionnel. Psychologique. Le type de mur qui jamais ne disparaît complètement une fois construit.
Une frontière qui était juste une formalité devient un abîme. Et ça, c’est ce qu’aucun traité commercial ne peut vraiment mesurer. Parce que c’est l’effondrement de quelque chose d’immatériel — la confiance, l’amitié, la complicité. Et ça, une fois perdu, revient lentement. Si ça revient.
Conclusion : l'amitié qui se brise silencieusement à Halifax
Le 22 novembre 2025. Halifax. Un forum international sur la démocratie. Et en arrière-plan, deux nations découvrent qu’elles sont devenues étrangères. Un sénateur du Maine parle d’une coupe de cheveux. Un sénateur de Carolire du Nord demande réparation. Un sénateur du Dakota du Nord regarde les chiffres baissants de touristes canadiens. Et nulle part quelqu’un n’a une réponse. Juste l’acceptation que quelque chose de fondamental s’est brisé. Pas juste l’économie. La confiance. L’amitié. Angus King l’a dit peut-être sans le savoir — c’est un jour triste. Pas quand tu perds de l’argent. Un jour triste, c’est quand tu réalises que ton voisin te voit comme un adversaire. Et ça, personne ne peut l’acheter ou le négocier. Ça doit simplement guérir avec le temps. Et si le temps n’aide jamais vraiment à cicatriser… alors ça va juste pire.
Source : CBC
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