Introduction
Dimanche 23 novembre. Genève. Les tables négocient. Les diplomates murmurent. Et sur le papier blanc — 28 points qui pèsent comme des briques. Puis 19 points. Puis… personne ne sait vraiment. Le plan de paix américain arrive comme un orage silencieux. Trump le jette là. L’Ukraine doit l’avaler. Ou perdre tout. Alors qu’est-ce qu’il contient, ce plan? Qu’abandonne Kyïv? Qu’obtient-elle en retour? La réponse est plus compliquée — et plus douloureuse — que tous les titres ne le laissent croire. C’est un texte qui échange un drapeau blanc pour une promesse vague. C’est de la géopolitique empaquetée en droit international. Et derrière chaque point — chaque virgule — c’est un bout d’Ukraine qui disparaît.
Vingt-huit points. Dix-neuf points. Combien de fois vont-ils changer ce nombre? Combien de fois avant que quelqu’un ne dise: « Attendez. On regarde ce qu’on fait vraiment? »

Les territoires : ce que l’Ukraine perd dans l’encre
La Crimée. Donnée. Finie
Point 21 du plan original. Trois petites phrases qui écrivent la fin d’une histoire. Crimée, Luhansk, Donetsk seront reconnus « de facto » comme russes — y compris par les États-Unis eux-mêmes. Pas « probablement ». Pas « temporairement ». De facto. Légalement reconnus. Officiellement perdus. Pourquoi cela fait mal? Parce que la Crimée n’a pas seulement changé de main en 2014. Elle symbolise quelque chose. La première fois qu’un pays européen s’est fait voler un morceau depuis la Seconde Guerre mondiale. Et maintenant, l’Amérique dit: « Oui, c’est à la Russie. » Point. Zelensky a demandé à Trump: « Vous rendrez la Crimée? » Trump a répondu: « Peut-être un jour. Pas maintenant. » Traduisez cela en language de la paix: jamais.
La Crimée. Ma main tremble en écrivant ce mot. C’est un territoire avec histoire. Avec des gens. Avec des maisons. Et voilà qu’on l’encadre juridiquement dans un document et on dit: « Voilà. C’est fini. »
Le Donbas : moins, pas plus
Le Donbas, c’est le cœur saignant de cette négociation. Donetsk et Luhansk. Deux régions de l’est que la Russie réclame depuis 2014. Mais voilà le piège: dans le plan initial, la Russie obtient non seulement les territoires qu’elle contrôle déjà, mais aussi environ 25 pour cent de Donetsk que l’Ukraine tient ENCORE. C’est là où les Ukrainiens se battent. Où les militaires meurent. Où les civils fuient. Et soudain, un papier signé par Trump dit: « Vous vous retirez d’ici. C’est maintenant la Russie. » Sauf que le plan révisé — la version de 19 points — laisse cela « à discuter » entre Zelensky et Trump directement. Cela veut dire: aucune garantie. Juste une promesse de parler. Demain. Ou quand?
Vingt-cinq pour cent du Donetsk que l’Ukraine contrôle encore. C’est des villes. Des usines. Des familles qui refusent de partir. Et voilà qu’on les donne à quelqu’un d’autre dans une clause écrite en gris.
Kherson et Zaporizhzhia : les lignes de contact gelées
Kherson et Zaporizhzhia: gelées. Gelées. Le mot joli pour dire « figées ». Figées veut dire que chacun garde ce qu’il a maintenant. Russia a Mariupol? Elle le garde. Elle tient une connexion terrestre vers la Crimée? Elle la conserve. Ukraine tient des bouts de ces régions? Elle les garde aussi. Mais voilà le problème: les lignes bougent rapidement sur le terrain. Les Russes avancent en novembre 2025. Demain, la «ligne gelée» sera plus favorables à Moscou. C’est comme geler un paysage qui bouge. C’est un piège photographié.
Le mystérieux «buffer zone»
Et puis il y a le truc vraiment étrange. La partie de Donetsk que l’Ukraine contrôle toujours? Elle devient une « zone tampon démilitarisée neutre ». Neutre. Neutre signifie quoi exactement? Personne ne l’a clairement expliqué. Le papier dit: « Territoires russes. Aucune troupe russe ne rentre dedans. » C’est contradictoire. Comment c’est du territoire russe si la Russie n’y rentre pas? C’est du droit international écrit à la va-vite. Des mots qui cachent un vide. Un vide que personne ne peut vraiment expliquer. Et ce vide? C’est potentiellement une zone de conflit permanent. Parce que l’une ou l’autre partie peut toujours prétendre que son interprétation était la bonne.
Une zone tampon. Un espace qui n’existe nulle part. Qui n’appartient à personne. Qui appartient à tout le monde. C’est l’inverse de la paix. C’est la paix qui boite sur une jambe cassée.

L’armée, les droits et les promesses creuses
Limitée à 600 000 soldats : une décimation progressive
Point 6 du plan initial. L’armée ukrainienne limitée à 600 000 militaires. Actuellement, elle en compte 900 000. Trois cent mille soldats qui disparaissent. Poof. Logiquement. Non? Pas en guerrela paix «gelée» — ce que ce plan propose — les soldats ne se démobilisent pas tous en un jour. Ils rentrent à la ferme. Ils se marient. Ils ont besoin de travail. Naturellement, l’armée se réduit. Sauf que si la Russie repart à l’attaque — et historiquement, elle le fait — l’Ukraine doit se réarmer rapidement. Mais d’où vient l’argent? D’où viennent les armes? Du plan révisé, ce chiffre 600 000 a disparu. Mais cela ne change rien. Une armée affaiblie n’est jamais une force.
Six cent mille soldats. J’essaie d’imaginer trois cent mille personnes qui ne reviennent pas. Trois cent mille uniformes vides. Trois cent mille chaises qui restent vides. Et personne ne parle de ce nombre.
L’amnistie : le prix du crime de guerre
Point 26 du plan original. Une amnistie complète. Tous les deux côtés. Les deux. Complet. Ce que cela signifie? Les militaires russes qui ont commis des atrocités — des viols, des exécutions sommaires, des tortures documentées à Boutcha, Irpin, Mariupol — ils n’iront jamais en justice. Jamais. Pas à La Haye. Pas nulle part. Amnistiés. Les militaires ukrainiens qui ont peut-être commis des excès? Amnistiés aussi. Pourquoi cette clause était-elle si controversée? Parce qu’elle dit: les crimes de guerre ne sont pas des crimes. Ils sont juste « ce qui s’est passé pendant la guerre ». Point révise? Enlevé de la version de 19 points. Mais cela pose une question pire: sans amnistie écrite, qu’en est-il vraiment? Zelensky a promis des poursuites. Poutine a promis… rien. Qui gagne?
Les garanties de sécurité : un Article 5 dilué
En échange — et c’est le seul échange réel — l’Ukraine reçoit des garanties de sécurité américaines. Du style Article 5 de l’OTAN. Si la Russie attaque Ukraine, les États-Unis répondent militairement. Dix ans. Renouvelable. Cela semble solide? Sauf qu’il y a des conditions. Si l’Ukraine lance une missile sur Moscou «sans cause», la garantie disparaît. Qui juge ce qui est une «cause»? Trump. Si l’Ukraine envahit la Russie, la garantie s’évapore. Logique. Mais si la Russie fait une «petite» attaque — un raid, pas une invasion complète — la garantie s’applique-t-elle? Le plan ne dit pas. C’est un texte écrit pour laisser de la place aux querelles interprétatives.
Un Article 5 dilué. Une promesse qui dépend de la définition de «invasion». Une garantie qui peut disparaître si tu dis le mauvais mot. C’est une sécurité qui pend à un fil.
Ce que l’Ukraine ne pourra plus faire. Jamais
L’OTAN : une porte qui se ferme
Point 7 du plan. Ukraine inscrit dans sa constitution qu’elle ne rejoindra jamais l’OTAN. Et l’OTAN inscrit dans ses statuts qu’elle n’acceptera jamais l’Ukraine. Double verrou. Clé jetée. Fini. Pourquoi cela compte? Parce que depuis 2014, rejoindre l’OTAN était l’objectif militaire d’Ukraine. La protection contre la Russie. Désormais? Interdite. Pour toujours. Le plan révisé de 19 points enlève ce langage absolu. Maintenant c’est: l’Ukraine pourrait rejoindre l’OTAN « un jour », mais pas dans un avenir proche et seulement si tout le monde est d’accord. C’est déjà mieux. Mais c’est toujours une porte fermée à clé.
L’OTAN fermée. Pour une nation qui rêvait d’y entrer depuis quinze ans. C’est couper les rêves avant qu’ils ne naissent.
Conclusion
Voilà ce que contient le plan de paix américain. Voilà ce que l’Ukraine doit accepter. Des territoires perdus. Une armée affaiblie. Des criminels amnistiés. Des rêves fermés. En échange d’une promesse que les États-Unis la défendront — si les conditions sont bonnes. Si Trump le veut. Si c’est vraiment une « invasion ». C’est un texte qui demande beaucoup et promet peu. Zelensky doit dire « oui » ou perdre le soutien américain dans un hiver brutal. Il doit avaler ce qu’il appelle une « capitulation » ou regarder son pays s’effondrer seul. Entre le diable et l’abîme. Et pendant ce temps, Poutine regarde de Moscou. Il dit que même ces 19 points ne suffisent pas. Qu’il en veut plus. Voilà. Le plan que tout le monde négocie? Même ceux qui gagnent ne sont pas satisfaits. Et l’Ukraine reste seule avec ses blessures.
Chronique : Les petits caractères du plan de Trump : ce qu’Ukraine doit abandonner pour la paix
Source : jpost
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