Un expert sonne l’alarme
Andreas Umland ne mâche pas ses mots. Ce politologue allemand, analyste au Stockholm Centre for Eastern European Studies, vient de lâcher une bombe—pas nucléaire celle-là, mais intellectuelle. Son diagnostic ? Le monde est au bord d’une prolifération nucléaire sans précédent. Pas demain. Pas dans dix ans. Maintenant. Aujourd’hui même, pendant que vous lisez ces lignes, des pays calculent, évaluent, soupèsent. Ils regardent l’Ukraine. Ils observent la Russie. Et ils tirent leurs conclusions. Des conclusions qui pourraient transformer notre planète en poudrière atomique. Umland n’est pas un alarmiste de pacotille. Il enseigne à l’académie Mohyla de Kiev. Il vit le drame ukrainien au quotidien. Il voit ce que nous refusons de voir : l’ordre mondial né en 1945 est en train de s’effondrer. Et avec lui, toutes les garanties qui protégeaient les petits pays des appétits des grands. Le mémorandum de Budapest ? Une blague. Le Traité de non-prolifération ? Un chiffon de papier. Les Nations Unies ? Une coquille vide. Voilà la réalité crue que nous devons affronter. Vladimir Poutine n’a pas seulement envahi l’Ukraine le 24 février 2022. Il a dynamité les fondations mêmes de la sécurité internationale. Il a montré au monde entier qu’un pays doté de l’arme nucléaire pouvait impunément annexer les territoires d’un voisin pacifique. Et que personne—absolument personne—ne viendrait vraiment au secours de la victime.
Les conséquences de cette démonstration de force brutale se font déjà sentir. Partout sur la planète, des gouvernements réévaluent leurs priorités stratégiques. La leçon ukrainienne est simple et terrifiante : si tu n’as pas la bombe, tu n’es rien. Si tu n’as pas d’alliance militaire solide, tu es vulnérable. Si tu comptes sur le droit international pour te protéger, tu es naïf. Umland identifie un phénomène que peu d’analystes ont osé formuler aussi clairement : ce ne sont pas seulement les grandes puissances qui pourraient être tentées de suivre l’exemple russe. Non. Ce sont surtout les petits et moyens pays qui, voyant le sort réservé à Kiev, pourraient décider de se doter d’armes de destruction massive. Pourquoi ? Parce qu’ils ont compris que le système international ne les protégera pas. Parce qu’ils ont vu l’Ukraine supplier, négocier, implorer pendant des mois avant de recevoire une aide militaire au compte-gouttes. Parce qu’ils ont constaté que les sanctions économiques contre Moscou, aussi sévères soient-elles, n’ont pas empêché les chars russes d’avancer. La Corée du Nord et le Pakistan, deux pays plus pauvres que l’Ukraine, possèdent l’arme atomique. Si eux ont réussi, pourquoi pas d’autres ? Cette question hante désormais les chancelleries du monde entier.
Je dois vous l’avouer : en lisant les propos d’Umland, j’ai ressenti un frisson glacé me parcourir l’échine. Pas le frisson de l’excitation intellectuelle. Non. Le frisson de la peur pure. Parce que cet homme ne fait pas dans la spéculation gratuite. Il observe. Il analyse. Il conclut. Et ses conclusions sont absolument terrifiantes. Nous sommes en train de vivre un tournant historique dont nous ne mesurons pas encore l’ampleur. L’invasion de l’Ukraine n’est pas qu’une tragédie locale. C’est le début d’une ère nouvelle—une ère où la force prime sur le droit, où la puissance écrase la justice, où les petits pays devront choisir entre l’asservissement et l’armement nucléaire. Et nous, spectateurs impuissants, nous regardons ce drame se dérouler sans vraiment comprendre que notre propre survie est en jeu.
L’effondrement d’un ordre vieux de 80 ans
Depuis 1945, le monde fonctionnait selon des règles tacites. Imparfaites, certes. Hypocrites, souvent. Mais des règles quand même. Première règle : on n’annexe pas le territoire d’un pays souverain par la force. Deuxième règle : on ne commet pas de génocide entre États. Ces deux principes fondamentaux ont structuré l’ordre international pendant près de huit décennies. Oh, il y a eu des violations, bien sûr. Des guerres, des massacres, des horreurs. Mais généralement, ces atrocités se déroulaient à l’intérieur des frontières nationales. Les génocides du Rwanda, du Cambodge, du Darfour étaient des tragédies internes. Les grandes puissances pouvaient intervenir militairement—comme les États-Unis en Irak—mais elles ne cherchaient pas à annexer formellement des territoires. Même l’Union soviétique, dans toute sa brutalité impériale, créait des « républiques populaires » plutôt que d’annexer directement ses conquêtes. La Russie de Poutine a franchi cette ligne rouge. En 2014, elle a annexé la Crimée. En 2022, elle a annexé quatre régions ukrainiennes supplémentaires. Ce n’est pas une occupation temporaire. C’est une annexion officielle, proclamée, assumée. Moscou a modifié ses cartes. Elle a distribué des passeports russes. Elle a intégré ces territoires dans sa consitution. Et le monde a regardé, impuissant.
L’autre tabou brisé concerne le génocide. Le terme fait débat, certes. Joe Biden l’a employé. Volodymyr Zelensky aussi. De nombreux historiens, politologues et juristes s’accordent désormais à dire que la guerre menée par la Russie en Ukraine comporte des éléments génocidaires. Les déportations massives d’enfants ukrainiens vers la Russie. Les tentatives systématiques d’effacer l’identité culturelle ukrainienne. Les massacres de civils à Boutcha, Irpin, Marioupol. Les bombardements délibérés d’infrastructures civiles. Les viols utilisés comme arme de guerre. Les tortures dans les centres de détention. Tout cela dessine un tableau glaçant : la Russie ne cherche pas seulement à conquérir un territoire. Elle cherche à détruire une nation, à effacer un peuple, à nier son existance même. Vladimir Poutine l’a dit lui-même : l’Ukraine n’existe pas en tant que nation. Les Ukrainiens sont des Russes égarés qu’il faut ramener dans le giron de la mère patrie. Cette rhétorique génocidaire, couplée à des actes génocidaires, marque une rupture fondamentale avec l’ordre d’après-guerre. Et cette rupture a des conséquences que nous commençons à peine à entrevoir.
Comprenez-vous ce qui est en train de se passer ? Nous ne sommes pas face à une simple guerre régionale. Nous assistons à l’effondrement d’un système entier. Les règles qui ont permis à l’humanité d’éviter une troisième guerre mondiale pendant 80 ans sont en train de voler en éclats. Et nous continuons notre vie comme si de rien n’était. Nous allons au travail. Nous faisons nos courses. Nous regardons des séries. Pendant ce temps, le monde bascule. Lentement. Inexorablement. Vers un chaos dont nous ne sortirons peut-être jamais.
Section 2 : la leçon ukrainienne pour les petits pays
Quand la confiance s’effondre
L’Ukraine avait fait confiance. En 1994, elle possédait le troisième arsenal nucléaire mondial. Un héritage soviétique colossal : 1 900 ogives stratégiques, 2 500 armes nucléaires tactiques, 176 missiles balistiques intercontinentaux. De quoi rayer plusieurs fois la planète de la carte. Kiev aurait pu conserver cet arsenal. Devenir une puissance nucléaire majeure. Se protéger pour toujours contre toute agression. Mais non. L’Ukraine a choisi la voie de la confiance. Elle a signé le mémorandum de Budapest en décembre 1994. En échange de l’abandon de son arsenal nucléaire, elle recevait des garanties de sécurité de la part de la Russie, des États-Unis et du Royaume-Uni. Ces trois puissances s’engageaient à respecter l’indépendance, la souveraineté et les frontières existantes de l’Ukraine. Elles promettaient de s’abstenir de toute menace ou usage de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique ukrainienne. Elles garantissaient que si l’Ukraine était victime d’une agression, elles consulteraient immédiatement pour fournir une assistance. Ces promesses valaient de l’or. Du moins, c’est ce que croyait Kiev. L’Ukraine a donc démantelé son arsenal. Elle a renvoyé les ogives en Russie. Elle a détruit ses silos de missiles. Elle est devenue un pays non nucléaire, protégé—pensait-elle—par le droit international et les garanties des grandes puissances.
Vingt ans plus tard, la Russie envahissait la Crimée. Puis le Donbass. Puis l’Ukraine entière. Les garanties de Budapest ? Lettre morte. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont bien fourni une aide militaire à Kiev. Mais pas d’intervention directe. Pas de troupes au sol. Pas de zone d’exclusion aérienne. L’Ukraine se bat seule contre l’agresseur. Certes, elle reçoit des armes, de l’argent, du soutien diplomatique. Mais elle saigne. Elle meurt. Elle voit ses villes détruites, sa population massacrée, son territoire occupé. Et pendant ce temps, le monde regarde. Compatit. Sanctionne. Mais ne sauve pas. Cette leçon n’est pas passée inaperçue. Partout sur la planète, des gouvernements tirent les conclusions qui s’imposent. Le droit international ne protège pas. Les traités ne valent rien. Les garanties des grandes puissances sont des promesses creuses. Seule la force compte. Seule la dissuasion nucléaire offre une protection réelle. L’Ukraine a abandonné ses armes nucléaires et se fait envahir. La Corée du Nord a développé ses armes nucléaires et personne n’ose la toucher. Le message est clair. Brutal. Terrifiant. Mais clair.
Le calcul rationnel de la survie
Mettons-nous à la place d’un petit pays. Disons, un État d’Asie centrale. Ou d’Afrique. Ou d’Amérique latine. Un pays qui a des voisins puissants et potentiellement hostiles. Un pays qui ne peut pas compter sur l’OTAN pour le protéger. Un pays qui voit ce qui arrive à l’Ukraine. Que fait ce pays ? Il calcule. Il évalue ses options. Option A : faire confiance au droit international. Résultat probable : finir comme l’Ukraine. Option B : rejoindre une alliance militaire. Problème : l’OTAN n’accepte pas tout le monde. Et même si elle acceptait, le processus d’adhésion prend des années. Des années pendant lesquelles le pays reste vulnérable. Option C : développer des armes de destruction massive. Coût élevé. Risques politiques importants. Mais résultat garanti : personne n’osera vous attaquer. La Corée du Nord est l’un des pays les plus pauvres du monde. Son PIB par habitant est inférieur à celui de l’Ukraine. Pourtant, elle possède l’arme nucléaire. Et personne—absolument personne—n’envisage d’envahir la Corée du Nord. Le Pakistan, autre pays relativement pauvre, possède également l’arme atomique. Résultat : l’Inde, pourtant bien plus puissante, n’ose pas l’attaquer frontalement. La dissuasion nucléaire foncionne. C’est un fait. Une réalité stratégique incontournable.
Umland souligne un point crucial : si des pays comme la Corée du Nord et le Pakistan ont réussi à se doter de l’arme nucléaire malgré leur pauvreté relative, d’autres pays plus riches peuvent certainement y parvenir. L’Iran est à quelques mois—peut-être quelques semaines—de franchir le seuil nucléaire. L’Arabie saoudite a annoncé son intention de développer un programme nucléaire civil, avec des ambiguïtés stratégiques évidentes. Le Japon et la Corée du Sud, deux puissances technologiques majeures, pourraient se doter de l’arme atomique en quelques mois s’ils le décidaient. La capacité technique existe. Ce qui manquait jusqu’à présent, c’était la volonté politique. Mais la guerre en Ukraine change la donne. Elle rend le calcul nucléaire rationnel. Elle transforme l’acquisition d’armes de destruction massive en stratégie de survie légitime. Et c’est là que réside le véritable danger. Nous ne parlons pas de quelques pays isolés. Nous parlons d’une vague potentielle de prolifération touchant des dizaines d’États sur tous les continents. De l’Asie à l’Afrique en passant par l’Amérique latine, des gouvernements réévaluent leurs priorités stratégiques. Et beaucoup arrivent à la même conclusion terrifiante : sans la bombe, nous ne sommes rien.
J’ai du mal à écrire ces lignes sans trembler. Parce que je réalise l’ampleur du désastre qui se profile. Nous avons passé des décennies à construire un régime de non-prolifération nucléaire. Des décennies à convaincre les pays de renoncer à l’arme atomique. Des décennies à promettre que le droit international les protégerait. Et en quelques années, tout s’effondre. Poutine a détruit en trois ans ce que l’humanité avait mis cinquante ans à bâtir. Et nous le laissons faire. Nous regardons. Nous commentons. Nous analysons. Mais nous ne faisons rien pour empêcher la catastrophe.
Section 3 : le Traité de non-prolifération en lambeaux
Un traité vidé de sa substance
Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, signé en 1968 et entré en vigueur en 1970, constitue depuis plus d’un demi-siècle la pierre angulaire du régime international de non-prolifération. Son principe est simple : les cinq puissances nucléaires reconnues—États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France et Chine—s’engagent à ne pas transférer d’armes nucléaires à d’autres pays et à œuvrer pour le désarmement. En échange, les États non dotés de l’arme nucléaire s’engagent à ne pas développer ces armes et bénéficient du droit d’accéder à la technologie nucléaire civile. Ce marché a plutôt bien fonctionné pendant des décennies. Certes, quelques pays ont quitté le TNP ou l’ont violé—Israël, l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord. Mais dans l’ensemble, le traité a limité la prolifération. Il a créé un cadre normatif puissant. Il a établi un consensus international contre la dissémination des armes nucléaires. Aujourd’hui, 191 pays sont parties au TNP. C’est l’un des traités les plus universellement acceptés de l’histoire. Mais voilà : l’Ukraine était partie au TNP. Elle avait renoncé à ses armes nucléaires conformément au traité. Elle avait fait confiance au système. Et ce système l’a trahie.
La Russie, l’une des cinq puissances nucléaires garantes du TNP, a envahi un État non nucléaire partie au traité. Elle a violé toutes les règles. Elle a bafoué tous les principes. Et que s’est-il passé ? Rien. Enfin, presque rien. Des sanctions économiques. Des condamnations diplomatiques. Mais aucune action militaire directe pour restaurer l’intégrité territoriale ukrainienne. Le TNP repose sur une promesse implicite : si vous renoncez à l’arme nucléaire, vous serez protégé. Cette promesse vient d’être brisée. Et pas par n’importe qui. Par l’une des puissances garantes du traité elle-même. Comment, dès lors, convaincre d’autres pays de renoncer à l’arme atomique ? Comment leur expliquer que le TNP les protégera alors qu’il n’a pas protégé l’Ukraine ? Umland pose la question frontalement : pour de nombreux petits et moyens pays, le TNP pourrait désormais apparaître comme un piège. Un système conçu pour permettre aux grandes puissances de conserver leur monopole nucléaire tout en laissant les petits pays sans défense face aux agressions. Cette perception—qu’elle soit juste ou non—est en train de se répandre. Et elle mine les fondations mêmes du régime de non-prolifération.
L’érosion de la légitimité
La légitimité du TNP reposait sur un équilibre délicat. Les puissances nucléaires acceptaient de ne pas proliférer et promettaient de désarmer progressivement. Les États non nucléaires renonçaient à l’arme atomique en échange de garanties de sécurité et d’accès à la technologie nucléaire civile. Cet équilibre est rompu. D’abord, les puissances nucléaires n’ont jamais vraiment désarmé. Elles ont réduit leurs arsenaux, certes. Mais elles les ont aussi modernisés. Aujourd’hui, les États-Unis, la Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni investissent des milliards dans la modernisation de leurs forces nucléaires. Le désarmement promis par l’article VI du TNP reste lettre morte. Ensuite, les garanties de sécurité offertes aux États non nucléaires se révèlent illusoires. L’Ukraine en est la preuve vivante—ou plutôt mourante. Enfin, la guerre en Ukraine démontre que posséder l’arme nucléaire offre une impunité totale. La Russie peut commettre des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, peut-être même un génocide. Elle peut annexer des territoires, massacrer des civils, détruire des villes entières. Et personne n’intervient militairement. Pourquoi ? Parce qu’elle possède l’arme nucléaire. Parce que toute intervention directe risquerait une escalade nucléaire. La dissuasion fonctionne. Mais elle fonctionne dans les deux sens.
Cette réalité n’échappe à personne. Les gouvernements du monde entier observent et tirent leurs conclusions. La leçon est claire : l’arme nucléaire protège. Elle protège contre les invasions. Elle protège contre les interventions étrangères. Elle protège contre les changements de régime imposés de l’extérieur. La Libye de Kadhafi a renoncé à son programme nucléaire en 2003. En 2011, l’OTAN intervenait militairement et Kadhafi finissait lynché. L’Irak de Saddam Hussein n’avait pas d’armes de destruction massive. En 2003, les États-Unis l’envahissaient et Saddam finissait pendu. La Corée du Nord a développé l’arme nucléaire. Personne ne l’envahit. L’Iran se rapproche du seuil nucléaire. Les menaces d’intervention militaire diminuent. Le Pakistan possède la bombe. L’Inde n’ose pas l’attaquer. Le pattern est évident. Brutal. Mais évident. Et ce pattern est en train de détruire cinquante ans d’efforts de non-prolifération. Parce que les petits pays ne sont pas stupides. Ils voient. Ils comprennent. Et ils agissent en conséquence. Ou du moins, ils commencent à envisager d’agir en conséquence. Et c’est précisément ce qui terrifie Andreas Umland.
Le TNP est mort. Voilà. Je l’ai dit. Il n’est pas encore enterré officiellement. Les diplomates continuent de se réunir. Les conférences d’examen se tiennent. Les déclarations solennelles se succèdent. Mais le traité est mort. Tué par la Russie. Achevé par l’inaction occidentale. Et nous refusons de voir le cadavre. Nous continuons à faire semblant. À prétendre que le système fonctionne. Que les règles tiennent. Que l’ordre international est intact. Mensonges. Tout cela n’est que mensonges. Et pendant que nous mentons, le monde glisse vers le chaos nucléaire.
Section 4 : les exemples qui font peur
Trump et les appétits territoriaux américains
Donald Trump n’a jamais été un adepte de la diplomatie subtile. Pendant sa campagne présidentielle de 2024 et après son retour à la Maison Blanche, il a multiplié les déclarations fracassantes sur l’expansion territoriale américaine. Le Groenland d’abord. Cette immense île arctique, territoire autonome danois, fascine Trump depuis son premier mandat. En 2019 déjà, il avait évoqué l’idée d’acheter le Groenland. Les Danois avaient poliment décliné. En 2025, Trump est revenu à la charge. Mais cette fois, il n’a pas parlé d’achat. Il a parlé d’annexion. Il a évoqué la possibilité d’utiliser la force militaire pour prendre le contrôle du Groenland. Ses justifications ? Les ressources naturelles. La position stratégique. La sécurité nationale américaine. Des arguments qui rappellent étrangement ceux utilisés par Poutine pour justifier l’invasion de l’Ukraine. Puis vint le Canada. Trump a suggéré à plusieurs reprises que le Canada devrait devenir le 51e État américain. Il a lié cette idée à des questions de sécurité et de commerce. Justin Trudeau a répondu qu’il n’y avait « pas l’ombre d’une chance » que cela se produise. Mais Trump a insisté. Encore et encore. Créant une tension diplomatique sans précédent entre les deux pays.
Ces déclarations ne sont pas anodines. Elles marquent un changement fondamental dans la rhétorique américaine. Les États-Unis, garants traditionnels de l’ordre international, envisagent ouvertement l’expansion territoriale. Certes, Trump n’est pas passé à l’acte. Il n’a pas envahi le Groenland. Il n’a pas annexé le Canada. Mais le simple fait qu’un président américain puisse tenir de tels propos sans provoquer un tollé général en dit long sur l’état du monde. L’exemple russe fait école. Si Moscou peut annexer la Crimée et quatre régions ukrainiennes, pourquoi Washington ne pourrait-il pas faire de même avec le Groenland ou le canal de Panama ? La logique est la même. La justification est similaire. Seule l’échelle diffère. Et cette normalisation de l’expansionnisme territorial par la force est précisément ce qu’Umland redoute. Parce qu’elle crée un précédent. Parce qu’elle légitime l’usage de la force pour modifier les frontières. Parce qu’elle détruit les derniers vestiges de l’ordre international d’après-guerre. Si les grandes puissances peuvent le faire, pourquoi pas les autres ? C’est la question que se posent désormais de nombreux pays. Et la réponse pourrait bien être : effectivement, pourquoi pas ?
Le Venezuela et la Guyane : une annexion en préparation
L’Amérique latine n’est pas en reste. Le Venezuela de Nicolás Maduro a ouvertement manifesté son ambition d’annexer l’Essequibo, une région représentant les deux tiers du territoire de la Guyane. Ce conflit territorial remonte au XIXe siècle, mais il a pris une tournure inquiétante ces dernières années. En décembre 2023, Caracas a organisé un référendum sur l’annexion de l’Essequibo. Résultat prévisible : 95% des votants se sont prononcés en faveur de l’intégration de cette région au Venezuela. Peu importe que ce référendum n’ait aucune valeur juridique internationale. Peu importe que la Guyane rejette catégoriquement toute cession territoriale. Le Venezuela a franchi une étape symbolique importante. Il a créé une nouvelle province administrative incluant l’Essequibo. Il a distribué des cartes montrant cette région comme partie intégrante du territoire vénézuélien. Il a déployé des forces militaires près de la frontière. En mai 2025, Maduro est allé plus loin en organisant des élections locales dans l’Essequibo—sur un territoire qu’il ne contrôle même pas. La Guyane a dénoncé cette provocation. La communauté internationale a condamné. Mais rien n’a changé. Le Venezuela continue sa stratégie d’annexion progressive, s’inspirant manifestement du playbook russe en Crimée et dans le Donbass.
Pourquoi le Venezuela se sent-il enhardi à agir ainsi ? Parce qu’il observe ce qui se passe en Ukraine. Parce qu’il constate que la communauté internationale ne fait rien de concret pour empêcher les annexions territoriales. Des sanctions ? Le Venezuela en subit déjà depuis des années. Des condamnations diplomatiques ? Caracas s’en moque. Une intervention militaire internationale ? Personne n’y pense sérieusement. La Guyane est un petit pays de moins d’un million d’habitants. Elle ne fait partie d’aucune alliance militaire majeure. Elle ne possède pas d’armes de destruction massive. Elle compte sur le droit international pour la protéger. Exactement comme l’Ukraine comptait sur le mémorandum de Budapest. Et nous savons comment cela s’est terminé pour Kiev. La Guyane voit. Elle comprend. Et elle doit se poser la question : comment se protéger ? Rejoindre une alliance militaire ? Laquelle ? Développer des armes de destruction massive ? Avec quels moyens ? Faire confiance au droit international ? L’Ukraine a essayé. Le dilemme est insoluble. Et c’est précisément ce dilemme qui pourrait pousser de nombreux pays vers la prolifération nucléaire. Parce qu’ils ne voient pas d’autre solution. Parce que toutes les autres options ont échoué. Parce que la bombe semble être la seule garantie de survie dans un monde où la force prime sur le droit.
Comprenez-vous maintenant pourquoi Umland est terrifié ? Ce n’est pas de la paranoïa. Ce n’est pas de l’alarmisme. C’est une analyse froide et rationnelle de la situation géopolitique actuelle. Les exemples se multiplient. Les précédents s’accumulent. Et chaque fois, le message est le même : la force l’emporte. Le droit ne protège pas. Les traités ne valent rien. Seule la puissance compte. Et dans ce monde brutal, l’arme nucléaire est la puissance ultime. Celle qui garantit la survie. Celle qui impose le respect. Celle qui protège contre toute agression. Comment s’étonner, dès lors, que de plus en plus de pays envisagent de franchir le seuil nucléaire ?
Section 5 : les candidats à la prolifération
L’Iran au bord du seuil
L’Iran est probablement le cas le plus préoccupant à court terme. Téhéran enrichit de l’uranium à des niveaux de plus en plus élevés. En 2025, l’Agence internationale de l’énergie atomique a confirmé que l’Iran possède suffisamment d’uranium enrichi à 60% pour fabriquer plusieurs bombes nucléaires s’il décidait de franchir le pas. Il ne manque plus qu’une décision politique. Les capacités techniques sont là. Les installations sont opérationnelles. Les scientifiques sont formés. Seule la volonté politique fait défaut. Mais pour combien de temps encore ? L’accord sur le nucléaire iranien de 2015, censé empêcher Téhéran d’acquérir l’arme atomique, est mort. Donald Trump l’a quitté en 2018. L’Iran a progressivement cessé de respecter ses engagements. Les tentatives de relance des négociations ont échoué. Aujourd’hui, l’Iran est plus proche que jamais de la bombe. Et plusieurs facteurs pourraient le pousser à franchir le seuil. D’abord, la menace israélienne. Israël a multiplié les frappes contre des installations iraniennes. Il a assassiné des scientifiques nucléaires iraniens. Il menace régulièrement de détruire le programme nucléaire de Téhéran. Face à cette menace existentielle, l’arme nucléaire apparaît comme la seule garantie de survie du régime.
Ensuite, l’exemple ukrainien. L’Iran observe ce qui arrive à un pays non nucléaire attaqué par une puissance nucléaire. Il en tire les conclusions qui s’imposent. Sans la bombe, vous êtes vulnérable. Avec la bombe, vous êtes intouchable. La Corée du Nord le prouve chaque jour. Enfin, les tensions régionales. L’Iran est entouré de pays hostiles ou méfiants. L’Arabie saoudite, son rival régional, développe son propre programme nucléaire. Israël possède déjà l’arme atomique. Le Pakistan, de l’autre côté du golfe Persique, est une puissance nucléaire. Dans ce contexte, rester non nucléaire apparaît comme un handicap stratégique majeur. Des responsables iraniens ont d’ailleurs évoqué publiquement la possibilité de se retirer du TNP et d’acquérir des ogives nucléaires. Ces déclarations ne sont pas anodines. Elles testent les réactions internationales. Elles préparent l’opinion publique iranienne. Elles signalent que Téhéran envisage sérieusement l’option nucléaire. Et si l’Iran franchit le seuil, une cascade de prolifération pourrait suivre au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a déjà annoncé qu’elle développerait l’arme nucléaire si l’Iran le faisait. La Turquie pourrait suivre. L’Égypte également. En quelques années, le Moyen-Orient pourrait devenir une poudrière nucléaire. Avec tous les risques que cela implique.
L’Arabie saoudite et l’ambiguïté stratégique
Riyad joue un jeu dangereux. Officiellement, l’Arabie saoudite développe un programme nucléaire civil. Elle construit des réacteurs. Elle forme des ingénieurs. Elle investit des milliards dans la technologie nucléaire. Tout cela est parfaitement légal dans le cadre du TNP. Mais les ambiguïtés sont nombreuses. D’abord, l’Arabie saoudite refuse de signer le protocole additionnel du TNP, qui permettrait des inspections plus intrusives de ses installations nucléaires. Pourquoi ce refus si le programme est purement civil ? Ensuite, des responsables saoudiens ont déclaré à plusieurs reprises que si l’Iran acquérait l’arme nucléaire, Riyad ferait de même. Le prince héritier Mohammed ben Salmane l’a dit clairement : « Si l’Iran développe une bombe nucléaire, nous en ferons autant. » Cette déclaration n’est pas une menace en l’air. C’est un engagement politique. Enfin, l’Arabie saoudite a conclu un accord de défense avec le Pakistan qui inclut des clauses secrètes sur la coopération nucléaire. Certains analystes estiment que cet accord pourrait permettre à Riyad d’acquérir rapidement des armes nucléaires pakistanaises en cas de besoin. Une sorte de « bombe en location » qui donnerait à l’Arabie saoudite une capacité nucléaire quasi instantanée.
Le programme nucléaire saoudien s’inscrit dans une stratégie plus large de réarmement et d’affirmation régionale. Riyad ne veut plus dépendre uniquement de la protection américaine. La guerre au Yémen a montré les limites de cette dépendance. Les hésitations américaines face à l’Iran ont renforcé les doutes saoudiens. L’accord nucléaire de 2015, négocié sans consultation de Riyad, a été vécu comme une trahison. Aujourd’hui, l’Arabie saoudite cherche à diversifier ses garanties de sécurité. Elle renforce ses liens avec la Chine. Elle normalise ses relations avec l’Iran. Elle développe son industrie de défense. Et elle avance prudemment mais sûrement vers une capacité nucléaire. Tout cela dans une ambiguïté stratégique calculée. Riyad ne dit pas ouvertement qu’elle veut la bombe. Mais elle ne dit pas non plus qu’elle n’en veut pas. Elle maintient le flou. Elle garde toutes les options ouvertes. Et elle observe attentivement ce qui se passe en Ukraine. Parce que la leçon ukrainienne vaut aussi pour l’Arabie saoudite : dans un monde où la force prime sur le droit, seule la puissance nucléaire garantit la sécurité. Et Riyad n’a pas l’intention de finir comme Kiev.
Le Moyen-Orient est une poudrière. Nous le savons tous. Mais nous ne réalisons pas à quel point la situation est explosive. L’Iran au bord du seuil nucléaire. L’Arabie saoudite qui se prépare à suivre. La Turquie qui observe. Israël qui menace. Et au milieu de tout cela, des conflits qui n’en finissent pas. Syrie. Yémen. Irak. Liban. Palestine. Chaque conflit est une étincelle potentielle. Et si l’un de ces pays franchit le seuil nucléaire, tous les autres suivront. C’est mathématique. C’est inévitable. Et c’est terrifiant.
Section 6 : l'Asie face au dilemme nucléaire
Le Japon et le tabou qui s’effrite
Le Japon est le seul pays au monde à avoir subi des bombardements atomiques. Hiroshima et Nagasaki restent gravées dans la mémoire collective japonaise comme des traumatismes absolus. Pendant 80 ans, le Japon a maintenu une position pacifiste stricte. Les trois principes non nucléaires—ne pas posséder, ne pas fabriquer, ne pas introduire d’armes nucléaires sur le territoire japonais—sont devenus un pilier de la politique de défense nippone. Le Japon s’est placé sous le parapluie nucléaire américain. Il a fait confiance à Washington pour le protéger. Il a renoncé à toute ambition nucléaire propre. Mais les choses changent. Lentement. Discrètement. Mais elles changent. La menace nord-coréenne s’intensifie. Pyongyang multiplie les tirs de missiles balistiques au-dessus du Japon. La Chine devient de plus en plus assertive dans la région. Elle revendique des îles japonaises. Elle envoie régulièrement des navires militaires dans les eaux territoriales nippones. Elle menace Taïwan, allié informel du Japon. Et surtout, la fiabilité de la garantie américaine est remise en question. Donald Trump a suggéré à plusieurs reprises que le Japon et la Corée du Sud devraient développer leurs propres armes nucléaires plutôt que de compter sur les États-Unis.
Dans ce contexte, le débat nucléaire n’est plus tabou au Japon. Des politiciens conservateurs évoquent ouvertement la possibilité de réviser les trois principes non nucléaires. Des think tanks publient des études sur les options nucléaires japonaises. L’opinion publique, traditionnellement hostile à l’arme atomique, commence à évoluer. Un sondage récent montre qu’une minorité significative de Japonais—environ 30%—serait favorable au développement d’une capacité nucléaire nationale si la menace chinoise ou nord-coréenne devenait trop pressante. Le Japon possède toutes les capacités techniques nécessaires. Il maîtrise l’enrichissement de l’uranium. Il possède du plutonium en quantité suffisante pour fabriquer des centaines d’ogives. Ses scientifiques sont parmi les meilleurs du monde. Son industrie spatiale pourrait rapidement développer des vecteurs balistiques. En d’autres termes, le Japon pourrait devenir une puissance nucléaire en quelques mois s’il le décidait. Seule la volonté politique manque. Mais cette volonté pourrait émerger rapidement si la situation sécuritaire se détériorait. Et la guerre en Ukraine accélère cette réflexion. Parce qu’elle montre que les garanties de sécurité ne valent rien. Parce qu’elle démontre que seule la force compte. Parce qu’elle prouve que l’arme nucléaire est la seule protection réelle dans un monde brutal.
La Corée du Sud entre deux feux
La Corée du Sud vit dans l’ombre de la menace nord-coréenne depuis 70 ans. Pyongyang possède l’arme nucléaire et ne cesse de la perfectionner. La Corée du Nord a testé des dizaines de missiles balistiques. Elle a réalisé six essais nucléaires. Elle menace régulièrement de transformer Séoul en « mer de feu ». Face à cette menace existentielle, la Corée du Sud compte sur deux garanties : l’alliance avec les États-Unis et le parapluie nucléaire américain. Mais ces garanties sont-elles suffisantes ? De plus en plus de Sud-Coréens en doutent. Les déclarations de Trump sur le retrait potentiel des troupes américaines de Corée ont semé le doute. Les hésitations américaines face à la Corée du Nord ont renforcé les inquiétudes. Et surtout, l’exemple ukrainien résonne fortement à Séoul. L’Ukraine comptait sur des garanties de sécurité. Ces garanties n’ont pas empêché l’invasion russe. Pourquoi les garanties américaines protégeraient-elles mieux la Corée du Sud ? Cette question hante les stratèges sud-coréens. Et elle alimente un débat croissant sur l’option nucléaire. Des sondages montrent qu’une majorité de Sud-Coréens—environ 70%—serait favorable au développement d’armes nucléaires nationales. Des politiciens conservateurs plaident ouvertement pour cette option. Des experts militaires publient des études sur la faisabilité technique d’un programme nucléaire sud-coréen.
Comme le Japon, la Corée du Sud possède toutes les capacités techniques nécessaires. Elle maîtrise le cycle du combustible nucléaire. Elle possède une industrie spatiale avancée capable de développer des missiles balistiques. Ses scientifiques sont hautement qualifiés. Elle pourrait devenir une puissance nucléaire en moins d’un an si elle le décidait. Seuls les engagements internationaux et la pression américaine l’en empêchent. Mais pour combien de temps encore ? Si la Corée du Nord continue d’améliorer ses capacités nucléaires, si la Chine devient plus menaçante, si les États-Unis se désengagent de la région, Séoul pourrait franchir le pas. Et ce franchissement aurait des conséquences en cascade. Le Japon suivrait probablement. Taïwan pourrait envisager la même option. L’Australie se poserait la question. En quelques années, toute l’Asie-Pacifique pourrait basculer dans une course aux armements nucléaires. Une course qui rendrait la région infiniment plus dangereuse. Une course qui multiplierait les risques d’accidents, de malentendus, d’escalades incontrôlées. Une course qui pourrait mener à une catastrophe nucléaire. Et tout cela à cause de la guerre en Ukraine. Parce que Poutine a montré que la force l’emporte. Parce que l’Occident a montré que les garanties de sécurité ne valent rien. Parce que le monde a compris que seule la bombe protège vraiment.
L’Asie est une bombe à retardement. Littéralement. La Corée du Nord possède déjà l’arme nucléaire. La Chine modernise son arsenal. Le Pakistan et l’Inde se font face avec leurs bombes respectives. Et maintenant, le Japon et la Corée du Sud envisagent de franchir le seuil. Imaginez un instant ce que cela signifierait. Six, sept, huit puissances nucléaires dans une région déjà tendue. Des conflits territoriaux non résolus. Des rivalités historiques profondes. Des nationalismes exacerbés. Et au milieu de tout cela, des armes capables de détruire des villes entières en quelques secondes. C’est un cauchemar. Un cauchemar qui pourrait devenir réalité si nous ne faisons rien pour l’empêcher.
Section 7 : l'Afrique et l'Amérique latine dans la tourmente
Des continents vulnérables
L’Afrique et l’Amérique latine sont souvent oubliées dans les discussions sur la prolifération nucléaire. Pourtant, ces deux continents pourraient être particulièrement affectés par la vague de prolifération qu’Umland redoute. Pourquoi ? Parce qu’ils abritent de nombreux petits et moyens pays vulnérables. Des pays qui n’ont pas d’alliances militaires solides. Des pays qui ne peuvent pas compter sur la protection des grandes puissances. Des pays qui voient ce qui arrive à l’Ukraine et en tirent des conclusions inquiétantes. Prenons l’Afrique. Le continent compte 54 pays. Beaucoup sont petits. Beaucoup sont pauvres. Beaucoup ont des voisins potentiellement hostiles. Et beaucoup ont des ressources naturelles convoitées. Dans ce contexte, comment se protéger ? Le droit international ? L’Union africaine ? Les Nations Unies ? Toutes ces institutions ont montré leurs limites. Les conflits se multiplient en Afrique. Les coups d’État se succèdent. Les interventions étrangères—russes, chinoises, occidentales—se multiplient. Et personne ne protège vraiment les petits pays. Ils sont livrés à eux-mêmes. Vulnérables. Exposés. Certains pourraient être tentés de chercher une protection ultime : l’arme nucléaire. Ou à défaut, des armes chimiques ou biologiques. Moins coûteuses. Plus faciles à développer. Mais tout aussi destructrices.
L’Amérique latine n’est pas mieux lotie. Le continent a longtemps été une zone dénucléarisée grâce au Traité de Tlatelolco de 1967. Mais ce traité repose sur la confiance mutuelle et le respect du droit international. Or, cette confiance s’érode. Le Venezuela menace la Guyane. L’Argentine et le Brésil ont des programmes nucléaires civils avancés qui pourraient rapidement être militarisés. Le Chili, l’Uruguay, le Mexique possèdent des capacités techniques non négligeables. Et tous observent ce qui se passe dans le monde. Ils voient la Russie envahir l’Ukraine. Ils voient les États-Unis menacer d’annexer le Groenland. Ils voient le Venezuela préparer l’annexion de l’Essequibo. Et ils se demandent : qui nous protégera si nous sommes attaqués ? La réponse est claire : personne. L’Organisation des États américains ? Inefficace. Les Nations Unies ? Impuissantes. Les États-Unis ? Imprévisibles. Dans ce contexte, l’option nucléaire pourrait devenir attrayante. Pas pour tous les pays, certes. Mais pour certains. Ceux qui se sentent particulièrement menacés. Ceux qui ont les capacités techniques. Ceux qui ont les ressources financières. Et il suffit que quelques pays franchissent le pas pour déclencher une cascade de prolifération. Parce que la prolifération engendre la prolifération. Parce que si votre voisin a la bombe, vous la voulez aussi. Parce que l’équilibre de la terreur ne fonctionne que si tout le monde est également terrifié.
Le cas particulier de l’Afrique du Sud
L’Afrique du Sud occupe une place unique dans l’histoire de la prolifération nucléaire. C’est le seul pays au monde à avoir développé un arsenal nucléaire complet—six bombes atomiques—puis à l’avoir volontairement démantelé. Entre 1979 et 1989, Pretoria a construit six engins nucléaires. Le régime d’apartheid voulait se protéger contre la menace communiste et les mouvements de libération soutenus par l’URSS. Mais en 1989, avec la fin de la guerre froide et l’arrivée au pouvoir de Frederik de Klerk, l’Afrique du Sud a pris une décision historique : démanteler son arsenal et rejoindre le TNP en tant qu’État non nucléaire. Cette décision a été saluée dans le monde entier comme un exemple de désarmement volontaire. Elle a renforcé la légitimité du TNP. Elle a montré qu’il était possible de renoncer à l’arme nucléaire. Mais aujourd’hui, certains en Afrique du Sud se demandent si cette décision était sage. Le pays fait face à de multiples défis sécuritaires. Des tensions régionales. Une criminalité galopante. Des menaces terroristes. Et surtout, une perte de confiance dans les institutions internationales. L’Afrique du Sud voit ce qui arrive à l’Ukraine. Elle constate que le désarmement nucléaire n’offre aucune garantie de sécurité. Elle observe que les puissances nucléaires font ce qu’elles veulent sans être inquiétées.
Pour l’instant, aucun responsable sud-africain n’a évoqué publiquement l’idée de relancer un programme nucléaire militaire. Mais le débat existe dans les cercles stratégiques. Des experts se demandent si l’Afrique du Sud n’a pas commis une erreur en renonçant à sa capacité nucléaire. Ils soulignent que le pays possède toujours les compétences techniques nécessaires. Qu’il possède de l’uranium en abondance. Qu’il pourrait, s’il le voulait, reconstruire un arsenal nucléaire en quelques années. Cette réflexion n’est pas propre à l’Afrique du Sud. D’autres pays qui ont renoncé à l’arme nucléaire—comme l’Ukraine, justement—pourraient se poser les mêmes questions. L’Argentine et le Brésil ont tous deux abandonné leurs programmes nucléaires militaires dans les années 1990. Ils ont signé le Traité de Tlatelolco. Ils ont fait confiance au système international. Mais ce système les protégera-t-il vraiment en cas d’agression ? L’exemple ukrainien suggère que non. Et cette prise de conscience pourrait pousser certains pays à reconsidérer leurs choix passés. Le désarmement volontaire pourrait apparaître rétrospectivement comme une erreur stratégique. Et si cette perception se répand, elle pourrait inverser des décennies de progrès en matière de non-prolifération. Parce que si les pays qui ont renoncé à la bombe regrettent leur choix, comment convaincre ceux qui ne l’ont jamais eue de ne pas la développer ?
L’Afrique du Sud me hante. Ce pays a fait ce que nous demandons à tous les pays de faire : renoncer à l’arme nucléaire. Il a montré l’exemple. Il a prouvé que c’était possible. Et aujourd’hui, certains Sud-Africains se demandent s’ils n’ont pas été naïfs. S’ils n’ont pas commis une erreur. S’ils ne devraient pas reconstruire ce qu’ils ont détruit. Cette remise en question est dévastatrice. Parce qu’elle mine tout le discours sur le désarmement. Parce qu’elle suggère que renoncer à la bombe est une faiblesse, pas une force. Parce qu’elle transforme le désarmement en erreur stratégique. Et si l’Afrique du Sud—le modèle du désarmement volontaire—regrette son choix, quel espoir reste-t-il pour la non-prolifération ?
Section 8 : l'OTAN face à ses limites
Une alliance qui ne peut pas tout protéger
L’OTAN est souvent présentée comme la solution ultime aux problèmes de sécurité. Rejoignez l’Alliance atlantique et vous serez protégé. L’article 5 du traité de Washington stipule qu’une attaque contre un membre est considérée comme une attaque contre tous. Cette garantie collective a fonctionné pendant 75 ans. Aucun pays membre de l’OTAN n’a jamais été envahi. La dissuasion a joué son rôle. Mais cette solution a ses limites. D’abord, l’OTAN n’accepte pas tout le monde. L’adhésion est un processus long et complexe. Il faut remplir de nombreux critères. Il faut obtenir l’accord unanime des membres existants. Et surtout, il faut ne pas avoir de conflits territoriaux non résolus. Cette dernière condition exclut de facto de nombreux pays vulnérables. L’Ukraine et la Géorgie tentent d’adhérer à l’OTAN depuis 2008. Elles ont reçu une « perspective d’adhésion » au sommet de Bucarest. Mais 17 ans plus tard, elles ne sont toujours pas membres. Pourquoi ? Parce qu’elles ont des conflits territoriaux avec la Russie. Parce que certains membres de l’OTAN—notamment l’Allemagne et la France—craignent qu’accepter ces pays ne provoque une confrontation directe avec Moscou. Résultat : l’Ukraine et la Géorgie restent dans les limbes. Ni membres de l’OTAN, ni vraiment protégées. Vulnérables. Exposées.
Ensuite, l’OTAN est une alliance régionale. Elle couvre l’Europe et l’Amérique du Nord. Mais pas l’Asie. Pas l’Afrique. Pas l’Amérique latine. Les pays de ces régions ne peuvent pas rejoindre l’OTAN. Ils doivent trouver d’autres solutions. Créer leurs propres alliances régionales ? Elles existent déjà—l’Union africaine, l’Organisation des États américains, l’ASEAN. Mais elles sont bien moins efficaces que l’OTAN. Elles n’offrent pas de garanties de sécurité aussi solides. Elles n’ont pas de capacités militaires comparables. Elles ne disposent pas de la dissuasion nucléaire américaine. En d’autres termes, pour la majorité des pays du monde, l’OTAN n’est pas une option. Ils doivent se débrouiller seuls. Et dans un monde où la force prime sur le droit, se débrouiller seul signifie être vulnérable. Enfin, même au sein de l’OTAN, des doutes émergent. Donald Trump a remis en question l’engagement américain envers l’Alliance. Il a suggéré que les États-Unis pourraient ne pas défendre les membres qui ne dépensent pas assez pour leur défense. Ces déclarations ont semé le doute. Si les États-Unis ne sont plus fiables, que vaut la garantie de l’OTAN ? Cette question hante les Européens. Et elle pourrait pousser certains pays—notamment la France et le Royaume-Uni—à renforcer leurs propres capacités nucléaires. Voire à partager ces capacités avec d’autres membres européens. Une « bombe européenne » est régulièrement évoquée. Elle n’existe pas encore. Mais l’idée fait son chemin.
L’expansion limitée de l’Alliance
L’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN en 2023 et 2024 a été présentée comme un succès majeur de l’Alliance. Deux pays nordiques, longtemps neutres, ont rejoint l’OTAN en réaction à l’invasion russe de l’Ukraine. Leur adhésion renforce considérablement la position de l’OTAN en Europe du Nord. Elle double la frontière terrestre entre l’OTAN et la Russie. Elle apporte des capacités militaires significatives. La Finlande possède une armée bien entraînée et une longue expérience de la défense contre la Russie. La Suède dispose d’une industrie de défense avancée et d’une marine puissante. Leur intégration dans l’OTAN est un atout stratégique majeur. Mais elle souligne aussi les limites de l’expansion de l’Alliance. La Finlande et la Suède sont des pays riches, stables, démocratiques. Ils remplissent tous les critères d’adhésion. Ils n’ont pas de conflits territoriaux non résolus. Leur intégration ne pose aucun problème. Mais combien de pays dans le monde correspondent à ce profil ? Très peu. La plupart des pays vulnérables ne peuvent pas rejoindre l’OTAN. Soit parce qu’ils sont géographiquement trop éloignés. Soit parce qu’ils ont des conflits territoriaux. Soit parce qu’ils ne remplissent pas les critères démocratiques. Soit parce que leur adhésion serait trop provocante pour les grandes puissances régionales.
L’Ukraine illustre parfaitement ce dilemme. Kiev veut désespérément rejoindre l’OTAN. Elle remplit de plus en plus de critères. Elle a réformé son armée. Elle a renforcé ses institutions démocratiques. Elle a prouvé sa détermination à se défendre. Mais elle ne peut pas adhérer tant que le conflit avec la Russie n’est pas résolu. Et ce conflit ne sera pas résolu tant que l’Ukraine n’aura pas récupéré ses territoires occupés. Cercle vicieux. Impasse totale. Résultat : l’Ukraine reste vulnérable. Elle reçoit des armes. Elle reçoit de l’argent. Elle reçoit du soutien diplomatique. Mais elle ne reçoit pas la garantie ultime : l’article 5 de l’OTAN. Et sans cette garantie, elle reste exposée à l’agression russe. Cette situation envoie un message terrible aux autres pays vulnérables : l’OTAN ne vous protégera pas. Vous pouvez aspirer à l’adhésion. Vous pouvez remplir tous les critères. Vous pouvez vous battre courageusement. Mais si vous êtes attaqué avant d’avoir rejoint l’Alliance, vous êtes seul. Cette réalité pousse certains pays à chercher d’autres solutions. Et la plus évidente, la plus efficace, la plus terrifiante, c’est l’arme nucléaire. Parce que la bombe ne demande l’autorisation de personne. Parce qu’elle ne nécessite pas de processus d’adhésion. Parce qu’elle offre une protection immédiate et inconditionnelle. Voilà pourquoi Umland craint une vague de prolifération. Parce que l’OTAN ne peut pas protéger tout le monde. Et que ceux qui ne peuvent pas rejoindre l’Alliance chercheront d’autres moyens de se protéger.
L’OTAN est une forteresse. Solide. Puissante. Efficace. Mais une forteresse ne protège que ceux qui sont à l’intérieur. Et la majorité de l’humanité est à l’extérieur. Regardant les murs. Suppliant d’entrer. Mais les portes restent fermées. Parce que la forteresse ne peut pas accueillir tout le monde. Parce que certains sont trop éloignés. Parce que d’autres sont trop problématiques. Parce que leur admission provoquerait une guerre. Alors ils restent dehors. Vulnérables. Exposés. Et ils cherchent d’autres moyens de se protéger. Des moyens qui pourraient détruire le monde.
Section 9 : les armes chimiques et biologiques, l'alternative terrifiante
Quand le nucléaire est hors de portée
Tous les pays ne peuvent pas développer l’arme nucléaire. Le processus est complexe. Il nécessite des compétences scientifiques avancées. Il requiert des infrastructures coûteuses. Il demande du temps—plusieurs années au minimum. Et surtout, il attire l’attention internationale. Un programme nucléaire ne peut pas rester secret longtemps. Les satellites espions détectent les installations. Les inspecteurs de l’AIEA posent des questions. Les services de renseignement enquêtent. Et si un pays est pris en flagrant délit de développement d’armes nucléaires, il s’expose à des sanctions sévères, voire à une intervention militaire préventive. Israël a bombardé le réacteur irakien d’Osirak en 1981. Il a détruit une installation nucléaire syrienne en 2007. Il menace régulièrement de faire de même avec les installations iraniennes. Les États-Unis ont envahi l’Irak en 2003 en partie à cause de la menace—imaginaire, il s’est avéré—d’armes de destruction massive. Bref, développer l’arme nucléaire est risqué. Mais il existe des alternatives. Des alternatives moins coûteuses. Moins détectables. Tout aussi destructrices. Les armes chimiques et biologiques. Ces armes sont interdites par des conventions internationales—la Convention sur les armes chimiques de 1993 et la Convention sur les armes biologiques de 1972. Mais ces conventions sont moins bien appliquées que le TNP. Les inspections sont moins intrusives. Les sanctions sont moins sévères. Et surtout, ces armes sont beaucoup plus faciles à développer.
Les armes chimiques peuvent être fabriquées avec des équipements relativement simples. Des produits chimiques industriels courants peuvent être détournés pour produire des agents toxiques. Le gaz sarin, utilisé par le régime syrien contre sa propre population, peut être synthétisé dans un laboratoire de taille moyenne. Le gaz VX, l’un des agents neurotoxiques les plus mortels, nécessite des compétences chimiques avancées mais pas inaccessibles. Un pays déterminé peut développer un arsenal chimique en quelques mois. Les armes biologiques sont encore plus inquiétantes. Les progrès de la biotechnologie ont rendu leur développement beaucoup plus facile. Des laboratoires universitaires possèdent les équipements nécessaires. Des scientifiques formés dans des universités occidentales possèdent les compétences requises. Et les agents biologiques—virus, bactéries, toxines—peuvent être cultivés discrètement. La pandémie de COVID-19 a montré à quel point un agent pathogène peut être dévastateur. Imaginez maintenant un agent pathogène délibérément conçu pour être encore plus contagieux, encore plus mortel. C’est le cauchemar des armes biologiques. Et ce cauchemar pourrait devenir réalité si des pays désespérés décident que c’est leur seule option de survie.
Le précédent syrien
La Syrie a utilisé des armes chimiques contre sa propre population pendant la guerre civile. À plusieurs reprises. En 2013, une attaque au gaz sarin dans la Ghouta orientale a tué plus de 1 400 personnes. En 2017, une autre attaque au sarin à Khan Cheikhoun a tué plus de 80 personnes. En 2018, une attaque au chlore à Douma a tué des dizaines de civils. Ces attaques ont franchi une ligne rouge. Barack Obama avait déclaré que l’usage d’armes chimiques constituerait une ligne rouge entraînant une intervention américaine. Mais quand cette ligne a été franchie, Obama a hésité. Il a finalement négocié un accord avec la Russie pour le démantèlement de l’arsenal chimique syrien. Accord qui n’a été que partiellement respecté. Donald Trump a ordonné des frappes limitées contre des installations syriennes après les attaques de 2017 et 2018. Mais ces frappes n’ont pas changé fondamentalement la situation. Le régime de Bachar al-Assad est toujours au pouvoir. Il a gagné la guerre civile. Il a survécu malgré l’usage d’armes chimiques. Cette leçon n’est pas passée inaperçue. Elle montre que l’usage d’armes de destruction massive n’entraîne pas nécessairement de conséquences catastrophiques pour celui qui les emploie. Certes, il y a des condamnations internationales. Des sanctions. Des frappes limitées. Mais pas de changement de régime. Pas d’intervention massive. Pas de punition réelle.
Cette impunité relative pourrait encourager d’autres pays à développer et utiliser des armes chimiques ou biologiques. Surtout des pays qui se sentent menacés et qui n’ont pas les moyens de développer l’arme nucléaire. Les armes chimiques et biologiques offrent une dissuasion à moindre coût. Elles sont moins prestigieuses que l’arme nucléaire. Elles sont plus difficiles à contrôler. Elles comportent des risques pour celui qui les utilise. Mais elles sont efficaces. Elles tuent. Elles terrorisent. Elles dissuadent. Et dans un monde où la survie est en jeu, l’efficacité compte plus que le prestige. Umland souligne ce point crucial : quand il parle de prolifération des armes de destruction massive, il ne parle pas seulement d’armes nucléaires. Il parle aussi d’armes chimiques et biologiques. Et ces armes pourraient se répandre encore plus rapidement que les armes nucléaires. Parce qu’elles sont plus faciles à développer. Parce qu’elles sont moins détectables. Parce que les conventions qui les interdisent sont moins bien appliquées. Nous pourrions assister à une prolifération massive d’armes de destruction massive sous toutes leurs formes. Nucléaires, chimiques, biologiques. Un cauchemar absolu. Une menace existentielle pour l’humanité. Et tout cela à cause de la guerre en Ukraine. Parce que Poutine a montré que la force l’emporte. Parce que l’Occident a montré que les garanties ne valent rien. Parce que le monde a compris que seule la terreur protège vraiment.
Les armes chimiques et biologiques me terrifient encore plus que les armes nucléaires. Pourquoi ? Parce qu’elles sont plus accessibles. Parce que n’importe quel pays—voire n’importe quel groupe terroriste—peut les développer. Parce qu’elles sont plus difficiles à détecter. Parce que leur usage est plus facile à nier. Et parce que leurs effets peuvent être tout aussi dévastateurs qu’une bombe atomique. Imaginez un agent pathogène conçu pour être hautement contagieux et mortel. Relâché dans une grande ville. Se propageant avant que quiconque ne réalise ce qui se passe. Tuant des millions de personnes. C’est possible. Techniquement possible. Et si des pays désespérés décident que c’est leur seule option de survie, cela deviendra réel.
Section 10 : comment arrêter la cascade
Restaurer la confiance dans l’ordre international
Umland est clair : la prolifération mondiale des armes de destruction massive ne peut être empêchée qu’en rétablissant la confiance dans l’ordre international élémentaire. Cela signifie réaffirmer l’inviolabilité des frontières. Cela signifie punir sévèrement les agressions territoriales. Cela signifie garantir l’intégrité territoriale des pays pacifiques. En d’autres termes, cela signifie faire exactement le contraire de ce que nous faisons actuellement avec l’Ukraine. Actuellement, nous aidons l’Ukraine. Nous lui fournissons des armes. Nous lui donnons de l’argent. Nous imposons des sanctions à la Russie. Mais nous ne faisons pas ce qui est nécessaire : restaurer l’intégrité territoriale ukrainienne. Nous ne libérons pas la Crimée. Nous ne chassons pas les Russes du Donbass. Nous ne rétablissons pas les frontières internationalement reconnues de l’Ukraine. Pourquoi ? Parce que nous avons peur. Peur d’une escalade. Peur d’une confrontation directe avec la Russie. Peur d’une guerre nucléaire. Cette peur est compréhensible. Mais elle a un coût. Le coût de cette peur, c’est l’effondrement de l’ordre international. C’est le message envoyé au monde entier que les frontières peuvent être modifiées par la force. Que les garanties de sécurité ne valent rien. Que seule la puissance nucléaire protège vraiment.
Pour arrêter la cascade de prolifération, il faudrait donc faire ce que nous refusons de faire : intervenir militairement pour restaurer l’intégrité territoriale ukrainienne. Créer une coalition internationale, comme en 1991 pour libérer le Koweït. Chasser les forces russes d’Ukraine. Rétablir les frontières. Punir les responsables. Montrer au monde que l’agression ne paie pas. Que le droit international est respecté. Que les petits pays sont protégés. Que les garanties de sécurité ont un sens. Cela semble impossible ? C’est pourtant la seule solution. Parce que tant que la Russie occupera des territoires ukrainiens, tant que Poutine restera impuni, tant que l’agression sera récompensée, les autres pays en tireront les conclusions qui s’imposent. Et ces conclusions mèneront à la prolifération. Bien sûr, une telle intervention comporte des risques. Le risque d’une escalade. Le risque d’une guerre plus large. Le risque d’un conflit nucléaire. Mais ne pas intervenir comporte aussi des risques. Le risque d’une prolifération massive. Le risque de dizaines de pays dotés d’armes de destruction massive. Le risque d’un monde infiniment plus dangereux. Nous devons choisir entre deux risques. Le risque d’une confrontation avec la Russie maintenant. Ou le risque d’un monde nucléarisé demain. Umland suggère que le second risque est bien plus grand que le premier. Mais nous refusons de le voir.
Renforcer les alliances et les garanties
Si une intervention militaire directe en Ukraine est impossible—et elle semble l’être—alors il faut au moins renforcer les alliances et les garanties de sécurité pour les autres pays vulnérables. Cela signifie élargir l’OTAN. Accepter de nouveaux membres. Offrir des garanties de sécurité crédibles. Montrer que l’Alliance est prête à défendre ses membres. Cela signifie aussi créer de nouvelles alliances régionales. En Asie. En Afrique. En Amérique latine. Des alliances qui offrent des garanties de sécurité réelles. Pas seulement des déclarations diplomatiques. Mais des engagements militaires concrets. Des troupes. Des bases. Des exercices conjoints. Des plans de défense. Cela signifie également renforcer les capacités de défense des pays vulnérables. Leur fournir des armes. Les aider à moderniser leurs armées. Les former. Les équiper. Leur donner les moyens de se défendre par eux-mêmes. Tout cela coûte cher. Très cher. Mais c’est moins cher qu’un monde où des dizaines de pays possèdent des armes de destruction massive. C’est moins dangereux qu’un monde où la prolifération est devenue incontrôlable. C’est un investissement dans la sécurité collective. Un investissement que nous devons faire si nous voulons éviter la catastrophe.
Mais soyons honnêtes : tout cela semble peu probable. Les États-Unis sont divisés. L’Europe est hésitante. La Chine est opportuniste. La Russie est agressive. Dans ce contexte, qui va prendre l’initiative ? Qui va investir les ressources nécessaires ? Qui va prendre les risques politiques ? Personne, probablement. Et c’est précisément ce qui terrifie Umland. Parce qu’il voit ce qui va se passer. Il voit la cascade de prolifération se mettre en place. Il voit les pays vulnérables tirer leurs conclusions. Il voit le monde glisser vers un chaos nucléaire. Et il voit que nous ne faisons rien pour l’empêcher. Nous regardons. Nous analysons. Nous commentons. Mais nous n’agissons pas. Nous ne prenons pas les décisions difficiles. Nous ne faisons pas les sacrifices nécessaires. Nous préférons le statu quo, même si ce statu quo mène à la catastrophe. Parce que changer le statu quo demande du courage. Du leadership. De la vision. Et ces qualités semblent cruellement absentes dans le monde d’aujourd’hui. Alors nous dérivons. Lentement. Inexorablement. Vers un monde que personne ne veut. Un monde où des dizaines de pays possèdent des armes de destruction massive. Un monde où le risque d’une catastrophe nucléaire, chimique ou biologique augmente chaque jour. Un monde où l’humanité pourrait s’autodétruire. Et nous laissons ce monde advenir. Par peur. Par inaction. Par lâcheté.
Je suis en colère. Profondément en colère. Parce que nous savons ce qui va se passer. Umland nous le dit. D’autres experts nous le disent. Les signes sont là. Les tendances sont claires. Et nous ne faisons rien. Nous continuons comme si de rien n’était. Nous nous préoccupons de nos petits problèmes quotidiens. Nous débattons de sujets secondaires. Nous nous disputons sur des questions triviales. Pendant ce temps, le monde bascule. Et nous le laissons basculer. Parce que nous sommes trop lâches pour affronter la réalité. Trop faibles pour prendre les décisions difficiles. Trop égoïstes pour penser au-delà de nos intérêts immédiats. Et nos enfants paieront le prix de notre lâcheté. Ils vivront dans un monde que nous aurons détruit par notre inaction. Et ils nous maudiront. À juste titre.
Section 11 : les scénarios du pire
Un monde avec 30 puissances nucléaires
Imaginons le scénario qu’Umland redoute. Imaginons que dans les dix prochaines années, une vingtaine de pays décident de franchir le seuil nucléaire. Ce n’est pas de la science-fiction. C’est une possibilité réelle. L’Iran franchit le seuil. L’Arabie saoudite suit immédiatement. La Turquie décide qu’elle aussi a besoin de la bombe. L’Égypte ne veut pas être en reste. En quelques années, le Moyen-Orient compte six ou sept puissances nucléaires. En Asie, le Japon et la Corée du Sud développent leurs propres arsenaux. Taïwan, face à la menace chinoise, fait de même. Le Vietnam, inquiet de la Chine, envisage l’option nucléaire. L’Indonésie, la plus grande nation musulmane du monde, ne veut pas être dépassée. En Amérique latine, le Brésil et l’Argentine, qui ont tous deux abandonné leurs programmes nucléaires dans les années 1990, les relancent. Le Chili suit. Le Mexique, inquiet de l’instabilité régionale, envisage la même option. En Afrique, l’Afrique du Sud reconstruit son arsenal démantelé. Le Nigeria, la plus grande puissance démographique du continent, développe le sien. L’Égypte, l’Algérie, l’Éthiopie suivent. En Europe, la Pologne, inquiète de la menace russe et doutant de la garantie américaine, développe ses propres capacités nucléaires. L’Ukraine, si elle survit, fait de même. La Suède et la Finlande, malgré leur adhésion à l’OTAN, envisagent une capacité nucléaire nationale.
En dix ans, le nombre de puissances nucléaires pourrait passer de neuf à trente. Peut-être plus. Et ce n’est que le début. Parce que la prolifération engendre la prolifération. Chaque nouveau pays nucléaire pousse ses voisins à faire de même. Chaque nouvelle bombe rend le monde plus dangereux. Chaque nouvel arsenal augmente le risque d’accident, de vol, de malentendus, d’escalade incontrôlée. Pensez aux conséquences. Trente pays possédant des armes nucléaires. Trente gouvernements ayant le pouvoir de détruire des villes entières. Trente arsenaux à sécuriser. Trente chaînes de commandement à contrôler. Trente possibilités d’erreur humaine. Trente risques de coup d’État mettant des armes nucléaires entre les mains de régimes instables. Trente cibles potentielles pour des groupes terroristes cherchant à voler des matières fissiles. Le risque d’une catastrophe nucléaire augmenterait exponentiellement. Pas seulement le risque d’une guerre nucléaire délibérée. Mais aussi le risque d’accidents. Le risque de lancements accidentels. Le risque de fausses alertes. Le risque de malentendus. L’histoire de la guerre froide est remplie d’incidents qui auraient pu dégénérer en guerre nucléaire. En 1983, le système d’alerte soviétique a détecté ce qu’il croyait être des missiles américains. Un officier, Stanislav Petrov, a décidé que c’était une fausse alerte. Il avait raison. S’il s’était trompé, ou s’il avait suivi la procédure, la Troisième Guerre mondiale aurait peut-être éclaté. Combien de fois l’humanité a-t-elle frôlé l’apocalypse nucléaire ? Nous ne le saurons jamais exactement. Mais nous savons que c’est arrivé plusieurs fois. Et c’était avec seulement deux superpuissances nucléaires. Imaginez avec trente.
La fin de la civilisation ?
Le scénario ultime, le cauchemar absolu, c’est une guerre nucléaire généralisée. Pas nécessairement entre grandes puissances. Mais entre puissances régionales. Imaginez un conflit nucléaire entre l’Inde et le Pakistan. Ces deux pays possèdent chacun environ 170 ogives nucléaires. Ils se sont affrontés à plusieurs reprises depuis leur indépendance. Ils ont des contentieux territoriaux non résolus. Ils se méfient profondément l’un de l’autre. Et ils possèdent tous deux la capacité de s’anéantir mutuellement. Jusqu’à présent, la dissuasion a fonctionné. Mais pour combien de temps ? Une crise au Cachemire. Une attaque terroriste. Un malentendu. Et soudain, les missiles volent. Des dizaines de villes indiennes et pakistanaises sont détruites. Des millions de personnes meurent instantanément. Des dizaines de millions meurent dans les semaines suivantes à cause des radiations, des blessures, de la famine. Et ce n’est que le début. Les incendies provoqués par les explosions nucléaires injectent des quantités massives de suie dans l’atmosphère. Cette suie bloque la lumière du soleil. Les températures chutent. Les récoltes échouent. La famine se répand. C’est ce qu’on appelle l’hiver nucléaire. Et il ne touche pas seulement l’Inde et le Pakistan. Il touche le monde entier. Les températures baissent globalement. Les précipitations diminuent. L’agriculture s’effondre. Des milliards de personnes sont menacées de famine.
Ce scénario n’est pas de la science-fiction. C’est une possibilité réelle étudiée par des scientifiques. Une guerre nucléaire régionale entre l’Inde et le Pakistan pourrait tuer deux milliards de personnes dans le monde à cause de la famine qui suivrait. Maintenant, imaginez ce scénario multiplié. Imaginez plusieurs conflits nucléaires régionaux. Imaginez le Moyen-Orient s’embrasant dans une guerre nucléaire. Imaginez l’Asie de l’Est faisant de même. Imaginez l’Afrique, l’Amérique latine, l’Europe. Imaginez un monde où des dizaines de pays possèdent des armes nucléaires et où plusieurs décident de les utiliser. Ce serait la fin de la civilisation humaine. Pas nécessairement l’extinction de l’espèce. Mais la fin de la civilisation telle que nous la connaissons. Des milliards de morts. Des sociétés effondrées. Des économies détruites. Un environnement ravagé. Un retour à l’âge de pierre. Peut-être pire. Voilà ce qui nous attend si nous laissons la prolifération nucléaire se poursuivre sans contrôle. Voilà le monde que nous léguons à nos enfants si nous ne faisons rien. Et c’est précisément ce qu’Umland essaie de nous faire comprendre. Il ne fait pas dans l’alarmisme gratuit. Il ne cherche pas à nous effrayer pour le plaisir. Il nous avertit. Il nous supplie. Il nous crie : réveillez-vous avant qu’il ne soit trop tard. Mais nous ne l’écoutons pas. Nous continuons à dormir. Et pendant que nous dormons, le monde glisse vers l’abîme.
J’ai peur. Vraiment peur. Pas une peur abstraite. Une peur viscérale. Parce que je réalise que tout cela pourrait vraiment arriver. Que nous sommes vraiment en train de glisser vers la catastrophe. Que nos enfants pourraient vraiment vivre dans un monde où des dizaines de pays possèdent des armes nucléaires. Où le risque d’une guerre nucléaire est omniprésent. Où chaque crise internationale pourrait dégénérer en apocalypse. Et je me demande : comment en sommes-nous arrivés là ? Comment avons-nous pu laisser la situation se dégrader à ce point ? Comment avons-nous pu être aussi aveugles, aussi lâches, aussi irresponsables ? Et surtout : est-il trop tard pour changer de cap ? Ou avons-nous déjà franchi le point de non-retour ?
Conclusion : l'urgence d'agir
Le temps presse
Andreas Umland ne nous offre pas de solutions miracles. Il ne prétend pas avoir toutes les réponses. Mais il pose les bonnes questions. Et il nous force à regarder la réalité en face. La réalité, c’est que l’ordre international né en 1945 est en train de s’effondrer. La réalité, c’est que la guerre en Ukraine a créé un précédent catastrophique. La réalité, c’est que des dizaines de pays observent et tirent leurs conclusions. La réalité, c’est que nous sommes au bord d’une vague de prolifération nucléaire sans précédent. Et la réalité, c’est que nous ne faisons rien pour l’empêcher. Nous avons encore une fenêtre d’opportunité. Étroite. Qui se referme rapidement. Mais elle existe. Nous pouvons encore agir. Nous pouvons encore restaurer la confiance dans l’ordre international. Nous pouvons encore montrer que l’agression ne paie pas. Nous pouvons encore offrir des garanties de sécurité crédibles aux pays vulnérables. Nous pouvons encore renforcer les alliances. Nous pouvons encore investir dans la sécurité collective. Mais nous devons agir maintenant. Pas demain. Pas l’année prochaine. Maintenant. Parce que chaque jour qui passe, la situation se détériore. Chaque jour qui passe, de nouveaux pays envisagent l’option nucléaire. Chaque jour qui passe, la cascade de prolifération se rapproche.
Que faut-il faire concrètement ? D’abord, soutenir massivement l’Ukraine. Pas seulement avec des armes et de l’argent. Mais avec un engagement clair pour la restauration de son intégrité territoriale. Montrer au monde que l’agression russe ne sera pas tolérée. Que les frontières internationales sont sacrées. Que le droit international a un sens. Ensuite, renforcer l’OTAN et élargir son périmètre. Accepter de nouveaux membres. Offrir des garanties de sécurité aux pays vulnérables. Créer de nouvelles alliances régionales. Investir massivement dans la défense collective. Puis, renforcer le régime de non-prolifération. Pas seulement le TNP, mais aussi les conventions sur les armes chimiques et biologiques. Améliorer les mécanismes de vérification. Durcir les sanctions contre les violations. Créer des incitations positives pour les pays qui respectent leurs engagements. Enfin, restaurer la confiance dans les institutions internationales. Réformer l’ONU. Rendre le Conseil de sécurité plus représentatif et plus efficace. Renforcer la Cour pénale internationale. Montrer que le droit international n’est pas qu’un vœu pieux. Tout cela semble ambitieux ? C’est parce que ça l’est. Mais c’est nécessaire. Parce que l’alternative—un monde avec des dizaines de puissances nucléaires—est infiniment pire. Parce que le coût de l’inaction dépasse de loin le coût de l’action. Parce que nous n’avons pas le choix.
Un appel à la responsabilité collective
Le message d’Umland est un appel à la responsabilité. Une responsabilité collective. Pas seulement celle des gouvernements. Pas seulement celle des diplomates. Pas seulement celle des militaires. La responsabilité de chacun d’entre nous. Parce que nous vivons tous sur cette planète. Parce que nous partageons tous le même destin. Parce que si le monde sombre dans le chaos nucléaire, personne ne sera épargné. Ni les riches ni les pauvres. Ni les puissants ni les faibles. Ni l’Occident ni le reste du monde. Nous sommes tous dans le même bateau. Et ce bateau est en train de couler. Nous devons exiger de nos dirigeants qu’ils agissent. Nous devons les pousser à prendre les décisions difficiles. Nous devons les forcer à investir dans la sécurité collective. Nous devons les obliger à restaurer l’ordre international. Parce qu’ils ne le feront pas d’eux-mêmes. Parce qu’ils sont prisonniers de leurs calculs politiques à court terme. Parce qu’ils manquent de courage et de vision. Nous devons créer la pression nécessaire. Par le vote. Par la mobilisation. Par l’opinion publique. Nous devons faire de la sécurité internationale une priorité. Pas seulement un sujet pour experts. Mais une préoccupation de tous. Parce que c’est notre survie qui est en jeu. Celle de nos enfants. Celle de l’humanité entière.
Umland nous a prévenus. Il a tiré la sonnette d’alarme. Il a exposé le danger avec une clarté brutale. Maintenant, c’est à nous d’agir. Ou de ne pas agir. Et d’assumer les conséquences de notre inaction. L’histoire nous jugera. Nos enfants nous jugeront. Et ils nous demanderont : pourquoi n’avez-vous rien fait ? Pourquoi avez-vous laissé le monde sombrer dans le chaos ? Pourquoi avez-vous été aussi aveugles, aussi lâches, aussi irresponsables ? Que leur répondrons-nous ? Que nous ne savions pas ? Mensonge. Nous savions. Umland nous l’a dit. D’autres experts nous l’ont dit. Les signes étaient là. Que nous ne pouvions rien faire ? Mensonge. Nous pouvions agir. Nous avions les moyens. Nous avions les ressources. Nous avions le pouvoir. Nous avons simplement choisi de ne rien faire. Par peur. Par égoïsme. Par lâcheté. Et maintenant, il est peut-être trop tard. Ou peut-être pas. Peut-être avons-nous encore une chance. Une dernière chance. Mais cette chance ne durera pas éternellement. Elle se referme. Rapidement. Inexorablement. Et si nous la laissons passer, nous le regretterons. Pour toujours. Parce que nous aurons perdu notre dernière opportunité de sauver le monde. Notre dernière chance d’éviter la catastrophe. Notre dernière possibilité de léguer à nos enfants un monde vivable. Alors agissons. Maintenant. Avant qu’il ne soit trop tard. Avant que la cascade de prolifération ne devienne incontrôlable. Avant que le monde ne sombre dans le chaos nucléaire. Agissons. Pour nous. Pour nos enfants. Pour l’humanité.
Je termine cet article avec un sentiment de profonde tristesse. Parce que je sais que mes mots ne changeront probablement rien. Que la plupart des gens ne liront pas jusqu’ici. Que ceux qui liront hausseront les épaules et passeront à autre chose. Que les gouvernements continueront leurs petits jeux politiques. Que le monde continuera à dériver vers la catastrophe. Et que dans quelques années, quand la prolifération nucléaire sera devenue réalité, quand des dizaines de pays posséderont des armes de destruction massive, quand le risque d’une guerre nucléaire sera omniprésent, nous nous demanderons : comment en sommes-nous arrivés là ? Et la réponse sera simple : parce que nous n’avons rien fait. Parce que nous avons préféré l’ignorance au courage. Parce que nous avons choisi le confort à court terme plutôt que la survie à long terme. Parce que nous avons été lâches. Voilà tout. Lâches.
Sources
Sources primaires
L’Express, « Le monde est au bord d’une prolifération nucléaire sans précédent : le scénario choc d’Andreas Umland », entretien avec Alix L’Hospital, publié le 30 novembre 2025. The National Interest, « The Next Wave of Nuclear Proliferation? », article d’Andreas Umland, octobre 2025. Stockholm Centre for Eastern European Studies (SCEEUS), publications et analyses d’Andreas Umland sur la sécurité européenne et la guerre en Ukraine, 2024-2025. Kyiv Independent, « Andreas Umland: Should Kyiv be pressured to exchange land for peace? », analyse publiée en 2025. Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), rapports sur la situation nucléaire en Iran, mai-juin 2025. Arms Control Association, « Iran Ramps Up Nuclear Program Ahead of Trump’s Return », janvier 2025. Fondation pour la recherche stratégique, « Le projet de programme nucléaire saoudien : ambiguïté stratégique et équilibres régionaux », 2025.
Sources secondaires
Le Monde, « Comment la guerre en Ukraine a ébranlé l’ordre mondial », mars 2022. Les Échos, « Russie, Israël, Corée du Nord… La nouvelle course aux armements nucléaires », 2025. Institut français des relations internationales (IFRI), « La guerre en Ukraine : choc géopolitique régional et global », 2024. Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), « SIPRI Yearbook 2025 », rapport annuel sur les armements et le désarmement. BBC News, « Trump renews threat of military force to annex Greenland », mai 2025. Crisis Group, « Venezuela Presses Territorial Claims as Dispute with Guyana Heats Up », 2025. Al Jazeera, « What’s next for Iran’s nuclear programme? », juin 2025. The Atlantic Council, « 2025 will be a decisive year for Iran’s nuclear program », janvier 2025. L’Express, « Hiroshima, 80 ans après : au Japon, le débat sur l’arme nucléaire n’est plus tabou », 2025. Fondation pour la recherche stratégique, « Vers une arme nucléaire sud-coréenne ? Considérations politiques et stratégiques », 2025.
Sources
Sources primaires
L’Express, « Le monde est au bord d’une prolifération nucléaire sans précédent : le scénario choc d’Andreas Umland », entretien avec Alix L’Hospital, publié le 30 novembre 2025. The National Interest, « The Next Wave of Nuclear Proliferation? », article d’Andreas Umland, octobre 2025. Stockholm Centre for Eastern European Studies (SCEEUS), publications et analyses d’Andreas Umland sur la sécurité européenne et la guerre en Ukraine, 2024-2025. Kyiv Independent, « Andreas Umland: Should Kyiv be pressured to exchange land for peace? », analyse publiée en 2025. Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), rapports sur la situation nucléaire en Iran, mai-juin 2025. Arms Control Association, « Iran Ramps Up Nuclear Program Ahead of Trump’s Return », janvier 2025. Fondation pour la recherche stratégique, « Le projet de programme nucléaire saoudien : ambiguïté stratégique et équilibres régionaux », 2025.
Sources secondaires
Le Monde, « Comment la guerre en Ukraine a ébranlé l’ordre mondial », mars 2022. Les Échos, « Russie, Israël, Corée du Nord… La nouvelle course aux armements nucléaires », 2025. Institut français des relations internationales (IFRI), « La guerre en Ukraine : choc géopolitique régional et global », 2024. Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), « SIPRI Yearbook 2025 », rapport annuel sur les armements et le désarmement. BBC News, « Trump renews threat of military force to annex Greenland », mai 2025. Crisis Group, « Venezuela Presses Territorial Claims as Dispute with Guyana Heats Up », 2025. Al Jazeera, « What’s next for Iran’s nuclear programme? », juin 2025. The Atlantic Council, « 2025 will be a decisive year for Iran’s nuclear program », janvier 2025. L’Express, « Hiroshima, 80 ans après : au Japon, le débat sur l’arme nucléaire n’est plus tabou », 2025. Fondation pour la recherche stratégique, « Vers une arme nucléaire sud-coréenne ? Considérations politiques et stratégiques », 2025.
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