Un record qui en dit long sur le chaos organisé
Cinquante-sept nominations retirées. Cinquante-sept. Ce chiffre, froid et brutal, résonne comme un aveu d’échec dans les couloirs feutrés du Sénat américain. Depuis son retour triomphal à la Maison-Blanche en janvier 2025, Donald Trump a retiré près du double des nominations qu’il avait abandonnées durant la première année de son premier mandat. Un record absolu qui dépasse même celui de Joe Biden, pourtant déjà critiqué pour ses difficultés à faire confirmer ses candidats. Les données du Sénat ne mentent pas : vingt-deux retraits en 2017, vingt-neuf pour Biden en 2021, et maintenant ce chiffre vertigineux qui témoigne d’un dysfonctionnement profond au cœur même de l’appareil présidentiel. Mais derrière ces statistiques se cache une réalité bien plus troublante : un processus de vérification des candidats défaillant, des luttes intestines au sein de l’administration, et une résistance inattendue de sénateurs républicains qui osent enfin dire non à leur propre président. Ce n’est pas simplement une question de chiffres ou de procédures administratives. C’est le symptôme d’une machine politique grippée, où les ambitions personnelles, les calculs politiques et l’incompétence se mêlent dans un cocktail toxique qui menace la crédibilité même de l’exécutif américain.
L’ampleur du phénomène dépasse tout ce que Washington a connu depuis des décennies. Les analystes politiques fouillent les archives, remontent jusqu’à l’ère Reagan, et ne trouvent aucun précédent comparable. Chaque semaine apporte son lot de nouvelles défections, de nominations abandonnées dans l’urgence, de candidats qui disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus. Le Sénat, pourtant contrôlé par les républicains avec une majorité confortable, est devenu le théâtre d’une rébellion feutrée mais déterminée. Des sénateurs comme John Kennedy de Louisiane ou Thom Tillis de Caroline du Nord n’hésitent plus à exprimer publiquement leurs doutes sur la qualité du travail effectué par l’équipe présidentielle. Kennedy, avec sa franchise brutale, résume la situation en quelques mots cinglants : certains candidats n’ont manifestement pas été vérifiés correctement, et quelqu’un a décidé de les proposer quand même. Cette admission, venant d’un allié du président, en dit long sur l’état de délabrement du processus de sélection. Les républicains, traditionnellement disciplinés et loyaux envers leur chef, commencent à comprendre qu’avaliser n’importe quelle nomination pourrait créer un précédent dangereux pour les futures administrations démocrates.
Je regarde ces chiffres et je ressens quelque chose de profondément dérangeant. Pas de la colère, pas vraiment. Plutôt une forme de stupéfaction mêlée d’inquiétude. Comment en est-on arrivé là ? Comment une administration, forte de l’expérience d’un premier mandat, peut-elle échouer aussi spectaculairement dans une tâche aussi fondamentale que la sélection de ses propres collaborateurs ? Ce n’est pas de la politique ordinaire. C’est du sabotage involontaire. Et le plus troublant, c’est que personne ne semble vraiment surpris. Comme si nous avions collectivement accepté que le chaos soit devenu la norme, que l’incompétence soit excusable, que les standards puissent être abandonnés au nom de la loyauté politique. Mais à quel prix ? À quel moment allons-nous réaliser que ces dysfonctionnements ne sont pas de simples anecdotes, mais les symptômes d’une crise systémique qui ronge les institutions américaines de l’intérieur ?
Les coulisses d’un système à bout de souffle
Pour comprendre l’ampleur du désastre, il faut plonger dans les mécanismes qui ont conduit à cette situation inédite. Le Bureau du personnel présidentiel, longtemps dirigé par Sergio Gor avant sa nomination comme ambassadeur en Inde, est pointé du doigt par de nombreuses sources proches de l’administration. Des initiés, parlant sous couvert d’anonymat, décrivent un processus de vérification bâclé, où les relations personnelles et les connexions politiques primaient sur la compétence et l’intégrité des candidats. L’affaire Paul Ingrassia illustre parfaitement cette dérive. Ce jeune avocat de trente ans, proposé pour diriger le Bureau du conseiller spécial, a vu sa nomination s’effondrer après la révélation de messages privés dans lesquels il se décrivait comme ayant une « tendance nazie » et utilisait des insultes raciales. Un cauchemar de vérification, selon les termes d’une source proche de la Maison-Blanche, qui n’aurait jamais dû se produire si les procédures normales avaient été respectées. Mais Ingrassia n’est que la partie émergée de l’iceberg. Ed Martin, proposé comme procureur fédéral à Washington, a été retiré après que le sénateur Tillis ait clairement fait savoir qu’il ne soutiendrait pas sa confirmation en raison de ses positions passées en faveur des émeutiers du Capitole.
Le changement de règles au Sénat, adopté en septembre 2025, devait accélérer le processus de confirmation en permettant de valider des groupes illimités de candidats simultanément. Les républicains pensaient faciliter le travail du président, mais ils ont involontairement créé un système qui expose encore plus crûment les failles du processus de sélection. Désormais, lorsqu’un candidat pose problème, il doit être retiré du groupe et faire l’objet d’un vote individuel, ce qui attire immédiatement l’attention médiatique et politique. Cette nouvelle procédure a transformé chaque retrait en mini-scandale, en aveu public d’échec. Plus de trois cents nominations civiles ont été confirmées depuis janvier, un rythme impressionnant qui masque mal les ratés spectaculaires. Car pour chaque succès, il y a maintenant une histoire d’échec, un candidat abandonné, une réputation ternie. Le sénateur Tillis, qui prendra sa retraite à la fin de son mandat, exprime sans détour sa surprise face au nombre de retraits. Il évoque pudiquement des « problèmes de mode de vie » pour expliquer certaines défections, un euphémisme qui cache souvent des révélations embarrassantes sur le passé ou les opinions des candidats.
Il y a quelque chose de profondément ironique dans cette situation. Trump, qui a bâti sa carrière politique sur la promesse de « drainer le marais » de Washington, se retrouve englué dans un bourbier de sa propre création. Les nominations ratées, les vérifications bâclées, les scandales à répétition… tout cela ressemble moins à une stratégie politique qu’à une improvisation permanente. Et ce qui me frappe le plus, c’est le silence assourdissant de ceux qui devraient hurler. Où sont les gardiens de l’intégrité institutionnelle ? Où sont ceux qui devraient exiger des comptes ? Ils sont là, bien sûr, mais leur voix se perd dans le vacarme quotidien de l’actualité, noyée sous le flot incessant de nouvelles controverses. Nous sommes devenus insensibles au scandale, immunisés contre l’indignation. Et c’est peut-être ça, le véritable danger.
Section 2 : Paul Ingrassia, symbole d'un naufrage annoncé
L’ascension fulgurante d’un candidat problématique
L’histoire de Paul Ingrassia mérite qu’on s’y attarde, car elle cristallise tout ce qui dysfonctionne dans le processus actuel de sélection des candidats. Cet avocat de trente ans, relativement inconnu du grand public, s’est retrouvé propulsé sous les projecteurs lorsque Trump l’a nommé pour diriger le Bureau du conseiller spécial, une agence fédérale chargée de protéger les lanceurs d’alerte et d’enquêter sur les violations du Hatch Act. Un poste sensible, requérant une intégrité irréprochable et une réputation sans tache. Pourtant, dès l’annonce de sa nomination, des signaux d’alarme auraient dû retentir. Des sénateurs républicains, selon plusieurs sources, avaient discrètement fait savoir à la Maison-Blanche pendant des mois que la nomination d’Ingrassia était en péril. Mais ces avertissements sont restés lettre morte, jusqu’à ce que Politico publie un article dévastateur révélant des messages de groupe dans lesquels Ingrassia aurait tenu des propos racistes et se serait décrit comme ayant une « tendance nazie ». Le scandale a éclaté comme une bombe, forçant le candidat à se retirer précipitamment malgré ses dénégations sur l’authenticité des messages.
Ce qui rend cette affaire particulièrement troublante, c’est qu’elle n’aurait jamais dû arriver à ce stade. Les procédures normales de vérification des antécédents, si elles avaient été correctement appliquées, auraient dû détecter ces problèmes bien avant que le nom d’Ingrassia ne soit soumis au Sénat. Mais selon une source proche de la Maison-Blanche, citée par Politico, cette nomination était un « cauchemar de vérification » qui n’a été autorisée que grâce à « certaines relations et connaissances avec les personnes qui prennent les décisions ». Une accusation grave qui pointe directement vers le Bureau du personnel présidentiel et son ancien directeur Sergio Gor. Le sénateur John Thune, leader de la majorité républicaine, a résumé la situation avec une franchise brutale : « Il ne va pas passer. » Une condamnation sans appel qui a scellé le sort d’Ingrassia. Mais le plus révélateur, c’est que plusieurs sénateurs républicains ont exprimé leur stupéfaction que cette nomination ait pu aller aussi loin. Le sénateur Ron Johnson du Wisconsin a déclaré sans ambages qu’elle n’aurait jamais dû atteindre ce stade, tandis que James Lankford d’Oklahoma a fait une distinction claire entre un rôle non confirmé par le Sénat et un poste nécessitant l’approbation des sénateurs.
Les conséquences d’un échec retentissant
Paradoxalement, le retrait d’Ingrassia n’a pas marqué la fin de sa carrière au sein de l’administration Trump. Il occupe désormais un poste de liaison à la Maison-Blanche pour le Département de la Sécurité intérieure, un rôle qui ne nécessite pas de confirmation sénatoriale. Cette réaffectation discrète illustre une tendance plus large : de nombreux candidats retirés trouvent refuge dans des positions non confirmées, échappant ainsi au processus de vérification démocratique. C’est le cas également d’Ed Martin, dont la nomination comme procureur fédéral a été abandonnée, mais qui sert maintenant comme avocat des grâces au Département de la Justice. Cette pratique soulève des questions fondamentales sur la responsabilité et la transparence. Si un candidat est jugé inapte à occuper un poste nécessitant l’approbation du Sénat, devrait-il être autorisé à servir dans un rôle similaire sans cette supervision ? Les critiques y voient une manière de contourner le système de freins et contrepoids, permettant à l’exécutif de placer des personnes controversées dans des positions d’influence sans avoir à rendre de comptes.
L’affaire Ingrassia a également mis en lumière les tensions croissantes entre la Maison-Blanche et les sénateurs républicains. Ces derniers, traditionnellement réticents à défier publiquement leur président, ont commencé à tracer des lignes rouges. Le sénateur Lankford a articulé cette position avec clarté : le président peut nommer qui il veut dans des rôles non confirmés, mais pour les postes nécessitant l’approbation du Sénat, les standards doivent être plus élevés. Cette distinction, apparemment simple, représente en réalité un changement significatif dans la dynamique du pouvoir. Les sénateurs républicains affirment leur rôle constitutionnel de « conseil et consentement », refusant d’être de simples tampons pour les décisions présidentielles. Tillis, qui a joué un rôle clé dans le blocage de plusieurs nominations, défend cette approche en arguant qu’ils rendent service au président en l’aidant à trouver de meilleurs candidats. Il met également en garde contre le précédent dangereux que créerait une approbation automatique de toutes les nominations : cela deviendrait « monnaie courante lors de la prochaine administration démocrate ». Un argument qui résonne particulièrement dans un contexte politique où les républicains anticipent déjà la possibilité de perdre la Maison-Blanche.
L’histoire d’Ingrassia me laisse un goût amer. Non pas à cause de l’homme lui-même, que je ne connais pas personnellement, mais à cause de ce qu’elle révèle sur notre système. Comment peut-on être si négligent avec des postes aussi importants ? Comment peut-on jouer à la roulette russe avec l’intégrité des institutions fédérales ? Et surtout, comment peut-on continuer à employer quelqu’un jugé inapte pour un poste confirmé par le Sénat dans un rôle similaire qui échappe à cette supervision ? C’est comme si nous avions créé deux catégories de standards : ceux qui s’appliquent quand les caméras sont braquées sur nous, et ceux, bien plus laxistes, qui prévalent dans l’ombre. Cette hypocrisie institutionnalisée me dérange profondément. Elle suggère que nous ne prenons au sérieux la vérification des candidats que lorsque nous y sommes obligés, que l’intégrité n’est qu’une façade que nous maintenons pour les apparences.
Section 3 : Ed Martin et la question des émeutiers du Capitole
Un passé qui rattrape le présent
Si l’affaire Ingrassia a choqué par la nature des révélations, celle d’Ed Martin a soulevé des questions tout aussi troublantes sur les critères de sélection de l’administration Trump. Martin, proposé pour devenir procureur fédéral pour le district de Columbia, semblait avoir un profil solide sur le papier. Mais c’était sans compter sur ses prises de position passées en faveur des personnes accusées d’avoir participé à l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Pour le sénateur Thom Tillis, membre influent de la Commission judiciaire, cette position était rédhibitoire. Tillis a fait savoir clairement à la Maison-Blanche qu’il ne pourrait pas soutenir la nomination de Martin, scellant ainsi son destin. Mais même avant cette opposition frontale, Martin était déjà « sur la corde raide » avec les sénateurs républicains, selon Politico. Son parcours illustre parfaitement comment des positions idéologiques, même défendues avec conviction, peuvent devenir des obstacles insurmontables dans le processus de confirmation. Le 6 janvier reste une ligne de fracture dans la politique américaine, et défendre ceux qui ont attaqué le Capitole est perçu par de nombreux sénateurs comme inacceptable, quelle que soit leur loyauté envers Trump.
La trajectoire de Martin après le retrait de sa nomination suit un schéma désormais familier. Plutôt que de quitter l’administration, il a été réaffecté comme avocat des grâces au Département de la Justice, un poste qui ne nécessite pas l’approbation du Sénat. Cette position lui confère une influence considérable sur les décisions de clémence présidentielle, un domaine particulièrement sensible sous l’administration Trump, qui a accordé des grâces controversées à plusieurs de ses alliés politiques. Le fait qu’un homme dont la nomination comme procureur fédéral a été jugée inacceptable puisse occuper un rôle aussi important dans le système judiciaire soulève des questions légitimes sur la cohérence du processus. Si Martin n’était pas qualifié pour être procureur fédéral en raison de ses positions sur le 6 janvier, pourquoi serait-il qualifié pour conseiller le président sur les grâces, dont certaines pourraient concerner précisément les émeutiers du Capitole ? Cette contradiction apparente n’a pas échappé aux critiques, qui y voient une nouvelle illustration de la manière dont l’administration contourne les mécanismes de contrôle démocratique.
Le poids du 6 janvier dans les nominations
L’affaire Martin révèle également à quel point le 6 janvier 2021 continue de hanter la politique américaine, même quatre ans après les faits. Pour de nombreux sénateurs républicains, l’assaut du Capitole représente une ligne rouge qui ne peut être franchie, même par loyauté envers Trump. Cette position n’est pas unanime au sein du parti républicain, loin de là. Certains élus minimisent les événements de ce jour, parlant de « touristes » ou de manifestants pacifiques injustement persécutés. Mais au Sénat, où les sénateurs ont vécu personnellement l’évacuation du bâtiment et la peur de l’invasion, la mémoire reste vive. Tillis, en bloquant la nomination de Martin, a envoyé un message clair : défendre les émeutiers du Capitole est incompatible avec l’exercice de fonctions judiciaires fédérales. Cette position est d’autant plus significative qu’elle vient d’un sénateur généralement considéré comme un allié fiable de Trump. Elle démontre que même les loyalistes ont leurs limites, que certaines lignes ne peuvent être franchies sans conséquences.
Le cas de Martin soulève également des questions plus larges sur la politisation de la justice. En tant que procureur fédéral pour le district de Columbia, il aurait eu juridiction sur de nombreuses affaires liées au 6 janvier. Ses positions passées auraient inévitablement soulevé des questions sur son impartialité et sa capacité à poursuivre équitablement ces dossiers. Les sénateurs qui se sont opposés à sa nomination n’ont pas seulement réagi à ses opinions personnelles, mais aussi aux implications pratiques de ces opinions pour l’administration de la justice. Comment un procureur qui a défendu publiquement les émeutiers pourrait-il superviser les poursuites contre eux ? Comment pourrait-il maintenir la crédibilité de son bureau face à des accusations de partialité ? Ces questions, bien que rarement exprimées publiquement, ont pesé lourd dans les calculs des sénateurs. Elles reflètent une préoccupation plus profonde sur l’intégrité du système judiciaire et la nécessité de maintenir au moins une apparence d’impartialité, même dans un environnement politique hautement polarisé.
Le cas de Martin me met mal à l’aise d’une manière différente. Pas parce que je conteste son droit d’avoir des opinions, même controversées. Mais parce qu’il illustre comment nous avons normalisé l’inacceptable. Défendre les émeutiers du Capitole n’est pas une simple divergence d’opinion politique. C’est une position qui remet en question les fondements mêmes de la démocratie américaine. Et pourtant, Martin n’a pas été écarté de l’administration. Il a simplement été déplacé vers un rôle où il n’a pas besoin de l’approbation du Sénat. C’est comme si nous disions : « Oui, ses positions sont problématiques, mais seulement quand nous devons les défendre publiquement. » Cette duplicité me dérange. Elle suggère que nos principes sont négociables, que notre indignation est sélective, que notre engagement envers la démocratie dépend du contexte politique.
Section 4 : Sergio Gor et l'héritage d'un système défaillant
L’architecte d’un chaos organisé
Sergio Gor, ancien directeur du Bureau du personnel présidentiel, est devenu une figure centrale dans l’analyse des dysfonctionnements de l’administration Trump. Avant sa confirmation comme ambassadeur en Inde, Gor supervisait le processus de sélection et de vérification des candidats pour l’ensemble de l’administration. C’est sous sa direction que les nominations les plus controversées ont été proposées, et c’est son héritage qui continue de hanter la Maison-Blanche. Des sources proches de l’administration, s’exprimant sous couvert d’anonymat, ont été particulièrement critiques envers la gestion de Gor. L’une d’elles a déclaré à Politico que « toutes ces nominations n’ont pas été faites de bonne foi » sous sa direction, suggérant que des considérations autres que la compétence et l’intégrité ont guidé certaines décisions. Cette accusation est grave, car elle implique que le processus de sélection a été compromis par des facteurs politiques ou personnels, au détriment de l’intérêt public. La même source a exprimé l’espoir que le successeur de Gor, Dan Scavino, un loyaliste de longue date de Trump, superviserait moins de retraits.
L’analyse de la période Gor révèle un schéma troublant. De nombreuses nominations problématiques semblent avoir été poussées malgré des signaux d’alarme évidents. Le cas Ingrassia en est l’exemple le plus flagrant, mais il n’est pas isolé. Des sources décrivent un environnement où les relations personnelles et les connexions politiques primaient sur les procédures de vérification standard. Cette approche a créé un système où des candidats manifestement inadaptés ont pu progresser dans le processus de nomination jusqu’à ce que leurs problèmes deviennent publics et embarrassants. Le coût de ces échecs ne se mesure pas seulement en termes de nominations retirées, mais aussi en termes de crédibilité perdue et de temps gaspillé. Chaque retrait nécessite de recommencer le processus de sélection, de vérification et de nomination, retardant d’autant la mise en place de l’équipe présidentielle. Plus préoccupant encore, ces échecs répétés ont érodé la confiance entre la Maison-Blanche et le Sénat, rendant plus difficile la confirmation même de candidats qualifiés.
La transition vers Dan Scavino
L’arrivée de Dan Scavino à la tête du Bureau du personnel présidentiel a été présentée comme un nouveau départ, une opportunité de corriger les erreurs du passé. Scavino, qui a travaillé avec Trump depuis des années et qui continue de servir comme directeur adjoint des communications, est considéré comme plus prudent et moins enclin à distribuer des postes « comme des bonbons à des personnes qui ne les ont pas mérités ou qui ne passeraient pas la vérification », selon une source proche de la Maison-Blanche. Cette description, bien que flatteuse pour Scavino, constitue une critique implicite mais dévastatrice de la gestion de Gor. Elle suggère que sous la direction précédente, des postes ont effectivement été distribués de manière inappropriée, sans égard suffisant pour les qualifications ou l’intégrité des candidats. Le changement de direction intervient à un moment critique, alors que l’administration cherche à redorer son blason après une série de scandales de nomination. Mais la question demeure : les problèmes étaient-ils vraiment liés à la personnalité de Gor, ou reflètent-ils des dysfonctionnements plus profonds dans la culture et les priorités de l’administration Trump ?
Un responsable de la Maison-Blanche, s’exprimant anonymement car non autorisé à parler publiquement des retraits, a reconnu que le Bureau du personnel présidentiel avait récemment renforcé ses procédures de vérification des antécédents. Cette admission, bien que formulée positivement, confirme implicitement que ces procédures étaient auparavant insuffisantes. Le même responsable a tenté de minimiser l’importance des cinquante-sept retraits, expliquant qu’ils incluaient des cas où le même candidat avait été proposé pour plusieurs postes, ainsi que des « changements administratifs, nouveaux postes ou ajout de nouvelles responsabilités à leur rôle original ». Cette explication, bien que techniquement exacte, ne change pas la réalité fondamentale : Trump a retiré un nombre record de nominations, bien supérieur à celui de ses prédécesseurs. Le responsable a également souligné que Trump nomme de nouvelles personnes à un « rythme record » et qu’il a fait confirmer plus de candidats à ce stade qu’il ne l’avait fait lors de son premier mandat ou que Biden à ce moment de sa présidence. Ces chiffres positifs, cependant, ne peuvent masquer les échecs spectaculaires qui ont marqué cette période.
Quand je pense à Sergio Gor, je ne ressens pas de colère personnelle. Je ne le connais pas, je ne peux pas juger ses intentions. Mais ce que je vois, c’est un système qui a échoué sous sa direction. Et ce qui me trouble, c’est que cet échec semble avoir été prévisible, évitable. Les signaux d’alarme étaient là, les avertissements ont été ignorés, et maintenant nous comptons les dégâts. Mais voilà ce qui me dérange vraiment : Gor n’a pas été sanctionné pour ces échecs. Il a été promu ambassadeur en Inde, un poste prestigieux et confortable. Quel message cela envoie-t-il ? Que l’incompétence est récompensée ? Que les conséquences n’existent pas pour ceux qui sont bien connectés ? Je ne peux m’empêcher de penser que nous avons créé un système où l’échec n’a pas de prix, où la responsabilité est un concept abstrait qui ne s’applique jamais vraiment à ceux qui sont au sommet.
Section 5 : La tradition du "blue slip" et la résistance de Chuck Grassley
Un mécanisme centenaire sous pression
Au cœur des tensions entre Trump et le Sénat se trouve une tradition séculaire connue sous le nom de « blue slip« . Ce mécanisme, bien que non inscrit dans la Constitution, permet aux sénateurs d’un État donné d’exercer un droit de veto effectif sur les nominations de juges fédéraux de district et de procureurs fédéraux dans leur État. Concrètement, le président de la Commission judiciaire du Sénat envoie un formulaire bleu aux deux sénateurs de l’État concerné, leur demandant leur avis sur le candidat proposé. Si un sénateur refuse de retourner ce formulaire ou le retourne avec un avis négatif, la nomination est traditionnellement bloquée. Cette pratique, maintenue par le sénateur Chuck Grassley de l’Iowa, président de la Commission judiciaire, est devenue une source majeure de friction avec Trump. Le président a publiquement attaqué cette tradition, la qualifiant de « stupide et dépassée », et a fait pression sur Grassley pour qu’il l’abandonne. Mais le vétéran du Sénat, âgé de quatre-vingt-douze ans et servant son huitième mandat, a tenu bon, défendant le rôle constitutionnel du Sénat dans le processus de nomination.
L’importance du blue slip va bien au-delà de la simple procédure. Il représente l’un des derniers mécanismes par lesquels les sénateurs individuels peuvent exercer une influence significative sur les nominations présidentielles. Dans un système politique de plus en plus centralisé et partisan, où les décisions sont souvent prises par les dirigeants de parti, le blue slip offre aux sénateurs un pouvoir personnel qu’ils sont réticents à abandonner. Pour les démocrates, c’est devenu un outil crucial pour bloquer les nominations qu’ils jugent inacceptables. Les sénateurs Cory Booker et Andy Kim du New Jersey ont ainsi refusé de retourner un blue slip pour Alina Habba, l’avocate personnelle de Trump que ce dernier voulait nommer procureure fédérale dans leur État. Cette opposition a forcé Trump à retirer la nomination et à tenter de placer Habba dans le rôle de manière intérimaire, déclenchant une bataille juridique qui s’est soldée par une défaite pour l’administration lorsqu’une cour d’appel a statué que sa nomination était illégale.
Trump contre Grassley : un bras de fer symbolique
Le conflit entre Trump et Grassley sur le blue slip a pris une tournure particulièrement personnelle et publique. Lors d’un petit-déjeuner avec des sénateurs à la Maison-Blanche, Trump a raconté comment il avait licencié un candidat après avoir découvert qu’il avait reçu des lettres de recommandation élogieuses de sénateurs démocrates de Virginie. « J’avais un républicain qui a reçu deux excellentes lettres, mais il s’est avéré que c’était un RINO », a déclaré Trump, utilisant l’acronyme péjoratif pour « Republican In Name Only ». « Quand j’ai vu que les deux sénateurs de Virginie lui avaient fait des remarques élogieuses… j’ai lu les plus belles lettres que j’aie jamais vues. Je l’ai appelé ; j’ai dit : ‘Désolé, vous êtes viré – sortez d’ici.' » Cette anecdote, racontée avec une fierté évidente, illustre la vision de Trump du processus de nomination : une loyauté absolue prime sur toute autre considération, y compris les qualifications ou le soutien bipartisan. Les nominations de Todd Gilbert et Erik Siebert comme procureurs fédéraux en Virginie ont été retirées suite à cet épisode.
Grassley, pour sa part, a défendu le blue slip avec une détermination tranquille mais ferme. Dans une déclaration publique, il s’est dit « offensé » par les critiques de Trump, rappelant que cette tradition existe depuis plus d’un siècle et qu’elle a été respectée par des présidents des deux partis. Le sénateur de l’Iowa a souligné que le blue slip n’est pas un veto absolu, mais un mécanisme de consultation qui encourage le président à travailler avec les sénateurs locaux pour trouver des candidats acceptables. Cette défense du blue slip s’inscrit dans une vision plus large du rôle du Sénat comme contrepoids à l’exécutif. Grassley et d’autres sénateurs républicains craignent qu’abandonner cette tradition ne crée un précédent dangereux qui pourrait être exploité par une future administration démocrate. Le sénateur John Kennedy de Louisiane a résumé cette position avec sa franchise habituelle : « Je pourrais me tromper – mais j’en doute – nous n’allons pas changer le filibuster ou le blue slip tant que nous sommes aux commandes. » Cette déclaration reflète une compréhension pragmatique de la politique : les règles qui semblent contraignantes aujourd’hui pourraient devenir des protections précieuses demain.
Le combat autour du blue slip me fascine et m’inquiète à parts égales. D’un côté, je comprends la frustration de Trump. Il veut nommer ses gens, mettre en place son équipe, et ces vieilles traditions semblent être des obstacles bureaucratiques inutiles. Mais d’un autre côté, je vois dans la résistance de Grassley quelque chose de profondément important. Ce n’est pas de l’obstruction pour le plaisir d’obstruer. C’est la défense d’un principe fondamental : le président n’est pas un monarque, et le Sénat n’est pas sa chambre d’enregistrement. Ces freins et contrepoids, aussi frustrants soient-ils, sont ce qui empêche notre démocratie de basculer dans l’autoritarisme. Et quand je vois Trump attaquer publiquement Grassley, un allié de quatre-vingt-douze ans qui a servi son parti pendant des décennies, je me demande : où sont nos limites ? Où s’arrête la loyauté politique et où commence le respect des institutions ?
Section 6 : Les cas emblématiques qui ont marqué l'opinion
Donald Korb et le pouvoir de Laura Loomer
Parmi les retraits les plus révélateurs de cette période figure celui de Donald Korb, proposé pour devenir le principal avocat de l’IRS. La nomination de Korb semblait initialement solide : avocat fiscaliste expérimenté, il avait déjà servi dans des rôles similaires sous des administrations précédentes. Mais sa nomination a déclenché une campagne de pression menée par Laura Loomer, activiste d’extrême droite et figure controversée proche de Trump. Loomer a publiquement attaqué Korb, l’accusant d’avoir des liens avec des démocrates et remettant en question sa loyauté envers l’agenda de Trump. Cette campagne, menée principalement sur les réseaux sociaux, a rapidement gagné en ampleur, attirant l’attention de Trump lui-même. Fin novembre 2025, le président a retiré la nomination de Korb, et Loomer s’est vantée publiquement d’avoir « Loomered » le candidat, un néologisme qu’elle a créé pour décrire sa capacité à faire échouer des nominations. Cet épisode soulève des questions troublantes sur l’influence des activistes en ligne et la vulnérabilité du processus de nomination aux campagnes de désinformation et de pression politique.
Le cas Korb illustre également comment le processus de vérification peut être détourné par des considérations idéologiques extrêmes. Korb n’a pas été retiré en raison de problèmes d’intégrité ou de compétence, mais parce qu’il était perçu comme insuffisamment loyal à Trump. Cette évolution marque un changement significatif dans les critères de sélection : la compétence technique et l’expérience professionnelle deviennent secondaires par rapport à la pureté idéologique et à la loyauté personnelle. Les conséquences de cette approche vont bien au-delà du cas individuel de Korb. Elles envoient un message clair aux futurs candidats : même si vous êtes qualifié, même si vous avez l’expérience nécessaire, vous pouvez être écarté si vous ne passez pas le test de loyauté imposé par les activistes les plus radicaux du mouvement MAGA. Cette dynamique crée un effet dissuasif, décourageant potentiellement des candidats qualifiés de postuler à des postes gouvernementaux de peur d’être pris dans des controverses similaires.
Amer Ghalib et la question de la Fraternité musulmane
La nomination d’Amer Ghalib comme ambassadeur au Koweït représente un autre cas fascinant de nomination controversée qui pourrait encore échouer. Ghalib, maire de Hamtramck dans le Michigan et figure importante de la communauté arabo-américaine, semblait être un choix stratégique pour Trump, désireux de cultiver des relations avec les électeurs musulmans américains. Mais sa nomination a rapidement rencontré une opposition bipartisane au Sénat. Le sénateur Ted Cruz du Texas a été particulièrement virulent lors de l’audition de confirmation, accusant Ghalib d’avoir fait l’éloge de la Fraternité musulmane et d’avoir tenu des propos critiques envers Israël. « Vos opinions de longue date sont directement contraires aux opinions et positions du président Trump et à la position des États-Unis », a déclaré Cruz. « Pour ma part, je ne vais pas pouvoir soutenir votre confirmation. » D’autres sénateurs républicains ont exprimé des préoccupations similaires, mettant en doute la capacité de Ghalib à représenter efficacement les intérêts américains au Moyen-Orient.
Ce qui rend le cas Ghalib particulièrement intéressant, c’est qu’il révèle les tensions au sein de la coalition Trump. D’un côté, le président cherche à élargir sa base électorale en courtisant les communautés minoritaires, y compris les Américains musulmans. De l’autre, sa base traditionnelle et de nombreux sénateurs républicains restent profondément méfiants envers toute personne perçue comme sympathique aux mouvements islamistes. Ghalib s’est défendu lors de son audition, tentant d’expliquer le contexte de ses déclarations passées et de rassurer les sénateurs sur son engagement envers les valeurs américaines. Mais ses explications n’ont pas convaincu ses critiques. Contrairement à d’autres nominations controversées qui ont été rapidement retirées, Trump a jusqu’à présent maintenu son soutien à Ghalib, malgré l’opposition républicaine croissante. Cette persistance suggère soit une confiance particulière dans le candidat, soit une volonté de ne pas céder face à la pression sénatoriale. Mais les observateurs politiques estiment que la nomination de Ghalib est en péril, et qu’elle pourrait rejoindre la longue liste des retraits si l’opposition continue de se durcir.
Les histoires de Korb et Ghalib me laissent perplexe. Pas parce que je pense nécessairement qu’ils auraient dû être confirmés, mais à cause de ce qu’elles révèlent sur notre processus politique. Korb a été sacrifié sur l’autel de la loyauté idéologique, victime d’une campagne menée par une activiste qui n’a aucune légitimité institutionnelle mais qui exerce une influence démesurée grâce à sa proximité avec le président. Ghalib, quant à lui, est pris dans un piège impossible : courtisé pour ses liens avec la communauté musulmane, puis attaqué pour ces mêmes liens. Ces deux cas illustrent comment le processus de nomination est devenu un champ de bataille où les considérations politiques et idéologiques écrasent toute discussion rationnelle sur les qualifications et la compétence. Et ce qui me dérange le plus, c’est que nous semblons avoir accepté cette situation comme normale, comme si c’était ainsi que les choses devaient fonctionner.
Section 7 : Le changement de règles au Sénat et ses conséquences inattendues
Une réforme censée accélérer, qui expose les failles
En septembre 2025, les républicains du Sénat ont adopté un changement de règles historique destiné à accélérer le processus de confirmation des nominations de Trump. Cette modification permet désormais de confirmer des groupes illimités de candidats simultanément, éliminant la nécessité de votes individuels pour la plupart des postes non-Cabinet. L’objectif était clair : faciliter la mise en place rapide de l’équipe présidentielle et éviter les retards bureaucratiques qui avaient ralenti le premier mandat de Trump. Les démocrates, menés par le leader minoritaire Chuck Schumer, s’étaient opposés à toute accélération du processus, arguant que les « candidats historiquement mauvais méritent un niveau de scrutin historique ». Leur obstruction systématique, refusant même les votes par consentement unanime ou les votes vocaux traditionnels, avait poussé les républicains à agir unilatéralement. Le résultat a été spectaculaire : un groupe de cent huit candidats confirmés en septembre, suivi d’un autre groupe de quarante-huit en octobre. Plus de trois cents nominations civiles ont été approuvées depuis janvier, un rythme sans précédent dans l’histoire récente.
Mais ce changement de règles a eu des conséquences inattendues qui se sont révélées embarrassantes pour l’administration Trump. Le nouveau système fonctionne comme suit : les candidats sont regroupés pour un vote collectif, mais si un seul d’entre eux pose problème, il doit être retiré du groupe et faire l’objet d’un vote individuel. Cette procédure, conçue pour accélérer les confirmations, a paradoxalement créé un mécanisme qui expose publiquement chaque nomination problématique. Auparavant, un candidat controversé pouvait être discrètement retiré sans attirer beaucoup d’attention. Maintenant, chaque retrait d’un groupe devient un événement médiatique, un aveu public que quelque chose ne va pas avec ce candidat. Le sénateur Thom Tillis a reconnu cette dynamique, suggérant que le rythme accéléré des nominations pourrait expliquer en partie le nombre élevé de retraits. « Évidemment, quand vous avancez plus rapidement et que vous avez de nouvelles personnes en jeu, alors vous allez rencontrer des personnes qui ont des problèmes de mode de vie », a-t-il déclaré, utilisant un euphémisme pudique pour décrire les scandales qui ont émergé.
Le paradoxe de l’efficacité
Le changement de règles a créé un paradoxe fascinant : en cherchant à rendre le processus plus efficace, les républicains ont involontairement créé un système qui rend les échecs plus visibles et plus coûteux politiquement. Chaque groupe de nominations confirmées est maintenant accompagné d’une liste de candidats retirés, créant un contraste saisissant entre les succès et les échecs. Les médias, toujours à l’affût de controverses, se sont emparés de cette dynamique, transformant chaque retrait en une histoire d’incompétence ou de scandale. Cette attention médiatique accrue a à son tour augmenté la pression sur les sénateurs républicains pour qu’ils examinent plus attentivement les candidats avant de les approuver en groupe. Le résultat est une boucle de rétroaction où les échecs passés rendent les sénateurs plus prudents, ce qui conduit à plus de retraits, ce qui attire plus d’attention médiatique, et ainsi de suite. Le sénateur Mike Rounds du Dakota du Sud a articulé cette nouvelle dynamique avec diplomatie : « Une partie de notre responsabilité est de conseiller et de consentir. Et parfois, le conseil est de peut-être reconsidérer quelque chose. Vous n’avez pas besoin d’en faire toute une histoire, mais vous pouvez partager cela avec l’administration. Et parfois, ils jettent un second regard sur le candidat, et ils disent : ‘Vous savez, ouais, vous avez raison.' »
Cette nouvelle réalité a également modifié la dynamique de pouvoir entre la Maison-Blanche et le Sénat. Auparavant, l’administration pouvait compter sur la loyauté partisane pour faire passer même des candidats médiocres. Maintenant, avec le système de groupes, un seul candidat problématique peut retarder la confirmation de dizaines d’autres. Cela donne aux sénateurs individuels un levier considérable : en menaçant de bloquer un groupe entier à cause d’un candidat, ils peuvent forcer la Maison-Blanche à retirer cette nomination. Cette dynamique a été particulièrement évidente dans les cas d’Ingrassia et de Martin, où l’opposition de quelques sénateurs clés a suffi à sceller leur sort. Le changement de règles, conçu pour renforcer le pouvoir de l’exécutif, a paradoxalement renforcé l’influence des sénateurs individuels qui sont prêts à s’opposer à leur propre président. C’est une leçon classique de conséquences imprévues : les réformes institutionnelles produisent rarement exactement les résultats escomptés, et peuvent même créer des dynamiques opposées à celles initialement prévues.
Il y a quelque chose d’ironiquement poétique dans ce changement de règles. Les républicains pensaient faciliter la vie de Trump, et ils ont fini par créer un système qui expose encore plus crûment ses échecs. C’est comme s’ils avaient construit une autoroute pour accélérer le trafic, pour découvrir que cette autoroute rend les accidents plus spectaculaires et plus visibles. Et maintenant, ils sont coincés avec ce système, incapables de revenir en arrière sans admettre leur erreur. Ce qui me frappe, c’est l’aveuglement initial. Comment ont-ils pu ne pas prévoir ces conséquences ? Comment ont-ils pu penser qu’accélérer le processus sans améliorer la qualité du contrôle ne conduirait pas à plus d’échecs ? C’est un exemple parfait de pensée à court terme, où l’objectif immédiat – faire passer plus de nominations rapidement – a occulté les implications à long terme. Et maintenant, nous vivons tous avec les conséquences de cette myopie.
Section 8 : Les comparaisons historiques qui font mal
Trump versus ses prédécesseurs
Pour vraiment comprendre l’ampleur du phénomène, il faut le replacer dans son contexte historique. Les cinquante-sept nominations retirées par Trump en 2025 représentent plus du double des vingt-deux qu’il avait retirées durant la première année de son premier mandat en 2017. C’est également presque le double des vingt-neuf nominations retirées par Joe Biden durant sa première année en 2021. Mais la comparaison la plus frappante vient d’une analyse de Bloomberg Government qui a examiné les données du Sénat remontant jusqu’à l’administration Reagan. Aucun président, sur les dernières décennies, n’a retiré autant de nominations en une seule année. Ce record n’est pas simplement une curiosité statistique ; il reflète des problèmes systémiques dans le processus de sélection et de vérification de l’administration Trump. Les analystes politiques qui ont étudié les données notent que même les présidents confrontés à des Sénats hostiles contrôlés par le parti d’opposition n’ont pas atteint de tels niveaux de retraits. Trump, malgré une majorité républicaine confortable au Sénat, fait face à plus d’opposition et de difficultés que ses prédécesseurs.
Cette comparaison historique soulève des questions fondamentales sur les causes de cette situation exceptionnelle. Est-ce dû à un processus de vérification plus laxiste ? À des standards de sélection plus bas ? À une plus grande volonté des sénateurs de s’opposer aux nominations présidentielles ? Ou à une combinaison de tous ces facteurs ? Les experts en gouvernance pointent vers plusieurs éléments explicatifs. Premièrement, l’environnement médiatique actuel, dominé par les réseaux sociaux et le journalisme d’investigation agressif, rend plus difficile de cacher les problèmes passés des candidats. Des déclarations ou des actions qui auraient pu passer inaperçues il y a vingt ans sont maintenant rapidement découvertes et amplifiées. Deuxièmement, la polarisation politique croissante a rendu les sénateurs plus sensibles aux controverses, même au sein de leur propre parti. Ils savent que soutenir un candidat problématique peut leur coûter politiquement, même si ce candidat est proposé par un président de leur camp. Troisièmement, et c’est peut-être le plus important, l’administration Trump semble avoir adopté une approche plus cavalière de la vérification des candidats, privilégiant la rapidité et la loyauté sur la prudence et la compétence.
Les leçons non apprises du premier mandat
Ce qui rend la situation actuelle particulièrement troublante, c’est que Trump et son équipe auraient dû apprendre de l’expérience de son premier mandat. Entre 2017 et 2021, l’administration avait déjà fait face à de nombreuses nominations ratées et controversées. Des candidats avaient été retirés en raison de conflits d’intérêts, de déclarations passées embarrassantes, ou d’opposition sénatoriale. On aurait pu s’attendre à ce que, fort de cette expérience, Trump et son équipe mettent en place des processus de vérification plus robustes pour son second mandat. Au lieu de cela, les problèmes se sont multipliés et aggravés. Cette répétition des mêmes erreurs suggère soit un manque d’apprentissage institutionnel, soit une indifférence délibérée aux leçons du passé. Certains observateurs y voient la marque d’une administration qui privilégie la loyauté personnelle et l’idéologie sur la compétence et l’intégrité, acceptant les échecs occasionnels comme le prix à payer pour maintenir un contrôle strict sur les nominations.
Les comparaisons avec d’autres présidents révèlent également des différences dans la manière dont les administrations gèrent les nominations problématiques. Les présidents précédents, confrontés à des signaux d’alarme sur un candidat, avaient tendance à retirer discrètement la nomination avant qu’elle ne devienne publique et embarrassante. Trump, en revanche, semble souvent pousser les nominations controversées jusqu’à ce que l’opposition devienne insurmontable, transformant chaque retrait en un mini-scandale médiatique. Cette approche peut refléter une confiance excessive dans sa capacité à imposer sa volonté au Sénat, ou une sous-estimation de la volonté des sénateurs républicains de s’opposer à lui. Quelle que soit l’explication, le résultat est le même : une série d’échecs publics et embarrassants qui minent la crédibilité de l’administration et compliquent les futures nominations. Les historiens présidentiels notent que la gestion des nominations est souvent un indicateur précoce de la santé globale d’une administration. Une administration bien organisée, avec des processus clairs et une communication efficace entre la Maison-Blanche et le Sénat, réussit généralement à faire confirmer ses candidats sans trop de difficultés. Les problèmes répétés de Trump dans ce domaine suggèrent des dysfonctionnements plus profonds qui pourraient affecter d’autres aspects de sa gouvernance.
Ces comparaisons historiques me donnent le vertige. Pas parce qu’elles sont surprenantes – nous savions tous que quelque chose n’allait pas – mais parce qu’elles quantifient l’ampleur du problème d’une manière qui ne peut être ignorée ou minimisée. Cinquante-sept retraits. Le double de Biden. Le double du premier mandat de Trump lui-même. Ces chiffres ne mentent pas, ils ne peuvent pas être expliqués par des circonstances exceptionnelles ou des coïncidences malheureuses. Ils pointent vers un échec systémique, une incapacité fondamentale à accomplir une tâche basique de gouvernance. Et ce qui me trouble le plus, c’est l’absence apparente d’apprentissage. Trump a eu quatre ans pour réfléchir à ce qui n’avait pas fonctionné lors de son premier mandat, quatre ans pour mettre en place de meilleurs systèmes, de meilleures procédures. Et pourtant, les problèmes se sont aggravés. Cela suggère soit une incompétence profonde, soit une indifférence délibérée aux normes et aux standards. Je ne sais pas quelle option est la plus inquiétante.
Section 9 : Les retraits pour raisons personnelles et politiques
Quand le président change d’avis
Tous les retraits de nominations ne sont pas dus à des scandales ou à l’opposition sénatoriale. Certains reflètent les calculs politiques changeants de Trump lui-même, révélant un président impulsif et parfois capricieux dans ses décisions de personnel. Le cas d’Elise Stefanik en est un exemple frappant. La représentante de New York avait été nommée ambassadrice aux Nations Unies, un poste prestigieux qui semblait récompenser sa loyauté indéfectible envers Trump. Mais en février 2025, Trump a brusquement retiré sa nomination, préoccupé par l’impact de son départ sur la mince majorité républicaine à la Chambre des représentants. Chaque siège compte dans un contexte de division presque parfaite entre les deux partis, et Trump a calculé que garder Stefanik à la Chambre était plus important que la placer aux Nations Unies. Cette décision, bien que pragmatique d’un point de vue politique, a été embarrassante pour Stefanik et a soulevé des questions sur la fiabilité des engagements de Trump envers ses alliés. Elle a finalement été renommée plusieurs mois plus tard, mais l’épisode a laissé des traces.
Un autre cas révélateur est celui de Jared Isaacman, l’entrepreneur milliardaire et astronaute privé que Trump avait initialement nommé pour diriger la NASA. En juin 2025, Trump a retiré cette nomination en raison de « associations antérieures » non spécifiées, laissant les observateurs perplexes sur la nature exacte des problèmes. Cinq mois plus tard, en novembre, Trump a renommé Isaacman pour le même poste, suggérant que les préoccupations initiales avaient été résolues ou n’étaient plus considérées comme importantes. Ces revirements créent une atmosphère d’incertitude et d’instabilité qui complique le travail de recrutement de l’administration. Les candidats potentiels, voyant comment Trump peut changer d’avis sur un coup de tête, peuvent hésiter à accepter des nominations, craignant d’être publiquement désavoués. Cette dynamique est particulièrement problématique pour les postes nécessitant que les candidats quittent des emplois stables ou déménagent leur famille, des sacrifices importants qui deviennent encore plus risqués dans un environnement aussi imprévisible.
Les victimes collatérales de la politique partisane
D’autres retraits reflètent les réalités brutales de la politique partisane et l’importance croissante des tests de loyauté idéologique. Le cas de Todd Gilbert et Erik Siebert, les deux candidats pour des postes de procureurs fédéraux en Virginie, illustre cette dynamique. Comme Trump l’a raconté lui-même, il a retiré leurs nominations après avoir découvert qu’ils avaient reçu des lettres de recommandation élogieuses de sénateurs démocrates de Virginie. Pour Trump, ce soutien bipartisan n’était pas un atout mais une tare, la preuve que ces candidats n’étaient pas de « vrais » républicains. Cette vision binaire de la loyauté politique – soit vous êtes avec nous à cent pour cent, soit vous êtes contre nous – laisse peu de place pour la nuance ou le pragmatisme. Elle exclut potentiellement des candidats qualifiés qui pourraient avoir des relations professionnelles respectueuses avec des membres des deux partis, une qualité qui était autrefois considérée comme positive dans le service public. Le fait que Trump ait publiquement célébré ces licenciements, les présentant comme des exemples de sa vigilance contre les « RINOs », envoie un message clair : la pureté idéologique prime sur toute autre considération.
Ces retraits pour raisons politiques ou personnelles, bien que moins scandaleux que ceux impliquant des révélations embarrassantes, sont tout aussi révélateurs des dysfonctionnements du processus. Ils suggèrent un manque de planification et de réflexion stratégique dans les nominations initiales. Si Trump savait que la majorité à la Chambre était précaire, pourquoi nommer Stefanik en premier lieu ? Si les « associations antérieures » d’Isaacman étaient problématiques, pourquoi ne pas les identifier avant de le nommer ? Ces questions restent sans réponse, mais elles pointent vers un processus de décision impulsif et mal coordonné. Les responsables de la Maison-Blanche tentent de minimiser l’importance de ces retraits, les présentant comme des ajustements normaux dans un processus complexe. Mais leur fréquence et leur visibilité racontent une histoire différente, celle d’une administration qui lutte pour maintenir la cohérence et la stabilité dans ses décisions de personnel. Pour les candidats eux-mêmes, ces retraits peuvent être dévastateurs sur le plan professionnel et personnel, ternissant leur réputation et compliquant leurs futures opportunités de carrière.
Les histoires de Stefanik, Isaacman, Gilbert et Siebert me rendent triste d’une manière différente. Ce ne sont pas des scandales au sens traditionnel. Ce sont des vies bouleversées par des calculs politiques, des carrières mises en suspens par les caprices d’un président imprévisible. Je pense à ces personnes qui ont accepté ces nominations, qui ont peut-être démissionné de leurs emplois, qui ont annoncé la nouvelle à leur famille, qui ont commencé à planifier leur avenir. Et puis, du jour au lendemain, tout s’effondre. Pas à cause de quelque chose qu’ils ont fait de mal, mais à cause de considérations politiques qui leur échappent complètement. C’est cruel, d’une certaine manière. Et cela révèle une vérité inconfortable sur notre système politique : les gens sont devenus des pions dans un jeu plus grand, des variables ajustables dans des calculs politiques complexes. Leur humanité, leurs aspirations, leurs sacrifices… tout cela devient secondaire face aux impératifs de la politique partisane.
Section 10 : L'impact sur le fonctionnement du gouvernement
Les postes vacants et leurs conséquences
Au-delà des statistiques et des controverses individuelles, le nombre record de nominations retirées a des conséquences concrètes sur le fonctionnement du gouvernement fédéral. Chaque nomination ratée signifie un poste qui reste vacant, parfois pendant des mois, créant des vides dans la chaîne de commandement et ralentissant la mise en œuvre des politiques. Les agences fédérales fonctionnent avec des directeurs par intérim, des responsables temporaires qui n’ont ni l’autorité ni la légitimité de titulaires confirmés par le Sénat. Cette situation crée une instabilité institutionnelle qui affecte la capacité du gouvernement à fonctionner efficacement. Les directeurs par intérim, sachant que leur position est temporaire et précaire, hésitent souvent à prendre des décisions importantes ou à lancer des initiatives à long terme. Ils se concentrent sur la gestion quotidienne plutôt que sur la planification stratégique, créant une culture de court-termisme qui mine l’efficacité gouvernementale. Les employés de carrière, qui forment l’épine dorsale de la fonction publique fédérale, se retrouvent sans direction claire, naviguant dans un environnement d’incertitude permanente.
Les retards dans les nominations ont également un impact sur la capacité de l’administration à mettre en œuvre son agenda politique. Sans une équipe complète de responsables confirmés, les initiatives présidentielles peuvent stagner, les réformes peuvent être retardées, et les priorités politiques peuvent être diluées. Cette situation est particulièrement problématique dans les domaines nécessitant une coordination interagences, où l’absence de responsables confirmés dans plusieurs agences peut paralyser l’action gouvernementale. Les experts en administration publique notent que les postes vacants créent également des opportunités pour les bureaucrates de carrière de résister ou de ralentir les changements politiques qu’ils désapprouvent. Sans un leadership politique fort et légitime, les agences peuvent continuer à fonctionner selon leurs propres priorités, ignorant ou minimisant les directives de la Maison-Blanche. Ce phénomène, parfois appelé « l’État profond » par les critiques conservateurs, est en partie une conséquence directe de l’incapacité de l’administration à pourvoir rapidement les postes clés avec des personnes confirmées.
La crise de confiance dans les institutions
Au-delà des impacts opérationnels immédiats, le chaos entourant les nominations contribue à une crise de confiance plus large dans les institutions gouvernementales. Chaque scandale de nomination, chaque retrait embarrassant, chaque révélation sur un candidat problématique érode un peu plus la confiance du public dans la capacité du gouvernement à se gérer lui-même. Les citoyens ordinaires, observant ce spectacle depuis l’extérieur, peuvent légitimement se demander si leurs dirigeants sont compétents pour gérer les affaires de la nation. Cette perte de confiance a des conséquences qui vont bien au-delà de l’administration Trump. Elle alimente le cynisme politique, renforce les narratifs anti-gouvernementaux, et complique les efforts futurs pour recruter des talents dans le service public. Pourquoi des professionnels qualifiés accepteraient-ils des postes gouvernementaux s’ils risquent d’être pris dans des controverses politiques, de voir leur réputation ternie, ou d’être abandonnés par l’administration qui les a nommés ? Cette question devient de plus en plus pressante alors que le gouvernement fédéral lutte déjà pour attirer et retenir des talents face à la concurrence du secteur privé.
Les dysfonctionnements du processus de nomination affectent également la perception internationale des États-Unis. Les alliés et les adversaires observent attentivement la capacité de l’Amérique à gouverner efficacement, et les problèmes répétés de nominations envoient un signal de faiblesse et de désorganisation. Les diplomates étrangers, habitués à traiter avec des responsables américains stables et confirmés, doivent maintenant naviguer dans un paysage changeant de directeurs par intérim et de nominations controversées. Cette instabilité complique la diplomatie et peut affaiblir la position américaine dans les négociations internationales. Les adversaires peuvent être tentés de tester la résolution américaine, pariant que le chaos interne limitera la capacité de Washington à répondre efficacement aux défis externes. Les alliés, quant à eux, peuvent commencer à douter de la fiabilité des engagements américains, se demandant si les accords conclus avec des responsables temporaires survivront aux inévitables changements de personnel. Cette érosion de la crédibilité internationale est difficile à quantifier mais potentiellement dévastatrice pour les intérêts américains à long terme.
Quand je pense aux conséquences réelles de tout ce chaos, je ressens une forme de colère froide. Pas la colère explosive et émotionnelle, mais quelque chose de plus profond et plus durable. Parce que ce ne sont pas seulement des statistiques ou des controverses politiques abstraites. Ce sont des agences qui ne fonctionnent pas correctement. Ce sont des politiques qui ne sont pas mises en œuvre. Ce sont des citoyens qui ne reçoivent pas les services auxquels ils ont droit. Et au-delà de tout cela, c’est la confiance même dans nos institutions qui s’effrite, pierre par pierre, scandale par scandale. Nous sommes en train de normaliser le dysfonctionnement, d’accepter l’incompétence comme inévitable. Et le plus tragique, c’est que nous semblons avoir perdu la capacité de nous indigner vraiment, de exiger mieux de nos dirigeants. Nous haussons les épaules, nous faisons des blagues cyniques, et nous passons à la prochaine controverse. Mais pendant ce temps, les dégâts s’accumulent, silencieusement mais inexorablement.
Section 11 : Les perspectives d'avenir et les réformes nécessaires
Peut-on réparer ce qui est cassé ?
Face à l’ampleur des dysfonctionnements révélés par cette vague de retraits de nominations, la question se pose inévitablement : comment peut-on améliorer le système ? Les experts en gouvernance et les anciens responsables des administrations précédentes proposent plusieurs pistes de réforme. Premièrement, renforcer les processus de vérification des antécédents avant même que les noms ne soient soumis au Sénat. Cela impliquerait d’allouer plus de ressources au Bureau du personnel présidentiel, de recruter des enquêteurs expérimentés, et d’établir des protocoles clairs pour identifier les signaux d’alarme potentiels. Deuxièmement, améliorer la coordination entre la Maison-Blanche et le Sénat, en consultant les sénateurs clés avant de soumettre officiellement les nominations. Cette approche, bien que chronophage, pourrait éviter les situations embarrassantes où des nominations sont retirées après avoir été publiquement annoncées. Troisièmement, établir des standards minimums clairs pour les nominations, au-delà de la simple loyauté politique, incluant l’expérience professionnelle, l’intégrité éthique, et l’absence de conflits d’intérêts majeurs.
Mais ces réformes techniques, aussi nécessaires soient-elles, ne suffiront pas si elles ne s’accompagnent pas d’un changement culturel plus profond dans la manière dont les administrations abordent les nominations. Il faut reconnaître que le service public n’est pas simplement une récompense pour la loyauté politique, mais une responsabilité qui exige compétence et intégrité. Cette reconnaissance implique d’être prêt à dire non à des candidats qui, bien que politiquement alignés, ne possèdent pas les qualifications nécessaires. Elle implique également d’accepter que le processus de vérification prenne du temps et ne peut être précipité sans risques. Les administrations futures devront trouver un équilibre entre la rapidité nécessaire pour mettre en place leur équipe et la prudence requise pour éviter les nominations désastreuses. Cet équilibre est difficile à atteindre, surtout dans un environnement politique où la pression pour agir vite est intense et où chaque retard est interprété comme un signe de faiblesse. Mais l’alternative – le chaos actuel – est clairement inacceptable et insoutenable à long terme.
Le rôle du Sénat dans la restauration des standards
Le Sénat, pour sa part, doit également réfléchir à son rôle dans ce processus. La résistance de sénateurs comme Grassley, Tillis et Kennedy aux nominations problématiques est encourageante, mais elle reste l’exception plutôt que la règle. Trop souvent, les sénateurs approuvent des candidats médiocres par loyauté partisane, craignant les représailles politiques s’ils s’opposent à leur propre président. Cette culture de la loyauté aveugle doit changer. Les sénateurs doivent se rappeler que leur rôle constitutionnel de « conseil et consentement » n’est pas une simple formalité, mais une responsabilité sérieuse qui exige un examen critique des candidats. Cela ne signifie pas s’opposer systématiquement aux nominations présidentielles, mais plutôt exercer un jugement indépendant basé sur les qualifications et l’intégrité des candidats. Le changement de règles de septembre 2025, bien qu’il ait accéléré les confirmations, a également créé une opportunité pour les sénateurs d’exercer plus efficacement leur pouvoir de contrôle en retirant les candidats problématiques des groupes de confirmation.
Mais au-delà des mécanismes institutionnels, il faut une volonté politique de maintenir des standards élevés, même face à la pression de la Maison-Blanche. Les sénateurs qui ont osé s’opposer à des nominations problématiques méritent d’être soutenus, pas critiqués, par leurs collègues et leurs électeurs. Leur courage devrait être la norme, pas l’exception. Cela nécessite également que les électeurs eux-mêmes valorisent l’intégrité et la compétence plutôt que la simple loyauté partisane. Tant que les électeurs récompenseront les sénateurs qui approuvent aveuglément toutes les nominations de leur parti et puniront ceux qui osent s’opposer, les incitations institutionnelles continueront à favoriser la complaisance plutôt que la vigilance. Le changement doit donc venir non seulement des institutions elles-mêmes, mais aussi de la culture politique plus large qui les entoure. C’est un défi de taille, mais pas insurmontable. L’histoire américaine est pleine d’exemples de réformes institutionnelles réussies qui ont émergé de périodes de crise et de dysfonctionnement. La question est de savoir si nous avons la volonté collective de saisir cette opportunité ou si nous continuerons à accepter le statu quo comme inévitable.
Quand je réfléchis aux réformes possibles, j’oscille entre l’espoir et le désespoir. L’espoir, parce que les solutions existent, elles sont connues, elles ont été articulées par des experts et des praticiens expérimentés. Nous savons ce qu’il faut faire. Mais le désespoir vient de la réalisation que savoir quoi faire et avoir la volonté de le faire sont deux choses très différentes. Les réformes nécessaires exigent du courage politique, une vision à long terme, et une volonté de placer l’intérêt national au-dessus des calculs partisans à court terme. Et franchement, je ne suis pas sûr que nous ayons ces qualités en abondance dans notre classe politique actuelle. Peut-être suis-je trop cynique. Peut-être que cette crise servira de catalyseur pour un véritable changement. Mais pour l’instant, je vois surtout beaucoup de paroles et peu d’action, beaucoup de critiques et peu de solutions concrètes. Et cela me rend profondément inquiet pour l’avenir.
Conclusion : au-delà des chiffres, une crise de gouvernance
Le bilan d’une année chaotique
Cinquante-sept nominations retirées en moins d’un an. Ce chiffre, aussi impressionnant soit-il, ne capture qu’imparfaitement l’ampleur de la crise que traverse l’administration Trump. Derrière chaque retrait se cache une histoire de dysfonctionnement : des processus de vérification bâclés, des calculs politiques hasardeux, des candidats manifestement inadaptés propulsés vers des postes de responsabilité. L’affaire Ingrassia et ses messages racistes. Martin et sa défense des émeutiers du Capitole. Korb sacrifié sur l’autel de la pureté idéologique. Ghalib pris au piège de ses propres contradictions. Chacune de ces histoires, prise individuellement, pourrait être considérée comme une anomalie malheureuse. Mais ensemble, elles forment un tableau accablant d’une administration qui lutte pour accomplir l’une des tâches les plus fondamentales du gouvernement : recruter et placer des personnes compétentes dans des postes de responsabilité. Les comparaisons historiques ne laissent aucune place au doute : ce niveau de dysfonctionnement est sans précédent dans l’histoire récente, dépassant même les difficultés rencontrées par Trump lors de son premier mandat.
Mais au-delà des statistiques et des scandales individuels, ce qui émerge est une image troublante d’un système politique en crise. Les mécanismes traditionnels de contrôle et d’équilibre fonctionnent, mais de manière chaotique et réactive plutôt que de manière ordonnée et préventive. Les sénateurs républicains, après des mois de complaisance, commencent enfin à exercer leur rôle constitutionnel de supervision, mais souvent trop tard, après que les nominations problématiques sont devenues des embarrassements publics. La Maison-Blanche, malgré les leçons du premier mandat, continue de commettre les mêmes erreurs, privilégiant la loyauté sur la compétence, la rapidité sur la prudence. Le changement de direction au Bureau du personnel présidentiel, avec le remplacement de Sergio Gor par Dan Scavino, offre peut-être une opportunité d’amélioration, mais les premiers signes ne sont pas particulièrement encourageants. Les dysfonctionnements semblent être systémiques plutôt que personnels, enracinés dans la culture et les priorités de l’administration plutôt que dans les défaillances d’individus spécifiques.
Les questions qui restent sans réponse
Alors que nous approchons de la fin de la première année du second mandat de Trump, de nombreuses questions fondamentales restent sans réponse. L’administration parviendra-t-elle à corriger ses processus de vérification et à réduire le nombre de nominations problématiques ? Les sénateurs républicains maintiendront-ils leur nouvelle vigilance ou retomberont-ils dans la complaisance partisane ? Le changement de règles au Sénat continuera-t-il à exposer les failles du processus de nomination ou sera-t-il modifié pour réduire cette transparence embarrassante ? Et plus fondamentalement, cette crise conduira-t-elle à des réformes significatives du processus de nomination, ou sera-t-elle simplement oubliée lors du prochain cycle d’actualités ? Les réponses à ces questions détermineront non seulement le succès ou l’échec du reste du mandat de Trump, mais aussi l’héritage durable de cette période pour les futures administrations. Si les dysfonctionnements actuels conduisent à des réformes substantielles, alors peut-être cette crise aura-t-elle servi un objectif constructif. Mais si nous continuons simplement comme avant, acceptant le chaos comme la nouvelle norme, alors nous aurons manqué une opportunité cruciale d’améliorer notre système de gouvernance.
Je termine cet article avec un sentiment de malaise profond. Pas seulement à cause des faits que j’ai rapportés, aussi troublants soient-ils. Mais à cause de ce qu’ils révèlent sur nous, collectivement, en tant que société. Nous avons normalisé le dysfonctionnement. Nous avons accepté l’incompétence comme inévitable. Nous avons baissé nos standards au point où ce qui aurait été considéré comme scandaleux il y a une génération est maintenant à peine remarqué. Et le plus effrayant, c’est que je ne suis pas sûr que nous sachions comment inverser cette tendance. Comment retrouver l’indignation nécessaire pour exiger mieux ? Comment reconstruire les standards que nous avons laissés s’éroder ? Comment restaurer la confiance dans des institutions que nous avons permis de se dégrader ? Je n’ai pas de réponses faciles à ces questions. Mais je sais une chose : si nous ne commençons pas à nous les poser sérieusement, si nous continuons à hausser les épaules et à passer à la prochaine controverse, alors nous méritons le gouvernement dysfonctionnel que nous obtenons. Et nos enfants, qui hériteront des institutions que nous leur laissons, auront le droit de nous demander des comptes pour notre complaisance.
Sources
Sources primaires
The Independent – « Trump withdraws record number of nominees to join his administration: report » par Rhian Lubin, publié le 1er décembre 2025. Article détaillant le nombre record de nominations retirées par Trump et les problèmes de vérification rencontrés par l’administration.
Politico – « Record-setting personnel issues are marring Trump’s second term » par Jordain Carney, Alex Gangitano et Calen Razor, publié le 1er décembre 2025. Analyse approfondie des cinquante-sept nominations retirées et des dysfonctionnements du Bureau du personnel présidentiel sous Sergio Gor.
Bloomberg Government – « Trump Nominees Withdraw at Record Rate as Rare GOP Dissent Grows » par Lillianna Byington, publié le 13 novembre 2025. Rapport détaillé sur l’opposition croissante des sénateurs républicains aux nominations de Trump et analyse comparative avec les administrations précédentes.
Données du Sénat américain – Statistiques officielles sur les nominations présidentielles retirées, consultées via Congress.gov en décembre 2025. Source primaire pour les chiffres de cinquante-sept retraits sous Trump en 2025, vingt-deux en 2017, et vingt-neuf sous Biden en 2021.
Sources secondaires
NPR – « Trump pick to lead watchdog agency withdraws after text messages revealed » publié le 21 octobre 2025. Couverture du retrait de Paul Ingrassia suite aux révélations de messages controversés.
Reuters – « Trump nominee Paul Ingrassia withdraws after rare Republican pushback » publié le 21 octobre 2025. Analyse de l’opposition sénatoriale républicaine à la nomination d’Ingrassia.
Fox News – « Trump announces shakeup at top of WH personnel office » publié le 12 octobre 2025. Annonce du remplacement de Sergio Gor par Dan Scavino à la tête du Bureau du personnel présidentiel.
The New York Times – « Trump Announces Longtime Aide Dan Scavino as Head of Personnel » publié le 12 octobre 2025. Profil de Dan Scavino et analyse de sa nomination comme nouveau chef du personnel.
Forbes – « Trump Attacks Senate’s ‘Blue Slip’ Tradition For Judicial Nominees » publié le 17 octobre 2025. Couverture du conflit entre Trump et Chuck Grassley sur la tradition du blue slip.
ABC News – « Senate Republicans push back against Trump’s calls to end ‘blue slips' » publié en 2025. Analyse de la résistance des sénateurs républicains aux demandes de Trump d’abolir le blue slip.
Politico – « Trump pulls nominee for top IRS post who drew conservative activists’ ire » publié le 14 novembre 2025. Rapport sur le retrait de Donald Korb suite à la campagne de Laura Loomer.
Jewish Insider – « Trump refuses to pull Kuwait ambassador pick despite broad opposition » publié en octobre 2025. Couverture de la nomination controversée d’Amer Ghalib comme ambassadeur au Koweït.
The Washington Post – « Tracking Trump’s Cabinet and administration nominations » mis à jour en continu en 2025. Base de données complète des nominations de Trump et de leur statut.
Ballotpedia – « Donald Trump’s Cabinet, 2025 » consulté en décembre 2025. Ressource encyclopédique sur les nominations du cabinet Trump et leur processus de confirmation.
Sources
Sources primaires
The Independent – « Trump withdraws record number of nominees to join his administration: report » par Rhian Lubin, publié le 1er décembre 2025. Article détaillant le nombre record de nominations retirées par Trump et les problèmes de vérification rencontrés par l’administration.
Politico – « Record-setting personnel issues are marring Trump’s second term » par Jordain Carney, Alex Gangitano et Calen Razor, publié le 1er décembre 2025. Analyse approfondie des cinquante-sept nominations retirées et des dysfonctionnements du Bureau du personnel présidentiel sous Sergio Gor.
Bloomberg Government – « Trump Nominees Withdraw at Record Rate as Rare GOP Dissent Grows » par Lillianna Byington, publié le 13 novembre 2025. Rapport détaillé sur l’opposition croissante des sénateurs républicains aux nominations de Trump et analyse comparative avec les administrations précédentes.
Données du Sénat américain – Statistiques officielles sur les nominations présidentielles retirées, consultées via Congress.gov en décembre 2025. Source primaire pour les chiffres de cinquante-sept retraits sous Trump en 2025, vingt-deux en 2017, et vingt-neuf sous Biden en 2021.
Sources secondaires
NPR – « Trump pick to lead watchdog agency withdraws after text messages revealed » publié le 21 octobre 2025. Couverture du retrait de Paul Ingrassia suite aux révélations de messages controversés.
Reuters – « Trump nominee Paul Ingrassia withdraws after rare Republican pushback » publié le 21 octobre 2025. Analyse de l’opposition sénatoriale républicaine à la nomination d’Ingrassia.
Fox News – « Trump announces shakeup at top of WH personnel office » publié le 12 octobre 2025. Annonce du remplacement de Sergio Gor par Dan Scavino à la tête du Bureau du personnel présidentiel.
The New York Times – « Trump Announces Longtime Aide Dan Scavino as Head of Personnel » publié le 12 octobre 2025. Profil de Dan Scavino et analyse de sa nomination comme nouveau chef du personnel.
Forbes – « Trump Attacks Senate’s ‘Blue Slip’ Tradition For Judicial Nominees » publié le 17 octobre 2025. Couverture du conflit entre Trump et Chuck Grassley sur la tradition du blue slip.
ABC News – « Senate Republicans push back against Trump’s calls to end ‘blue slips' » publié en 2025. Analyse de la résistance des sénateurs républicains aux demandes de Trump d’abolir le blue slip.
Politico – « Trump pulls nominee for top IRS post who drew conservative activists’ ire » publié le 14 novembre 2025. Rapport sur le retrait de Donald Korb suite à la campagne de Laura Loomer.
Jewish Insider – « Trump refuses to pull Kuwait ambassador pick despite broad opposition » publié en octobre 2025. Couverture de la nomination controversée d’Amer Ghalib comme ambassadeur au Koweït.
The Washington Post – « Tracking Trump’s Cabinet and administration nominations » mis à jour en continu en 2025. Base de données complète des nominations de Trump et de leur statut.
Ballotpedia – « Donald Trump’s Cabinet, 2025 » consulté en décembre 2025. Ressource encyclopédique sur les nominations du cabinet Trump et leur processus de confirmation.
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