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Les racines d’une diaspora

Pour comprendre l’ampleur de l’injustice, il faut remonter aux origines de la présence somalienne au Minnesota. Cette histoire commence au début des années 1990, lorsque la guerre civile somalienne a déchiré le pays, forçant des centaines de milliers de personnes à fuir les violences, la famine et le chaos. Les premiers réfugiés somaliens sont arrivés aux États-Unis dans le cadre de programmes humanitaires officiels, accueillis par des organisations comme Lutheran Social Services of Minnesota et Catholic Charities. Ces agences de réinstallation, mandatées par le gouvernement fédéral, ont choisi le Minnesota pour plusieurs raisons pragmatiques : un marché du travail dynamique dans l’industrie de la transformation de la viande, des programmes d’assistance sociale réputés généreux, et une tradition d’accueil des réfugiés remontant aux boat people vietnamiens et aux Hmongs. Entre 1979 et 2017, selon le Département de la Santé du Minnesota, 23 915 réfugiés somaliens ont été officiellement réinstallés dans l’État. Mais ces chiffres ne racontent qu’une partie de l’histoire. La migration secondaire – ces familles qui, après avoir été installées dans d’autres États comme New York ou le Texas, ont choisi de rejoindre le Minnesota – a considérablement gonflé ces effectifs.

Aujourd’hui, le Minnesota abrite la plus grande diaspora somalienne des États-Unis, avec des estimations oscillant entre 40 000 et 80 000 personnes selon les sources. Le Bureau des démographes du Minnesota avance prudemment le chiffre de 40 200 à 52 400 personnes, tandis que les organisations communautaires parlent de 80 000, incluant les citoyens américains de descendance somalienne. Cette disparité statistique reflète la difficulté de recenser une population dont une partie significative est née aux États-Unis et ne figure donc pas dans les catégories « nés en Somalie ». Le quartier de Cedar-Riverside à Minneapolis est devenu le cœur battant de cette communauté, surnommé parfois « Little Mogadishu » en référence à la capitale somalienne. Les rues y résonnent de conversations en langue somalie, les commerces affichent des enseignes bilingues, et l’odeur des épices traditionnelles flotte dans l’air. Mais contrairement aux clichés d’un ghetto replié sur lui-même, cette concentration géographique n’empêche pas une intégration économique et sociale remarquable. De nombreux professionnels somaliens ont quitté le centre-ville pour s’installer dans les banlieues, cherchant de meilleures écoles pour leurs enfants et des quartiers plus calmes, tout en maintenant des liens étroits avec leur communauté d’origine.

Une contribution économique indéniable

Contrairement aux affirmations de Trump selon lesquelles les Somaliens « ne contribuent à rien », les données économiques racontent une histoire radicalement différente. En 2006 déjà, une étude révélait que la communauté somalienne du Minnesota représentait entre 164 et 494 millions de dollars de pouvoir d’achat et possédait 600 entreprises. Près de vingt ans plus tard, ces chiffres ont explosé. Minneapolis compte aujourd’hui des centaines d’entreprises détenues et gérées par des Somaliens : épiceries halal, restaurants, boutiques de vêtements, salons de beauté, agences de transfert d’argent, cabinets d’avocats, cliniques médicales. Le célèbre Karmel Mall, un centre commercial entièrement somalien, est devenu une attraction régionale où les clients de toutes origines viennent découvrir des produits introuvables ailleurs. Ces commerces ne se contentent pas de servir la communauté somalienne ; ils créent des emplois, paient des impôts, dynamisent des quartiers entiers. Les entrepreneurs somaliens ont investi dans l’immobilier, rénové des bâtiments abandonnés, transformé des rues délabrées en artères commerçantes prospères.

Au-delà du commerce, les Somaliens occupent des postes dans tous les secteurs de l’économie minnesotaine. Ils travaillent dans les hôpitaux comme infirmiers et aides-soignants, dans les écoles comme enseignants et assistants pédagogiques, dans les usines comme ouvriers qualifiés, dans les administrations comme fonctionnaires. Certains sont devenus médecins, ingénieurs, avocats, après avoir obtenu leurs diplômes dans les universités locales. La Confederation of Somali Community in Minnesota et la Somali American Parent Association offrent des cours d’anglais langue seconde, des services d’aide à la recherche d’emploi, du soutien juridique, permettant aux nouveaux arrivants de s’intégrer plus rapidement. Cette infrastructure communautaire, financée en partie par des fonds publics mais aussi par des contributions privées, témoigne d’une volonté collective de réussir, de s’enraciner, de construire un avenir dans ce pays qui les a accueillis. Les transferts de fonds vers la Somalie, facilités par des agences spécialisées, représentent également un lien vital avec les familles restées au pays, contribuant à la reconstruction d’un pays dévasté par des décennies de conflit. Loin d’être des parasites, comme le suggère la rhétorique trumpienne, les Somaliens du Minnesota sont des acteurs économiques à part entière, des contribuables, des créateurs de richesse.

Chaque fois que j’entends quelqu’un dire que les immigrants « profitent du système », je pense à ces chiffres. 600 entreprises. Des centaines de millions de dollars de pouvoir d’achat. Des milliers d’emplois créés. Et pourtant, le mensonge persiste. Il persiste parce qu’il est plus facile de désigner un bouc émissaire que de reconnaître la complexité du réel. Il persiste parce que la haine se nourrit de l’ignorance, et que l’ignorance est confortable pour ceux qui refusent de voir.

Sources

Sources primaires

The Guardian, « Trump calls Somali immigrants ‘garbage’ as US reportedly targets Minnesota community », 2 décembre 2025. Reuters, « Minnesota officials defend Somali community against Trump’s attacks », 2 décembre 2025. The New York Times, « ICE Plans Operation Targeting Somali Migrants in Minneapolis-St. Paul », 2 décembre 2025. Associated Press, « Trump targets Minnesota’s Somali community with harsh words and policies », 2 décembre 2025. Fox News, « Trump, ICE target Somalis in Minneapolis; city leaders respond », 2 décembre 2025.

Sources secondaires

Wikipedia, « History of Somalis in Minneapolis–Saint Paul », consulté le 3 décembre 2025. Minnesota Department of Health, « Somali Refugee Health Profile », 2017. U.S. Census Bureau, « American Community Survey 2018 – Minnesota Foreign-Born Population », 2018. Sahan Journal, « Twin Cities leaders condemn immigration enforcement against Somali immigrants », 2 décembre 2025. MPR News, « Twin Cities leaders rally behind Somalis amid reports ICE may target community », 2 décembre 2025. Charlie Hebdo, « À Minneapolis, comment des tensions entre clans somaliens ont bouleversé l’élection municipale », novembre 2025.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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