Une réunion du Cabinet qui bascule dans l’infamie
La scène se déroule à la Maison Blanche, symbole de la démocratie américaine, lors d’une réunion du Cabinet qui durera plus de deux heures. Donald Trump, âgé de soixante-dix-neuf ans et condamné au pénal, s’assoupit à plusieurs reprises pendant que ses subordonnés rivalisent d’adulation servile. Puis, à la fin de la partie publique de la réunion, un journaliste pose une question sur le gouverneur du Minnesota, Tim Walz, et les fraudes liées aux fonds de secours COVID dans l’État. C’est le déclencheur. Trump se lance dans une diatribe raciste d’une violence inouïe contre la communauté somalienne américaine. Ses mots sont sans ambiguïté, sans nuance, sans la moindre retenue. « Je ne les veux pas dans notre pays », déclare-t-il avec une franchise brutale. « Leur pays est nul pour une raison. Leur pays pue, et nous ne les voulons pas dans notre pays. » Il poursuit en qualifiant les Somaliens-Américains de « garbage » — ordures — et affirme qu’ils « ne contribuent à rien ». À ses côtés, JD Vance, le vice-président originaire de l’Ohio, frappe la table en signe d’approbation enthousiaste.
Trump ne s’arrête pas là. Il cible nommément la représentante Ilhan Omar, démocrate du Minnesota née en Somalie et arrivée aux États-Unis enfant comme réfugiée. « Ilhan Omar est une ordure. Ses amis sont des ordures », lance-t-il. Il exige qu’elle soit « jetée dehors » des États-Unis. Le président des États-Unis appelle publiquement à l’expulsion d’une membre du Congrès, d’une citoyenne américaine, d’une femme qui a fui la guerre civile somalienne et a trouvé refuge dans ce pays. Cette attaque n’est pas nouvelle pour Omar, qui a été la cible de Trump à de nombreuses reprises, notamment lors du tristement célèbre chant « Send her back » scandé lors d’un rassemblement en 2019. Mais l’intensité et la violence verbale de cette dernière tirade marquent un nouveau palier dans la déshumanisation d’une communauté entière. Trump ne se contente pas de critiquer des politiques ou des individus. Il attaque l’existence même des Somaliens-Américains, leur droit d’être dans ce pays, leur valeur en tant qu’êtres humains.
Le message racial explicite
Il n’y a aucune ambiguïté dans le message que Trump envoie au monde. Pendant qu’il dénigre les immigrants non blancs en Amérique, il invite simultanément des Sud-Africains blancs aisés à émigrer aux États-Unis avec le soutien du gouvernement américain. Le contraste est saisissant et révélateur. D’un côté, des Américains noirs d’origine somalienne sont dépeints comme des parasites sans valeur qui menacent de détruire « notre » pays et doivent être expulsés. De l’autre, des Afrikaners blancs sont accueillis à bras ouverts. Le racisme de cette politique n’est même pas voilé. C’est une déclaration ouverte sur qui mérite d’être américain et qui ne le mérite pas, basée uniquement sur la couleur de peau et l’origine ethnique. Trump ignore délibérément les contribuables, les médecins, les avocats, les ingénieurs, les propriétaires de petites entreprises, les politiciens qui sont des Somaliens-Américains de première et deuxième génération et qui contribuent à leurs communautés. Il efface d’un revers de main les réussites, les sacrifices, les contributions de dizaines de milliers de personnes.
Cette rhétorique déshumanisante n’est pas sans précédent dans l’histoire de Trump. En 2018, il avait qualifié les nations africaines de « shithole countries » — pays de merde. En 2023, il avait déclaré que les migrants « empoisonnaient le sang de notre pays », reprenant une terminologie directement issue de la propagande nazie. Mais ses attaques récentes contre les Somaliens-Américains ont été décrites par plusieurs observateurs comme « choquantes dans leur sectarisme sans excuse ». Ce qui rend cette situation particulièrement dangereuse, c’est que Trump ne se contente pas de tenir des propos racistes en privé ou dans des cercles restreints. Il les prononce depuis le Bureau ovale, lors de réunions officielles du Cabinet, devant les caméras du monde entier. Il utilise le pouvoir et l’autorité de la présidence des États-Unis pour légitimer la haine, pour normaliser la déshumanisation, pour encourager la violence contre une communauté vulnérable. Et les conséquences de ces mots se font déjà sentir sur le terrain.
Comment expliquer à un enfant que le président de son pays le considère comme une ordure ? Comment rassurer un adolescent qui entend le leader du monde libre dire qu’il ne veut pas de lui en Amérique ? Je pense à ces jeunes Somaliens-Américains, nés ici, qui grandissent avec cette haine institutionnelle. Quel impact cela aura-t-il sur leur psyché, leur identité, leur sentiment d’appartenance ?
L'Ohio dans la ligne de mire : une communauté sous pression
Columbus, deuxième bastion somalien d’Amérique
Columbus, capitale de l’Ohio, abrite environ soixante mille Somaliens-Américains, ce qui en fait la deuxième plus grande concentration de cette communauté aux États-Unis après la région de Minneapolis-Saint Paul. Ces familles se sont installées dans l’Ohio au fil des décennies, fuyant la guerre civile dévastatrice qui a ravagé la Somalie depuis les années 1990. Beaucoup sont arrivés comme réfugiés, attirés par les programmes sociaux accueillants de l’État et les opportunités économiques. Au fil du temps, ils ont construit des vies, créé des entreprises, élevé des enfants qui sont maintenant des citoyens américains de plein droit. La communauté somalienne de Columbus est dynamique et diversifiée. Elle compte des professionnels de la santé, des entrepreneurs, des éducateurs, des fonctionnaires. Ces personnes paient des impôts, participent à la vie civique, contribuent à l’économie locale. Elles sont américaines dans tous les sens du terme, même si beaucoup conservent des liens culturels avec leur pays d’origine.
Mais depuis les déclarations de Trump, cette communauté vit dans l’angoisse. L’intensification des opérations d’immigration au Minnesota a envoyé un signal clair : les Somaliens sont dans le viseur du gouvernement fédéral. À Minneapolis, les activités de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) ont connu une augmentation spectaculaire. Des vols transportant des détenus fédéraux ont quitté le Minnesota. Le profilage racial ciblant les Somaliens s’est amplifié. Les membres de la communauté rapportent être arrêtés et interrogés simplement en raison de leur apparence. Et maintenant, l’Ohio se demande : serons-nous les prochains ? Cette peur n’est pas irrationnelle. Elle est fondée sur des déclarations présidentielles explicites et sur des actions concrètes du gouvernement fédéral. Quand le président des États-Unis dit publiquement qu’il ne veut pas de Somaliens dans le pays et qu’il ordonne leur expulsion, les gens ont raison d’avoir peur. Surtout quand ces paroles sont suivies d’opérations d’application de la loi ciblant spécifiquement cette communauté.
Ismail Mohamed : un législateur face à la tempête
Ismail Mohamed incarne à lui seul le rêve américain et la vulnérabilité de sa communauté. Âgé de trente-trois ans, cet avocat est l’un des deux Somaliens-Américains siégeant à la Chambre des représentants de l’Ohio. Démocrate en deuxième mandat, il représente Columbus et a été élu par des citoyens qui croient en sa capacité à les servir. Mohamed est né en Somalie et a vécu comme réfugié avant d’arriver aux États-Unis. Il a étudié le droit, s’est intégré dans la société américaine, et a choisi de servir sa communauté adoptive en se lançant en politique. C’est exactement le type de parcours que l’Amérique est censée célébrer. Pourtant, depuis que Trump a placé les Ohioiens d’origine somalienne dans le viseur de sa colère, Mohamed est submergé d’appels et de messages urgents de constituants terrifiés. Les gens ne savent plus quoi faire. Ils ont peur de sortir de chez eux. Ceux qui ne parlent pas anglais craignent particulièrement d’être arrêtés et incapables de communiquer qu’ils sont des citoyens américains.
Mohamed conseille à sa communauté de connaître ses droits, de toujours avoir des documents d’identité sur soi, d’avoir le nom d’un avocat à portée de main. C’est une réalité cauchemardesque pour des citoyens américains qui devraient pouvoir vivre librement sans craindre d’être harcelés par leur propre gouvernement. Le jeune législateur a été profondément ébranlé par la rhétorique haineuse de Trump, mais il reste déterminé à défendre sa communauté. « Nous éduquons la communauté, mais ceux qui sont dans le limbe juridique en tant que demandeurs d’asile sont inquiets », explique-t-il. « Même si vous avez un statut légal, une demande en cours, vous êtes à risque. Quand le président des États-Unis, le leader du monde libre, attaque une communauté qu’il sait ne pas être en mesure de se défendre, il est difficile de ne pas avoir peur. » Mohamed est particulièrement préoccupé par l’impact des mots de Trump et ce qu’ils pourraient déclencher chez quelqu’un qui est déjà sur le fil. « Il est facile pour quelqu’un qui est raciste ou sectaire de prendre une arme et de tirer sur une mosquée locale ou, Dieu nous en préserve, de tuer quelqu’un », dit-il. « Nous avons vu cela se produire dans d’autres États. Nous avons vu une augmentation des crimes de haine à Columbus. Je fais attention, même en tant qu’élu. »
Ismail Mohamed me bouleverse. Cet homme qui a tout fait selon les règles, qui a réussi, qui sert son pays, doit maintenant vivre dans la peur. Il doit conseiller à ses concitoyens de se préparer à être arrêtés. C’est insoutenable. C’est une trahison de tout ce que l’Amérique prétend représenter.
Les attaques en ligne : quand la haine devient virale
Le ciblage d’un élu pour avoir parlé sa langue maternelle
L’expérience personnelle d’Ismail Mohamed illustre à quel point la haine anti-somalienne s’est normalisée. Récemment, le représentant de l’État a été la cible d’attaques en ligne virulentes après qu’une vidéo de lui parlant somali à ses électeurs a été diffusée. Les commentaires étaient venimeux, accusant un élu américain de trahison pour avoir osé parler une langue étrangère. Ce qui est encore plus troublant, c’est qu’une collègue républicaine de Mohamed à la Chambre des représentants de l’Ohio, la représentante Jennifer Gross, a effectivement republié la vidéo l’attaquant et a ajouté : « C’est un représentant de l’État de l’Ohio. Vos pensées ? » Cette publication n’a jamais été supprimée. Une élue républicaine a activement participé à la campagne de harcèlement contre un collègue démocrate somalien-américain, et il n’y a eu aucune conséquence. Mohamed a confié qu’il a dû avoir une sécurité pendant un certain temps à cause de ces attaques. Un législateur américain a besoin de protection parce qu’il parle la langue de ses électeurs.
Cette situation révèle quelque chose de profondément troublant sur l’état actuel de la politique américaine. Le racisme et la xénophobie ne sont plus des positions marginales exprimées dans l’ombre. Ils sont devenus des outils politiques acceptables, utilisés ouvertement par des élus pour marquer des points auprès de leur base. Quand une représentante de l’État peut publiquement cibler un collègue en raison de son origine ethnique sans faire face à des répercussions, cela envoie un message clair : cette forme de haine est tolérée, voire encouragée. Mohamed réfléchit au fait que chaque communauté d’immigrants en Amérique a fait face à un certain rejet initial et à de l’hostilité. « Ils ne sont pas assez américains, ou leur langue est différente, leur nourriture est bizarre », dit-il. Mais vivre cette laideur de première main, et de la part du président lui-même, est difficile à traiter. « C’est encore dur et douloureux quand un jeune, un étudiant, vous contacte et dit pourquoi le président m’appelle-t-il une ordure ? » C’est un nouveau niveau bas à essayer d’expliquer ou de justifier, ajoute-t-il.
L’appel à la solidarité face à la déshumanisation
Face à cette vague de haine institutionnalisée, Mohamed lance un appel à tous les Américains, quelle que soit leur origine. « Vous vous sentez tellement en colère et blessé. Mais nous faisons appel à tout le monde pour dire que c’est mal, que c’est anti-américain de cibler et de déshumaniser tout un peuple simplement pour un gain politique. Si ce sont les Somaliens-Américains maintenant, ce sera une communauté différente la semaine prochaine. J’espère que les Ohioiens qui ne sont pas somaliens peuvent simplement prendre du recul et imaginer ce qui nous arrive en train de leur arriver ou à leurs ancêtres qui n’étaient pas les bienvenus. » C’est un message puissant et nécessaire. La déshumanisation d’un groupe ne s’arrête jamais à ce groupe. Elle établit un précédent, normalise une rhétorique, crée un climat où n’importe qui peut devenir la prochaine cible. Les Italiens, les Irlandais, les Juifs, les Chinois, les Japonais — toutes ces communautés ont été vilipendées à différents moments de l’histoire américaine. Aujourd’hui, ce sont les Somaliens. Demain, ce pourrait être n’importe qui.
Mohamed souligne également que cette attaque contre sa communauté n’est pas seulement injuste, elle est aussi stratégiquement calculée. Trump sait exactement ce qu’il fait. Il cible une communauté qui n’est pas en position de se défendre efficacement, une communauté qui est déjà marginalisée et vulnérable. C’est de la lâcheté déguisée en force. C’est un homme puissant qui s’en prend aux faibles pour détourner l’attention de ses propres échecs. Et cela fonctionne parce que trop de gens restent silencieux, trop de gens regardent ailleurs, trop de gens pensent que cela ne les concerne pas. Mais cela nous concerne tous. Quand un président peut ouvertement déshumaniser une communauté entière sans faire face à des conséquences significatives, la démocratie elle-même est en danger. Quand la haine devient un outil politique acceptable, personne n’est en sécurité. La question n’est pas de savoir si vous êtes somalien ou non. La question est de savoir si vous croyez que tous les êtres humains méritent d’être traités avec dignité et respect, indépendamment de leur origine.
Mohamed a raison. Si nous laissons cela arriver aux Somaliens-Américains sans réagir, nous établissons un précédent terrifiant. Nous disons que c’est acceptable de déshumaniser des citoyens américains. Nous disons que le président peut cibler n’importe quelle communauté qu’il juge politiquement opportun d’attaquer. Où cela s’arrête-t-il ?
Le Minnesota : laboratoire de la répression
Quatre-vingt-quatre mille personnes dans le viseur
Le Minnesota abrite la plus grande population somalienne des États-Unis, avec environ quatre-vingt-quatre mille résidents dans la région de Minneapolis-Saint Paul. Cette communauté s’est développée au fil des décennies, créant un tissu social riche et des institutions communautaires solides. Selon le Bureau du recensement américain, près de cinquante-huit pour cent des Somaliens du Minnesota sont nés aux États-Unis. Parmi ceux nés à l’étranger, une écrasante majorité — quatre-vingt-sept pour cent — sont des citoyens américains naturalisés. Ces chiffres sont cruciaux pour comprendre l’absurdité et la cruauté des attaques de Trump. Il ne cible pas des immigrants illégaux. Il ne cible pas des personnes qui ont violé la loi. Il cible des citoyens américains, des gens qui ont le droit constitutionnel d’être ici, des gens qui ont construit leur vie dans ce pays. Près de la moitié de la population somalienne née à l’étranger au Minnesota est arrivée en 2010 ou après, fuyant la violence et l’instabilité dans leur pays d’origine. Ils sont venus légalement, en tant que réfugiés, accueillis par un pays qui prétendait offrir refuge aux opprimés.
Mais maintenant, ce même pays les traite comme des ennemis. Après les déclarations de Trump, les opérations d’immigration se sont intensifiées au Minnesota. Une source au sein des forces de l’ordre a révélé que l’ICE planifiait une opération ciblée dans la région de Minneapolis-Saint Paul, se concentrant principalement sur les immigrants somaliens vivant illégalement aux États-Unis. Bien que les responsables affirment ne pas cibler spécifiquement la communauté somalienne, le timing et le contexte rendent cette affirmation difficile à croire. Quand le président qualifie publiquement les Somaliens d’ordures et exige leur expulsion, puis que des opérations d’immigration ciblées commencent immédiatement dans les zones à forte population somalienne, il est naïf de penser qu’il n’y a pas de lien. Des vols transportant des détenus fédéraux ont quitté le Minnesota. Le profilage racial s’est amplifié. Les membres de la communauté rapportent être arrêtés et interrogés simplement en raison de leur apparence. L’atmosphère est celle de la peur et de la méfiance.
Les réactions des autorités locales
Face à cette escalade, certains responsables locaux ont pris position. Melvin Carter, maire de Saint Paul, a qualifié les commentaires de Trump de racistes, islamophobes et xénophobes dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux. « Quand le président répond par la division et le racisme, c’est anti-américain et contre tout ce que nous défendons », a-t-il déclaré. Jacob Frey, maire de Minneapolis, a déclaré que la ville était fière d’avoir la plus grande population somalienne du pays. Il a récemment signé un décret interdisant aux responsables fédéraux, étatiques et locaux d’utiliser les parkings, rampes, garages et terrains appartenant à la ville pour des opérations d’application de la loi en matière d’immigration. C’est un geste symbolique mais important, montrant que certains élus locaux sont prêts à résister à ce qu’ils considèrent comme une persécution injuste d’une communauté. Tim Walz, gouverneur démocrate du Minnesota et candidat à la vice-présidence en 2024, a également défendu la communauté somalienne. Lors d’une interview sur « Meet the Press », il a déclaré que « diaboliser toute une communauté sur les actions de quelques-uns, c’est paresseux ».
Walz a souligné que les Somaliens-Américains « sont venus ici en fuyant la guerre civile et ont créé une communauté dynamique qui rend le Minnesota et ce pays meilleurs ». Il a accusé Trump de « dévier, diaboliser, ne proposer aucune solution ». Ces déclarations de soutien sont importantes, mais elles ne peuvent pas effacer la peur que ressentent les membres de la communauté somalienne. Quand le président des États-Unis vous qualifie d’ordure et exige votre expulsion, les paroles rassurantes d’un maire ou d’un gouverneur ne suffisent pas à vous faire sentir en sécurité. La réalité est que le gouvernement fédéral a beaucoup plus de pouvoir que les autorités locales en matière d’immigration. Si l’administration Trump décide de cibler agressivement la communauté somalienne, il y a peu de choses que les responsables locaux peuvent faire pour l’arrêter. Ils peuvent offrir un soutien moral, ils peuvent rendre les choses plus difficiles sur le plan logistique, mais ils ne peuvent pas empêcher les agents fédéraux d’opérer dans leurs villes. C’est cette impuissance qui rend la situation si terrifiante pour les Somaliens-Américains du Minnesota et de l’Ohio.
Je pense à ces familles qui se réveillent chaque matin sans savoir si ce sera le jour où quelqu’un frappera à leur porte. Je pense à ces parents qui doivent expliquer à leurs enfants pourquoi le président les déteste. C’est une cruauté psychologique qui ne laissera pas de cicatrices visibles mais qui marquera ces gens pour toujours.
Ilhan Omar : cible privilégiée d'une obsession présidentielle
Une représentante dans la ligne de mire
Ilhan Omar est devenue le visage de la communauté somalienne-américaine, que cela lui plaise ou non. Élue au Congrès en 2019, cette démocrate progressiste représente le cinquième district du Minnesota, qui inclut Minneapolis. Née en Somalie, Omar a fui la guerre civile avec sa famille et a vécu dans un camp de réfugiés au Kenya avant d’arriver aux États-Unis et de devenir citoyenne. Son parcours incarne le rêve américain : une réfugiée qui devient membre du Congrès. Mais pour Trump, elle représente tout ce qu’il déteste. Elle est noire, musulmane, immigrée, progressiste, et elle n’a pas peur de le critiquer. Lors de la réunion du Cabinet du 2 décembre, Trump l’a spécifiquement ciblée avec une violence verbale choquante. « Ilhan Omar est une ordure. Ses amis sont des ordures », a-t-il déclaré. Il a exigé qu’elle soit « jetée dehors » des États-Unis, appelant ouvertement à l’expulsion d’une membre du Congrès en exercice. Cette attaque n’est pas nouvelle. En 2019, lors d’un rassemblement en Caroline du Nord, Trump avait attaqué Omar et d’autres membres du Congrès non blancs, suggérant qu’ils devraient « retourner » dans les pays d’où ils venaient. La foule avait scandé « Send her back » — renvoyez-la.
Omar a répondu aux dernières attaques de Trump avec un mélange de dédain et d’inquiétude. Sur les réseaux sociaux, elle a écrit : « Son obsession pour moi est effrayante. J’espère qu’il obtiendra l’aide dont il a désespérément besoin. » Lors d’une interview sur « Face the Nation » de CBS, elle a défendu sa communauté avec passion. « Ce sont des Américains qu’il appelle ‘ordures' », a-t-elle déclaré. « Je pense qu’il est également vraiment important pour nous de nous rappeler que ce genre de rhétorique haineuse — et ce niveau de déshumanisation — peut conduire à des actions dangereuses de la part de personnes qui écoutent le président. » Omar a raison de s’inquiéter. Les mots ont des conséquences. Quand le président des États-Unis déshumanise publiquement une communauté, cela donne la permission à d’autres de faire de même. Cela normalise la haine. Cela encourage la violence. Et l’histoire a montré à maintes reprises que la rhétorique déshumanisante est souvent le prélude à des actes de violence réels.
La stratégie politique derrière les attaques
Dans un éditorial publié dans le New York Times le 4 décembre, Omar a offert son analyse des motivations de Trump. Elle affirme que le président recourt à des attaques racistes parce que ses diverses promesses de campagne — y compris une meilleure économie américaine — ont échoué. « Alors que le président perd son temps à attaquer ma communauté, les promesses de prospérité économique qu’il a faites lors de sa campagne pour la présidence en 2024 ne se sont pas concrétisées », a écrit Omar. « Le président sait qu’il échoue, et donc il revient à ce qu’il connaît le mieux : essayer de détourner l’attention en attisant le sectarisme. » C’est une analyse perspicace. Trump a toujours utilisé la division et la peur comme outils politiques. Quand les choses vont mal, quand ses politiques échouent, quand les sondages baissent, il trouve un bouc émissaire. Il trouve une communauté vulnérable à blâmer pour les problèmes du pays. C’était les Mexicains pendant sa première campagne. C’était les musulmans après les attentats terroristes. C’étaient les Haïtiens de Springfield, Ohio, qu’il a faussement accusés de manger des animaux de compagnie. Et maintenant, ce sont les Somaliens.
Cette stratégie fonctionne parce qu’elle exploite les peurs et les préjugés existants. Elle offre des réponses simples à des problèmes complexes. L’économie va mal ? Ce n’est pas à cause de politiques économiques défaillantes, c’est à cause des immigrants qui « volent » les emplois. La criminalité augmente ? Ce n’est pas à cause de problèmes systémiques, c’est à cause de ces « autres » qui apportent la violence. En ciblant les Somaliens-Américains, Trump détourne l’attention de ses propres échecs tout en mobilisant sa base autour d’un ennemi commun. C’est cynique, c’est cruel, et c’est efficace. Mais cela a un coût humain énorme. Les dizaines de milliers de Somaliens-Américains qui vivent maintenant dans la peur ne sont pas des pions politiques. Ce sont des êtres humains avec des familles, des rêves, des espoirs. Ils méritent mieux que d’être utilisés comme outils de distraction par un président en difficulté. Ils méritent d’être traités avec la dignité et le respect que tout citoyen américain devrait recevoir.
Omar a du courage. Elle continue de se battre, de parler, de défendre sa communauté malgré les menaces constantes. Mais elle ne devrait pas avoir à le faire. Aucun membre du Congrès ne devrait avoir à défendre son droit d’exister dans le pays qu’il sert. C’est absurde et tragique.
Les allégations de fraude : instrumentalisation d'un scandale
Le cas « Feeding Our Future »
Une partie de la justification de Trump pour ses attaques contre la communauté somalienne repose sur des cas de fraude qui ont eu lieu au Minnesota. Le plus important est connu sous le nom de scandale « Feeding Our Future », que les procureurs fédéraux décrivent comme la plus grande affaire de fraude liée au COVID-19 du pays. L’organisation Feeding Our Future s’était associée à des agences d’État pour distribuer des repas aux enfants. Pendant la pandémie de COVID-19, les procureurs fédéraux allèguent que l’organisation a soumis de faux documents pour tromper les responsables gouvernementaux en leur faisant croire qu’ils servaient de la nourriture à des milliers d’enfants alors que ce n’était pas le cas. La fondatrice du groupe a été condamnée en mars 2025. Les procureurs ont récemment augmenté leur estimation des vols à trois cents millions de dollars, contre deux cent cinquante millions initialement, et le nombre de défendants est passé à soixante-dix-huit le mois dernier. Bien que la prétendue cerveau soit blanche, de nombreux défendants sont somaliens, et la plupart sont des citoyens américains.
Trump et d’autres responsables de l’administration ont saisi cette affaire pour justifier leurs attaques contre l’ensemble de la communauté somalienne. Le président a déclaré que « les Somaliens ont arnaqué cet État de milliards de dollars, des milliards, chaque année, des milliards de dollars, et ils ne contribuent à rien ». C’est une généralisation grossière et injuste. Oui, certains individus d’origine somalienne ont été impliqués dans des fraudes. Mais cela ne justifie en aucun cas de condamner toute une communauté de dizaines de milliers de personnes. C’est comme si on blâmait tous les Américains blancs pour les crimes commis par Bernie Madoff ou tous les Américains d’origine italienne pour les activités de la mafia. C’est du profilage racial pur et simple, et c’est profondément injuste. De plus, les républicains de la Chambre des représentants ont lancé une enquête visant la manière dont les cas de fraude ont été traités par Tim Walz, le gouverneur démocrate du Minnesota qui était le candidat à la vice-présidence de son parti lors de l’élection présidentielle de 2024 remportée par Trump. C’est clairement une manœuvre politique visant à embarrasser un adversaire démocrate.
Les allégations non prouvées de liens terroristes
L’administration Trump a franchi une étape supplémentaire en suggérant, sans preuves solides, que l’argent des contribuables impliqué dans les enquêtes sur la fraude au Minnesota a été détourné vers une organisation terroriste en Somalie. Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a déclaré que son département enquêtait pour savoir si l’argent des contribuables allait à al-Shabaab, une organisation terroriste en Somalie affiliée à al-Qaïda. Les républicains de la Chambre ont également repris ces allégations. Cependant, peu de preuves ont émergé jusqu’à présent pour prouver un lien. Les procureurs fédéraux n’ont accusé aucun des dizaines de défendants dans les récentes affaires de fraude aux programmes publics au Minnesota de fournir un soutien matériel à des organisations terroristes étrangères. Si un tel lien existait, il est certain que les procureurs l’auraient inclus dans les accusations, car c’est un crime fédéral grave. Ilhan Omar a abordé ces allégations lors de son interview sur CBS. « Il y a des gens qui ont été poursuivis et qui ont été condamnés », a-t-elle déclaré. « S’il y avait un lien dans cela — l’argent qu’ils avaient volé allant au terrorisme — alors c’est un échec du FBI et de notre système judiciaire de ne pas le découvrir et de ne pas les inculper de ces accusations. »
Omar a également abordé les allégations selon lesquelles certaines personnes impliquées dans la fraude auraient fait des dons à sa campagne. « Nous avons renvoyé cet argent il y a quelques années », a-t-elle déclaré. La réalité est que ces allégations de liens terroristes semblent être une tentative de l’administration Trump de justifier ses attaques contre la communauté somalienne en la liant au terrorisme. C’est une tactique classique : associer un groupe ethnique ou religieux au terrorisme pour justifier la discrimination et la persécution. Nous l’avons vu après le 11 septembre avec les musulmans américains en général. Nous le voyons maintenant spécifiquement avec les Somaliens-Américains. Mais sans preuves concrètes, ces allégations ne sont que de la diffamation. Elles contribuent à la déshumanisation d’une communauté entière et mettent en danger des dizaines de milliers de personnes innocentes. Il est important de noter qu’Omar elle-même a été parmi les premiers membres du Congrès à appeler à une enquête sur la fraude en question. Elle a qualifié la fraude de « répréhensible ». Elle ne défend pas les criminels. Elle défend les innocents qui sont injustement blâmés pour les crimes de quelques-uns.
Cette instrumentalisation de la fraude pour attaquer toute une communauté est révoltante. Oui, certains ont commis des crimes. Qu’ils soient poursuivis et punis. Mais pourquoi toute une communauté doit-elle payer pour les actions de quelques individus ? C’est de la justice collective, et c’est profondément anti-américain.
L'histoire se répète : xénophobie et immigration en Amérique
Les précédents historiques inquiétants
L’histoire américaine est jalonnée de périodes où des communautés d’immigrants ont été vilipendées, persécutées et discriminées. Les Irlandais au XIXe siècle étaient considérés comme des ivrognes violents qui menaçaient les valeurs américaines. Des panneaux « No Irish Need Apply » étaient courants. Les Italiens étaient associés au crime organisé et considérés comme racialement inférieurs. Les Chinois ont fait face à des lois d’exclusion explicites et à des violences de masse. Les Japonais-Américains ont été internés pendant la Seconde Guerre mondiale, leurs biens confisqués, leurs vies détruites, simplement en raison de leur origine ethnique. Les Juifs ont été confrontés à des quotas d’immigration et à un antisémitisme généralisé. À chaque fois, la rhétorique était la même : ces gens sont différents, ils ne s’intégreront jamais, ils menacent notre mode de vie, ils apportent la criminalité et la maladie. Et à chaque fois, avec le recul, nous reconnaissons que c’était mal, que c’était injuste, que c’était contraire aux valeurs américaines. Mais sur le moment, ces attitudes étaient largement acceptées, voire encouragées par les dirigeants politiques.
Ismail Mohamed, le représentant de l’État de l’Ohio, réfléchit à cette histoire. « Chaque communauté d’immigrants en Amérique a fait face à un certain rejet initial et à de l’hostilité », dit-il. « Ils ne sont pas assez américains, ou leur langue est différente, leur nourriture est bizarre. » Mais il souligne que vivre cette laideur de première main, et de la part du président lui-même, est particulièrement difficile à traiter. La différence aujourd’hui est que nous sommes censés avoir appris de l’histoire. Nous sommes censés savoir mieux. Nous avons des lois sur les droits civiques, des protections constitutionnelles, une compréhension plus nuancée de la diversité et de l’inclusion. Et pourtant, nous voyons le président des États-Unis utiliser une rhétorique qui aurait été parfaitement à sa place dans les années 1920 ou 1950. C’est un retour en arrière terrifiant, une régression vers des attitudes que nous pensions avoir dépassées. Et cela montre à quel point les progrès peuvent être fragiles, à quel point il est facile de revenir à la peur et à la haine quand un leader puissant les encourage.
Le danger de la normalisation
Ce qui rend la situation actuelle particulièrement dangereuse, c’est la normalisation de la rhétorique haineuse. Quand Trump a commencé sa première campagne présidentielle en qualifiant les Mexicains de violeurs et de criminels, beaucoup ont été choqués. Mais au fil du temps, ce type de langage est devenu banal. Nous nous y sommes habitués. Les médias le rapportent comme une simple « controverse » plutôt que comme ce qu’il est vraiment : une incitation à la haine. Les républicains au Congrès restent silencieux ou, pire, applaudissent. Et progressivement, ce qui était autrefois inacceptable devient la nouvelle norme. C’est ainsi que les démocraties meurent — non pas dans un coup d’État soudain, mais dans une érosion lente des normes et des valeurs. Quand nous acceptons qu’un président puisse ouvertement déshumaniser une communauté entière, nous établissons un précédent. Nous disons que c’est acceptable. Et une fois que c’est acceptable pour une communauté, cela peut devenir acceptable pour n’importe quelle communauté. C’est pourquoi Mohamed appelle tous les Américains à se lever et à dire que c’est mal.
« Si ce sont les Somaliens-Américains maintenant, ce sera une communauté différente la semaine prochaine », avertit-il. « J’espère que les Ohioiens qui ne sont pas somaliens peuvent simplement prendre du recul et imaginer ce qui nous arrive en train de leur arriver ou à leurs ancêtres qui n’étaient pas les bienvenus. » C’est un appel à l’empathie, à la solidarité, à la reconnaissance que nous sommes tous dans le même bateau. Quand nous permettons au gouvernement de persécuter un groupe, nous donnons au gouvernement le pouvoir de persécuter n’importe quel groupe. C’est une leçon que l’histoire nous a enseignée à maintes reprises, mais que nous semblons incapables de retenir. Le pasteur Martin Niemöller, qui a survécu aux camps de concentration nazis, a écrit ces mots célèbres : « D’abord ils sont venus pour les socialistes, et je n’ai rien dit parce que je n’étais pas socialiste. Puis ils sont venus pour les syndicalistes, et je n’ai rien dit parce que je n’étais pas syndicaliste. Puis ils sont venus pour les Juifs, et je n’ai rien dit parce que je n’étais pas juif. Puis ils sont venus pour moi, et il ne restait personne pour parler pour moi. » Ces mots résonnent aujourd’hui avec une urgence particulière.
Nous sommes à un moment charnière. Soit nous nous levons maintenant et disons que cette déshumanisation est inacceptable, soit nous laissons un précédent terrifiant s’installer. L’histoire nous jugera sur ce que nous faisons — ou ne faisons pas — en ce moment. Je ne veux pas être du côté de ceux qui sont restés silencieux.
L'impact psychologique : vivre sous la menace constante
La peur comme arme de contrôle social
Au-delà des conséquences juridiques et politiques, les attaques de Trump contre la communauté somalienne ont un impact psychologique dévastateur. Imaginez vivre chaque jour en sachant que le président de votre pays vous considère comme une ordure, qu’il veut vous expulser, qu’il a le pouvoir de mobiliser les forces de l’ordre fédérales contre vous. Cette peur n’est pas abstraite. Elle est viscérale, omniprésente, épuisante. Les parents doivent expliquer à leurs enfants pourquoi le président les déteste. Les jeunes doivent grandir en entendant le leader du monde libre dire qu’ils ne sont pas les bienvenus dans le seul pays qu’ils aient jamais connu. Les personnes âgées qui ont fui la guerre civile en Somalie se retrouvent à revivre le traumatisme de la persécution dans le pays qui était censé être leur refuge. Ismail Mohamed décrit des constituants qui ont peur de sortir de chez eux, surtout ceux qui ne parlent pas anglais et craignent de ne pas pouvoir prouver qu’ils sont des citoyens américains s’ils sont arrêtés. C’est une réalité cauchemardesque pour des gens qui devraient pouvoir vivre librement dans leur propre pays.
La peur affecte tous les aspects de la vie. Les gens évitent les espaces publics. Ils hésitent à aller à la mosquée, craignant d’être ciblés. Les parents gardent leurs enfants à la maison plutôt que de les laisser jouer dehors. Les entrepreneurs somaliens voient leur clientèle diminuer à mesure que la rhétorique anti-somalienne se répand. Les étudiants font face à une augmentation du harcèlement et de l’intimidation à l’école. Les professionnels craignent pour leur carrière, se demandant si leur origine ethnique deviendra un obstacle insurmontable. C’est une forme de terreur psychologique, et c’est exactement ce que Trump veut. En créant un climat de peur, il contrôle la communauté, il la rend docile, il la pousse à se cacher. Et pour ceux qui ne font pas partie de la communauté somalienne, cette peur sert d’avertissement : voilà ce qui peut vous arriver si vous déplaisez au président. C’est une tactique autoritaire classique, et elle fonctionne parce que la peur est une émotion puissante qui paralyse la résistance.
Les conséquences à long terme sur la santé mentale
Les experts en santé mentale avertissent que ce type de stress chronique peut avoir des conséquences dévastatrices à long terme. Le stress post-traumatique, l’anxiété, la dépression — toutes ces conditions sont exacerbées par la menace constante de persécution. Les enfants qui grandissent dans cet environnement de peur peuvent développer des problèmes de confiance, d’estime de soi, d’identité. Comment construire une identité positive quand le président de votre pays vous dit que vous êtes une ordure ? Comment développer un sentiment d’appartenance quand vous êtes constamment traité comme un étranger indésirable ? Ces questions ne sont pas théoriques. Elles ont des réponses réelles et douloureuses dans la vie de dizaines de milliers de jeunes Somaliens-Américains. Mohamed raconte avoir été contacté par un étudiant qui lui demandait : « Pourquoi le président m’appelle-t-il une ordure ? » C’est une question à laquelle aucun enfant ne devrait avoir à faire face. C’est une question qui n’a pas de bonne réponse parce que la prémisse elle-même est absurde et cruelle.
Les adultes aussi souffrent. Beaucoup de Somaliens-Américains ont déjà vécu des traumatismes — la guerre civile, les camps de réfugiés, la perte de proches, le déracinement. Ils sont venus en Amérique cherchant la sécurité et la paix. Et maintenant, ils se retrouvent à nouveau ciblés, à nouveau menacés, à nouveau traités comme des ennemis. C’est une trahison profonde qui réactive les anciens traumatismes et en crée de nouveaux. Les thérapeutes qui travaillent avec la communauté somalienne rapportent une augmentation des demandes d’aide, des symptômes d’anxiété et de dépression, des pensées suicidaires. C’est le coût humain réel de la rhétorique haineuse de Trump. Ce ne sont pas seulement des mots. Ce sont des armes qui blessent, qui détruisent, qui tuent parfois. Et les cicatrices qu’ils laissent ne sont pas toujours visibles, mais elles sont profondes et durables. Une génération entière de jeunes Somaliens-Américains grandira avec le souvenir que le président de leur pays les a appelés ordures. Quel impact cela aura-t-il sur leur relation avec l’Amérique, avec la démocratie, avec l’idée même de citoyenneté ?
Je pense à ces enfants et mon cœur se brise. Ils ne méritent pas ça. Personne ne mérite ça. La cruauté gratuite de Trump envers des innocents est peut-être l’aspect le plus révoltant de toute cette situation. Il blesse des enfants pour marquer des points politiques. C’est impardonnable.
Le rôle des médias : entre normalisation et résistance
La couverture médiatique des attaques de Trump
Les médias américains jouent un rôle crucial dans la façon dont les attaques de Trump contre la communauté somalienne sont perçues par le public. Malheureusement, une grande partie de la couverture médiatique a contribué à normaliser cette rhétorique haineuse en la traitant comme une simple « controverse politique » plutôt que comme ce qu’elle est vraiment : une incitation à la haine et une violation des normes démocratiques fondamentales. Les gros titres parlent de « commentaires controversés » ou de « remarques incendiaires », des euphémismes qui minimisent la gravité de ce qui se passe. Quand un président qualifie publiquement des citoyens américains d’ordures et exige leur expulsion, ce n’est pas « controversé » — c’est raciste, c’est dangereux, c’est anti-constitutionnel. Mais en utilisant un langage édulcoré, les médias permettent à Trump de franchir des lignes rouges sans faire face aux conséquences appropriées. Cette approche de « fausse équivalence » — où les médias présentent deux côtés d’une question comme également valables même quand l’un est clairement dans l’erreur — est particulièrement problématique dans ce contexte.
Certains médias donnent une plateforme aux défenseurs de Trump qui tentent de justifier ses attaques en citant les cas de fraude au Minnesota, créant ainsi l’impression qu’il y a un débat légitime sur la question de savoir si toute une communauté devrait être blâmée pour les crimes de quelques individus. Il n’y a pas de débat. C’est du profilage racial, point final. Heureusement, certains médias ont fait un meilleur travail en appelant les choses par leur nom. Des articles dans le Guardian, le New York Times, et d’autres publications ont explicitement qualifié les commentaires de Trump de racistes et ont souligné le danger qu’ils représentent. Ces médias ont donné la parole aux membres de la communauté somalienne, permettant à des gens comme Ismail Mohamed et Ilhan Omar de raconter leurs histoires et d’expliquer l’impact réel de ces attaques. Mais ces voix sont souvent noyées dans le bruit constant du cycle d’information, où chaque nouvelle controverse de Trump chasse la précédente de l’actualité. C’est une stratégie délibérée de l’administration : créer tellement de scandales que le public ne peut pas se concentrer sur un seul assez longtemps pour exiger des comptes.
La responsabilité journalistique face à la haine
Les journalistes ont une responsabilité particulière dans ce contexte. Ils ne peuvent pas se contenter de rapporter ce que Trump dit sans contexte ni analyse critique. Ils doivent expliquer pourquoi c’est important, quelles sont les conséquences, comment cela s’inscrit dans des schémas historiques plus larges de xénophobie et de racisme. Ils doivent donner la parole aux personnes affectées, pas seulement aux politiciens qui commentent de loin. Ils doivent suivre les histoires au-delà du cycle d’information immédiat, documenter l’impact à long terme, tenir les responsables politiques pour responsables. Malheureusement, beaucoup de médias échouent à cette tâche. Ils sont pris dans la logique du « clickbait », où les titres sensationnels et les controverses génèrent du trafic mais ne fournissent pas la profondeur et le contexte nécessaires pour vraiment comprendre ce qui se passe. Ils sont également contraints par des considérations commerciales et politiques qui les empêchent parfois de prendre des positions claires contre l’injustice.
Mais il y a des exceptions. Des journalistes courageux continuent de faire un travail important, de creuser les histoires, de donner la parole aux sans-voix, de tenir le pouvoir pour responsable. Ce sont ces journalistes qui nous rappellent pourquoi une presse libre est essentielle à la démocratie. Sans eux, les abus de pouvoir passeraient inaperçus, les victimes resteraient invisibles, les mensonges deviendraient des vérités acceptées. Dans le cas des attaques de Trump contre la communauté somalienne, les médias ont le devoir de ne pas simplement rapporter les faits, mais de les contextualiser, de les analyser, de montrer les conséquences humaines réelles. Ils doivent résister à la tentation de la normalisation, de traiter chaque nouvelle atrocité comme juste une autre journée dans l’administration Trump. Parce que ce n’est pas normal. Ce ne devrait jamais être normal. Et si nous laissons cela devenir normal, nous aurons échoué en tant que société, en tant que démocratie, en tant qu’êtres humains capables d’empathie et de compassion.
Les médias ont un pouvoir énorme. Ils peuvent normaliser ou dénoncer. Ils peuvent amplifier ou contextualiser. Ils peuvent être complices ou résistants. En ce moment, nous avons besoin qu’ils choisissent la résistance. Nous avons besoin qu’ils appellent le racisme par son nom, qu’ils montrent les visages des victimes, qu’ils refusent de traiter la haine comme une simple opinion politique.
Les alliés et la solidarité : qui se lève pour les Somaliens-Américains ?
Les voix qui s’élèvent contre l’injustice
Face aux attaques de Trump, certains leaders politiques et communautaires ont pris position en faveur de la communauté somalienne. Melvin Carter, maire de Saint Paul, a qualifié les commentaires de Trump de racistes, islamophobes et xénophobes. Jacob Frey, maire de Minneapolis, a déclaré que la ville était fière d’avoir la plus grande population somalienne du pays et a signé un décret limitant la coopération de la ville avec les opérations d’immigration fédérales. Tim Walz, gouverneur du Minnesota, a défendu la communauté somalienne et a critiqué Trump pour avoir « diabolisé toute une communauté sur les actions de quelques-uns ». Ces déclarations sont importantes. Elles montrent que tous les leaders politiques ne sont pas complices du racisme de Trump. Elles offrent un soutien moral à une communauté assiégée. Elles envoient le message que certains Américains croient encore aux valeurs d’égalité et de justice. Mais ces voix sont trop peu nombreuses et trop faibles face à la puissance de la présidence. Où sont les républicains modérés qui devraient dénoncer ces attaques ? Où sont les leaders religieux qui prêchent l’amour du prochain ? Où sont les chefs d’entreprise qui bénéficient du travail des immigrants ?
Le silence de la majorité est assourdissant. Beaucoup de gens sont mal à l’aise avec la rhétorique de Trump, mais peu sont prêts à prendre position publiquement. Certains craignent les répercussions politiques. D’autres pensent que ce n’est pas leur combat. D’autres encore sont simplement indifférents au sort d’une communauté qu’ils ne connaissent pas. Mais comme l’a dit Ismail Mohamed, « Si ce sont les Somaliens-Américains maintenant, ce sera une communauté différente la semaine prochaine. » La solidarité n’est pas seulement une question de moralité, c’est aussi une question d’intérêt personnel bien compris. Quand nous permettons au gouvernement de persécuter un groupe, nous établissons un précédent qui peut être utilisé contre n’importe quel groupe. C’est pourquoi il est crucial que des gens de tous horizons — blancs, noirs, latinos, asiatiques, chrétiens, juifs, musulmans, athées — se lèvent et disent que c’est inacceptable. La communauté somalienne ne peut pas se battre seule contre la puissance du gouvernement fédéral. Elle a besoin d’alliés, de gens qui sont prêts à utiliser leur privilège et leur pouvoir pour défendre ceux qui sont vulnérables.
Les organisations de défense des droits civiques en action
Plusieurs organisations de défense des droits civiques se sont mobilisées pour soutenir la communauté somalienne. L’ACLU (American Civil Liberties Union) a publié des déclarations condamnant les attaques de Trump et offrant une assistance juridique aux personnes ciblées par les opérations d’immigration. Le Council on American-Islamic Relations (CAIR) a organisé des sessions d’information pour aider les membres de la communauté à connaître leurs droits. Des groupes locaux à Columbus et Minneapolis ont mis en place des réseaux de soutien, offrant tout, de l’aide juridique à l’accompagnement psychologique. Ces efforts sont essentiels, mais ils sont aussi révélateurs de l’échec du système. Dans une démocratie fonctionnelle, les citoyens ne devraient pas avoir besoin de l’aide d’organisations de défense des droits civiques pour se protéger contre leur propre gouvernement. Ils ne devraient pas avoir à apprendre leurs droits constitutionnels par peur d’être arrêtés arbitrairement. Ils ne devraient pas avoir besoin de soutien psychologique parce que le président les a qualifiés d’ordures.
Mais c’est la réalité dans laquelle nous vivons. Et dans cette réalité, ces organisations jouent un rôle vital. Elles offrent non seulement une aide pratique, mais aussi un message d’espoir : vous n’êtes pas seuls, il y a des gens qui se soucient de vous, qui se battront pour vous. Ce message est crucial pour une communauté qui se sent assiégée et abandonnée. Il rappelle que l’Amérique n’est pas seulement Trump et ses partisans. Il y a aussi des millions de personnes qui croient en la justice, en l’égalité, en la dignité humaine. Ces personnes doivent se faire entendre plus fort. Elles doivent transformer leur sympathie en action, leur indignation en mobilisation. Parce que la sympathie sans action ne change rien. L’indignation sans mobilisation ne protège personne. Si nous voulons vraiment soutenir la communauté somalienne, nous devons faire plus que publier des messages sur les réseaux sociaux ou hocher la tête avec désapprobation. Nous devons nous organiser, manifester, voter, faire pression sur nos élus, soutenir financièrement les organisations qui font le travail sur le terrain. Nous devons faire de la défense des Somaliens-Américains une priorité politique, pas juste une cause secondaire.
La solidarité n’est pas un sentiment, c’est une action. C’est facile de dire qu’on est contre le racisme. C’est plus difficile de se lever et de faire quelque chose à ce sujet. Mais c’est ce que le moment exige. Les Somaliens-Américains ont besoin d’alliés qui sont prêts à prendre des risques, à utiliser leur privilège, à se battre. Êtes-vous prêt à être cet allié ?
Les implications constitutionnelles : quand le président viole ses serments
Le serment présidentiel et ses obligations
Lorsqu’un président prête serment, il jure de « préserver, protéger et défendre la Constitution des États-Unis ». Cette Constitution garantit l’égalité de protection devant la loi à tous les citoyens, indépendamment de leur race, religion ou origine nationale. Elle interdit la discrimination basée sur ces caractéristiques. Elle protège la liberté d’expression, de religion, d’association. Quand Trump qualifie publiquement des citoyens américains d’ordures en raison de leur origine ethnique et exige leur expulsion, il viole son serment présidentiel. Il viole les principes fondamentaux de la Constitution qu’il a juré de défendre. Il utilise le pouvoir de sa fonction pour persécuter une communauté vulnérable, ce qui est exactement le type d’abus de pouvoir que les Pères fondateurs cherchaient à prévenir. Le Quatorzième Amendement garantit que « aucun État ne doit refuser à quiconque relevant de sa juridiction l’égale protection des lois ». Cette clause a été interprétée par les tribunaux comme s’appliquant également au gouvernement fédéral. En ciblant spécifiquement les Somaliens-Américains pour la persécution, Trump viole cette garantie constitutionnelle.
Le Premier Amendement protège la liberté de religion. En attaquant les Somaliens, qui sont majoritairement musulmans, Trump s’engage dans une discrimination religieuse qui est clairement inconstitutionnelle. Les tribunaux ont déjà bloqué certaines de ses politiques anti-musulmanes, comme l’interdiction de voyager initiale, au motif qu’elles violaient le Premier Amendement. Ses attaques actuelles contre les Somaliens-Américains sont tout aussi problématiques d’un point de vue constitutionnel. Mais au-delà des questions juridiques spécifiques, il y a une question plus large de normes démocratiques. Dans une démocratie, les leaders sont censés représenter tous les citoyens, pas seulement ceux qui ont voté pour eux. Ils sont censés protéger les minorités contre la tyrannie de la majorité. Ils sont censés utiliser leur pouvoir de manière responsable et éthique. Trump fait exactement le contraire. Il utilise son pouvoir pour attaquer une minorité vulnérable. Il encourage la division et la haine. Il normalise le racisme et la xénophobie. C’est une trahison de la confiance publique et une violation des normes les plus fondamentales de la gouvernance démocratique.
Les recours juridiques possibles
Face à ces violations constitutionnelles, quels sont les recours juridiques disponibles ? En théorie, il y en a plusieurs. Les organisations de défense des droits civiques peuvent intenter des poursuites contestant les politiques discriminatoires de l’administration Trump. Les tribunaux peuvent émettre des injonctions bloquant les opérations d’immigration qui ciblent spécifiquement les Somaliens. Le Congrès peut tenir des audiences, enquêter sur les abus, et même engager une procédure de destitution si les violations sont suffisamment graves. Mais en pratique, ces recours sont limités. Les tribunaux sont lents, et les cas peuvent prendre des années à être résolus. Pendant ce temps, les gens souffrent. Le Congrès est divisé, avec les républicains contrôlant la Chambre et peu disposés à tenir Trump pour responsable. Et même si des poursuites réussissent, Trump a montré à maintes reprises qu’il est prêt à ignorer les décisions judiciaires ou à trouver des moyens de les contourner. De plus, les dommages causés par la rhétorique haineuse ne peuvent pas être réparés par les tribunaux. Vous ne pouvez pas poursuivre le président pour avoir blessé les sentiments des gens ou pour avoir créé un climat de peur. Ces dommages sont réels, mais ils ne sont pas justiciables.
C’est pourquoi la résistance politique est tout aussi importante que les recours juridiques. Les électeurs doivent tenir les politiciens responsables de leur complicité avec le racisme de Trump. Les manifestations et l’activisme doivent maintenir la pression sur l’administration. Les médias doivent continuer à documenter les abus et à donner la parole aux victimes. Et les citoyens ordinaires doivent refuser de normaliser ce qui se passe, refuser d’accepter que c’est juste « la politique comme d’habitude ». Parce que ce n’est pas normal. Ce n’est pas acceptable. Et si nous laissons cela devenir la nouvelle norme, nous aurons perdu quelque chose d’essentiel sur ce que signifie être américain. La Constitution n’est qu’un morceau de papier si les gens ne sont pas prêts à se battre pour les principes qu’elle incarne. Les droits civiques ne sont pas automatiques ; ils doivent être défendus constamment contre ceux qui chercheraient à les éroder. Et en ce moment, les Somaliens-Américains ont besoin que tous les Américains qui croient en la Constitution se lèvent et disent : pas en notre nom, pas dans notre pays, pas maintenant, pas jamais.
La Constitution est censée nous protéger tous. Mais elle ne peut le faire que si nous la défendons. Quand le président lui-même viole la Constitution, c’est à nous, les citoyens, de la faire respecter. C’est notre responsabilité, notre devoir, notre obligation morale. Nous ne pouvons pas compter sur les institutions pour nous sauver. Nous devons nous sauver nous-mêmes.
L'avenir incertain : que réserve demain pour les Somaliens-Américains ?
Les scénarios possibles
Alors que la communauté somalienne de l’Ohio et du Minnesota vit dans la peur, la question qui hante tout le monde est : que va-t-il se passer ensuite ? Plusieurs scénarios sont possibles, et aucun n’est rassurant. Dans le pire des cas, l’administration Trump intensifie ses opérations d’immigration, ciblant agressivement les Somaliens-Américains à travers le pays. Des milliers de personnes pourraient être arrêtées, détenues, et potentiellement expulsées, même si beaucoup sont des citoyens américains. Les erreurs seraient inévitables — des citoyens confondus avec des immigrants sans papiers, des familles séparées, des vies détruites. La rhétorique haineuse de Trump pourrait également inspirer des actes de violence. Des mosquées pourraient être attaquées. Des individus somaliens pourraient être agressés dans la rue. Nous avons déjà vu ce schéma se répéter : la rhétorique présidentielle déshumanisante est suivie d’une augmentation des crimes de haine. C’est ce qui s’est passé après les attaques de Trump contre les musulmans, contre les Mexicains, contre les Haïtiens. Il n’y a aucune raison de penser que ce sera différent cette fois.
Dans un scénario légèrement moins catastrophique, les opérations d’immigration restent limitées, mais le climat de peur persiste. Les Somaliens-Américains continuent de vivre dans l’anxiété, limitant leurs mouvements, évitant les espaces publics, se sentant comme des citoyens de seconde classe dans leur propre pays. L’impact psychologique à long terme serait dévastateur, particulièrement pour les jeunes qui grandissent en entendant le président les appeler ordures. Dans le meilleur des cas — qui semble malheureusement peu probable — il y aurait un retour de bâton politique significatif contre Trump. Les républicains modérés se lèveraient et dénonceraient ses attaques. Les tribunaux bloqueraient les politiques discriminatoires. Les électeurs puniraient les politiciens complices lors des prochaines élections. La communauté somalienne recevrait un soutien massif de la part d’alliés à travers le pays. Mais pour que ce scénario se réalise, il faudrait un niveau de courage politique et de mobilisation citoyenne que nous n’avons pas encore vu. Il faudrait que des millions d’Américains décident que c’en est assez, que cette ligne ne peut pas être franchie, que la dignité humaine est non négociable.
L’appel à l’action collective
Quel que soit le scénario qui se déroule, une chose est claire : l’avenir de la communauté somalienne-américaine — et en fait, l’avenir de la démocratie américaine elle-même — dépend de ce que nous faisons maintenant. Le silence n’est pas une option. L’indifférence n’est pas acceptable. Nous sommes à un moment où chaque personne doit décider de quel côté de l’histoire elle veut être. Ismail Mohamed a lancé un appel puissant à tous les Américains : « J’espère que les Ohioiens qui ne sont pas somaliens peuvent simplement prendre du recul et imaginer ce qui nous arrive en train de leur arriver ou à leurs ancêtres qui n’étaient pas les bienvenus. » C’est un appel à l’empathie, à la solidarité, à la reconnaissance de notre humanité commune. Mais l’empathie seule ne suffit pas. Nous avons besoin d’action. Nous avons besoin que les gens contactent leurs représentants au Congrès et exigent qu’ils dénoncent les attaques de Trump. Nous avons besoin que les gens manifestent, qu’ils organisent, qu’ils votent. Nous avons besoin que les gens soutiennent financièrement les organisations qui défendent les droits des immigrants et des minorités.
Nous avons besoin que les gens utilisent leur voix, leur plateforme, leur privilège pour amplifier les histoires des Somaliens-Américains. Nous avons besoin que les leaders religieux prêchent contre la haine depuis leurs chaires. Nous avons besoin que les chefs d’entreprise refusent de soutenir les politiciens qui déshumanisent leurs employés et leurs clients. Nous avons besoin que les éducateurs enseignent à leurs élèves l’histoire de la xénophobie en Amérique et les dangers de la rhétorique déshumanisante. Nous avons besoin que les artistes créent des œuvres qui humanisent les Somaliens-Américains et montrent leur contribution à la société. Nous avons besoin que les voisins tendent la main aux familles somalienne de leur communauté et offrent leur soutien. Chaque personne a un rôle à jouer. Chaque action compte. Parce que c’est ainsi que les mouvements se construisent — une personne à la fois, une action à la fois, jusqu’à ce qu’il y ait une masse critique de gens qui disent : non, nous ne tolérerons pas cela. Et c’est seulement quand nous atteignons ce point que le changement devient possible. L’histoire nous montre que les mouvements de droits civiques réussissent quand des gens ordinaires décident de faire des choses extraordinaires, de prendre des risques, de se lever pour ce qui est juste même quand c’est difficile ou dangereux.
Nous sommes à un carrefour. Un chemin mène vers une Amérique plus sombre, plus divisée, plus cruelle. L’autre mène vers une Amérique qui honore ses idéaux, qui protège ses citoyens les plus vulnérables, qui refuse de laisser la haine définir qui nous sommes. Quel chemin allons-nous choisir ? La réponse dépend de chacun d’entre nous.
Conclusion : le test de notre humanité collective
Ce que cette crise révèle sur l’Amérique
Les attaques de Trump contre la communauté somalienne-américaine ne sont pas seulement une question de politique d’immigration ou de rhétorique présidentielle. Elles sont un test de notre humanité collective, un révélateur de qui nous sommes vraiment en tant que nation. Quand le président des États-Unis qualifie publiquement des citoyens américains d’ordures en raison de leur origine ethnique, quand il exige leur expulsion, quand il utilise le pouvoir du gouvernement fédéral pour les persécuter, il nous force tous à prendre position. Nous ne pouvons pas prétendre que cela ne nous concerne pas. Nous ne pouvons pas regarder ailleurs. Nous ne pouvons pas nous cacher derrière l’excuse que « c’est juste de la politique ». Parce que ce n’est pas de la politique. C’est de la déshumanisation. C’est du racisme. C’est une violation des principes les plus fondamentaux sur lesquels ce pays a été fondé. Et si nous laissons cela se produire sans résistance significative, nous serons tous complices. L’histoire jugera cette période, et elle jugera chacun d’entre nous sur ce que nous avons fait — ou n’avons pas fait — face à cette injustice flagrante.
Ce qui se passe en ce moment à Columbus, Ohio, et à Minneapolis, Minnesota, révèle des vérités inconfortables sur l’Amérique contemporaine. Cela révèle que le racisme n’est pas un vestige du passé, mais une force vivante et active dans notre politique. Cela révèle que les institutions démocratiques sont plus fragiles que nous ne le pensions, vulnérables à l’abus par un leader autoritaire. Cela révèle que trop de gens sont prêts à rester silencieux face à l’injustice tant qu’elle ne les affecte pas directement. Mais cela révèle aussi qu’il y a des gens courageux comme Ismail Mohamed et Ilhan Omar qui sont prêts à se battre, à résister, à défendre leur communauté malgré les risques personnels. Cela révèle qu’il y a des leaders locaux comme les maires de Minneapolis et Saint Paul qui sont prêts à prendre position contre le gouvernement fédéral. Cela révèle qu’il y a des organisations de défense des droits civiques qui continuent le travail essentiel de protection des vulnérables. Et cela révèle qu’il y a des millions d’Américains ordinaires qui sont mal à l’aise avec ce qui se passe, même s’ils ne savent pas toujours comment agir. C’est sur ces personnes que repose l’espoir.
Un appel final à la conscience américaine
Soixante mille personnes à Columbus, Ohio, vivent dans la terreur parce que le président de leur pays les a qualifiées d’ordures. Quatre-vingt-quatre mille personnes au Minnesota se demandent si elles seront les prochaines à être arrêtées, détenues, expulsées. Des centaines de milliers de Somaliens-Américains à travers le pays se sentent trahis par le pays qu’ils considéraient comme leur foyer. Ce n’est pas acceptable. Ce ne devrait jamais être acceptable. Et pourtant, cela se produit, ici et maintenant, dans l’Amérique de 2025. La question qui nous hante tous devrait être : comment en sommes-nous arrivés là ? Comment avons-nous permis qu’un président puisse ouvertement déshumaniser une communauté entière sans faire face à des conséquences immédiates et sévères ? Comment avons-nous normalisé la haine au point qu’elle est devenue un outil politique acceptable ? Et plus important encore : que allons-nous faire à ce sujet ? Ismail Mohamed a dit quelque chose de profondément vrai : « Si ce sont les Somaliens-Américains maintenant, ce sera une communauté différente la semaine prochaine. » La persécution ne s’arrête jamais à un seul groupe. Elle établit un précédent, crée un climat, ouvre la porte à de nouvelles atrocités.
C’est pourquoi chaque Américain, quelle que soit son origine, devrait se sentir concerné par ce qui arrive aux Somaliens-Américains. Parce que si nous laissons cela se produire, nous disons que c’est acceptable de cibler n’importe quelle communauté pour des raisons politiques. Nous disons que la dignité humaine est négociable. Nous disons que certaines vies comptent moins que d’autres. Et une fois que nous avons dit cela, nous avons perdu quelque chose d’essentiel sur ce que signifie être humain. L’Amérique se trouve à un carrefour. Un chemin mène vers une société plus juste, plus inclusive, plus compatissante. L’autre mène vers la division, la haine, l’autoritarisme. Nous ne pouvons pas prendre les deux chemins. Nous devons choisir. Et ce choix se fait maintenant, dans les actions que nous prenons ou ne prenons pas face à la persécution des Somaliens-Américains. L’histoire nous regarde. Nos enfants nous regardent. Notre conscience nous regarde. Que allons-nous faire ? Allons-nous nous lever et dire que cela suffit, que nous ne tolérerons pas la déshumanisation de nos concitoyens ? Ou allons-nous rester silencieux et devenir complices de l’injustice ? Le choix nous appartient. Et ce choix définira qui nous sommes en tant que nation, en tant que société, en tant qu’êtres humains.
Je termine cet article avec le cœur lourd mais l’esprit déterminé. Ce qui arrive aux Somaliens-Américains est une tragédie, mais ce n’est pas une fatalité. Nous pouvons changer le cours des événements si nous agissons maintenant, ensemble, avec courage et conviction. Chaque voix compte. Chaque action compte. Chaque personne qui refuse de rester silencieuse compte. Nous avons le pouvoir de créer le changement. La question est : allons-nous l’utiliser ? Pour les soixante mille personnes qui vivent dans la peur à Columbus, pour les quatre-vingt-quatre mille au Minnesota, pour tous les Somaliens-Américains qui se demandent s’ils ont encore leur place dans ce pays — nous devons agir. Nous leur devons cela. Nous nous devons cela. Parce qu’au final, la façon dont nous traitons les plus vulnérables parmi nous définit qui nous sommes vraiment. Et je refuse d’accepter que nous soyons un peuple qui tolère la haine, qui normalise la cruauté, qui reste silencieux face à l’injustice. Nous sommes meilleurs que ça. Nous devons être meilleurs que ça. L’avenir en dépend.
Sources primaires
Raw Story, « Rampant fear in this red state shows the true danger of Trump’s vile racist attacks », Marilou Johanek, 11 décembre 2025. NBC News, « Trump calls Ilhan Omar ‘garbage’ and says Somalis should ‘go back to where they came from' », Dareh Gregorian, 2 décembre 2025. The Guardian, « Ilhan Omar calls Trump’s anti-Somali tirade ‘completely disgusting' », José Olivares, 7 décembre 2025. PBS NewsHour, « 5 things to know about the Somali community in Minnesota after Trump’s attacks », Steve Karnowski, 3 décembre 2025. The New York Times, « Trump Somali remarks show escalating racism in his administration », décembre 2025. Reuters, « Trump ‘garbage’ rhetoric about Somalis draws cheers from administration, silence », 4 décembre 2025.
Sources secondaires
U.S. Census Bureau, American Community Survey, données démographiques sur la population somalienne aux États-Unis, 2024. Al Jazeera, « From Mogadishu to Minneapolis, Somalis reject Trump’s bigoted remarks », 4 décembre 2025. NPR, « Trump launches fresh attacks from familiar playbook with tirade on Somali immigrants », 4 décembre 2025. Star Tribune, « Trump’s ‘garbage’ comments threaten GOP inroads in Minnesota Somali community », décembre 2025. Minnesota Reformer, « Minnesota DFL leaders respond to Trump’s attacks on Somali Minnesotans », 24 novembre 2025. The Hill, « Trump’s Racial Slurs Spark Outrage During Holiday Season », décembre 2025. Boston Globe, « Trump Somali remarks show escalating racism in his administration », 9 décembre 2025.
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