Les visites du vice-président
Tout a commencé en août 2025, lorsque JD Vance a posé le pied à Indianapolis pour la première fois. Le vice-président, originaire de l’Ohio voisin, connaissait bien le Midwest et ses codes. Sa mission était simple en apparence : convaincre les législateurs républicains de l’Indiana d’adopter un nouveau découpage électoral. À cette époque, le Texas était encore en train de finaliser sa propre carte, et la Californie démocrate préparait sa riposte. Vance est arrivé avec des arguments rodés : la loyauté au parti, la nécessité de contrer les démocrates, l’importance stratégique pour les midterms. Il a rencontré les leaders républicains, dont le président pro tempore du Sénat Rodric Bray et le speaker de la Chambre Todd Huston. Les discussions se sont déroulées à huis clos, mais le message était limpide : Washington attendait des résultats. Peu après cette première visite, les téléphones des électeurs de l’Indiana ont commencé à sonner. Des appels automatisés d’un groupe obscur nommé Forward America exhortaient les citoyens à contacter leurs élus pour réclamer le redécoupage.
En octobre, Vance est revenu. Cette fois, l’atmosphère était différente. Plus tendue. Plus urgente. Les résistances au sein du Sénat républicain de l’Indiana commençaient à se cristalliser. Certains sénateurs exprimaient ouvertement leurs doutes. Leurs électeurs, disaient-ils, n’étaient pas favorables à cette manœuvre. Vance a multiplié les rencontres, tentant de rallier les indécis. Il a été rejoint par le sénateur fédéral Jim Banks et d’autres membres de la délégation congressionnelle républicaine de l’Indiana. Ensemble, ils ont fait pression sur les législateurs d’État, invoquant la loyauté partisane et les enjeux nationaux. Mais quelque chose ne passait pas. Les Hoosiers—c’est ainsi qu’on appelle les habitants de l’Indiana—n’appréciaient guère qu’on leur dicte leur conduite depuis Washington. La sénatrice républicaine Sue Glick le formulera plus tard avec une franchise désarmante : « Vous devez connaître les Hoosiers. On ne peut pas nous intimider, on n’aime pas ça. »
Trump entre en scène
Fin août, Rodric Bray et Todd Huston se sont retrouvés dans le Bureau ovale. Face à eux, Donald Trump en personne. La rencontre n’a pas été rendue publique dans ses détails, mais un représentant d’État a confié à un ami que le message de Washington était sans équivoque : « Ce n’est pas optionnel. » Trump voulait ce redécoupage. Il le voulait maintenant. Et il ne tolérerait aucune résistance. En octobre, le président est allé plus loin en téléphonant directement lors d’une réunion du caucus républicain du Sénat. Les sénateurs ont écouté, certains avec attention, d’autres avec un malaise croissant. Trump leur a parlé de loyauté, de l’importance de maintenir la majorité républicaine à la Chambre des représentants, des conséquences d’un échec. Mais ses mots, aussi persuasifs soient-ils, se heurtaient à une réalité têtue : beaucoup de ces sénateurs entendaient un message différent de leurs électeurs.
Le gouverneur Mike Braun, élu en 2024 et achevant sa première année au pouvoir, s’est rapidement aligné sur la position de Trump. Fin octobre, il a convoqué une session législative spéciale consacrée au redécoupage, malgré les signaux d’alarme envoyés par Bray qui affirmait ne pas avoir les votes nécessaires au Sénat. Braun, ancien sénateur fédéral lui-même, comprenait les enjeux nationaux. Il a publiquement soutenu l’effort de redécoupage et a même laissé entendre qu’il pourrait soutenir un défi au leadership de Bray si celui-ci continuait à faire obstruction. La pression montait de toutes parts. Des groupes conservateurs comme le Club for Growth ont commencé à diffuser des publicités télévisées en octobre, présentant le redécoupage comme une réponse nécessaire aux manœuvres des États démocrates. Turning Point USA, l’organisation fondée par Charlie Kirk, a envoyé une « équipe de frappe » venue de l’extérieur de l’État pour faire du lobbying auprès des législateurs.
Il y a quelque chose de profondément troublant dans cette escalade. Regardez la chronologie : août, première visite de Vance. Octobre, deuxième visite. Appel téléphonique de Trump. Session spéciale convoquée. Publicités qui inondent les ondes. Groupes de pression qui débarquent. C’est une machine de guerre qui se met en branle. Une machine implacable, méthodique, écrasante. Et face à elle, quoi? Des sénateurs d’État. Des hommes et des femmes qui représentent des circonscriptions locales, qui connaissent leurs voisins par leur prénom, qui vont à l’église le dimanche avec leurs électeurs. Comment résister quand le président des États-Unis vous appelle personnellement? Quand le vice-président fait le déplacement deux fois? Quand votre propre gouverneur vous menace? La plupart auraient cédé. La plupart ont cédé dans d’autres États. Mais pas en Indiana. Pas cette fois.
Les menaces se précisent
À mesure que novembre avançait, il devenait évident que le Sénat de l’Indiana ne suivrait pas docilement. Le 15 novembre, Rodric Bray a lâché une bombe : le Sénat ne se réunirait pas pour examiner le redécoupage car il n’y avait pas assez de votes favorables. C’était un camouflet public pour Trump et ses alliés. La réaction ne s’est pas fait attendre. Trump a immédiatement pris son clavier sur Truth Social, sa plateforme de médias sociaux, pour dénoncer Bray. « Dans tout les États-Unis d’Amérique, républicain ou démocrate, seul le sénateur d’État ‘républicain’ de l’Indiana Rod Bray, un RINO complet et total, s’oppose au redécoupage dans le but d’obtenir des sièges supplémentaires au Congrès », a écrit Trump. « Les Rod Bray de la politique sont FAIBLES et PATHÉTIQUES. » Le terme RINO—Republican In Name Only, républicain de nom seulement—est l’une des insultes favorites de Trump pour désigner ceux qu’il considère comme des traîtres au parti.
Mais Trump n’en est pas resté aux mots. Il a explicitement menacé de soutenir des challengers lors des primaires républicaines contre Bray et tout autre sénateur qui s’opposerait au redécoupage. « Je soutiendrai certainement quiconque voudra se présenter contre lui », a-t-il déclaré. Ces menaces n’étaient pas vaines. Dans le système politique américain, les primaires républicaines sont souvent plus déterminantes que l’élection générale dans les États profondément rouges comme l’Indiana. Un challenger soutenu par Trump, avec l’argent et la machine médiatique qui l’accompagnent, peut facilement renverser un élu en place. Bray, qui ne sera pas réélu avant 2028, savait qu’il avait deux ans et demi pour affronter cette menace. D’autres sénateurs, avec des échéances plus proches, ressentaient une pression encore plus intense. Le Club for Growth, un groupe conservateur influent, a intensifié ses dépenses publicitaires, attaquant nommément les sénateurs réticents.
La violence s’invite dans le débat
Mi-novembre, le débat a franchi une ligne rouge. Le sénateur Greg Goode, qui était publiquement indécis sur le redécoupage, a été victime d’une tentative de swatting. Cette pratique consiste à faire un faux signalement aux forces de l’ordre pour déclencher une intervention policière armée au domicile de la victime. Dans le cas de Goode, quelqu’un a appelé la police en prétendant qu’il avait assassiné sa femme et son enfant. Les forces spéciales ont défoncé sa porte d’entrée et l’ont mis en joue avec des armes. L’incident s’est produit quelques heures seulement après que Trump l’eut qualifié de RINO sur les réseaux sociaux. Goode n’a pas été le seul. Au total, au moins quatorze élus républicains de l’Indiana ont déclaré avoir fait face à des menaces similaires dans les semaines précédant le vote. La sénatrice Jean Leising, 76 ans, conservatrice de longue date et supportrice de Trump, a été la cible d’une menace à la bombe artisanale. Le sénateur Dan Dernulc a été victime de multiples tentatives de swatting.
Le sénateur Michael Crider, whip de la majorité républicaine, a montré à NBC News un courriel qu’il avait reçu. L’expéditeur anonyme menaçait de bombarder sa maison avec des cocktails Molotov et de le tuer. La police a également déjoué une tentative de swatting contre sa résidence. « Ce qui me fait le plus peur, c’est que si les gens exercent une pression sur vous et obtiennent ensuite ce qu’ils veulent, cela leur apprend que c’est ce qu’ils doivent faire la prochaine fois », a déclaré Crider la veille du vote final. « Si quelqu’un obtient ce qu’il veut en exerçant une pression dans une circonstance comme celle-ci, alors vous lui avez appris que ça marche. Essayez à nouveau, pour n’importe quelle question. » Le gouverneur Braun et plusieurs autres législateurs ont également signalé des menaces. Les autorités n’ont établi aucun lien direct entre ces menaces et un groupe ou une campagne spécifique, mais le timing était troublant. Ces incidents se sont multipliés précisément au moment où la pression politique atteignait son paroxysme.
Swatting. Menaces de mort. Bombes artisanales. Lisez ces mots lentement. Laissez-les résonner. Nous ne parlons pas d’un pays en guerre civile. Nous ne parlons pas d’une dictature lointaine. Nous parlons de l’Indiana. De l’Amérique. En 2025. Des sénateurs d’État—des gens qui ont consacré leur vie au service public—se font défoncer leur porte par des équipes SWAT à cause d’un vote sur une carte électorale. Leurs familles vivent dans la terreur. Leurs enfants reçoivent des messages haineux. Et pourquoi? Parce qu’ils osent écouter leurs électeurs plutôt que le président. Parce qu’ils osent dire que peut-être, juste peut-être, découper Indianapolis en quatre morceaux n’est pas la bonne chose à faire. Cette violence—qu’elle vienne de partisans enragés ou d’acteurs malveillants profitant du chaos—est le symptôme d’une démocratie malade. Gravement malade.
Les voix de la résistance : portraits de sénateurs rebelles
Jean Leising : la grand-mère qui ne plie pas
À 76 ans, Jean Leising incarne le conservatisme traditionnel de l’Indiana. Élue depuis des années, elle a toujours été une républicaine loyale, une supportrice de Donald Trump, une voix fiable pour les valeurs conservatrices. Mais en novembre 2025, quelque chose a changé. Ses petits-enfants recevaient des messages textes étranges. Des publicités de groupes inconnus avaient collé son visage à côté de ceux d’Alexandria Ocasio-Cortez, de JB Pritzker et de Gavin Newsom—trois des démocrates les plus détestés par la base républicaine. Certains messages étaient tellement bâclés qu’ils la désignaient au masculin. Leising était furieuse. Pendant des mois, elle avait écouté ses électeurs. Elle avait organisé des réunions, répondu aux appels, lu les courriels. Et le message était clair : ses constituants ne voulaient pas de ce redécoupage. Ils trouvaient la manœuvre cynique, opportuniste, contraire aux principes démocratiques. Alors le 15 novembre, Leising a publié un communiqué officiel : elle voterait contre.
« Les campagnes négatives m’ont fait déborder », a-t-elle déclaré dans une interview avec 13WTHR, une chaîne affiliée à NBC à Indianapolis. « Il se demande peut-être pourquoi l’Indiana a du mal à embarquer. Eh bien, ce sont probablement les tactiques qu’ils ont utilisées. » Pour Leising, c’était une question de respect. Respect pour ses électeurs. Respect pour le processus démocratique. Respect pour l’Indiana. Elle n’appréciait pas qu’on lui dicte sa conduite depuis Washington. Elle n’appréciait pas qu’on menace ses petits-enfants avec des publicités mensongères. Elle n’appréciait pas qu’on la traite comme une marionnette dont on pourrait tirer les ficelles à volonté. Quelques jours après son annonce, Leising a reçu une menace à la bombe artisanale. La police a pris l’affaire au sérieux. Mais Leising n’a pas changé de position. Le jour du vote, elle a levé la main pour dire non. Une grand-mère de 76 ans qui refusait de plier face au président des États-Unis.
Spencer Deery : le conservateur de principe
Le sénateur Spencer Deery représente une autre facette de la résistance républicaine. Jeune, articulé, profondément conservateur, Deery n’est pas un modéré. Il croit au gouvernement limité, aux droits des États, à la Constitution. Et c’est précisément pour ces raisons qu’il s’est opposé au redécoupage. Lors du débat au Sénat le 11 décembre, Deery a prononcé un discours qui résume parfaitement la philosophie de nombreux opposants. « Mon opposition au gerrymandering en milieu de cycle n’est pas en contradiction avec mes principes conservateurs, mon opposition est motivée par eux », a-t-il déclaré. « Tant que j’aurai un souffle, j’utiliserai ma voix pour résister à un gouvernement fédéral qui tente d’intimider, de diriger et de contrôler cet État ou n’importe quel État. Donner plus de pouvoir au gouvernement fédéral n’est pas conservateur. » Ces mots ont résonné dans la chambre. Deery touchait à quelque chose de fondamental dans l’identité républicaine : la méfiance envers le pouvoir centralisé.
Pour Deery et d’autres comme lui, accepter le redécoupage sous la pression de Washington aurait été une trahison de leurs principes les plus profonds. Cela aurait signifié reconnaître que le gouvernement fédéral—même dirigé par un président républicain—avait le droit de dicter aux États comment gérer leurs affaires internes. Cela aurait établi un précédent dangereux. Si Trump pouvait forcer l’Indiana à redessiner ses cartes aujourd’hui, qu’est-ce qui empêcherait un futur président démocrate de faire de même? Deery voyait plus loin que les gains électoraux immédiats. Il voyait les implications à long terme pour le fédéralisme et l’autonomie des États. Son vote contre le redécoupage n’était pas un vote contre Trump personnellement. C’était un vote pour les principes qui, selon lui, définissent le véritable conservatisme américain. Un conservatisme qui valorise les institutions locales, qui se méfie du pouvoir concentré, qui croit que les décisions doivent être prises au plus près des citoyens.
Greg Goode : l’homme qui a survécu au swatting
Greg Goode était indécis. Pendant des semaines, il avait pesé le pour et le contre, écouté les arguments des deux côtés, consulté ses électeurs. Puis Trump l’a qualifié de RINO sur Truth Social. Quelques heures plus tard, les forces spéciales défoncaient sa porte. Quelqu’un avait appelé la police en prétendant que Goode avait assassiné sa femme et son enfant. Les policiers, croyant faire face à un meurtrier armé et dangereux, ont déployé une force maximale. Goode s’est retrouvé face à des armes pointées sur lui, dans sa propre maison, devant sa famille terrorisée. L’incident a duré plusieurs minutes avant que la police ne réalise qu’il s’agissait d’un canular. Mais le traumatisme, lui, persiste. « Nous sommes des êtres humains. C’est l’élément que les gens ne réalisent pas. Il y a un coût, c’est horrible », a déclaré Goode après le vote. Le sénateur Dan Dernulc, qui a également été victime de multiples tentatives de swatting, a fait écho à ces sentiments.
Mais Goode n’a pas seulement parlé de la violence. Il a parlé de quelque chose de plus profond. Lors du débat au Sénat, il a prononcé des mots qui résonnent encore : « Que nous le réalisions ou non, que nous l’acceptions ou non, les forces qui définissent ces affaires politiques vitrioliques dans des endroits en dehors de l’Indiana ont progressivement et maintenant très ouvertement infiltré les affaires politiques en Indiana. Désinformation, publications cruelles sur les réseaux sociaux excessives, pression de l’intérieur du Capitole et de l’extérieur, menaces de primaires, menaces de violence, actes de violence. Mes amis, nous valons mieux que ça. N’est-ce pas? » Goode a également mentionné que les retours de ses électeurs de Terre Haute étaient massivement opposés au redécoupage. Il a évoqué le risque que les nouvelles cartes « se retournent politiquement » contre les républicains en affaiblissant leur soutien dans certains districts. Son vote final? Non. Un non catégorique malgré les menaces, malgré le traumatisme, malgré la pression.
Imaginez. Imaginez être Greg Goode cette nuit-là. Vous êtes chez vous, peut-être en train de dîner avec votre famille, peut-être en train de regarder la télévision. Et soudain, votre porte explose. Des hommes armés envahissent votre maison en hurlant. Vos enfants crient. Votre conjoint est pétrifié. Et vous—vous ne comprenez pas ce qui se passe. Vous n’avez rien fait. Vous êtes un sénateur d’État, pas un criminel. Mais quelqu’un, quelque part, a décidé que votre hésitation sur un vote méritait cette terreur. Cette violence. Cette violation de votre sanctuaire familial. Et après ça, on vous demande de voter. On vous demande de faire votre travail comme si de rien n’était. Comme si votre monde n’avait pas été bouleversé. Goode aurait pu céder. Il aurait pu voter oui juste pour que ça s’arrête. Mais il a dit non. Et ce non, dans ce contexte, est un acte d’héroïsme ordinaire.
Sue Glick : la voix de l’identité hoosier
Après le vote, la sénatrice Sue Glick a résumé en une phrase ce que beaucoup ressentaient : « Vous devez connaître les Hoosiers. On ne peut pas nous intimider, on n’aime pas ça. » Cette déclaration, simple en apparence, capture quelque chose d’essentiel sur l’identité de l’Indiana. Les Hoosiers—c’est ainsi qu’on appelle les habitants de l’État—ont une réputation de pragmatisme, d’indépendance d’esprit, de méfiance envers les grandes déclarations et les manœuvres politiques trop évidentes. Ils valorisent l’honnêteté, le travail acharné, la communauté locale. Et ils n’apprécient pas qu’on leur dise quoi faire, surtout quand ça vient de l’extérieur. Glick a mentionné les efforts intenses de lobbying qu’elle et ses collègues avaient subis. « Le vice-président essayait très fort de susciter un peu d’enthousiasme », a-t-elle dit, ajoutant que le sénateur fédéral Jim Banks et d’autres membres de la délégation congressionnelle républicaine de l’Indiana avaient également fait pression sur les législateurs d’État. « Il y a eu beaucoup d’efforts pour influencer les votes au sein du caucus, et comme vous l’avez vu, ça n’a tout simplement pas marché. »
Glick représente une circonscription où les électeurs sont majoritairement républicains et conservateurs. Mais ces électeurs lui avaient fait savoir qu’ils trouvaient le redécoupage inapproprié. Ils voyaient la manœuvre pour ce qu’elle était : une tentative cynique de manipuler le système électoral pour des gains partisans. Et même s’ils soutenaient généralement Trump et les républicains, ils avaient des limites. Glick a écouté. Elle a pesé les arguments. Elle a considéré les implications à long terme. Et elle a conclu que voter pour le redécoupage trahirait la confiance de ses électeurs. Son vote contre n’était pas un acte de rébellion pour le plaisir de se rebeller. C’était un acte de représentation démocratique dans son sens le plus pur : écouter les gens qu’on représente et agir en conséquence. Même quand c’est difficile. Même quand ça vous met en porte-à-faux avec le président. Même quand ça risque de vous coûter votre carrière politique.
La campagne publicitaire : millions de dollars et messages toxiques
Club for Growth et les dépenses massives
Le Club for Growth, un groupe conservateur influent connu pour ses positions économiques libertariennes, est devenu le plus gros dépensier du côté pro-redécoupage. Selon les données de la firme de suivi publicitaire AdImpact, le groupe a investi des centaines de milliers de dollars dans des publicités télévisées et numériques ciblant l’Indiana. Leurs spots, diffusés en octobre et novembre, présentaient le redécoupage comme une réponse nécessaire aux manœuvres des États démocrates. « Pendant que les démocrates redessinent leurs cartes pour gagner plus de sièges, l’Indiana doit agir », proclamait l’une des publicités. Le message était simple : c’est une guerre électorale, et l’Indiana ne peut pas rester les bras croisés pendant que l’autre camp triche. Le Club for Growth a également ciblé nommément certains sénateurs réticents, les accusant de trahir le parti républicain et de faire le jeu des démocrates. Ces attaques personnelles ont créé un climat toxique, où tout désaccord était interprété comme une déloyauté.
Mais le Club for Growth n’était pas seul. Turning Point USA, l’organisation fondée par Charlie Kirk et devenue un pilier du mouvement MAGA, a envoyé ce qu’ils appelaient une « équipe de frappe » en Indiana. Ces activistes venus de l’extérieur de l’État ont fait du lobbying auprès des législateurs, organisé des rassemblements et inondé les réseaux sociaux de messages pro-redécoupage. Leur présence n’est pas passée inaperçue. Tyler Bowyer, le directeur des opérations du groupe, a commis une gaffe révélatrice en novembre en qualifiant les habitants de l’État d' »Indianans » plutôt que de « Hoosiers » dans un message sur X (anciennement Twitter). Le message a depuis été supprimé, mais le mal était fait. Pour beaucoup de Hoosiers, cette erreur symbolisait tout ce qui n’allait pas avec la campagne pro-redécoupage : des gens de l’extérieur qui ne connaissaient même pas les bases de la culture locale essayaient de leur dicter leur conduite. « Je pense que c’était probablement plus offensant pour la plupart—nous sommes des Hoosiers », a déclaré le sénateur Greg Goode. « Et donc si vous allez vous engager dans la politique de l’État de l’Indiana, vous feriez mieux de faire vos devoirs. »
Les publicités contre Jean Leising
Les publicités ciblant Jean Leising illustrent parfaitement la nature toxique de la campagne. Des groupes peu connus ont créé des montages visuels plaçant le visage de la sénatrice républicaine de 76 ans à côté de ceux d’Alexandria Ocasio-Cortez, la représentante progressiste de New York, de JB Pritzker, le gouverneur démocrate de l’Illinois, et de Gavin Newsom, le gouverneur démocrate de Californie. Le message implicite était clair : Leising était une alliée des démocrates, une traîtresse à la cause républicaine. Ces publicités ont été diffusées non seulement à la télévision mais aussi sur les réseaux sociaux, où elles ont atteint les amis et la famille de Leising, y compris ses petits-enfants. Certaines publicités étaient tellement mal conçues qu’elles utilisaient des pronoms masculins pour parler de Leising, révélant le caractère bâclé et opportuniste de la campagne. Pour Leising, ces attaques ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Elle avait déjà des doutes sur le redécoupage après avoir écouté ses électeurs. Mais ces publicités mensongères et personnelles l’ont poussée à prendre position publiquement.
Du côté opposé, Indiana Conservation Voters, un groupe environnemental, est devenu le plus gros dépensier contre le redécoupage. Selon AdImpact, le groupe a investi plus d’argent dans des publicités anti-redécoupage que n’importe quelle autre organisation. Leurs spots mettaient l’accent sur les principes démocratiques, arguant que le redécoupage en milieu de cycle était une manipulation cynique du processus électoral. Ils ont également mobilisé des volontaires sur le terrain, organisant des appels téléphoniques et des visites de porte-à-porte pour sensibiliser les électeurs. Megan Robertson, la directrice exécutive du groupe, a travaillé en étroite collaboration avec un réseau informel de républicains locaux opposés au redécoupage. « C’est le meilleur lobbying que je ne pourrais pas acheter », a-t-elle déclaré, faisant référence aux efforts bénévoles de ces républicains qui appelaient leurs amis sénateurs pour les encourager à voter contre. Ce réseau, composé d’anciens élus, d’activistes et d’autres alliés républicains ayant des années d’expérience commune dans les campagnes et au Capitole, a joué un rôle crucial dans la mobilisation de l’opposition.
Des millions de dollars. Des millions de dollars dépensés pour convaincre des sénateurs de trahir leurs électeurs. Pensez à ce que cet argent aurait pu faire. Combien d’écoles auraient pu être rénovées? Combien de routes réparées? Combien de familles aidées? Mais non. Cet argent a été versé dans des publicités mensongères, dans des campagnes de diffamation, dans des efforts pour manipuler le processus démocratique. Et le plus ironique? Ça n’a pas marché. Malgré tous ces millions, malgré toute cette pression, malgré toute cette machine bien huilée, les sénateurs ont dit non. Parce qu’au bout du compte, l’argent ne peut pas acheter l’intégrité. Il ne peut pas acheter le courage. Il ne peut pas acheter cette petite voix intérieure qui vous dit : « Ce n’est pas juste. »
Les messages sur les réseaux sociaux
Les réseaux sociaux sont devenus un champ de bataille particulièrement vicieux. Donald Trump a utilisé Truth Social, sa plateforme, pour attaquer personnellement les sénateurs récalcitrants. Ses messages, souvent écrits en majuscules avec une ponctuation excessive, qualifiaient les opposants de « FAIBLES », « PATHÉTIQUES », de « RINO » (Republican In Name Only). Trump a particulièrement ciblé Rodric Bray, le président pro tempore du Sénat, qu’il a accusé d’être le seul obstacle au redécoupage dans tout le pays. « Dans tout les États-Unis d’Amérique, républicain ou démocrate, seul le sénateur d’État ‘républicain’ de l’Indiana Rod Bray, un RINO complet et total, s’oppose au redécoupage », a écrit Trump. Ces attaques ont été amplifiées par des milliers de comptes pro-Trump qui ont inondé les mentions des sénateurs de messages haineux. Certains messages contenaient des menaces voilées. D’autres étaient ouvertement violents. Les familles des sénateurs n’ont pas été épargnées, recevant également des messages d’intimidation.
JD Vance, le vice-président, a également utilisé X (anciennement Twitter) pour faire pression sur les sénateurs. La veille du vote final, Vance a publié un message accusant Bray de malhonnêteté. « Ce niveau de malhonnêteté ne peut pas être récompensé, et le GOP de l’Indiana doit choisir un camp », a écrit Vance. Le message était clair : soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous. Pas de nuances. Pas de place pour le désaccord. Donald Trump Jr., le fils aîné du président, a été encore plus direct : « Si les républicains de l’Indiana s’allient à ces Never Trumpers pour faire le sale boulot des démocrates, je passerai beaucoup de temps en Indiana l’année prochaine à faire campagne contre chacun d’entre eux. » Ces menaces n’étaient pas vaines. La famille Trump a prouvé à maintes reprises sa capacité à mobiliser sa base contre les républicains jugés déloyaux. Mais cette fois, les menaces n’ont pas suffi. Les sénateurs de l’Indiana ont tenu bon, refusant de céder à l’intimidation numérique.
Le vote de la Chambre : un avant-goût de la division
Le passage à la Chambre des représentants
Le 6 décembre 2025, la Chambre des représentants de l’Indiana a voté sur le plan de redécoupage. Le résultat était prévisible mais révélateur : 57 voix pour, 41 contre. La carte proposée a été adoptée, mais pas sans résistance. Douze républicains ont rejoint les démocrates pour voter contre, un signal d’alarme que les leaders pro-redécoupage ont choisi d’ignorer. Ces douze républicains dissidents représentaient des circonscriptions diverses, certaines rurales, d’autres suburbaines. Leur opposition n’était pas idéologique mais pragmatique. Ils avaient écouté leurs électeurs et entendu le même message que leurs collègues du Sénat : ce redécoupage ne passait pas bien. Le speaker de la Chambre Todd Huston a célébré le vote comme une victoire pour le parti républicain et pour l’Indiana. Mais la marge de 16 voix, dans une chambre dominée par les républicains, révélait des fissures profondes. Si douze républicains étaient prêts à défier leur leadership à la Chambre, combien seraient prêts à le faire au Sénat?
La carte adoptée par la Chambre était celle dessinée par Adam Kincaid, du National Republican Redistricting Trust. Kincaid avait également conçu la carte du Texas, qui avait été validée par la Cour suprême début décembre malgré les accusations de gerrymandering racial. Son approche était méthodique et impitoyable : identifier les poches de votes démocrates et les diluer en les dispersant dans des districts majoritairement républicains. À Indianapolis, la capitale de l’État et principal bastion démocrate, la stratégie consistait à diviser la ville en quatre districts distincts. Chaque morceau serait ensuite rattaché à de vastes zones rurales conservatrices, garantissant une majorité républicaine dans chacun des quatre districts. Dans le nord-ouest de l’État, les communautés du bord du lac, traditionnellement démocrates et à forte population minoritaire, seraient scindées en deux. Le résultat final? Les deux sièges démocrates actuels disparaîtraient, remplacés par neuf sièges républicains. Un balayage complet.
Les critiques du plan
Les critiques du plan ont été immédiates et virulentes. Les démocrates ont dénoncé une tentative flagrante de gerrymandering racial et partisan. Ils ont souligné que le découpage d’Indianapolis diluerait le pouvoir de vote des communautés afro-américaines et hispaniques, violant potentiellement le Voting Rights Act. Des groupes de défense des droits civiques ont menacé de poursuites judiciaires si la carte était adoptée. Mais même certains républicains ont exprimé des réserves. Le sénateur Greg Goode a évoqué le risque que les nouvelles cartes « se retournent politiquement » contre les républicains. Son argument était subtil mais important : en étalant trop finement les votes républicains pour créer neuf districts gagnables, le parti risquait de rendre plusieurs de ces districts vulnérables en cas de vague démocrate. Au lieu d’avoir sept sièges sûrs et deux sièges démocrates, les républicains pourraient se retrouver avec neuf sièges compétitifs. Un seul mauvais cycle électoral pourrait faire basculer plusieurs districts d’un coup.
Un détail particulièrement absurde a attiré l’attention des médias : selon la carte proposée, le Capitole de l’Indiana se retrouverait dans un district différent de celui d’un café populaire situé juste en face de la rue. Cette anomalie illustrait le caractère artificiel et manipulateur du découpage. Les lignes ne suivaient aucune logique géographique, communautaire ou administrative. Elles étaient tracées uniquement pour maximiser l’avantage républicain, sans égard pour la cohérence ou le bon sens. Lorsque les sponsors législatifs du projet ont été interrogés sur qui avait payé Kincaid pour dessiner la carte, ils n’ont eu aucune réponse. « Je ne sais pas quel était le coût ni qui a payé. Je n’ai aucune information », a déclaré le sénateur Mike Gaskill, le républicain qui a parrainé le projet au Sénat. Cette opacité a alimenté les soupçons. Si la carte était vraiment dans l’intérêt de l’Indiana, pourquoi tant de mystère autour de son financement?
Le Capitole dans un district, le café d’en face dans un autre. Laissez cette image vous pénétrer. C’est tellement absurde que ça en devient presque comique. Presque. Parce que derrière cette absurdité se cache quelque chose de profondément sinistre. Ces lignes ne sont pas tracées pour représenter des communautés. Elles ne sont pas tracées pour faciliter la gouvernance. Elles sont tracées pour gagner. À tout prix. Peu importe si ça n’a aucun sens. Peu importe si ça divise des quartiers, des familles, des communautés. Peu importe si ça transforme la démocratie en jeu vidéo où le seul objectif est de maximiser les points. Et quand on demande qui a payé pour ce chef-d’œuvre de manipulation, personne ne sait. Personne ne veut savoir. Parce que savoir, ce serait admettre que tout ça n’est qu’une vaste mascarade.
La réaction des démocrates
Les démocrates de l’Indiana, bien que minoritaires, n’ont pas mâché leurs mots. Ils ont dénoncé le plan comme une attaque contre la démocratie et contre les droits des minorités. Le leader démocrate à la Chambre a qualifié le vote de « jour sombre pour l’Indiana ». Les représentants démocrates ont souligné que le redécoupage en milieu de cycle était une pratique exceptionnelle, généralement réservée aux situations où les tribunaux invalident des cartes existantes pour des raisons légales. Ici, il n’y avait aucune raison légale. Les cartes actuelles, adoptées après le recensement de 2020, fonctionnaient parfaitement bien. Le seul motif du redécoupage était politique : Trump voulait plus de sièges pour les élections de mi-mandat 2026. Les démocrates ont également pointé du doigt l’hypocrisie républicaine. Pendant des années, les républicains avaient dénoncé les États démocrates qui manipulaient leurs cartes électorales. Maintenant, ils faisaient exactement la même chose, mais en pire, car ils le faisaient en plein milieu de décennie sans aucune justification légale ou constitutionnelle.
Mais les démocrates savaient aussi qu’ils étaient impuissants à la Chambre. Avec une minorité de 41 sièges sur 100, ils ne pouvaient pas bloquer le projet. Leur seul espoir résidait dans le Sénat, où les républicains dissidents semblaient plus nombreux et plus déterminés. Les démocrates ont donc concentré leurs efforts sur le lobbying auprès de ces républicains modérés ou indépendants. Ils ont organisé des manifestations au Capitole, avec des centaines de citoyens scandant « Vote non » et « Les Hoosiers jouent franc jeu ». Ces manifestations ont créé une pression publique visible, montrant aux sénateurs que l’opposition au redécoupage ne venait pas seulement des démocrates mais d’un large éventail de citoyens préoccupés par l’intégrité du processus électoral. Le jour du vote à la Chambre, les couloirs du Capitole résonnaient de chants et de slogans. Mais à l’intérieur de la chambre, les républicains pro-redécoupage sont restés impassibles, votant en bloc pour faire passer la carte.
Le réseau de résistance : l'opposition s'organise
Les républicains locaux se mobilisent
Pendant que la machine pro-redécoupage déployait ses millions de dollars et ses tactiques d’intimidation, un réseau informel de républicains locaux s’organisait discrètement. Ces hommes et femmes—anciens élus, activistes de longue date, stratèges politiques à la retraite—partageaient une chose en commun : un amour profond pour l’Indiana et une conviction que le redécoupage était une erreur. Ils se connaissaient depuis des années, ayant travaillé ensemble sur d’innombrables campagnes et batailles législatives. Maintenant, ils utilisaient ces relations pour mobiliser l’opposition. Leur approche était simple mais efficace : des appels téléphoniques personnels. Pas de publicités tape-à-l’œil. Pas de rassemblements médiatisés. Juste des conversations entre amis. « C’est essentiellement des gens qui passent des coups de fil à leurs amis qui sont sénateurs », a expliqué un activiste républicain impliqué dans l’effort, qui a demandé l’anonymat pour parler franchement. Ces appels n’étaient pas des tentatives de manipulation. C’étaient des conversations honnêtes sur les principes, sur ce qui était juste, sur ce que les électeurs voulaient vraiment.
Le réseau comparait régulièrement ses notes et ses décomptes de votes. Ils savaient exactement quels sénateurs étaient fermement opposés, lesquels étaient indécis, lesquels penchaient vers le oui. Cette intelligence leur permettait de cibler leurs efforts là où ils seraient les plus efficaces. Ils ont également travaillé en étroite collaboration avec Indiana Conservation Voters, le groupe environnemental qui est devenu le plus gros dépensier contre le redécoupage. Megan Robertson, la directrice exécutive du groupe, a salué le travail de ces bénévoles républicains. « C’est le meilleur lobbying que je ne pourrais pas acheter », a-t-elle déclaré. Le groupe environnemental a fourni les ressources—argent pour les publicités, volontaires pour les appels téléphoniques et les visites de porte-à-porte—tandis que les républicains locaux fournissaient l’accès et la crédibilité. Ensemble, ils ont créé une coalition improbable mais puissante : des républicains conservateurs et des environnementalistes progressistes unis contre une menace commune à la démocratie.
La stratégie de temporisation
Au début, le réseau de résistance a conseillé aux sénateurs indécis de ne pas prendre position trop rapidement. « Ça pourrait être un piège. Vous savez, ils veulent que vous disiez que vous êtes pour, et ensuite quand la carte arrive et que vous dites ouh là là, vous êtes coincé », a rappelé un activiste avoir dit aux législateurs. Cette stratégie de temporisation était cruciale. En refusant de s’engager avant de voir la carte finale, les sénateurs se donnaient une marge de manœuvre. Ils pouvaient évaluer le plan sur ses mérites réels plutôt que sur des principes abstraits. Et quand la carte a finalement été dévoilée début décembre, avec son découpage absurde d’Indianapolis et ses manipulations flagrantes, même certains sénateurs initialement favorables ont eu des doutes. La stratégie a également permis au réseau de résistance de gagner du temps pour mobiliser l’opinion publique. Plus le débat s’éternisait, plus les électeurs ordinaires prenaient conscience de ce qui se tramait. Les réunions publiques organisées par des sénateurs comme Greg Goode ont révélé une opposition massive parmi les électeurs républicains de base.
Le réseau a également encouragé les sénateurs à écouter leurs électeurs plutôt que les voix de Washington. Cette approche a résonné avec l’identité hoosier. Les habitants de l’Indiana sont fiers de leur indépendance d’esprit. Ils n’aiment pas qu’on leur dise quoi faire, surtout par des gens qui ne comprennent pas leur État. En cadrant le débat comme une question d’autonomie locale contre l’ingérence fédérale, le réseau a touché une corde sensible. Même les républicains les plus loyaux à Trump ont commencé à se demander si accepter le redécoupage ne reviendrait pas à trahir leur propre État. Cette tension entre loyauté nationale et loyauté locale est devenue le cœur du débat. Et au final, pour beaucoup de sénateurs, la loyauté locale l’a emporté. Ils ont choisi de représenter leurs électeurs plutôt que de plaire au président. C’est une leçon de démocratie représentative dans sa forme la plus pure.
Il y a quelque chose de profondément émouvant dans cette histoire de résistance discrète. Pas de héros en cape. Pas de discours enflammés devant les caméras. Juste des gens ordinaires qui passent des coups de fil. Qui partagent leurs inquiétudes. Qui rappellent à leurs amis pourquoi ils sont entrés en politique au départ. Ce n’était pas pour obéir aveuglément à un président. Ce n’était pas pour manipuler le système électoral. C’était pour servir leur communauté. Pour représenter leurs voisins. Pour faire ce qui est juste même quand c’est difficile. Et ces conversations—ces simples conversations téléphoniques entre amis—ont changé le cours de l’histoire. Elles ont fait ce que des millions de dollars de publicités n’ont pas pu faire. Elles ont rappelé aux sénateurs qui ils étaient vraiment.
Le rôle des manifestants
Les manifestations au Capitole de l’Indiana ont joué un rôle crucial dans la création d’une pression publique visible. Dès septembre, des groupes de citoyens ont commencé à se rassembler à Indianapolis pour exprimer leur opposition au redécoupage. Ces manifestations ont pris de l’ampleur à mesure que le débat s’intensifiait. Le jour du vote final au Sénat, le 11 décembre, des centaines de personnes se sont rassemblées à l’extérieur de la chambre. On pouvait les entendre scander « Vote non » et « Les Hoosiers jouent franc jeu » pendant que les sénateurs débattaient à l’intérieur. Ces manifestants n’étaient pas tous des démocrates. Beaucoup étaient des républicains modérés, des indépendants, des citoyens préoccupés par l’intégrité du processus électoral. Ils portaient des pancartes dénonçant le gerrymandering et appelant au respect de la démocratie. Leur présence a envoyé un message puissant aux sénateurs : le public les regardait. Leurs votes auraient des conséquences.
Les manifestations ont également attiré l’attention des médias nationaux et internationaux. CNN, NBC, le New York Times, le Guardian—tous ont envoyé des journalistes couvrir le vote en Indiana. Cette attention médiatique a amplifié la pression sur les sénateurs. Ils ne votaient plus dans l’obscurité relative d’une session législative d’État. Ils votaient sous les projecteurs du monde entier. Pour certains sénateurs, cette visibilité a été un facteur décisif. Ils savaient que leur vote serait scruté, analysé, jugé par l’histoire. Voter pour le redécoupage aurait signifié être du mauvais côté de cette histoire. Les manifestants ont également fourni un contrepoids émotionnel à la pression pro-redécoupage. Alors que Trump et ses alliés menaçaient et intimidaient, les manifestants offraient du soutien et de l’encouragement. Ils disaient aux sénateurs : « Nous sommes avec vous. Tenez bon. Faites ce qui est juste. » Ce soutien a donné du courage à des sénateurs qui se sentaient isolés et vulnérables.
Le jour du vote : tension et drame au Sénat
L’atmosphère avant le vote
Le matin du 11 décembre 2025, une tension palpable régnait au Capitole de l’Indiana. Les sénateurs arrivaient un par un, certains le visage fermé, d’autres échangeant des regards nerveux. À l’extérieur, les manifestants étaient déjà en place, leurs chants résonnant dans les couloirs de marbre. À l’intérieur de la chambre du Sénat, les journalistes s’entassaient dans la galerie de presse, leurs caméras et micros prêts à capturer chaque moment. Tout le monde savait que ce vote serait historique. Soit l’Indiana suivrait la volonté de Trump et adopterait le redécoupage, soit les sénateurs républicains accompliraient l’impensable et diraient non au président. Les paris étaient ouverts. Certains observateurs pensaient que la pression de dernière minute—les messages de Trump sur Truth Social, les appels du Speaker Mike Johnson, les menaces de Donald Trump Jr.—ferait basculer quelques sénateurs indécis. D’autres croyaient que les sénateurs tiendraient bon, encouragés par le soutien de leurs électeurs et par leur propre conscience.
Dans les heures précédant le vote, les coulisses du Capitole étaient le théâtre d’un lobbying frénétique. Des représentants de groupes pro-redécoupage faisaient le tour des bureaux des sénateurs, tentant des dernières persuasions. Des membres de la délégation congressionnelle républicaine de l’Indiana passaient des appels téléphoniques. Le gouverneur Mike Braun lui-même était présent, bien qu’il n’ait pas le droit de vote. Sa simple présence était un rappel de la pression institutionnelle en faveur du redécoupage. Mais du côté de la résistance, les efforts étaient tout aussi intenses. Le réseau de républicains locaux opposés au plan multipliait les appels de dernière minute. Les manifestants à l’extérieur scandaient de plus en plus fort, espérant que leur voix atteindrait les oreilles des sénateurs. Et à l’intérieur de la chambre, les sénateurs opposés au redécoupage se préparaient à prendre la parole, affûtant leurs arguments pour le débat à venir.
Le débat au Sénat
Lorsque le débat a commencé, la tension était à son comble. Le sénateur Mike Gaskill, sponsor républicain du projet, a ouvert les discussions en défendant le plan. Il a argumenté que le redécoupage était nécessaire pour maintenir la majorité républicaine à la Chambre des représentants. « Seule une poignée de districts à travers les États-Unis détermineront qui contrôle le Congrès. Nous pouvons ou non faire notre part aujourd’hui pour garder notre nation entre les mains des républicains et faire ce qui est juste pour notre État », a-t-il déclaré. Son argument était franc : c’était une question de pouvoir politique pur. Les démocrates manipulaient leurs cartes dans d’autres États, donc l’Indiana devait faire de même. Ne pas le faire serait un désavantage stratégique. Le sénateur Mike Young, un autre républicain pro-redécoupage, a fait écho à ces sentiments. « Que nous choisissions de jouer le jeu ou non, nous déterminerons le sort de notre État et de notre pays », a-t-il dit.
Mais les opposants ont riposté avec force. Spencer Deery a prononcé son discours sur les principes conservateurs, arguant que céder à la pression fédérale trahissait l’essence même du conservatisme. Greg Goode a parlé de la violence et des menaces, de l’infiltration des « forces vitrioliques » extérieures dans la politique de l’Indiana. Il a demandé à ses collègues : « Mes amis, nous valons mieux que ça. N’est-ce pas? » Sa voix tremblait légèrement, trahissant l’émotion derrière ses mots. Sue Glick a rappelé l’identité hoosier, cette fierté d’être indépendant et de ne pas se laisser intimider. Et Jean Leising, la doyenne de 76 ans, a simplement déclaré qu’elle écoutait ses électeurs et qu’ils ne voulaient pas de ce redécoupage. Le débat a duré plusieurs heures, chaque sénateur ayant l’opportunité de s’exprimer. Certains discours étaient passionnés, d’autres plus mesurés. Mais tous reflétaient la gravité du moment. Ce n’était pas un vote ordinaire sur un projet de loi technique. C’était un vote sur l’âme de la démocratie américaine.
Le moment du vote
Lorsque le moment du vote est arrivé, un silence s’est abattu sur la chambre. Le président du Sénat a appelé les noms un par un. Chaque sénateur a répondu « oui » ou « non », sa voix résonnant dans le silence. Les journalistes griffonnaient frénétiquement, comptant les votes au fur et à mesure. Les manifestants à l’extérieur avaient cessé de chanter, tendant l’oreille pour essayer de capter ce qui se passait à l’intérieur. À mi-chemin de l’appel nominal, il était déjà clair que le plan était en difficulté. Trop de républicains votaient non. Bien plus que les quelques dissidents attendus. Lorsque le dernier nom a été appelé et le dernier vote enregistré, le résultat était sans appel : 31 contre, 19 pour. Le plan de redécoupage était mort. Un murmure a parcouru la chambre, suivi d’applaudissements de la part des opposants. À l’extérieur, les manifestants ont explosé de joie en apprenant la nouvelle. Ils avaient gagné. Contre toute attente, contre la machine Trump, contre des millions de dollars de publicités, ils avaient gagné.
Les réactions ont été immédiates et contrastées. Rodric Bray, le président pro tempore du Sénat, a publié une déclaration mesurée : « Les républicains du Sénat de l’Indiana veulent voir une majorité républicaine au Congrès lors des élections de mi-mandat. La question qui se posait à nous aujourd’hui était de savoir comment y parvenir, et beaucoup de membres de mon caucus ne pensent pas que redessiner notre carte congressionnelle en milieu de cycle soit un moyen garanti pour l’Indiana—ou notre pays—d’atteindre cet objectif. » C’était une façon diplomatique de dire que les sénateurs avaient choisi une voie différente de celle souhaitée par Trump. Du côté des opposants, c’était l’euphorie. Les sénateurs qui avaient voté non se félicitaient mutuellement, soulagés que l’épreuve soit terminée. Les manifestants à l’extérieur scandaient « Le pouvoir au peuple », célébrant ce qu’ils considéraient comme une victoire de la démocratie sur l’autoritarisme. Mais tout le monde savait que les répercussions de ce vote ne faisaient que commencer.
31 contre 19. Ces chiffres vont résonner longtemps. Très longtemps. Parce qu’ils représentent quelque chose de rare dans l’Amérique d’aujourd’hui : le courage politique. Le vrai courage. Pas le courage de tweeter des slogans depuis le confort de son bureau. Pas le courage de faire des discours devant des foules acquises. Le courage de dire non quand tout le monde vous dit de dire oui. Le courage de risquer votre carrière pour vos principes. Le courage de choisir vos électeurs plutôt que votre président. Vingt et un républicains ont fait ce choix. Vingt et un. Dans un autre contexte, ce serait banal. Mais dans l’Amérique de Trump, où la loyauté au chef est devenue la seule vertu qui compte, c’est révolutionnaire. Et ça me donne de l’espoir. Un espoir fragile, certes. Mais de l’espoir quand même.
Les réactions : de la Maison-Blanche aux électeurs
La colère de Trump
La réaction de Donald Trump ne s’est pas fait attendre. Quelques heures après le vote, le président s’est exprimé depuis le Bureau ovale. Sa voix trahissait une frustration à peine contenue. « Il a rendu un très mauvais service », a-t-il dit en parlant de Rodric Bray. « Je suis sûr que lors de sa primaire—je pense que c’est dans deux ans—mais je suis sûr qu’il va tomber. Il va tomber. Je soutiendrai certainement quiconque voudra se présenter contre lui. » Trump a ensuite tenté de minimiser son implication dans l’affaire. « Je n’étais pas très impliqué », a-t-il affirmé, une déclaration qui contredisait les mois de pression publique, les appels téléphoniques, les messages sur Truth Social, et les deux visites de son vice-président en Indiana. Mais Trump a toujours eu cette capacité à réécrire l’histoire en temps réel, à nier sa propre implication quand les choses tournent mal. Pour lui, l’échec en Indiana n’était pas son échec. C’était la faute de Bray, des sénateurs « faibles », des RINO qui trahissaient le parti.
Sur Truth Social, Trump a continué à fulminer pendant plusieurs jours. Il a republié des messages de ses partisans attaquant les sénateurs qui avaient voté contre. Il a partagé des appels à des primaires de représailles. Il a même suggéré que l’Indiana pourrait perdre des financements fédéraux, bien que cette menace n’ait jamais été formalisée. JD Vance, le vice-président, a également exprimé sa déception. Dans un message sur X, il a accusé Bray de malhonnêteté, affirmant que le leader du Sénat avait promis à la Maison-Blanche de ne pas combattre le redécoupage tout en travaillant en coulisses pour le faire échouer. « Ce niveau de malhonnêteté ne peut pas être récompensé », a écrit Vance. Donald Trump Jr. a été encore plus virulent, promettant de passer « beaucoup de temps en Indiana l’année prochaine à faire campagne contre chacun d’eux ». Ces réactions révélaient la profondeur de la frustration au sein de l’administration Trump. L’Indiana était censé être un gain facile. Un État rouge profond avec une supermajorité républicaine. Comment avaient-ils pu échouer?
Le soulagement des opposants
Du côté des opposants au redécoupage, c’était le soulagement et la célébration. Les sénateurs qui avaient voté non se sentaient libérés d’un poids énorme. Pendant des mois, ils avaient vécu sous une pression constante, recevant des menaces, subissant des attaques publiques, craignant pour leur sécurité et celle de leurs familles. Maintenant, c’était fini. Ils avaient tenu bon et gagné. Greg Goode, qui avait survécu à une tentative de swatting, a exprimé son soulagement dans une interview. « Nous sommes des êtres humains », a-t-il répété, comme pour rappeler à tout le monde que derrière les votes et les débats politiques, il y avait des personnes réelles avec des familles et des émotions. Jean Leising, la doyenne de 76 ans, a déclaré qu’elle était fière d’avoir écouté ses électeurs. « C’est pour ça que je suis ici », a-t-elle dit simplement. Pour elle, le vote n’était pas une rébellion contre Trump mais un acte de représentation démocratique.
Les manifestants qui s’étaient rassemblés au Capitole ont célébré leur victoire avec des chants et des embrassades. Beaucoup pleuraient de joie, submergés par l’émotion. Ils avaient cru en la démocratie, ils s’étaient battus pour elle, et elle avait tenu bon. Les groupes de défense des droits civiques ont salué le vote comme une victoire pour l’intégrité électorale. Le National Democratic Redistricting Committee a publié une déclaration louant les sénateurs républicains qui avaient « mis les principes avant la politique partisane ». Même certains républicains nationaux, bien que discrets, ont admis en privé que l’échec en Indiana était peut-être une bonne chose. Il montrait que le parti n’était pas entièrement soumis à Trump, qu’il y avait encore de la place pour le désaccord et le débat. C’était un signe de santé démocratique, même si cela venait au prix d’une défaite tactique.
Les électeurs de l’Indiana réagissent
Les électeurs ordinaires de l’Indiana ont eu des réactions mitigées. Dans les zones rurales profondément républicaines, beaucoup étaient déçus. Ils soutenaient Trump et voulaient que leur État fasse tout son possible pour aider le parti à maintenir sa majorité à la Chambre. Pour eux, le vote du Sénat était une trahison. Certains ont promis de se souvenir des noms des sénateurs qui avaient voté non et de les sanctionner lors des prochaines primaires. Mais dans les zones suburbaines et urbaines, la réaction était très différente. Beaucoup d’électeurs—y compris des républicains modérés—étaient soulagés. Ils trouvaient le redécoupage en milieu de cycle inapproprié et manipulateur. Ils appréciaient que leurs sénateurs aient écouté leurs préoccupations plutôt que de suivre aveuglément les ordres de Washington. À Indianapolis, où la carte proposée aurait divisé la ville en quatre morceaux, la joie était palpable. Les résidents sentaient que leur communauté avait été sauvée d’une fragmentation artificielle.
Les sondages réalisés après le vote ont montré une opinion publique divisée mais penchant légèrement en faveur de la décision du Sénat. Environ 52% des habitants de l’Indiana approuvaient le rejet du redécoupage, tandis que 48% le désapprouvaient. Mais ces chiffres cachaient des divisions plus profondes. Parmi les républicains, 60% désapprouvaient la décision, tandis que 95% des démocrates l’approuvaient. Les indépendants étaient partagés à peu près également. Ces chiffres suggéraient que le vote aurait des répercussions électorales complexes. Les sénateurs qui avaient voté non risquaient effectivement de faire face à des challengers lors des primaires républicaines. Mais ils pourraient aussi bénéficier du soutien d’indépendants et même de certains démocrates lors des élections générales. Le calcul politique était loin d’être simple. Et c’est peut-être précisément pour cette raison que certains sénateurs ont choisi de voter selon leur conscience plutôt que selon la stratégie électorale.
52% contre 48%. Regardez ces chiffres. L’Indiana est divisé. Presque parfaitement divisé. Et c’est peut-être la leçon la plus importante de toute cette histoire. Il n’y a pas de consensus. Il n’y a pas de vérité évidente. Il y a juste des gens avec des opinions différentes, des valeurs différentes, des priorités différentes. Et dans une démocratie saine, ces différences doivent être respectées. Débattues. Négociées. Pas écrasées par la force ou l’intimidation. Les sénateurs qui ont voté non n’ont pas trahi leur parti. Ils ont représenté la moitié de l’Indiana qui pensait que le redécoupage était une mauvaise idée. C’est littéralement leur travail. Et le fait que ça soit devenu controversé—le fait que faire son travail de représentant soit considéré comme un acte de rébellion—en dit long sur l’état de notre démocratie.
Les implications nationales : un revers pour les républicains
L’impact sur les élections de mi-mandat 2026
L’échec du redécoupage en Indiana a des implications majeures pour les élections de mi-mandat 2026. Les républicains avaient lancé une campagne nationale de redécoupage dans l’espoir de gagner suffisamment de sièges pour compenser les pertes potentielles et garantir le contrôle de la Chambre des représentants. Le Texas avait déjà adopté une nouvelle carte susceptible de rapporter cinq sièges supplémentaires. La Caroline du Nord et le Missouri avaient suivi avec leurs propres plans. L’Indiana devait ajouter deux sièges à ce total. Mais maintenant, ces deux sièges ne viendront pas. Les démocrates conserveront leurs deux districts actuels, et les républicains devront trouver des gains ailleurs. Le Speaker Mike Johnson a qualifié le résultat de « décevant » mais a tenté de minimiser son impact. « On gagne certains, on en perd d’autres. C’est la politique », a-t-il déclaré. Mais en privé, les stratèges républicains étaient beaucoup plus inquiets. Chaque siège compte dans une Chambre où la majorité ne tient qu’à quelques voix.
L’échec en Indiana a également eu un effet domino sur d’autres États. En Virginie, où les démocrates envisageaient leur propre redécoupage, le vote de l’Indiana a été cité comme preuve que les manœuvres de redécoupage en milieu de cycle étaient politiquement risquées. Les démocrates virginiens ont accéléré leurs efforts, arguant qu’ils devaient compenser les gains républicains au Texas et en Caroline du Nord. En Ohio, où une nouvelle carte avait été adoptée mais n’allait pas aussi loin que certains républicains l’espéraient, l’échec de l’Indiana a renforcé les arguments de ceux qui disaient que pousser trop fort pouvait se retourner contre eux. Et en Californie, où les électeurs avaient approuvé une carte démocrate en novembre, le vote de l’Indiana a été présenté comme une justification morale : si les républicains essayaient de manipuler les cartes, les démocrates devaient faire de même pour maintenir l’équilibre. Le résultat net de tous ces développements est que la course au redécoupage est devenue beaucoup plus serrée que les républicains ne l’avaient espéré.
Les limites du pouvoir de Trump
L’échec en Indiana a révélé quelque chose d’important : les limites du pouvoir de Donald Trump sur le Parti républicain. Pendant des années, Trump a régné sur le GOP avec une autorité presque absolue. Les républicains qui osaient le défier étaient rapidement marginalisés, primés, ou forcés à la retraite. Le parti était devenu synonyme de Trump, ses priorités étaient les priorités du parti, ses ennemis étaient les ennemis du parti. Mais en Indiana, cette dynamique s’est brisée. Vingt et un sénateurs républicains ont dit non au président. Ils ont résisté à des mois de pression, à des menaces de primaires, à des attaques personnelles, à des tentatives d’intimidation. Et ils ont gagné. Cela ne signifie pas que le pouvoir de Trump est terminé. Loin de là. Mais cela montre qu’il n’est pas illimité. Qu’il y a des circonstances où les républicains locaux peuvent et vont défier le président s’ils estiment que c’est dans l’intérêt de leurs électeurs.
Cette leçon n’est pas passée inaperçue auprès d’autres républicains à travers le pays. Dans plusieurs États, des législateurs qui envisageaient de suivre la ligne de Trump sur diverses questions ont commencé à reconsidérer. Si l’Indiana pouvait dire non et survivre, peut-être que d’autres le pouvaient aussi. Cette dynamique pourrait avoir des implications bien au-delà du redécoupage. Sur des questions comme les tarifs douaniers, l’immigration, la politique étrangère, les républicains locaux pourraient se sentir plus libres de suivre leur propre jugement plutôt que de suivre aveuglément la Maison-Blanche. Bien sûr, Trump et ses alliés vont essayer de faire un exemple de l’Indiana. Ils vont soutenir des challengers lors des primaires de 2026 et 2028. Ils vont dépenser des millions pour punir les sénateurs rebelles. Mais le simple fait que ces sénateurs aient osé se rebeller change déjà la dynamique. Cela montre que la résistance est possible. Et dans la politique, la perception de possibilité est souvent aussi importante que la réalité.
Le débat sur le gerrymandering
Au-delà des implications électorales immédiates, le vote de l’Indiana a relancé le débat national sur le gerrymandering. Les deux partis pratiquent le gerrymandering depuis des décennies, dessinant des cartes électorales pour maximiser leur avantage partisan. Mais la campagne de redécoupage en milieu de cycle lancée par Trump a porté cette pratique à un nouveau niveau. Traditionnellement, le redécoupage intervient au début de chaque décennie, après le recensement. Cela donne une certaine stabilité au système. Les électeurs savent dans quel district ils votent, les candidats peuvent construire des relations avec leurs circonscriptions, et il y a au moins une apparence de processus régulier. Mais le redécoupage en milieu de cycle bouleverse tout cela. Il transforme les cartes électorales en armes politiques qui peuvent être modifiées à volonté chaque fois qu’un parti a le pouvoir de le faire. C’est une course vers le bas où chaque manipulation en appelle une autre, où la stabilité et la prévisibilité sont sacrifiées sur l’autel de l’avantage partisan à court terme.
Le vote de l’Indiana a montré qu’il y a encore des limites à ce que les Américains sont prêts à accepter. Même dans un État profondément républicain, même parmi des électeurs qui soutiennent généralement Trump, il y avait un sentiment que le redécoupage en milieu de cycle allait trop loin. Qu’il violait des normes non écrites sur la façon dont la démocratie est censée fonctionner. Ce sentiment pourrait alimenter un mouvement plus large pour une réforme du redécoupage. Plusieurs États ont déjà adopté des commissions indépendantes pour dessiner les cartes électorales, retirant le processus des mains des législateurs partisans. D’autres États envisagent des réformes similaires. Le vote de l’Indiana pourrait donner un élan à ces efforts, en montrant que les électeurs—même les électeurs républicains—sont fatigués des manipulations électorales. Bien sûr, les obstacles à une réforme nationale restent énormes. Mais l’Indiana a prouvé qu’un changement est possible, même dans les endroits les plus improbables.
Le gerrymandering. Ce mot technique qui cache une réalité si laide. Parce que derrière les lignes sur une carte, il y a des vies. Des communautés déchirées. Des voix réduites au silence. Des citoyens qui se demandent si leur vote compte vraiment. Et la réponse, trop souvent, est non. Votre vote ne compte pas si vous vivez dans un district dessiné spécifiquement pour diluer votre pouvoir. Votre vote ne compte pas si les politiciens choisissent leurs électeurs plutôt que l’inverse. C’est une perversion de la démocratie. Une trahison de l’idéal selon lequel chaque voix devrait avoir le même poids. Et pourtant, nous l’acceptons. Nous haussons les épaules et disons « c’est comme ça que ça marche ». Mais l’Indiana nous rappelle que ça ne doit pas être comme ça. Que nous pouvons dire non. Que nous pouvons exiger mieux.
Les menaces persistantes : swatting et violence politique
L’ampleur du problème
Au moins quatorze élus républicains de l’Indiana ont déclaré avoir fait face à des menaces ou à des tentatives de swatting dans les semaines précédant le vote sur le redécoupage. Le swatting—cette pratique consistant à faire un faux signalement aux forces de l’ordre pour déclencher une intervention policière armée—est devenue une arme d’intimidation politique de plus en plus courante. Dans le cas de l’Indiana, les incidents se sont multipliés précisément au moment où le débat sur le redécoupage atteignait son paroxysme. Le sénateur Greg Goode a vu sa porte défoncée par les forces spéciales après qu’un individu malveillant eut signalé qu’il avait assassiné sa femme et son enfant. Le sénateur Dan Dernulc a été victime de multiples tentatives. La sénatrice Jean Leising a reçu une menace à la bombe artisanale. Le sénateur Michael Crider a montré aux journalistes un courriel menaçant de bombarder sa maison avec des cocktails Molotov et de le tuer. Le gouverneur Mike Braun et plusieurs autres législateurs ont également signalé des menaces.
Les autorités n’ont établi aucun lien direct entre ces menaces et un groupe ou une campagne spécifique. Mais le timing était troublant. Ces incidents se sont intensifiés après que Trump eut commencé à attaquer publiquement les sénateurs réticents sur Truth Social. Lorsque Trump a qualifié Goode de RINO, le sénateur a été victime de swatting quelques heures plus tard. Cette corrélation ne prouve pas de causalité, mais elle soulève des questions inquiétantes sur la façon dont la rhétorique politique incendiaire peut inspirer la violence. Trump n’a jamais explicitement appelé à la violence contre ces sénateurs. Mais ses attaques virulentes, ses qualifications de « traîtres » et de « faibles », ont créé un climat où certains de ses partisans les plus extrêmes ont pu se sentir justifiés d’agir. C’est un phénomène que les experts en terrorisme appellent « l’incitation stochastique » : quand un leader utilise une rhétorique qui, sans appeler directement à la violence, rend la violence plus probable en désignant des cibles et en diabolisant des adversaires.
L’impact psychologique sur les élus
L’impact psychologique de ces menaces et de ces actes de violence ne peut être sous-estimé. « Nous sommes des êtres humains. C’est l’élément que les gens ne réalisent pas. Il y a un coût, c’est horrible », a déclaré le sénateur Dan Dernulc après avoir été victime de multiples tentatives de swatting. Pour ces élus et leurs familles, la peur est devenue une compagne constante. Chaque sonnerie de téléphone, chaque bruit inhabituel, chaque voiture inconnue garée devant la maison devient une source d’anxiété. Les enfants ont peur d’aller à l’école. Les conjoints vivent dans la terreur. Et les élus eux-mêmes doivent continuer à faire leur travail, à prendre des décisions importantes, tout en portant ce fardeau de peur. Le sénateur Michael Crider a exprimé une préoccupation plus profonde : « La chose qui me fait le plus peur, c’est que si les gens exercent une pression sur vous et obtiennent ensuite ce qu’ils veulent, cela leur apprend que c’est ce qu’ils doivent faire la prochaine fois. » En d’autres termes, céder à la violence ne fait qu’encourager plus de violence.
Cette réalité pose un dilemme terrible pour les élus. D’un côté, ils ont le devoir de représenter leurs électeurs et de voter selon leur conscience. De l’autre, ils ont le devoir de protéger leur famille et eux-mêmes. Quand ces deux devoirs entrent en conflit, que faire? Certains élus, dans d’autres États et d’autres contextes, ont choisi de céder. Ils ont voté contre leur jugement pour faire cesser les menaces. Mais en Indiana, la majorité des sénateurs ciblés ont tenu bon. Ils ont refusé de laisser la peur dicter leurs votes. C’est un témoignage de leur courage, mais c’est aussi un rappel troublant de ce que la démocratie exige parfois de ceux qui la servent. Dans un système sain, les élus ne devraient pas avoir à choisir entre leur sécurité et leur conscience. Le fait que ce choix existe révèle une maladie profonde dans le corps politique américain. Une maladie qui ne sera pas guérie facilement.
Les réponses inadéquates des autorités
Malgré la gravité et la fréquence des menaces, les réponses des autorités ont été largement inadéquates. Les enquêtes sur les tentatives de swatting sont notoirement difficiles. Les auteurs utilisent souvent des technologies d’anonymisation—VPN, téléphones jetables, services de voix modifiée—qui rendent leur identification presque impossible. Dans le cas de l’Indiana, aucune arrestation n’a été annoncée au moment du vote. Les forces de l’ordre ont augmenté la sécurité autour du Capitole et autour des domiciles de certains élus, mais ces mesures sont réactives plutôt que préventives. Elles ne s’attaquent pas à la racine du problème : une culture politique de plus en plus toxique où la violence est vue comme un outil légitime de persuasion politique. Certains élus ont appelé à des lois plus strictes contre le swatting, avec des peines plus sévères pour les auteurs. D’autres ont demandé une meilleure coordination entre les agences fédérales et locales pour traquer ces criminels. Mais ces solutions, même si elles sont mises en œuvre, prendront du temps.
Entre-temps, les élus continuent de vivre sous la menace. Et cette menace a un effet dissuasif sur la participation politique. Combien de personnes qualifiées et bien intentionnées décideront de ne pas se présenter aux élections parce qu’elles ne veulent pas exposer leur famille à ce genre de danger? Combien d’élus actuels choisiront de ne pas se représenter pour les mêmes raisons? La violence politique, même quand elle ne réussit pas à changer des votes, réussit à changer qui est prêt à servir. Elle filtre le pool de candidats potentiels, éliminant ceux qui valorisent la sécurité de leur famille au-dessus de l’ambition politique. Et cela, à long terme, appauvrit la démocratie. Nous avons besoin d’élus courageux, oui. Mais nous avons aussi besoin d’un système où le courage ordinaire suffit. Où vous n’avez pas besoin d’être un héros pour faire votre travail. L’Indiana nous rappelle que nous sommes loin de ce système. Très loin.
Swatting. Menaces de mort. Bombes artisanales. Je reviens à ces mots parce qu’ils me hantent. Parce qu’ils devraient nous hanter tous. Nous sommes en train de normaliser la violence politique. Lentement, insidieusement, nous acceptons que c’est juste « comme ça que les choses sont maintenant ». Mais ce n’est pas normal. Ce n’est pas acceptable. Ce n’est pas la démocratie. C’est la descente vers quelque chose de beaucoup plus sombre. Et si nous ne nous réveillons pas, si nous ne disons pas collectivement « ça suffit », nous allons nous retrouver dans un endroit d’où il sera très difficile de revenir. Les sénateurs de l’Indiana ont tenu bon malgré la violence. Mais combien d’autres tiendront? Combien d’autres peuvent tenir? À un moment donné, la peur gagne. Et quand la peur gagne, la démocratie perd.
Conclusion : une victoire fragile mais significative
Ce que l’Indiana nous enseigne
Le vote du 11 décembre 2025 au Sénat de l’Indiana restera dans les mémoires comme un moment charnière. Pas parce qu’il a changé fondamentalement le paysage politique américain. Pas parce qu’il a résolu les problèmes profonds de gerrymandering et de manipulation électorale. Mais parce qu’il a montré que la résistance est possible. Que même dans un État profondément républicain, même face à une pression écrasante de la Maison-Blanche, même sous la menace de violence, des élus peuvent choisir de faire ce qu’ils croient être juste. Vingt et un sénateurs républicains ont dit non à Donald Trump. Ils ont écouté leurs électeurs plutôt que leur président. Ils ont choisi les principes plutôt que l’opportunisme politique. Et ils ont gagné. Cette victoire est fragile. Les menaces de primaires de représailles sont réelles. Les millions de dollars qui seront dépensés pour les faire tomber sont réels. Certains de ces sénateurs perdront probablement leur siège. Mais leur vote restera. Il restera comme preuve que le courage politique existe encore.
L’Indiana nous enseigne aussi quelque chose sur l’identité américaine. Les Hoosiers—ces habitants de l’Indiana fiers de leur indépendance—ont rappelé au pays qu’il existe encore des valeurs qui transcendent la loyauté partisane. La méfiance envers le pouvoir centralisé. Le respect pour les institutions locales. La conviction que les décisions doivent être prises au plus près des citoyens. Ces valeurs, profondément ancrées dans la tradition conservatrice américaine, ont motivé de nombreux sénateurs républicains à s’opposer au redécoupage. Ils n’ont pas trahi leur conservatisme en votant contre Trump. Ils l’ont affirmé. Ils ont rappelé que le conservatisme authentique n’est pas une soumission aveugle à un leader, mais un engagement envers des principes. Cette leçon pourrait résonner bien au-delà de l’Indiana. Dans tout le pays, des républicains se demandent ce que signifie être conservateur à l’ère Trump. L’Indiana offre une réponse : être conservateur signifie défendre les institutions, respecter les processus, et résister à la concentration du pouvoir, même quand ce pouvoir est exercé par votre propre parti.
Les défis qui restent
Mais soyons clairs : une victoire ne fait pas une tendance. L’échec du redécoupage en Indiana n’arrête pas la campagne nationale de manipulation électorale. Le Texas a toujours sa nouvelle carte qui pourrait rapporter cinq sièges aux républicains. La Caroline du Nord et le Missouri ont également adopté des plans favorables au GOP. Et les démocrates ne sont pas innocents non plus. La Californie a approuvé sa propre carte partisane, et la Virginie envisage de faire de même. La course au redécoupage continue, et l’Indiana n’est qu’une bataille dans une guerre plus large. De plus, les menaces de représailles contre les sénateurs qui ont voté non sont très réelles. Trump et ses alliés ont promis de soutenir des challengers lors des primaires républicaines. Le Club for Growth, Turning Point USA, et d’autres groupes pro-Trump vont dépenser des millions pour faire tomber ces sénateurs. Certains survivront, d’autres non. Et leur sort enverra un message au reste du parti : défier Trump a des conséquences.
Il y a aussi la question de la violence politique. Les tentatives de swatting, les menaces de mort, les intimidations—tout cela continue. Les autorités n’ont arrêté personne. Les auteurs restent dans l’ombre, libres de frapper à nouveau. Et tant que cette violence reste impunie, elle continuera. D’autres élus, dans d’autres États, sur d’autres questions, feront face aux mêmes menaces. Et certains céderont. La peur est un outil puissant, et ceux qui l’utilisent le savent. Enfin, il y a la question plus large de la polarisation américaine. Le vote de l’Indiana a révélé des divisions profondes, pas seulement entre républicains et démocrates, mais au sein du Parti républicain lui-même. Ces divisions ne vont pas disparaître. Elles vont probablement s’approfondir à mesure que nous nous rapprochons des élections de mi-mandat 2026 et de la présidentielle de 2028. L’Indiana a montré qu’il est possible de résister à la polarisation extrême. Mais il a aussi montré à quel point cette résistance est difficile et coûteuse.
Un espoir fragile
Malgré tous ces défis, le vote de l’Indiana offre un espoir. Un espoir fragile, certes, mais un espoir quand même. Il montre que la démocratie américaine, aussi malade soit-elle, n’est pas morte. Qu’il existe encore des élus prêts à mettre leurs principes avant leur carrière. Qu’il existe encore des électeurs qui valorisent l’intégrité plutôt que la victoire à tout prix. Qu’il existe encore des communautés qui refusent d’être manipulées et divisées. Cet espoir ne résoudra pas tous les problèmes. Il ne guérira pas la polarisation. Il ne mettra pas fin au gerrymandering. Il ne stoppera pas la violence politique. Mais il nous rappelle pourquoi nous nous battons. Pourquoi la démocratie vaut la peine d’être défendue. Pourquoi, malgré toutes ses imperfections, malgré tous ses échecs, le système démocratique reste le meilleur que nous ayons. Les sénateurs de l’Indiana ont pris un risque énorme. Ils ont mis leur carrière en jeu. Ils ont exposé leur famille à des menaces. Et ils l’ont fait parce qu’ils croyaient que c’était la bonne chose à faire.
Cette croyance—cette foi têtue dans le fait que faire ce qui est juste finira par être récompensé—est au cœur de la démocratie. Sans elle, le système s’effondre. Avec elle, même face à des obstacles apparemment insurmontables, le progrès reste possible. L’Indiana nous rappelle que nous ne sommes pas impuissants. Que nous pouvons faire la différence. Que nos voix comptent. Que nos votes comptent. Que notre courage compte. C’est une leçon dont l’Amérique a désespérément besoin en ce moment. Une leçon que nous devons porter avec nous alors que nous naviguons dans les eaux troubles des années à venir. Le 11 décembre 2025, l’Indiana a dit non. Un simple non. Mais dans ce non résonne quelque chose de plus grand. Un refus de céder. Un refus d’abandonner. Un refus d’accepter que la manipulation et l’intimidation sont les nouvelles normes de la politique américaine. C’est un non qui mérite d’être célébré. Et un non qui doit inspirer d’autres à suivre.
Je termine cette chronique avec un sentiment étrange. Un mélange de fierté et de tristesse. Fierté pour ces sénateurs qui ont tenu bon. Fierté pour ces électeurs qui ont exigé mieux. Fierté pour cette démocratie imparfaite mais résiliente. Mais aussi tristesse. Tristesse qu’il ait fallu en arriver là. Tristesse que faire son travail de représentant soit devenu un acte d’héroïsme. Tristesse que nous vivions dans un monde où des élus doivent craindre pour leur vie à cause d’un vote. L’Indiana a gagné une bataille. Mais la guerre continue. Et je ne sais pas comment elle se terminera. Personne ne le sait. Mais je sais ceci : tant qu’il y aura des gens prêts à dire non face à l’injustice, tant qu’il y aura des citoyens prêts à se battre pour leurs principes, tant qu’il y aura des communautés qui refusent d’être divisées et manipulées, il y aura de l’espoir. Un espoir fragile. Un espoir précaire. Mais de l’espoir quand même. Et parfois, c’est tout ce dont nous avons besoin pour continuer.
Sources primaires
NPR – « In a setback for Trump, Indiana lawmakers defeat redistricting plan » – 11 décembre 2025. CNN Politics – « Indiana Senate Republicans reject Trump’s redistricting push » – 11 décembre 2025. NBC News – « We can’t be bullied: How Trump and the GOP’s redistricting push in Indiana backfired » – 12 décembre 2025. PBS NewsHour – « Indiana Republicans block new congressional map in rare break with Trump » – 11 décembre 2025. The Guardian – « Indiana Republicans defy Trump to reject new voting map » – 11 décembre 2025.
Sources secondaires
WFYI Indianapolis – « In a setback for Trump, Indiana lawmakers defeat redistricting plan » – 11 décembre 2025. Indiana Capital Chronicle – « Backlash intensifies after Indiana Senate kills Trump’s mid-decade congressional redistricting push » – 12 décembre 2025. Politico – « Indiana GOP rejects Trump’s map in major blow to his redistricting push » – 11 décembre 2025. ABC News – « Indiana lawmakers reject congressional redistricting plan despite Trump pressure » – 11 décembre 2025. CNBC – « Indiana redistricting bill defeated, Trump backed measure » – 11 décembre 2025. IndyStar – « Here’s how every Indiana senator voted on redistricting » – 11 décembre 2025. Axios – « Indiana rejection cuts into Trump’s redistricting push » – 12 décembre 2025.
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