L’opération commando qui a sidéré le monde
L’opération de saisie du Skipper a été minutieusement planifiée et exécutée avec une précision militaire qui ne laisse aucun doute sur les intentions américaines. Selon les images satellites analysées par TankerTrackers.com, le navire avait déchargé une partie de sa cargaison de pétrole brut vénézuélien près de l’île caribéenne de Curaçao vers un autre pétrolier, sur une route apparente vers Cuba. Ce schéma de transbordement est devenu courant dans le commerce pétrolier sous sanctions : des superpétroliers tiers transportent du brut vénézuélien sous des affrètements communs, font escale dans les Caraïbes pour transférer une partie de leur cargaison vers un navire destiné à Cuba, puis poursuivent leur route vers la Chine avec le reste du pétrole. Cette gymnastique logistique permet de contourner partiellement les sanctions américaines, mais elle expose également les navires à des risques considérables. Le Skipper transportait environ un million cent mille barils de brut vénézuélien au moment de sa saisie, une cargaison d’une valeur estimée à plusieurs dizaines de millions de dollars. Le mandat autorisant l’opération avait été délivré « il y a environ deux semaines » par un tribunal américain, sur la base des activités passées présumées du navire dans le trafic de pétrole iranien. Mais les détails restent flous, et l’administration Trump refuse de divulguer les preuves justifiant cette action.
La saisie elle-même a été spectaculaire. Des forces spéciales américaines, probablement des Navy SEALs ou des membres du DEVGRU (Development Group, l’unité d’élite de la Navy), ont été héliportées sur le pont du Skipper en pleine mer. Les images diffusées par la ministre de la Justice Pam Bondi montrent des soldats lourdement armés descendant en rappel depuis des hélicoptères militaires, sécurisant rapidement le navire sans rencontrer de résistance. L’équipage, probablement terrifié par cette démonstration de force, n’a opposé aucune opposition. Le pétrolier a ensuite été escorté vers un port américain, où il reste actuellement sous contrôle des autorités. Cette opération marque une escalade majeure dans la stratégie américaine. Jusqu’à présent, les États-Unis se contentaient généralement de sanctionner les navires et leurs propriétaires, rendant difficile leur accès aux ports et aux services bancaires internationaux. Mais saisir physiquement un pétrolier en haute mer, c’est franchir un seuil. C’est affirmer que les États-Unis ont le droit d’intercepter n’importe quel navire, n’importe où, s’ils estiment qu’il viole leurs sanctions—même si ces sanctions ne sont reconnues ni par l’ONU ni par la communauté internationale. C’est l’expression la plus pure de l’extraterritorialité du droit américain, cette prétention à imposer ses lois au monde entier. Et c’est terrifiant, parce que ça signifie qu’aucun armateur, aucun capitaine, aucun équipage n’est à l’abri si Washington décide de les prendre pour cible.
Ces images de commandos prenant d’assaut le Skipper me glacent. Pas à cause de la violence—elle est presque aseptisée, professionnelle, efficace. Non, ce qui me glace, c’est la banalisation. On regarde ça comme on regarderait un film d’action, avec une sorte de fascination morbide pour la prouesse technique. Mais derrière ces images, il y a une réalité terrifiante : les États-Unis s’arrogent le droit de saisir n’importe quel navire, n’importe où dans le monde, sans avoir à rendre de comptes à personne. Pas à l’ONU, pas à la Cour internationale de justice, pas même à leurs propres alliés. Juste parce qu’ils en ont décidé ainsi. Et le plus effrayant, c’est que personne ne proteste vraiment. Oh, bien sûr, le Venezuela et Cuba dénoncent, mais qui les écoute ? L’Europe reste silencieuse, la Chine grommelle sans agir, la Russie est trop occupée ailleurs. Le monde accepte cette nouvelle normalité : l’Amérique fait ce qu’elle veut, quand elle veut, où elle veut. Et nous, spectateurs impuissants, on assiste à la mort lente du droit international, remplacé par la loi du plus fort. C’est ça qui me brise. Pas la saisie en elle-même, mais ce qu’elle révèle de notre monde : un monde où la force prime sur le droit, où la puissance écrase la justice, où les petits pays n’ont d’autre choix que de se soumettre ou de mourir à petit feu.
Trump et sa doctrine de domination hémisphérique
La saisie du Skipper ne peut se comprendre qu’à la lumière de la stratégie de sécurité nationale publiée par l’administration Trump le 4 décembre 2025. Ce document de trente-trois pages établit explicitement l’objectif de « restaurer la prééminence des États-Unis dans l’hémisphère occidental » tout en refusant « aux concurrents non occidentaux la possibilité de positionner des forces ou d’autres capacités menaçantes, ou de posséder ou contrôler des actifs stratégiquement vitaux » dans la région. En clair, l’Amérique latine doit redevenir la chasse gardée de Washington, une zone d’influence exclusive où aucune puissance rivale—en particulier la Chine—ne peut s’implanter. Le Venezuela et Cuba sont au cœur de cette stratégie. Le Venezuela détient les plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde, soit plus de trois cents milliards de barils. La Chine achète actuellement environ quatre-vingts pour cent des exportations pétrolières vénézuéliennes, utilisant ce pétrole pour alimenter son économie tout en contournant les sanctions américaines. Pour Trump, c’est intolérable. Il ne s’agit pas seulement de punir le régime de Nicolás Maduro—il s’agit de couper les approvisionnements chinois et de reprendre le contrôle des ressources énergétiques latino-américaines. Cuba, de son côté, représente un symbole : celui de la résistance à l’hégémonie américaine. Depuis la révolution de 1959, l’île a défié Washington, refusant de se plier aux diktats de l’empire. Pour Trump, briser Cuba serait une victoire idéologique majeure, un message envoyé à tous les pays tentés de suivre une voie indépendante.
Cette doctrine se traduit par une militarisation sans précédent de la région. Le Pentagone a déployé plus de quinze mille soldats, une douzaine de navires de guerre (dont le porte-avions USS Gerald R. Ford), des dizaines d’avions et des milliers de militaires dans la mer des Caraïbes et l’océan Pacifique. Il s’agit de la plus grande mobilisation militaire américaine dans les Caraïbes depuis la crise des missiles de Cuba en 1962. Cette présence massive vise à intimider, à dissuader tout commerce avec le Venezuela, et à préparer le terrain pour une éventuelle intervention directe. Trump a d’ailleurs refusé d’exclure l’envoi de troupes au Venezuela, déclarant que les jours de Maduro « sont comptés ». Il a également menacé le président colombien Gustavo Petro, affirmant que « Petro est le prochain ». Cette rhétorique belliqueuse s’accompagne d’actions concrètes. Mardi 9 décembre 2025, deux avions de combat américains ont survolé le golfe du Venezuela pendant environ quarante minutes, s’approchant à moins de vingt milles marins du territoire vénézuélien. C’était une provocation délibérée, un message clair : nous pouvons frapper quand nous voulons, où nous voulons. L’administration a également autorisé des opérations secrètes de la CIA à l’intérieur du Venezuela et élaboré des plans visant à s’en prendre à Maduro et à prendre possession des champs pétrolifères du pays. Selon une analyse du RANE (anciennement Stratfor Center for Applied Geopolitics), « dans les semaines à venir, les États-Unis vont probablement intensifier leur campagne militaire pour mener des frappes ciblées sur le territoire vénézuélien ». Le scénario le plus probable reste « une escalade vers des frappes aériennes américaines ou des opérations des forces spéciales à l’intérieur du territoire vénézuélien, Washington cherchant à affaiblir Maduro et à créer indirectement les conditions d’un changement de régime à long terme ».
Quand je lis cette stratégie de sécurité nationale, j’ai l’impression de replonger dans les années cinquante, à l’époque de la doctrine Monroe et du « big stick » de Theodore Roosevelt. L’Amérique latine comme arrière-cour des États-Unis, les ressources naturelles comme butin de guerre, les gouvernements récalcitrants comme cibles à abattre. On croyait cette époque révolue, enterrée sous les décombres de la guerre froide. Mais non. Elle revient, plus brutale que jamais, débarrassée de toute hypocrisie. Trump ne se cache même plus derrière des prétextes humanitaires ou démocratiques. Il dit les choses crûment : « Nous voulons le pétrole, nous prenons le pétrole. » Point final. Et ce qui me terrifie, c’est que cette franchise brutale trouve un écho dans une partie de l’opinion publique américaine. Après tout, pourquoi se gêner ? Pourquoi respecter le droit international quand on a la force militaire pour l’ignorer ? Cette logique est celle de la jungle, pas celle d’une société civilisée. Mais voilà où nous en sommes : la civilisation recule, la barbarie avance, et nous assistons, impuissants, à la résurgence d’un impérialisme qui ne dit plus son nom mais qui agit avec une violence décomplexée. Cuba et le Venezuela ne sont que les premières victimes. Demain, ce sera qui ? L’Iran ? La Corée du Nord ? Tous ceux qui osent défier l’empire ?
L'impact dévastateur sur le système énergétique cubain
Une île déjà au bord de l’effondrement
Cuba vit depuis deux ans une crise énergétique d’une ampleur inédite. Les coupures de courant sont devenues quotidiennes, plongeant des quartiers entiers dans l’obscurité pendant des heures. Les hôpitaux fonctionnent au ralenti, contraints d’annuler des opérations non urgentes faute d’électricité fiable. Les écoles ferment régulièrement, privant des milliers d’enfants d’éducation. Les usines tournent à capacité réduite, quand elles ne s’arrêtent pas complètement, provoquant des pertes d’emplois massives et une contraction brutale de l’activité économique. Les services sociaux de base—eau potable, assainissement, transports publics—sont gravement perturbés. La vie quotidienne est devenue un combat permanent contre la pénurie. Les Cubains passent des heures à faire la queue pour obtenir de l’essence, du gaz de cuisine, des produits alimentaires de base. L’inflation galope, les salaires stagnent, le pouvoir d’achat s’effondre. Le pays, déjà étranglé par l’embargo américain qui dure depuis plus de soixante ans, se trouve au bord de l’effondrement. Et maintenant, avec la saisie du Skipper et la menace de nouvelles interceptions, cette situation déjà catastrophique risque de basculer dans l’apocalypse. Le gouvernement cubain l’a reconnu sans détour dans son communiqué du 12 décembre 2025 : « Ces actions ont des effets négatifs sur Cuba et durcissent la politique de pression maximale et d’asphyxie économique des États-Unis, avec un impact direct sur le système énergétique national et, par conséquent, sur la vie quotidienne de notre peuple. »
Les chiffres sont implacables. Cuba consomme environ cent mille barils de pétrole par jour pour faire fonctionner son économie. Mais le pays ne produit pratiquement rien lui-même—ses gisements offshore sont modestes et sous-exploités faute d’investissements et de technologie. Il doit donc importer la quasi-totalité de ses besoins énergétiques. Avant la crise, le Venezuela fournissait jusqu’à cent mille barils par jour à Cuba, souvent à des conditions préférentielles ou en échange de services (notamment des milliers de médecins et de conseillers en sécurité cubains déployés au Venezuela). Mais la production pétrolière vénézuélienne s’est effondrée sous le poids des sanctions américaines, de la mauvaise gestion et du manque d’investissements. Aujourd’hui, le Venezuela ne peut plus fournir que vingt-sept mille barils par jour à Cuba, soit à peine un quart de ses besoins. Le Mexique, qui exportait environ dix mille barils par jour vers l’île, a réduit ses livraisons cette année. La Russie, malgré des promesses d’approvisionnement massif, n’a envoyé que quelques cargaisons sporadiques de naphte (un produit pétrolier léger utilisé comme carburant). Résultat : Cuba ne reçoit plus qu’environ cinquante mille barils par jour, soit la moitié de ses besoins. Le déficit est comblé tant bien que mal par des réductions drastiques de la consommation—coupures de courant programmées, rationnement du carburant, arrêt des activités non essentielles. Mais cette stratégie de survie a atteint ses limites. On ne peut pas indéfiniment couper l’électricité sans provoquer un effondrement complet du système. Et c’est précisément ce qui menace maintenant.
J’essaie d’imaginer ce que c’est que de vivre à Cuba aujourd’hui. De se réveiller sans savoir si l’électricité sera là pour préparer le café du matin. De rentrer du travail en se demandant si le frigo aura tenu, si la nourriture ne sera pas gâtée. De voir ses enfants faire leurs devoirs à la lueur d’une bougie parce que le courant est coupé. De passer des heures dans une file d’attente sous le soleil tropical pour obtenir quelques litres d’essence. C’est ça, la réalité cubaine en 2025. Et ce n’est pas une catastrophe naturelle, pas une fatalité climatique. C’est le résultat d’une politique délibérée, calculée, méthodique : asphyxier un peuple jusqu’à ce qu’il se soumette. Les États-Unis appellent ça des « sanctions ciblées contre le régime ». Mais qui souffre vraiment ? Pas les dirigeants, qui ont leurs générateurs, leurs privilèges, leurs circuits parallèles. Non, ce sont les gens ordinaires, ceux qui n’ont rien demandé, qui paient le prix de cette vendetta géopolitique. Et maintenant, avec la saisie du Skipper, on leur enlève même les dernières gouttes de pétrole qui leur permettaient encore de tenir. C’est d’une cruauté insoutenable. Et le pire, c’est que ça se fait au nom de la « liberté » et de la « démocratie ». Quelle liberté ? Celle de crever dans le noir ?
Les centrales électriques cubaines à l’agonie
Le système électrique cubain repose sur un parc de centrales thermiques vieillissantes, construites pour la plupart dans les années soixante et soixante-dix avec l’aide de l’Union soviétique. Ces installations, conçues pour fonctionner au fuel lourd (un résidu de raffinage du pétrole), sont aujourd’hui dans un état de délabrement avancé. Faute de maintenance régulière et de pièces de rechange, elles tombent en panne fréquemment, réduisant encore davantage la capacité de production. Selon les données officielles, la capacité installée totale de Cuba est d’environ cinq mille mégawatts, mais seulement trois mille mégawatts sont effectivement disponibles en raison des pannes et de l’obsolescence des équipements. La demande de pointe, elle, atteint régulièrement quatre mille mégawatts, créant un déficit structurel d’environ mille mégawatts. Ce déficit est géré par des coupures de courant programmées, appelées pudiquement « délestages », qui affectent tour à tour différentes zones de l’île. Mais ces coupures, initialement prévues pour durer une ou deux heures, s’éternisent souvent pendant quatre, six, parfois huit heures d’affilée. Dans certaines régions rurales, l’électricité n’est disponible que quelques heures par jour. Cette situation est insoutenable, tant sur le plan économique que social. Les entreprises ne peuvent pas planifier leur production, les hôpitaux ne peuvent pas garantir la continuité des soins, les écoles ne peuvent pas assurer un enseignement normal. La population, exaspérée, manifeste régulièrement son mécontentement, malgré les risques de répression.
Le problème fondamental est le manque de carburant. Les centrales thermiques cubaines ont besoin de fuel lourd pour fonctionner, et ce fuel provient essentiellement du Venezuela. Mais avec la réduction drastique des livraisons vénézuéliennes, les centrales tournent au ralenti, voire s’arrêtent complètement. Le gouvernement cubain a tenté de diversifier ses sources d’approvisionnement, important du diesel et du naphte de Russie, du Mexique et même de Turquie. Mais ces importations sont coûteuses et irrégulières, et elles ne compensent pas la perte des livraisons vénézuéliennes. Cuba a également annoncé son intention d’accélérer le développement de parcs solaires dans le cadre d’une stratégie plus large visant à diversifier ses sources d’énergie. Plusieurs projets sont en cours, avec l’aide de la Chine et de l’Espagne, pour installer des centaines de mégawatts de capacité solaire. Mais ces projets prennent du temps—des années, pas des mois—et ils ne résoudront pas le problème à court terme. Les responsables cubains reconnaissent d’ailleurs que les anciennes centrales au pétrole continueront de nécessiter du carburant pendant encore longtemps, limitant ainsi l’impact des projets renouvelables. En attendant, l’île est prise au piège : elle ne peut ni augmenter sa production d’électricité faute de carburant, ni réduire sa consommation sans provoquer un effondrement économique et social. Et maintenant, avec la saisie du Skipper et la menace de nouvelles interceptions, même les maigres livraisons de pétrole vénézuélien qui parvenaient encore à Cuba risquent de se tarir complètement.
Ces centrales électriques cubaines, je les imagine comme des vieilles dames épuisées, à bout de souffle, qui continuent à fonctionner par pure obstination. Elles ont été construites il y a plus de cinquante ans, à une époque où l’Union soviétique soutenait Cuba, où le pétrole coulait à flots, où l’avenir semblait prometteur. Aujourd’hui, elles sont à l’agonie, rafistolées avec des bouts de ficelle, maintenues en vie par des techniciens héroïques qui font des miracles avec trois fois rien. Et on leur demande encore de produire de l’électricité, de faire tourner l’économie, de maintenir le pays à flot. C’est impossible. Elles ne peuvent plus. Elles ont besoin de carburant, de pièces de rechange, d’investissements massifs. Mais tout ça, Cuba ne l’a pas. Parce que l’embargo américain empêche les investissements étrangers, parce que les sanctions bloquent l’accès aux technologies, parce que la saisie des pétroliers coupe les approvisionnements. C’est un cercle vicieux, une spirale mortelle. Et au bout, il y a quoi ? L’effondrement total ? Le chaos ? La famine ? Je ne veux même pas y penser. Mais c’est vers ça qu’on se dirige, inexorablement, si rien ne change. Et le plus révoltant, c’est que tout ça est évitable. Il suffirait de lever l’embargo, de laisser Cuba respirer, de lui donner une chance de se reconstruire. Mais non. On préfère l’étrangler, la voir agoniser, dans l’espoir qu’elle finira par se soumettre. C’est monstrueux.
Les routes clandestines du pétrole vénézuélien
Le ballet des pétroliers fantômes
Pour contourner les sanctions américaines, le commerce pétrolier entre le Venezuela et Cuba a développé une ingéniosité remarquable, mêlant transbordements en haute mer, changements de pavillon, et utilisation de navires « fantômes » qui naviguent avec leurs transpondeurs éteints pour échapper à la surveillance satellitaire. Le schéma typique fonctionne ainsi : un superpétrolier charge du brut vénézuélien dans un terminal offshore du Venezuela, souvent de nuit pour éviter les regards indiscrets. Le navire met ensuite le cap vers la Chine, principal acheteur du pétrole vénézuélien. Mais en chemin, il fait escale dans les Caraïbes, généralement près de Curaçao ou d’Aruba, deux îles néerlandaises situées au large des côtes vénézuéliennes. Là, en pleine mer, il effectue un transbordement : une partie de sa cargaison est transférée vers un autre pétrolier, plus petit, qui se dirige vers Cuba. Cette opération, appelée « ship-to-ship transfer », se déroule généralement de nuit, loin des routes maritimes principales, pour minimiser les risques de détection. Une fois le transfert effectué, le superpétrolier reprend sa route vers la Chine avec le reste de sa cargaison, tandis que le navire plus petit livre le pétrole à Cuba. Ce système permet de diluer les risques : si un navire est intercepté, seule une partie de la cargaison est perdue, et le flux global continue.
Mais ce système est fragile et coûteux. Les armateurs qui acceptent de participer à ce commerce prennent des risques considérables. Leurs navires peuvent être sanctionnés par le Trésor américain, ce qui les empêche d’accéder aux ports occidentaux et aux services bancaires internationaux. Leurs équipages peuvent être arrêtés et poursuivis. Et maintenant, avec la saisie du Skipper, ils savent que leurs navires peuvent être physiquement interceptés et confisqués. Résultat : de nombreux armateurs reconsidèrent leur participation à ce commerce. Selon Reuters, plusieurs compagnies maritimes ont annulé des départs prévus du Venezuela ces dernières semaines, par crainte de devenir des cibles des poursuites américaines. Cette réticence croissante des armateurs menace de paralyser complètement le commerce pétrolier vénézuélien, avec des conséquences catastrophiques pour Cuba. Les détails de ces accords de partage de cargaison restent obscurs. Cuba a longtemps fourni des services de sécurité et de renseignement à Nicolás Maduro, notamment des milliers de conseillers militaires et de membres des services de renseignement cubains qui aident à protéger le régime vénézuélien contre les tentatives de coup d’État. En échange, le Venezuela fournit du pétrole à Cuba, souvent à des conditions préférentielles ou même gratuitement. Mais il n’est pas clair comment ces arrangements fonctionnent exactement, ni comment ils s’adaptent aux nouvelles contraintes imposées par les sanctions américaines.
Il y a quelque chose de tragiquement romanesque dans ces pétroliers qui naviguent de nuit, transpondeurs éteints, pour échapper à la surveillance américaine. On dirait une histoire de contrebandiers, de pirates, de hors-la-loi. Sauf que les « hors-la-loi » ici, ce sont des pays souverains qui essaient simplement de commercer entre eux, de survivre malgré l’étranglement imposé par une superpuissance. Et les « gendarmes », ce sont les États-Unis qui s’arrogent le droit de dicter au monde entier avec qui il peut commercer et avec qui il ne peut pas. C’est absurde. C’est révoltant. Mais c’est la réalité. Et ce qui me frappe, c’est l’ingéniosité déployée pour contourner ces sanctions. Ces transbordements en pleine mer, ces changements de pavillon, ces routes détournées—tout ça demande une organisation incroyable, une coordination parfaite, un courage fou. Parce que les risques sont énormes. Un navire intercepté, c’est des millions de dollars perdus, des équipages arrêtés, des carrières brisées. Et pourtant, ils continuent. Parce qu’ils n’ont pas le choix. Parce que Cuba a besoin de ce pétrole pour survivre. Parce que le Venezuela a besoin de vendre son pétrole pour ne pas s’effondrer. C’est une lutte pour la survie, menée dans l’ombre, loin des projecteurs, par des hommes et des femmes dont on ne connaîtra jamais les noms. Et je trouve ça à la fois admirable et désespérant.
La Russie et la Chine : des alliés peu fiables
Cuba avait placé de grands espoirs dans un approvisionnement massif en pétrole russe pour compenser la réduction des livraisons vénézuéliennes. Des accords avaient été signés, des promesses faites, des cargaisons annoncées. Mais la réalité s’est révélée décevante. La Russie, engluée dans sa guerre en Ukraine et confrontée à ses propres sanctions occidentales, n’a pas les moyens de fournir à Cuba les quantités de pétrole nécessaires. Quelques cargaisons de naphte ont bien été livrées cette année, souvent partagées entre Cuba et le Venezuela pour optimiser l’utilisation d’une flotte limitée de pétroliers. Mais ces livraisons restent sporadiques et insuffisantes. De plus, le naphte russe n’est pas idéal pour les centrales thermiques cubaines, qui sont conçues pour fonctionner au fuel lourd. Il faut donc adapter les installations, ce qui prend du temps et coûte cher. Quant à la Chine, elle reste le principal acheteur de pétrole vénézuélien, absorbant environ quatre-vingts pour cent des exportations du pays. Mais Pékin n’a aucun intérêt à fournir directement du pétrole à Cuba. La Chine préfère acheter le brut vénézuélien à bas prix, le raffiner chez elle, et revendre les produits raffinés sur le marché international avec une marge confortable. Aider Cuba directement ne lui apporterait rien, sinon des ennuis avec les États-Unis. Pékin joue donc un jeu subtil : elle soutient le Venezuela pour sécuriser ses approvisionnements pétroliers, mais elle évite de s’impliquer trop ouvertement dans le soutien à Cuba, pour ne pas provoquer Washington inutilement.
Cette prudence chinoise laisse Cuba dans une position extrêmement vulnérable. L’île ne peut compter ni sur la Russie, trop occupée ailleurs, ni sur la Chine, trop prudente, ni sur le Mexique, qui a réduit ses exportations. Elle dépend donc presque exclusivement du Venezuela, lui-même étranglé par les sanctions américaines et incapable de produire suffisamment de pétrole pour répondre à ses propres besoins, sans parler de ceux de Cuba. Cette dépendance quasi-totale vis-à-vis d’une seule source d’approvisionnement, elle-même fragile et menacée, place Cuba dans une situation de précarité extrême. Chaque pétrolier saisi, chaque cargaison interceptée, chaque armateur dissuadé de participer au commerce avec le Venezuela rapproche un peu plus l’île de l’effondrement énergétique. Et c’est précisément ce que recherchent les États-Unis : pousser Cuba au bord du gouffre, dans l’espoir que le régime finira par s’effondrer sous le poids de la crise économique et sociale. C’est une stratégie d’asphyxie progressive, méthodique, implacable. Et elle fonctionne. Lentement, mais sûrement, Cuba s’enfonce dans la crise, sans issue visible à l’horizon. Les alternatives sont rares, les alliés peu fiables, les ressources épuisées. L’île est seule, abandonnée, condamnée à se battre pour sa survie avec des moyens dérisoires face à la puissance écrasante de l’empire américain.
Cette solitude de Cuba me brise le cœur. L’île est là, au milieu des Caraïbes, entourée d’eau de tous côtés, isolée, assiégée, abandonnée par ceux qui prétendaient être ses alliés. La Russie promet mais ne livre pas. La Chine achète mais ne partage pas. Le Mexique se retire discrètement. Et Cuba reste seule, face à la tempête. Je pense à ces Cubains qui se battent chaque jour pour survivre, qui font des miracles avec trois fois rien, qui refusent de se soumettre malgré la pression insoutenable. Ils méritent mieux que ça. Ils méritent des alliés fiables, des partenaires solidaires, un monde qui ne les abandonne pas. Mais ce monde-là n’existe pas. Ou plus. Il a été remplacé par un monde cynique, où chacun défend ses intérêts, où la solidarité n’est qu’un mot creux, où les petits pays sont sacrifiés sur l’autel de la realpolitik. Et Cuba paie le prix de cette lâcheté collective. Parce que personne n’ose vraiment défier les États-Unis. Personne n’ose vraiment soutenir Cuba, de peur de subir à son tour les foudres de Washington. Alors on laisse faire. On regarde l’île s’enfoncer, on assiste à son agonie, et on se dit que c’est dommage, mais qu’on n’y peut rien. Sauf qu’on pourrait. Si on avait le courage. Si on avait la décence. Mais on ne l’a pas.
Les frappes américaines dans les Caraïbes : une campagne de terreur
Quatre-vingt-sept morts en trois mois
La saisie du Skipper ne constitue qu’un élément d’une stratégie militaire beaucoup plus vaste et beaucoup plus brutale. Depuis le 2 septembre 2025, les États-Unis ont lancé plus de vingt-deux frappes de drones et de missiles contre des embarcations civiles dans les Caraïbes et le Pacifique, faisant au moins quatre-vingt-sept morts. Officiellement, ces bateaux transportaient de la drogue, et les frappes s’inscrivaient dans le cadre de la « guerre contre le narcotrafic ». Mais aucune preuve publique n’a été fournie pour justifier ces attaques. Aucune enquête indépendante n’a été menée. Aucun survivant n’a été interrogé publiquement. Juste des communiqués laconiques du Pentagone affirmant que des « cibles légitimes » avaient été neutralisées. La réalité est beaucoup plus sombre. Selon le Washington Post, lors des frappes du 2 septembre qui ont tué onze civils non armés, le secrétaire à la Guerre Pete Hegseth a donné l’ordre verbal explicite de « tuer tout le monde ». Les survivants de la première attaque, qui faisaient des gestes pour être secourus sans savoir qu’ils avaient été pris pour cible, ont été délibérément tués lors d’une deuxième frappe, en violation flagrante des protections prévues par les Conventions de Genève pour les naufragés. Ces révélations ont provoqué un scandale, mais aucune sanction n’a été prise contre Hegseth. Au contraire, l’administration Trump a défendu ces frappes comme nécessaires et proportionnées.
Ces attaques constituent des crimes de guerre au regard du droit international. Tuer des civils non armés, achever des naufragés, frapper sans avertissement ni possibilité de reddition—tout cela viole les règles les plus élémentaires du droit humanitaire. Mais les États-Unis s’en moquent. Ils considèrent que leur « guerre contre le narcotrafic » leur donne tous les droits, y compris celui de tuer impunément. Et le plus terrifiant, c’est que personne ne proteste vraiment. L’ONU reste silencieuse, les organisations de défense des droits humains publient des communiqués timides, les médias occidentaux relaient sans broncher la version officielle du Pentagone. Seuls quelques sénateurs américains, comme le républicain Rand Paul, ont osé critiquer ces frappes, les qualifiant de « début d’une guerre ». Mais leurs voix sont noyées dans le concert de soutien bipartisan à la politique de Trump. Le chef de la minorité au Sénat, le démocrate Chuck Schumer, a refusé de condamner les frappes, se contentant de déclarer que « si Maduro s’enfuyait de lui-même, tout le monde serait content ». Cette lâcheté politique est révélatrice : les deux partis américains soutiennent la stratégie d’asphyxie de Cuba et du Venezuela, même si elle implique des crimes de guerre. Parce qu’au fond, pour eux, les vies latino-américaines ne comptent pas. Ce sont des dommages collatéraux acceptables dans la grande stratégie de domination hémisphérique.
Quatre-vingt-sept morts. Quatre-vingt-sept êtres humains, avec des familles, des rêves, des espoirs, réduits à des statistiques dans un rapport du Pentagone. Quatre-vingt-sept vies fauchées par des missiles tirés depuis des drones pilotés à des milliers de kilomètres de là, par des opérateurs qui ne verront jamais les visages de ceux qu’ils tuent. Et tout ça pour quoi ? Pour la « guerre contre la drogue » ? Vraiment ? On nous prend pour des imbéciles. Ces frappes n’ont rien à voir avec la drogue. Elles visent à terroriser, à dissuader, à envoyer un message clair : quiconque commerce avec le Venezuela ou Cuba sera puni. Peu importe que vous soyez un trafiquant ou un pêcheur innocent. Peu importe que vous soyez armé ou non. Si vous êtes dans la zone, vous êtes une cible. Et ce qui me révolte le plus, c’est le silence complice qui entoure ces massacres. Où sont les grandes consciences morales qui s’indignent habituellement des violations des droits humains ? Où sont les défenseurs du droit international qui dénoncent les crimes de guerre ? Ils se taisent. Parce que les victimes sont latino-américaines, parce que les bourreaux sont américains, parce que ça ne fait pas vendre. Alors on laisse faire. On accepte. On normalise. Et demain, quand le bilan sera de cent morts, de deux cents morts, on haussera les épaules en disant que c’est le prix à payer pour la « sécurité ». Quelle sécurité ? Celle de pouvoir tuer impunément ?
La militarisation des Caraïbes : un retour à 1962
Le déploiement militaire américain dans les Caraïbes atteint des niveaux jamais vus depuis la crise des missiles de Cuba en 1962. Plus de quinze mille soldats, une douzaine de navires de guerre (dont le porte-avions USS Gerald R. Ford, l’un des plus puissants au monde), des dizaines d’avions de combat, des drones de surveillance, des sous-marins nucléaires—tout l’arsenal militaire américain est mobilisé pour encercler le Venezuela et Cuba. Cette présence massive vise plusieurs objectifs. D’abord, intimider : montrer aux régimes de Caracas et de La Havane que les États-Unis ont les moyens de frapper à tout moment, n’importe où. Ensuite, dissuader : décourager les armateurs, les compagnies pétrolières, les banques de commercer avec ces pays, sous peine de représailles. Enfin, préparer : mettre en place les infrastructures nécessaires pour une éventuelle intervention militaire directe. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Selon l’analyse du RANE, « le scénario le plus probable reste une escalade vers des frappes aériennes américaines ou des opérations des forces spéciales à l’intérieur du territoire vénézuélien, Washington cherchant à affaiblir Maduro et à créer indirectement les conditions d’un changement de régime à long terme ». Le RANE note également que « compte tenu de la mobilisation militaire accrue des États-Unis dans les Caraïbes, des déclarations répétées de Trump selon lesquelles des attaques terrestres sont imminentes et des critiques persistantes de son administration à l’égard de Maduro, la probabilité d’un scénario dans lequel les États-Unis se contenteraient de maintenir leurs frappes cinétiques contre des bateaux ou des avions soupçonnés de trafic de drogue est faible ».
Cette militarisation transforme les Caraïbes en zone de guerre. Les pêcheurs locaux n’osent plus sortir en mer, de peur d’être pris pour cible. Les compagnies maritimes évitent la région, augmentant les coûts de transport et aggravant l’isolement de Cuba. Les touristes annulent leurs voyages, privant les économies locales de revenus vitaux. Et surtout, cette présence militaire crée un climat de tension extrême, où le moindre incident pourrait dégénérer en conflit ouvert. Mardi 9 décembre 2025, deux avions de combat américains ont survolé le golfe du Venezuela pendant environ quarante minutes, s’approchant à moins de vingt milles marins du territoire vénézuélien. C’était une provocation délibérée, un test des défenses vénézuéliennes, un message clair : nous pouvons frapper quand nous voulons. Le Venezuela a protesté, dénonçant une « violation de sa souveraineté », mais sans pouvoir faire grand-chose. Ses forces aériennes, équipées d’avions russes et chinois vieillissants, ne font pas le poids face à la puissance de feu américaine. Cuba, de son côté, ne dispose pratiquement d’aucune défense aérienne moderne. L’île est totalement vulnérable à une attaque américaine. Et Trump le sait. C’est précisément pour cela qu’il multiplie les provocations, les menaces, les démonstrations de force. Il veut que Cuba et le Venezuela sachent qu’ils sont à sa merci, qu’il peut les détruire quand il le souhaite. C’est une stratégie de terreur psychologique, destinée à briser la volonté de résistance de ces pays.
Cette militarisation des Caraïbes me glace le sang. Parce que je sais où ça mène. J’ai lu l’histoire, j’ai vu les images, j’ai entendu les témoignages. La crise des missiles de 1962 a failli déclencher une guerre nucléaire. Le monde a été à deux doigts de l’apocalypse. Et aujourd’hui, on rejoue la même pièce, avec les mêmes acteurs, les mêmes menaces, les mêmes provocations. Sauf que cette fois, il n’y a pas de Kennedy pour négocier, pas de Khrouchtchev pour reculer. Il y a Trump, qui joue au cow-boy, et Maduro, qui n’a rien à perdre. C’est une recette pour le désastre. Et Cuba est prise au milieu, otage d’un affrontement qui la dépasse, condamnée à subir les conséquences d’une guerre qu’elle n’a pas voulue. Je regarde ces porte-avions, ces avions de combat, ces drones de surveillance, et je me demande : à quoi ça sert, tout ça ? À protéger qui ? À défendre quoi ? La « sécurité nationale » américaine ? Vraiment ? Cuba et le Venezuela menacent la sécurité des États-Unis ? C’est ridicule. Non, tout ça ne sert qu’à une chose : affirmer la domination, imposer la soumission, rappeler au monde qui est le patron. C’est de l’impérialisme pur et simple, déguisé en opération de maintien de la paix. Et le plus tragique, c’est que ça marche. Parce que personne n’ose défier l’empire. Alors on assiste, impuissants, à cette escalade militaire qui nous rapproche chaque jour un peu plus du point de non-retour.
La réaction internationale : un silence assourdissant
L’ONU appelle à la retenue, sans effet
Face à la saisie du Skipper et à l’escalade militaire américaine dans les Caraïbes, la communauté internationale a réagi avec une timidité déconcertante. L’Organisation des Nations unies a publié un communiqué appelant les parties à « ne pas déstabiliser la région » et à « privilégier le dialogue ». Mais ces mots creux n’ont aucun poids face à la détermination de l’administration Trump. Le Conseil de sécurité n’a pas été convoqué, aucune résolution n’a été proposée, aucune sanction n’a été envisagée. Parce que tout le monde sait que les États-Unis opposeraient leur veto à toute tentative de condamnation. L’ONU est donc réduite à l’impuissance, incapable de faire respecter le droit international face à la puissance américaine. Le secrétaire général António Guterres a bien exprimé sa « préoccupation » face à la situation, mais sans aller plus loin. Il sait que critiquer trop ouvertement les États-Unis pourrait compromettre le financement de l’organisation, dont Washington est le principal contributeur. Cette dépendance financière paralyse l’ONU, la transformant en spectateur impuissant des violations du droit international commises par les grandes puissances. Le Venezuela a bien tenté de saisir la Cour internationale de justice, dénonçant un « acte de piraterie » et une « violation de sa souveraineté ». Mais la procédure prendra des années, et entre-temps, les États-Unis continueront leurs opérations sans être inquiétés. Cuba, de son côté, a multiplié les appels à la solidarité internationale, mais sans grand succès. Les pays latino-américains, pour la plupart, restent silencieux, de peur de s’attirer les foudres de Washington.
L’Union européenne a adopté une position particulièrement hypocrite. Officiellement, Bruxelles soutient le multilatéralisme et le respect du droit international. Mais face à la saisie du Skipper, l’UE n’a émis qu’un communiqué tiède appelant à la « désescalade » et au « dialogue ». Aucune condamnation claire, aucune sanction contre les États-Unis, aucun soutien concret à Cuba. Parce que l’Europe est elle-même divisée sur la question. Certains pays, comme l’Espagne ou le Portugal, ont des liens historiques avec Cuba et souhaiteraient une approche plus conciliante. Mais d’autres, comme la Pologne ou les pays baltes, soutiennent fermement la ligne dure de Trump contre les régimes « autoritaires ». Résultat : l’UE ne fait rien, se contentant de déclarations vagues qui ne changent rien sur le terrain. La Chine et la Russie, elles, ont condamné la saisie du pétrolier, la qualifiant d' »acte illégal » et de « violation du droit international ». Mais leurs protestations restent purement verbales. Pékin ne veut pas risquer une confrontation directe avec Washington pour défendre Cuba, et Moscou est trop occupée en Ukraine pour ouvrir un nouveau front dans les Caraïbes. Bref, Cuba est seule. Abandonnée par ses alliés, ignorée par la communauté internationale, livrée à elle-même face à la puissance écrasante de l’empire américain.
Ce silence international me révolte autant qu’il me désespère. Où sont les grands principes dont tout le monde se gargarise ? Le respect du droit international, la souveraineté des États, le multilatéralisme ? Tout ça s’évapore dès qu’il s’agit de défier les États-Unis. L’ONU appelle à la « retenue », l’UE demande le « dialogue », la Chine et la Russie « condamnent ». Et puis quoi ? Rien. Absolument rien. Parce que personne n’a le courage de passer des paroles aux actes. Personne n’ose vraiment soutenir Cuba, de peur de subir à son tour les représailles américaines. Alors on laisse faire. On assiste, impuissants—ou plutôt complices—à cette agression caractérisée, à cette violation flagrante du droit international, à cette asphyxie méthodique d’un peuple entier. Et on se dit que c’est dommage, mais qu’on n’y peut rien. Sauf qu’on pourrait. Si on avait le courage. Si on avait la décence. Si on croyait vraiment aux valeurs qu’on prétend défendre. Mais on ne les défend que quand c’est confortable, quand ça ne coûte rien, quand ça ne dérange personne. Dès que ça devient risqué, dès qu’il faut affronter une grande puissance, on se dégonfle. On se cache derrière des communiqués diplomatiques, des appels à la retenue, des déclarations de préoccupation. Et pendant ce temps, Cuba agonise. Seule. Abandonnée. Trahie par ceux qui prétendaient être ses amis.
Le Congrès américain : une opposition inexistante
Aux États-Unis mêmes, l’opposition à la politique de Trump envers Cuba et le Venezuela est quasi inexistante. Le Congrès, pourtant censé contrôler l’exécutif, a adopté le 10 décembre 2025 un projet de loi record de neuf cents milliards de dollars sur la politique de défense, par trois cent douze voix contre cent douze. Cette législation augmente considérablement les dépenses américaines en matière d’armes nucléaires, y compris le financement du système de défense antimissile dit « Golden Dome ». Le projet de loi comprend bien quelques dispositions symboliques, comme la retenue de vingt-cinq pour cent du budget de voyage du secrétaire à la Guerre Pete Hegseth jusqu’à ce qu’il divulgue tous les ordres autorisant les frappes contre les bateaux et publie la vidéo non modifiée des opérations. Mais cette mesure n’est qu’une absurdité insignifiante, un inconvénient mineur pour un homme manifestement coupable d’avoir commis des crimes de guerre. Cette mesure inefficace vise à camoufler l’inaction totale des deux partis alors que l’administration Trump commet des meurtres en haute mer. Interrogé directement sur son opposition au changement de régime au Venezuela, le chef de la minorité au Sénat, le démocrate Chuck Schumer, a refusé de se prononcer clairement. « Vous savez, il est évident que si Maduro s’enfuyait de lui-même, tout le monde serait content », a-t-il déclaré, révélant ainsi le soutien bipartisan à la stratégie d’asphyxie de Trump.
Seuls quelques rares élus osent critiquer cette politique. Le sénateur républicain Rand Paul, l’un des rares membres du Congrès à avoir émis les critiques les plus modérées à l’égard des actions de l’administration, a déclaré à NewsNation que la saisie du Skipper « ressemblait beaucoup au début d’une guerre ». Le sénateur démocrate Chris Coons a fait remarquer qu’il n’avait pas reçu d’informations détaillées sur les plans de l’administration, se disant « gravement préoccupé par le fait que Trump nous entraîne inconscients dans une guerre avec le Venezuela ». Mais ces voix isolées sont noyées dans le concert de soutien bipartisan. La réalité est que les deux partis américains partagent la même vision de l’Amérique latine : une zone d’influence exclusive des États-Unis, où aucun régime hostile ne peut être toléré. Les démocrates critiquent parfois les méthodes de Trump—trop brutales, trop voyantes—mais ils soutiennent l’objectif final : renverser Maduro, briser Cuba, restaurer l’hégémonie américaine dans la région. Cette convergence bipartisane explique pourquoi aucune opposition sérieuse ne se manifeste au Congrès. Les quelques élus progressistes qui osent critiquer la politique de Trump sont marginalisés, accusés d’être « anti-américains » ou « complices des dictatures ». Le débat public est verrouillé, les médias relaient sans broncher la version officielle, et l’opinion publique américaine, largement indifférente au sort de Cuba, ne se mobilise pas. Résultat : Trump a les mains libres pour poursuivre sa stratégie d’asphyxie, sans craindre de sanctions politiques ou électorales.
Cette complicité bipartisane me dégoûte. Parce qu’elle révèle que, au fond, il n’y a pas de véritable opposition aux États-Unis. Pas sur les questions de politique étrangère, en tout cas. Démocrates et républicains se disputent sur tout—avortement, immigration, fiscalité—mais dès qu’il s’agit de dominer l’Amérique latine, ils sont d’accord. Tous. Sans exception, ou presque. Et ça, c’est terrifiant. Parce que ça signifie qu’il n’y a aucun espoir de changement. Que Trump parte ou reste, que les démocrates gagnent ou perdent, la politique envers Cuba restera la même : asphyxie, pression, strangulation. Jusqu’à ce que l’île se soumette ou s’effondre. Et personne ne protestera vraiment. Parce que c’est le consensus de Washington, la doxa de l’establishment, la ligne rouge qu’on ne franchit pas. Critiquer l’embargo contre Cuba, c’est se mettre au ban de la classe politique américaine, c’est se condamner à la marginalisation. Alors on se tait. On acquiesce. On vote les budgets militaires, on approuve les sanctions, on ferme les yeux sur les crimes de guerre. Et on se dit qu’après tout, ce ne sont que des Cubains, des Vénézuéliens, des Latino-Américains. Pas des « vrais » Américains. Pas des gens qui comptent. Cette déshumanisation me révolte. Parce qu’elle permet tous les crimes, toutes les horreurs, toutes les injustices. Tant qu’on ne considère pas les autres comme des êtres humains à part entière, on peut leur faire n’importe quoi. Et c’est exactement ce qui se passe.
Les conséquences humanitaires : un peuple sacrifié
La vie quotidienne dans le noir
Pour comprendre l’ampleur de la catastrophe humanitaire qui se déroule à Cuba, il faut descendre dans les rues de La Havane, de Santiago, de Camagüey. Il faut voir ces familles qui vivent dans le noir pendant des heures chaque jour, ces enfants qui font leurs devoirs à la lueur d’une bougie, ces personnes âgées qui suffoquent dans la chaleur tropicale sans ventilateur ni climatisation. Il faut sentir cette odeur de nourriture avariée qui s’échappe des frigos éteints, voir ces files d’attente interminables devant les stations-service, entendre ces cris de désespoir quand l’électricité se coupe au milieu d’une opération chirurgicale. C’est ça, la réalité cubaine en 2025. Une réalité de pénurie, de privation, de souffrance quotidienne. Les coupures de courant durent en moyenne quatre à six heures par jour dans les zones urbaines, parfois beaucoup plus dans les régions rurales. Elles sont programmées par zones, pour répartir la charge, mais elles sont imprévisibles et peuvent survenir à tout moment. Impossible de planifier quoi que ce soit. Les entreprises ne peuvent pas produire, les écoles ne peuvent pas enseigner, les hôpitaux ne peuvent pas soigner. La vie s’arrête, suspendue à la disponibilité aléatoire de l’électricité. Et quand le courant revient, c’est pour quelques heures seulement, avant de repartir. Ce cycle infernal épuise la population, physiquement et psychologiquement. Les gens sont à bout, exaspérés, désespérés. Mais ils tiennent. Parce qu’ils n’ont pas le choix. Parce que c’est ça ou l’exil, et tout le monde ne peut pas partir.
Les hôpitaux sont particulièrement touchés. Certes, ils disposent de générateurs de secours, mais ces générateurs consomment du diesel, qui manque cruellement. Résultat : les opérations non urgentes sont reportées indéfiniment, les examens médicaux sont rationnés, les traitements sont interrompus. Les patients souffrent, certains meurent faute de soins adéquats. Le système de santé cubain, autrefois fierté du régime et modèle pour de nombreux pays en développement, est au bord de l’effondrement. Les médecins et infirmières font des miracles avec des moyens dérisoires, mais ils ne peuvent pas compenser le manque d’électricité, de médicaments, d’équipements. Les écoles ferment régulièrement, privant des milliers d’enfants d’éducation. Les cours en ligne sont impossibles faute d’électricité et de connexion internet fiable. Les élèves prennent du retard, les enseignants sont découragés, le système éducatif se délite. Les transports publics fonctionnent au ralenti, faute de carburant pour les bus et les trains. Les gens marchent pendant des heures pour aller travailler, ou restent chez eux, aggravant encore la paralysie économique. L’eau potable manque dans de nombreuses régions, car les stations de pompage n’ont pas d’électricité. Les gens doivent faire des réserves, rationner, se débrouiller. C’est une lutte quotidienne pour la survie, une guerre d’usure contre la pénurie. Et cette guerre, Cuba est en train de la perdre.
J’essaie d’imaginer ce que c’est que de vivre dans ces conditions. De se réveiller chaque matin sans savoir si l’électricité sera là. De voir ses enfants souffrir de la chaleur, de la faim, de la peur. De regarder ses parents vieillir sans pouvoir les soigner correctement. De sentir sa vie se rétrécir, jour après jour, heure après heure, jusqu’à ne plus être qu’une lutte pour la survie. Et de savoir que tout ça n’est pas une fatalité, pas une catastrophe naturelle, mais le résultat d’une politique délibérée. Que quelqu’un, quelque part, a décidé que vous deviez souffrir. Que votre vie ne valait rien. Que vous étiez un dommage collatéral acceptable dans une grande stratégie géopolitique. Comment on vit avec ça ? Comment on garde espoir ? Comment on ne sombre pas dans le désespoir ? Je ne sais pas. Mais les Cubains le font. Ils tiennent. Ils résistent. Ils refusent de se soumettre, malgré la pression insoutenable. Et ça, c’est admirable. Mais ça ne devrait pas être nécessaire. Personne ne devrait avoir à endurer ça. Personne ne devrait être sacrifié sur l’autel de l’orgueil d’une superpuissance. Et pourtant, c’est ce qui se passe. Sous nos yeux. Avec notre complicité silencieuse. Et ça me brise le cœur.
L’exode massif : quand partir devient la seule option
Face à cette situation désespérée, de plus en plus de Cubains choisissent l’exil. Depuis 2021, plus de cinq cent mille personnes ont quitté l’île, soit près de cinq pour cent de la population totale. C’est un exode massif, comparable à celui des années quatre-vingt-dix après l’effondrement de l’Union soviétique, mais en pire. Parce qu’aujourd’hui, ce ne sont pas seulement les opposants politiques ou les mécontents qui partent. Ce sont des familles entières, des médecins, des ingénieurs, des enseignants, des jeunes diplômés. Tous ceux qui ont les moyens et l’énergie de partir le font. Ils traversent le détroit de Floride sur des embarcations de fortune, risquant leur vie dans des eaux infestées de requins. Ils empruntent la route terrestre à travers l’Amérique centrale, affrontant les gangs, la corruption, les dangers de la jungle. Ils paient des passeurs des milliers de dollars pour atteindre le Mexique, puis les États-Unis. Beaucoup meurent en chemin, noyés, assassinés, abandonnés. Mais ceux qui survivent ne reviennent jamais. Parce qu’il n’y a rien à quoi revenir. Cuba se vide de ses forces vives, de ses talents, de son avenir. Les villages se dépeuplent, les écoles ferment faute d’élèves, les hôpitaux manquent de personnel. C’est une hémorragie démographique qui condamne l’île à un déclin inexorable. Et les États-Unis le savent. Ils encouragent même cet exode, car il affaiblit encore davantage le régime cubain. Chaque Cubain qui part est une victoire pour Washington, une preuve que le système ne fonctionne pas, que l’île est condamnée.
Mais cet exode a un coût humain terrible. Les familles sont déchirées, séparées par des milliers de kilomètres et l’impossibilité de se revoir. Les enfants grandissent sans leurs parents, les parents vieillissent sans leurs enfants. Les liens se distendent, les souvenirs s’estompent, les racines se coupent. Cuba perd son identité, sa cohésion sociale, son âme. Et ceux qui restent—les plus pauvres, les plus âgés, les plus vulnérables—se retrouvent encore plus isolés, encore plus démunis. Ils regardent leurs proches partir, sachant qu’ils ne les reverront probablement jamais. Ils restent seuls dans un pays qui s’effondre, sans espoir d’amélioration, sans perspective d’avenir. C’est une tragédie silencieuse, qui se joue loin des caméras, loin des projecteurs. Une tragédie dont personne ne parle, parce qu’elle ne fait pas vendre, parce qu’elle ne concerne que des Cubains, des gens qui ne comptent pas dans le grand jeu géopolitique. Mais cette tragédie est réelle. Elle détruit des vies, brise des familles, anéantit des espoirs. Et elle est directement causée par la politique d’asphyxie menée par les États-Unis. Parce que si Cuba pouvait respirer, si l’embargo était levé, si le pétrole pouvait circuler librement, les gens n’auraient pas besoin de partir. Ils pourraient rester, reconstruire, espérer. Mais on ne leur laisse pas cette chance. On les force à choisir entre la misère et l’exil. Et c’est impardonnable.
Cet exode me hante. Parce que je sais ce que c’est que de partir. De quitter sa terre, sa famille, ses racines. De tout abandonner pour une promesse incertaine, un espoir fragile. Et je sais que ceux qui partent ne le font jamais de gaieté de cœur. Ils partent parce qu’ils n’ont plus le choix. Parce que rester, c’est condamner leurs enfants à la misère, à la pénurie, au désespoir. Alors ils partent. Le cœur brisé, les larmes aux yeux, mais ils partent. Et ils ne reviennent jamais. Parce qu’on ne revient pas d’un exil forcé. On ne revient pas d’une trahison. Et c’est bien de ça qu’il s’agit : une trahison. Celle d’un monde qui abandonne Cuba, qui la laisse agoniser, qui force son peuple à l’exil. Et le plus révoltant, c’est que cet exode est présenté comme une preuve de l’échec du régime cubain. « Regardez, les gens fuient le communisme ! » Mais ils ne fuient pas le communisme. Ils fuient la misère causée par l’embargo. Ils fuient les coupures de courant causées par la saisie des pétroliers. Ils fuient l’asphyxie économique imposée par Washington. Si on leur donnait une chance de vivre dignement à Cuba, combien resteraient ? La plupart, j’en suis convaincu. Parce qu’on n’abandonne pas sa terre par plaisir. On l’abandonne par nécessité. Et cette nécessité, ce sont les États-Unis qui l’ont créée. Délibérément. Méthodiquement. Impitoyablement.
Conclusion : vers l'effondrement ou la résistance ?
Les scénarios possibles pour Cuba
Alors que la crise énergétique s’aggrave et que les États-Unis intensifient leur pression, Cuba se trouve à un carrefour historique. Plusieurs scénarios se dessinent, aucun n’étant vraiment rassurant. Le premier, et le plus probable selon les analystes, est celui de l’effondrement progressif. Sans pétrole, le système électrique cubain ne peut pas fonctionner. Sans électricité, l’économie s’arrête. Sans économie, le régime perd sa légitimité et sa capacité à maintenir l’ordre. Les manifestations se multiplient, la répression s’intensifie, la violence éclate. Le pays sombre dans le chaos, ouvrant la voie à une intervention américaine « humanitaire » ou à un changement de régime orchestré de l’extérieur. C’est le scénario que Trump espère, celui qui lui permettrait de proclamer la victoire de la « liberté » sur le « communisme » et de reprendre le contrôle de l’île. Le deuxième scénario est celui de la survie précaire. Cuba parvient à maintenir un approvisionnement minimal en pétrole, grâce à des routes clandestines de plus en plus complexes et risquées. Le pays vit dans une pénurie permanente, avec des coupures de courant quotidiennes, une économie au ralenti, une population exaspérée mais résignée. C’est un statu quo insoutenable à long terme, mais qui peut durer des années, voire des décennies. Cuba devient une sorte de Corée du Nord des Caraïbes : isolée, appauvrie, mais toujours debout, refusant de se soumettre malgré la pression.
Le troisième scénario, le plus improbable mais pas impossible, est celui de la rupture. Face à l’asphyxie, Cuba décide de changer radicalement de stratégie. Le régime accepte des réformes politiques et économiques majeures, ouvre le pays aux investissements étrangers, négocie avec les États-Unis un assouplissement de l’embargo en échange de concessions. C’est le scénario que certains observateurs occidentaux appellent de leurs vœux, celui d’une « transition démocratique » à la cubaine. Mais il est peu probable, car il impliquerait que le régime accepte sa propre disparition, ce qu’il refuse catégoriquement. Le quatrième scénario, le plus optimiste mais aussi le plus utopique, est celui du sauvetage international. La Chine, la Russie, ou une coalition de pays latino-américains décident de soutenir massivement Cuba, en lui fournissant du pétrole, des investissements, une protection diplomatique. Mais ce scénario suppose une volonté politique qui n’existe pas actuellement. Pékin et Moscou ont d’autres priorités, et les pays latino-américains sont trop faibles ou trop dépendants de Washington pour oser défier ouvertement les États-Unis. Reste le cinquième scénario, celui de la résistance héroïque. Cuba refuse de se soumettre, malgré la pression insoutenable. Le pays développe des alternatives énergétiques—solaire, éolien, biomasse—accélère sa transition écologique, réduit sa dépendance au pétrole. C’est un pari fou, qui demanderait des investissements massifs et du temps. Mais c’est peut-être la seule voie de salut pour une île qui refuse de mourir.
Je ne sais pas quel scénario se réalisera. Peut-être un mélange de tous, peut-être aucun. Mais ce que je sais, c’est que Cuba mérite mieux que ça. Ce peuple mérite mieux que cette agonie lente, cette asphyxie méthodique, cette condamnation à mort déguisée en politique étrangère. Il mérite de vivre dignement, de choisir son destin, de construire son avenir sans avoir un empire qui lui serre la gorge. Et nous, spectateurs de cette tragédie, nous avons une responsabilité. Celle de ne pas détourner le regard. Celle de ne pas accepter l’inacceptable. Celle de crier notre indignation, même si personne ne nous écoute. Parce que le silence, c’est la complicité. Et je refuse d’être complice. Je refuse d’accepter que Cuba soit sacrifiée sur l’autel de la géopolitique. Je refuse de croire que la force prime sur le droit, que la puissance écrase la justice, que les petits pays n’ont d’autre choix que de se soumettre ou de mourir. Il doit y avoir une autre voie. Il doit y avoir un espoir. Même infime, même fragile, même utopique. Parce que sans espoir, il ne reste que le désespoir. Et le désespoir, c’est la mort de l’âme. Cuba a déjà assez souffert. Elle mérite de vivre. De respirer. D’espérer. Et nous devons l’aider. Pas par charité, mais par humanité. Parce que c’est la seule chose qui nous reste, dans ce monde qui sombre dans la barbarie : notre humanité. Ne la perdons pas.
L’héritage de cette crise : un monde plus brutal
Au-delà du sort de Cuba, la saisie du Skipper et l’escalade militaire américaine dans les Caraïbes marquent un tournant dans les relations internationales. Elles signalent le retour d’un impérialisme décomplexé, qui ne se cache plus derrière des prétextes humanitaires ou démocratiques. Trump dit les choses crûment : « Nous voulons le pétrole, nous prenons le pétrole. » Cette franchise brutale est révélatrice d’un monde où la force prime sur le droit, où les grandes puissances font ce qu’elles veulent sans avoir à rendre de comptes. Et ce n’est pas seulement une question américaine. La Russie en Ukraine, la Chine en mer de Chine méridionale, Israël à Gaza—partout, les puissances régionales et mondiales agissent avec une violence croissante, ignorant le droit international, méprisant les institutions multilatérales, écrasant les plus faibles. Le monde devient plus brutal, plus dangereux, plus injuste. Et Cuba n’est que la première victime de cette nouvelle ère. Demain, ce sera qui ? L’Iran ? La Corée du Nord ? Le Nicaragua ? Tous ceux qui osent défier les grandes puissances ? Cette logique de domination par la force est une régression historique. Elle nous ramène à l’époque des empires coloniaux, où les puissances européennes se partageaient le monde au mépris des peuples colonisés. On croyait cette époque révolue, enterrée sous les décombres de la Seconde Guerre mondiale et l’émergence du droit international. Mais elle revient, plus brutale que jamais, débarrassée de toute hypocrisie.
Cette évolution est d’autant plus inquiétante qu’elle se produit dans un contexte de crise climatique et de tensions géopolitiques croissantes. Le monde a besoin de coopération, de solidarité, de multilatéralisme pour affronter les défis du XXIe siècle. Mais au lieu de cela, on assiste à une fragmentation, une militarisation, une course aux armements. Les budgets militaires explosent, les alliances se durcissent, les conflits se multiplient. Et les victimes, comme toujours, ce sont les peuples. Les Cubains qui vivent dans le noir, les Vénézuéliens qui fuient la misère, les Ukrainiens qui subissent la guerre, les Palestiniens qui meurent sous les bombes. Tous sacrifiés sur l’autel de la géopolitique, tous dommages collatéraux d’un monde qui a perdu son humanité. La saisie du Skipper n’est donc pas qu’une affaire cubaine ou vénézuélienne. C’est un symbole. Celui d’un monde qui bascule dans la barbarie, où la loi du plus fort remplace le droit, où la violence devient la norme, où les petits pays n’ont d’autre choix que de se soumettre ou de disparaître. Et face à cette dérive, nous avons tous une responsabilité. Celle de résister, de protester, de refuser l’inacceptable. Celle de défendre les valeurs d’humanité, de justice, de solidarité. Même si c’est difficile. Même si c’est risqué. Même si ça semble inutile. Parce que c’est la seule chose qui nous reste : notre capacité à dire non. À refuser la barbarie. À croire en un monde meilleur. Et Cuba, dans sa résistance héroïque, nous montre la voie. Elle nous rappelle que la dignité ne se négocie pas, que la liberté ne se mendie pas, que la souveraineté ne se vend pas. Même au prix de la souffrance. Même au prix de la vie.
Je termine cet article le cœur lourd, l’esprit troublé, l’âme meurtrie. Parce que j’ai conscience de l’impuissance de mes mots face à la brutalité des faits. Qu’est-ce qu’un article peut changer ? Qu’est-ce que quelques milliers de mots peuvent faire contre la puissance de l’empire américain, contre l’indifférence internationale, contre la résignation collective ? Probablement rien. Probablement que personne ne lira ces lignes, ou que ceux qui les liront hausseront les épaules en disant que c’est triste, mais qu’on n’y peut rien. Et pourtant, je les écris quand même. Parce que je refuse le silence. Parce que je refuse la complicité. Parce que je crois encore, malgré tout, que les mots ont un pouvoir. Celui de témoigner, de dénoncer, de résister. Cuba agonise sous nos yeux, et nous regardons ailleurs. Mais je ne veux pas regarder ailleurs. Je veux voir. Je veux comprendre. Je veux hurler mon indignation, même si personne ne m’entend. Parce que c’est tout ce qui me reste : ma voix. Ma capacité à dire que c’est injuste, que c’est révoltant, que c’est inhumain. Et peut-être que quelqu’un, quelque part, lira ces mots et se sentira moins seul dans sa colère. Peut-être que quelqu’un comprendra que Cuba ne mérite pas ça, que son peuple ne mérite pas ça, que personne ne mérite ça. Et peut-être que ce quelqu’un fera quelque chose. Ou peut-être pas. Mais au moins, j’aurai essayé. Au moins, je n’aurai pas détourné le regard. Au moins, je n’aurai pas été complice par mon silence. Et c’est déjà ça. C’est peu, mais c’est tout ce que j’ai. Alors je le donne. Pour Cuba. Pour son peuple. Pour l’espoir, aussi fragile soit-il, qu’un jour, enfin, justice sera faite.
Sources primaires
Connaissance des Énergies avec AFP, « Saisie d’un pétrolier : Cuba reconnaît un impact direct sur son économie », publié le 12 décembre 2025. Ouest-France, « La saisie d’un pétrolier par les États-Unis renforce la guerre économique contre Cuba, fustige La Havane », publié le 12 décembre 2025. World Socialist Web Site, « Les États-Unis saisissent un pétrolier vénézuélien dans un acte de piraterie internationale », par Andre Damon, publié le 12 décembre 2025. Investing.com France, « La saisie par les États-Unis d’un pétrolier vénézuélien menace d’aggraver la crise énergétique cubaine », publié le 12 décembre 2025. Reuters, analyses et données maritimes sur les exportations pétrolières vénézuéliennes vers Cuba, novembre 2025. TankerTrackers.com, données satellites sur les mouvements du pétrolier Skipper, décembre 2025.
Sources secondaires
Washington Post, articles sur la saisie du pétrolier Skipper et les opérations militaires américaines dans les Caraïbes, décembre 2025. RANE (anciennement Stratfor Center for Applied Geopolitics), analyses sur l’escalade militaire américaine au Venezuela, décembre 2025. Jorge Piñón, analyste de l’infrastructure énergétique cubaine à l’Université du Texas à Austin, déclarations sur la crise énergétique cubaine, décembre 2025. Documents internes de PDVSA (compagnie pétrolière nationale vénézuélienne) sur les exportations vers Cuba, janvier-novembre 2025. Stratégie de sécurité nationale de l’administration Trump, publiée le 4 décembre 2025. NewsNation, déclarations du sénateur Rand Paul sur la saisie du pétrolier, décembre 2025.
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