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La porte de Brandebourg sous haute surveillance

Berlin ne prend aucun risque. La capitale allemande, qui porte le poids de son histoire, déploie des mesures exceptionnelles pour protéger les célébrations de Hanoukka. La porte de Brandebourg, ce monument emblématique de la réunification et de la démocratie allemande, devient le théâtre d’un dispositif de sécurité digne d’une conférence du G7. Une ménorah électrique géante, visible de tout le centre-ville, doit être allumée en présence des autorités, des représentants de la communauté juive, et des centaines de citoyens venus manifester leur solidarité. Mais cette année, la célébration ressemble davantage à un siège. Les forces de l’ordre, en tenue anti-émeute, quadrillent le quartier. Des snipers sont postés sur les toits avoisinants. Des détecteurs de métaux sont installés à chaque point d’accès. Les sacs sont inspectés. Les identités vérifiées. La police allemande, parlant au nom du ministère de l’Intérieur, annonce « renforcer » et « intensifier » une présence déjà massive. Car Berlin le sait : l’Allemagne a une responsabilité historique. La doctrine du Staatsräson, cette politique allemande de responsabilité spéciale envers Israël et le peuple juif, n’est pas qu’un concept diplomatique. C’est un engagement concret, tangible, qui se mesure en hommes, en équipements, en budgets.

La menace est particulièrement palpable en Allemagne. Les services de renseignement estiment à plusieurs milliers le nombre d’islamistes radicaux présents sur le territoire, dont une fraction prête à passer à l’acte. Les attaques antisémites ont explosé depuis le 7 octobre 2023. Les synagogues sont vandalisées presque quotidiennement. Des écoles juives reçoivent des menaces de mort. Des commerces tenus par des juifs sont pris pour cible. Le gouvernement fédéral a investi des centaines de millions d’euros dans la protection des institutions juives. Mais est-ce suffisant ? La question hante les couloirs du pouvoir à Berlin. Chaque événement public devient un calcul de risque. Chaque célébration une potentielle cible. La communauté juive allemande, pourtant l’une des plus dynamiques d’Europe, vit dans un état de vigilance permanente. Beaucoup envisagent l’alyah, ce retour en Israël, non pas par idéal sioniste, mais par pur instinct de survie. Pendant ce temps, les extrêmes politiques, de l’ultragauche antisémite comme l’extrême-droite néonazie, prospèrent sur ce terreau de division. Berlin se barricade. Mais derrière les barrières, les fouilles, les caméras, une question demeure : jusqu’où aller pour protéger une liberté qu’on ne peut plus vraiment exercer librement ?

L’héritage historique comme fardeau

L’Allemagne contemporaine porte sur ses épaules le poids des générations. Chaque décision concernant la sécurité de la communauté juive est examinée à l’aune de l’Histoire. Quand la police berlinoise annonce des mesures « spécifiques » pour Hanoukka, ce n’est pas simple routine opérationnelle. C’est une déclaration politique. Un message envoyé au monde entier. L’Allemagne ne tolérera plus. L’Allemagne ne laissera plus faire. L’Allemagne protégera. Ce discours, martelé par le chancelier et ses ministres, cache pourtant une réalité complexe. La montée de l’antisémitisme ne vient pas seulement des milieux islamistes radicaux. Elle s’infiltre dans la société allemande elle-même. Les sondages sont alarmants. Une part significative de la population allemande nourrit des préjugés latents contre les juifs. La critique légitime de la politique israélienne se mue trop souvent en haine antisémite. Les universités deviennent des champs de bataille idéologiques où les étudiants juifs se sentent de plus en plus isolés, menacés.

La réponse sécuritaire allemande est donc paradoxale. D’un côté, un État qui mobilise des moyens considérables, qui déploie une technologie de pointe, qui forme des unités spécialisées. De l’autre, une société qui semble incapable de guérir ses propres démons. Les autorités berlinoises ont dû interdire plusieurs manifestations pro-palestiniennes prévues pendant la période de Hanoukka, craignant des débordements. Des décisions difficiles qui suscitent des critiques sur les libertés publiques, mais qui apparaissent nécessaires face au niveau de menace. La communauté juive de Berlin, pourtant si vivante, si intégrée, se retrouve de nouveau contrainte de vivre entre murailles. Pas celles du ghetto d’avant-guerre, mais des barrières de sécurité, des systèmes de surveillance, des gardes armés. Une prison dorée peut-être, mais une prison quand même. Et chaque année qui passe, le coût humain de cette protection devient plus lourd. La peur. L’anxiété. Ce sentiment permanent de devoir regarder par-dessus son épaule. Même en célébrant la lumière de Hanoukka.

Chaque fois que je vois ces images de la porte de Brandebourg protégée comme une forteresse, je pense à cette ironie tragique. L’Allemagne, qui a si longtemps cherché à expier sa faute, en arrive à construire des ghettos de sécurité pour protéger ceux qu’elle a si longtemps persécutés. Est-ce vraiment cela la réparation ? Est-ce cela la leçon de l’Histoire ? J’ai le cœur brisé de voir cette communauté allemande, si résiliente, si incroyablement vivante, forcée de célébrer sa survie dans une forteresse. Et je me demande : quand est-ce que nous comprendrons que la vraie sécurité ne viendra jamais des barrières, mais de l’ éducation, du dialogue, de cette humanité partagée que nous semblons avoir perdue de vue ?

Sources

Sources primaires

CNN – « As Hanukkah begins, the US Jewish community is on edge in the wake of a deadly Australian antisemitic attack » – 14 décembre 2025

Jewish Post and News – « Hanukkah Security Ramped Up Around the World After Bondi Shootings » – 14 décembre 2025

Déclarations officielles du NYPD, Scotland Yard, Police de Berlin – 14-15 décembre 2025

Communiqués du ministère de l’Intérieur français – 14 décembre 2025

Annonce du maire de New York Eric Adams – 14 décembre 2025

Déclaration du Premier ministre australien Anthony Albanese – 14 décembre 2025

Rapports du Community Security Trust britannique – décembre 2025

Sources secondaires

Anti-Defamation League – « Over 10,000 antisemitic incidents recorded in US since Oct 7, 2023 » – octobre 2024

Secure Communities Network – Rapport annuel sur la sécurité des communautés juives américaines – 2025

Crif France – « Rapport sur l’antisémitisme en France » – 2025

European Union Agency for Fundamental Rights – « Antisemitism in the EU » – 2025

World Jewish Congress – « Global antisemitism index » – 2025

Pew Research Center – « Attitudes toward Jews in Western countries » – 2025

Institute for Strategic Dialogue – « Online hate and antisemitism » – 2025

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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