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Un géant d’acier et de technologie au cœur de l’Amazonie

Le projet BINGO (Baryon Acoustic Oscillations from Integrated Neutral Gas Observations) représente une prouesse technologique et scientifique sans précédent pour l’Amérique latine. Ce radiotélescope, dont la construction a été finalisée en Chine dans les installations de CETC avant d’être expédié par le port de Tianjin vers le Brésil, incarne l’ambition partagée de Pékin et Brasilia. Une fois opérationnel en 2026, il dominera le paysage scientifique sud-américain comme la plus grande installation de ce type sur le continent. Les caractéristiques techniques de l’instrument sont impressionnantes : des antennes capables de capturer les signaux les plus faibles provenant des confins de l’univers, une sensibilité sans précédent pour détecter les oscillations acoustiques de baryons, ces traces fossiles du Big Bang qui permettent de cartographier la distribution de la matière dans l’univers.

La mission scientifique principale de BINGO est d’étudier l’énergie sombre, cette force mystérieuse qui constitue environ 68% de l’univers et qui accélère son expansion. Les scientifiques espèrent que les données collectées permettront de mieux comprendre cette énigme cosmique et peut-être de remettre en question certaines de nos théories fondamentales sur la physique de l’univers. Mais au-delà de cette mission purement scientifique, BINGO possède également des capacités de surveillance spatiale qui inquiètent Washington. Le système pourra suivre avec une précision remarquable les satellites en orbite terrestre, qu’ils soient civils ou militaires, ainsi que les débris spatiaux et les météoroïdes qui représentent des menaces potentielles pour les infrastructures orbitales. Cette double fonctionnalité scientifique et militaire est précisément ce qui soulève les plus grandes interrogations aux États-Unis.

Les implications stratégiques du double usage

La capacité de BINGO à suivre les satellites n’est pas anodine dans le contexte actuel de militarisation de l’espace. Les télescopes puissants comme celui-ci jouent un rôle crucial dans ce que les experts appellent la « situational awareness spatiale », ou conscience situationnelle spatiale. Connaître précisément quand les satellites militaires adverses passeront au-dessus d’un territoire permet de coordonner des opérations, de planifier des lancements, ou même, dans les scénarios les plus extrêmes, de préparer l’utilisation d’armes antisatellites. Le rapport de 2022 de l’agence de renseignement de la défense américaine soulignait déjà cette menace, indiquant que ce type d’installation pourrait prédire les passages des satellites militaires américains et aider à coordonner l’utilisation d’armes ASAT.

Cette dualité entre applications scientifiques et militaires caractérise de plus en plus les programmes spatiaux modernes. La Chine a parfaitement compris cette convergence et l’utilise comme outil diplomatique pour étendre son influence en Asie, en Afrique et maintenant en Amérique du Sud. En installant des télescopes, en construisant des satellites et en formant du personnel étranger, Pékin construit un réseau d’alliances stratégiques qui vont bien au-delà de la simple coopération scientifique. Le Brésil, en accueillant BINGO sur son territoire, ne devient pas seulement un partenaire scientifique de la Chine, mais potentiellement un acteur stratégique dans l’équilibre spatial mondial. Cette situation place Brasilia dans une position délicate, tiraillé entre les opportunités scientifiques et économiques offertes par la Chine et les pressions diplomatiques de son partenaire historique, les États-Unis.

Je suis troublé par cette ambivalence. D’un côté, la science pure, la quête de connaissance, l’exploration de notre univers. De l’autre, la stratégie militaire, la surveillance, le contrôle. Pourquoi devons-nous toujours transformer nos rêves les plus fous en armes potentielles ? Le radiotélescope BINGO devrait célébrer l’humanité dans sa quête de compréhension, pas devenir un outil dans le jeu géopolitique des superpuissances. Et pourtant, c’est notre monde. Un monde où même les étoiles deviennent des pièces sur l’échiquier du pouvoir.

Sources

Sources primaires

Reuters, « China and Brazil create joint space laboratory, despite US pressure » – 10 décembre 2025

Defence24, « China and Brazil are building a joint space laboratory » – 17 décembre 2025

Reuters, « Xi and Lula elevate China-Brazil ties in state visit » – 20 novembre 2024

Déclaration conjointe Chine-Brésil lors de la visite de Xi Jinping – novembre 2024

Communiqué de presse CETC sur le laboratoire spatial conjoint – décembre 2025

Sources secondaires

CFR, « China’s Influence in Latin America » – novembre 2024

SpaceNews, « China enters race for LEO broadband dominance » – 2024

Carnegie Endowment, « Why Catching Up to Starlink Is a Priority for Beijing » – août 2024

Johns Hopkins School of Advanced International Studies, « The Impact of China’s Qianfan Satellites » – octobre 2024

China Global South, « China in Latin America: November 2024 » – 2024

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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