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Juin 2025 : les prémices du cauchemar

Tout commence en juin 2025, lorsque l’administration Trump impose une première vague d’interdictions totales d’entrée sur le territoire américain. Douze pays se retrouvent sur cette liste noire, parmi lesquels l’Iran et Haïti, deux nations qui venaient tout juste de décrocher leur qualification pour la Coupe du monde 2026. L’Iran, puissance footballistique du Moyen-Orient, et Haïti, qui retrouvait le Mondial après cinquante ans d’absence depuis 1974. Pour ces deux pays, la joie de la qualification se transforme immédiatement en amertume. Les supporters iraniens, nombreux et passionnés, se voient refuser l’accès aux stades de Los Angeles et Seattle où leur équipe doit jouer. Les Haïtiens, eux, ne pourront pas se rendre à Boston, Philadelphie ou Atlanta pour soutenir leurs Grenadiers. La justification officielle invoque la sécurité nationale, le terrorisme et une insuffisance dans les procédures de vérification des ressortissants. Des arguments qui sonnent creux quand on sait que ces supporters ne demandent qu’à encourager leur équipe pendant quelques semaines avant de rentrer chez eux. James Irani, avocat spécialisé en immigration originaire d’Iran et installé à Wood-Ridge dans le New Jersey, résume parfaitement l’absurdité de la situation : « Je ne pense pas qu’il soit juste que les supporters soient sacrifiés à cause des relations entre les gouvernements. » Lui-même arrivé aux États-Unis en 1977, il reçoit des appels désespérés d’Iraniens vivant en Europe qui espéraient assister à un match de leur équipe nationale. Il doit leur annoncer la mauvaise nouvelle : aucune exception n’est accordée, même pour ceux qui ne résident pas en Iran.

Cette première salve de restrictions provoque déjà des remous dans le monde du football. La Fédération iranienne de football annonce initialement qu’elle boycottera la cérémonie du tirage au sort final, prévue le 5 décembre à Washington. La raison : les États-Unis ont refusé des visas à plusieurs membres de sa délégation, dont l’entraîneur en chef et le président de la fédération. Un camouflet diplomatique qui illustre les tensions croissantes. Au dernier moment, la fédération fait volte-face et envoie tout de même des délégués à la cérémonie, où la FIFA annonce quarante-deux des quarante-huit pays qualifiés pour le tournoi. Mais le mal est fait. L’incident expose les frictions qui planent sur le tournoi à venir. Andrew Giuliani, directeur exécutif du groupe de travail de la Maison Blanche sur la Coupe du monde, interrogé sur cet incident, répond sans détour : « Chaque décision est une décision de sécurité nationale. L’objectif premier du président est de protéger les citoyens américains et tous les voyageurs internationaux présents pour la Coupe du monde. » Une rhétorique sécuritaire qui ne convainc personne dans les communautés concernées. Bergson Leneus, conseiller municipal haïtien-américain à East Orange, exprime le sentiment général : « C’est doux-amer de savoir tout ce qui se passe au pays et de savoir que les gens ne peuvent pas venir assister et profiter eux-mêmes de l’événement. »

Il y a quelque chose de profondément injuste dans cette histoire. Ces supporters n’ont rien fait de mal. Ils veulent juste voir jouer leur équipe nationale. C’est tout. Pas immigrer illégalement, pas commettre des actes terroristes, pas rester clandestinement. Juste regarder un match de football. Et on leur claque la porte au nez au nom de la sécurité nationale. Comme si un supporter haïtien brandissant son drapeau dans les tribunes de Boston représentait une menace pour l’Amérique. L’absurdité de la situation me laisse sans voix.

Décembre 2025 : l’étau se resserre davantage

Le 16 décembre 2025, Donald Trump signe une nouvelle proclamation qui élargit considérablement le champ des restrictions. Cette fois, ce ne sont pas moins de vingt nouveaux pays qui se retrouvent dans le viseur de l’administration américaine. Parmi eux, cinq nations africaines supplémentaires subissent une interdiction totale : le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Soudan du Sud et la Syrie. Quinze autres pays, dont le Nigeria, le Gabon, le Bénin, et surtout le Sénégal et la Côte d’Ivoire, font face à des restrictions partielles qui suspendent notamment l’accès au territoire pour les détenteurs de visas temporaires de tourisme. Le type de visa précisément nécessaire pour assister à des matchs de football. Ces mesures entreront en vigueur le 1er janvier 2026, soit moins de six mois avant le début du tournoi. La Maison Blanche justifie ces nouvelles restrictions par des problèmes de « dépassement de la durée de séjour autorisée ». En d’autres termes, trop de ressortissants de ces pays resteraient illégalement sur le territoire américain après l’expiration de leur visa. Pour le Sénégal, le taux serait de quatre pour cent. Pour la Côte d’Ivoire, huit pour cent. Des statistiques qui condamnent des milliers de supporters innocents à payer pour les actions d’une minorité. La secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, annonce même en décembre que l’administration Trump prévoit d’étendre ces interdictions à plus de trente pays supplémentaires, sans préciser lesquels ni quand. Une épée de Damoclès qui plane sur d’autres nations qualifiées pour le Mondial.

Pour les communautés sénégalaise et ivoirienne, cette annonce tombe comme un couperet. Le Sénégal, qui affrontera notamment la France dans le groupe I, comptait sur le soutien massif de sa diaspora américaine et de supporters venus d’Afrique. La Côte d’Ivoire, opposée à l’Allemagne dans le groupe E, espérait elle aussi mobiliser ses fans pour créer une ambiance digne de ce nom dans les stades. Ces espoirs s’envolent. Yves-Mary Fontin, responsable des affaires culturelles de l’Organisation civique haïtienne de Paterson, résume le sentiment général : « Après tant d’années de lutte contre les catastrophes naturelles et les problèmes socio-économiques, c’est l’un des plus beaux cadeaux que nous puissions recevoir. Savoir que tant de gens de cette génération peuvent voir que nous avons réussi à nous qualifier pour la Coupe du monde, que cette victoire s’est produite, c’est comme un miracle pour nous. » Mais ce miracle est entaché par l’impossibilité pour beaucoup d’y assister physiquement. La communauté est d’autant plus excitée qu’un des leurs, Derrick Etienne Jr. de Paterson, fait partie de l’équipe nationale haïtienne qualifiée. Fontin ajoute avec amertume : « Cela enlève quelque chose. Les États-Unis peuvent faire mieux. Ils connaissent les problèmes en Haïti. J’aimerais qu’ils reconsidèrent l’interdiction pendant les matchs. C’est vraiment douloureux quand nous avons ce moment à savourer, mais que certaines personnes ne peuvent pas venir soutenir notre équipe nationale. »

Quatre pour cent. Huit pour cent. Je ne cesse d’y revenir parce que ces chiffres me hantent. Imaginez qu’on vous dise : « Désolé, vous ne pouvez pas assister au mariage de votre frère parce que statistiquement, huit pour cent des gens de votre pays ne respectent pas les règles. » Vous trouveriez ça juste ? Moi non. Et pourtant, c’est exactement ce qui se passe ici. On punit la masse pour les erreurs d’une minorité. On transforme des statistiques en sentences. On oublie que derrière ces pourcentages, il y a des êtres humains avec des rêves, des espoirs, des billets d’avion déjà réservés peut-être.

Sources

Sources primaires

Ouest-France, « Coupe du monde 2026. Donald Trump met des barbelés aux supporters du Sénégal et de la Côte d’Ivoire », publié le 17 décembre 2025. North Jersey, « Haiti, Iran fans left on sidelines for World Cup 2026 amid travel ban », publié le 10 décembre 2025. Le Soir, « Mondial 2026 : après l’Iran et Haïti, la Côte d’Ivoire et le Sénégal sanctionnés aussi par Donald Trump », publié le 17 décembre 2025. Le Monde, « La Coupe du monde 2026 s’éloigne pour les supporteurs du Sénégal et de la Côte d’Ivoire », publié le 19 décembre 2025. Proclamation présidentielle de la Maison Blanche, « Restricting and Limiting the Entry of Foreign Nationals to Protect the Security of the United States », publiée le 16 décembre 2025.

Sources secondaires

Human Rights Watch, « US: ICE Arrest at FIFA Event Spotlights Dangers for World Cup », rapport publié le 3 décembre 2025. The Athletic, « New Trump travel ban could exclude fans of Senegal and Ivory Coast from 2026 World Cup », publié le 16 décembre 2025. TV5 Monde, « Coupe du Monde 2026: les supporters sénégalais et ivoiriens pourraient être privés de matchs aux États-Unis », publié en décembre 2025. Marca, « Donald Trump could leave Haiti and Iran without fans at the FIFA World Cup 2026 », publié le 20 novembre 2025. Yahoo Sports, « A World Cup 2026 without fans? U.S. travel restrictions leave some teams in limbo », publié en décembre 2025.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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