Juin 2025 : les prémices du cauchemar
Tout commence en juin 2025, lorsque l’administration Trump impose une première vague d’interdictions totales d’entrée sur le territoire américain. Douze pays se retrouvent sur cette liste noire, parmi lesquels l’Iran et Haïti, deux nations qui venaient tout juste de décrocher leur qualification pour la Coupe du monde 2026. L’Iran, puissance footballistique du Moyen-Orient, et Haïti, qui retrouvait le Mondial après cinquante ans d’absence depuis 1974. Pour ces deux pays, la joie de la qualification se transforme immédiatement en amertume. Les supporters iraniens, nombreux et passionnés, se voient refuser l’accès aux stades de Los Angeles et Seattle où leur équipe doit jouer. Les Haïtiens, eux, ne pourront pas se rendre à Boston, Philadelphie ou Atlanta pour soutenir leurs Grenadiers. La justification officielle invoque la sécurité nationale, le terrorisme et une insuffisance dans les procédures de vérification des ressortissants. Des arguments qui sonnent creux quand on sait que ces supporters ne demandent qu’à encourager leur équipe pendant quelques semaines avant de rentrer chez eux. James Irani, avocat spécialisé en immigration originaire d’Iran et installé à Wood-Ridge dans le New Jersey, résume parfaitement l’absurdité de la situation : « Je ne pense pas qu’il soit juste que les supporters soient sacrifiés à cause des relations entre les gouvernements. » Lui-même arrivé aux États-Unis en 1977, il reçoit des appels désespérés d’Iraniens vivant en Europe qui espéraient assister à un match de leur équipe nationale. Il doit leur annoncer la mauvaise nouvelle : aucune exception n’est accordée, même pour ceux qui ne résident pas en Iran.
Cette première salve de restrictions provoque déjà des remous dans le monde du football. La Fédération iranienne de football annonce initialement qu’elle boycottera la cérémonie du tirage au sort final, prévue le 5 décembre à Washington. La raison : les États-Unis ont refusé des visas à plusieurs membres de sa délégation, dont l’entraîneur en chef et le président de la fédération. Un camouflet diplomatique qui illustre les tensions croissantes. Au dernier moment, la fédération fait volte-face et envoie tout de même des délégués à la cérémonie, où la FIFA annonce quarante-deux des quarante-huit pays qualifiés pour le tournoi. Mais le mal est fait. L’incident expose les frictions qui planent sur le tournoi à venir. Andrew Giuliani, directeur exécutif du groupe de travail de la Maison Blanche sur la Coupe du monde, interrogé sur cet incident, répond sans détour : « Chaque décision est une décision de sécurité nationale. L’objectif premier du président est de protéger les citoyens américains et tous les voyageurs internationaux présents pour la Coupe du monde. » Une rhétorique sécuritaire qui ne convainc personne dans les communautés concernées. Bergson Leneus, conseiller municipal haïtien-américain à East Orange, exprime le sentiment général : « C’est doux-amer de savoir tout ce qui se passe au pays et de savoir que les gens ne peuvent pas venir assister et profiter eux-mêmes de l’événement. »
Il y a quelque chose de profondément injuste dans cette histoire. Ces supporters n’ont rien fait de mal. Ils veulent juste voir jouer leur équipe nationale. C’est tout. Pas immigrer illégalement, pas commettre des actes terroristes, pas rester clandestinement. Juste regarder un match de football. Et on leur claque la porte au nez au nom de la sécurité nationale. Comme si un supporter haïtien brandissant son drapeau dans les tribunes de Boston représentait une menace pour l’Amérique. L’absurdité de la situation me laisse sans voix.
Décembre 2025 : l’étau se resserre davantage
Le 16 décembre 2025, Donald Trump signe une nouvelle proclamation qui élargit considérablement le champ des restrictions. Cette fois, ce ne sont pas moins de vingt nouveaux pays qui se retrouvent dans le viseur de l’administration américaine. Parmi eux, cinq nations africaines supplémentaires subissent une interdiction totale : le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Soudan du Sud et la Syrie. Quinze autres pays, dont le Nigeria, le Gabon, le Bénin, et surtout le Sénégal et la Côte d’Ivoire, font face à des restrictions partielles qui suspendent notamment l’accès au territoire pour les détenteurs de visas temporaires de tourisme. Le type de visa précisément nécessaire pour assister à des matchs de football. Ces mesures entreront en vigueur le 1er janvier 2026, soit moins de six mois avant le début du tournoi. La Maison Blanche justifie ces nouvelles restrictions par des problèmes de « dépassement de la durée de séjour autorisée ». En d’autres termes, trop de ressortissants de ces pays resteraient illégalement sur le territoire américain après l’expiration de leur visa. Pour le Sénégal, le taux serait de quatre pour cent. Pour la Côte d’Ivoire, huit pour cent. Des statistiques qui condamnent des milliers de supporters innocents à payer pour les actions d’une minorité. La secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, annonce même en décembre que l’administration Trump prévoit d’étendre ces interdictions à plus de trente pays supplémentaires, sans préciser lesquels ni quand. Une épée de Damoclès qui plane sur d’autres nations qualifiées pour le Mondial.
Pour les communautés sénégalaise et ivoirienne, cette annonce tombe comme un couperet. Le Sénégal, qui affrontera notamment la France dans le groupe I, comptait sur le soutien massif de sa diaspora américaine et de supporters venus d’Afrique. La Côte d’Ivoire, opposée à l’Allemagne dans le groupe E, espérait elle aussi mobiliser ses fans pour créer une ambiance digne de ce nom dans les stades. Ces espoirs s’envolent. Yves-Mary Fontin, responsable des affaires culturelles de l’Organisation civique haïtienne de Paterson, résume le sentiment général : « Après tant d’années de lutte contre les catastrophes naturelles et les problèmes socio-économiques, c’est l’un des plus beaux cadeaux que nous puissions recevoir. Savoir que tant de gens de cette génération peuvent voir que nous avons réussi à nous qualifier pour la Coupe du monde, que cette victoire s’est produite, c’est comme un miracle pour nous. » Mais ce miracle est entaché par l’impossibilité pour beaucoup d’y assister physiquement. La communauté est d’autant plus excitée qu’un des leurs, Derrick Etienne Jr. de Paterson, fait partie de l’équipe nationale haïtienne qualifiée. Fontin ajoute avec amertume : « Cela enlève quelque chose. Les États-Unis peuvent faire mieux. Ils connaissent les problèmes en Haïti. J’aimerais qu’ils reconsidèrent l’interdiction pendant les matchs. C’est vraiment douloureux quand nous avons ce moment à savourer, mais que certaines personnes ne peuvent pas venir soutenir notre équipe nationale. »
Quatre pour cent. Huit pour cent. Je ne cesse d’y revenir parce que ces chiffres me hantent. Imaginez qu’on vous dise : « Désolé, vous ne pouvez pas assister au mariage de votre frère parce que statistiquement, huit pour cent des gens de votre pays ne respectent pas les règles. » Vous trouveriez ça juste ? Moi non. Et pourtant, c’est exactement ce qui se passe ici. On punit la masse pour les erreurs d’une minorité. On transforme des statistiques en sentences. On oublie que derrière ces pourcentages, il y a des êtres humains avec des rêves, des espoirs, des billets d’avion déjà réservés peut-être.
Les Lions de la Teranga privés de leur douzième homme
Un parcours historique vers le Mondial
Le Sénégal a réalisé un parcours remarquable lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Les Lions de la Teranga, emmenés par une génération dorée de joueurs évoluant dans les plus grands championnats européens, ont dominé leur groupe avec autorité et panache. Sadio Mané, Édouard Mendy, Kalidou Koulibaly, Idrissa Gueye… Des noms qui font trembler les défenses adverses et vibrer tout un continent. Cette qualification représente bien plus qu’une simple participation à un tournoi de football. C’est la consécration d’années d’investissement dans les infrastructures sportives, dans la formation des jeunes, dans le développement d’un football sénégalais moderne et compétitif. C’est aussi la fierté retrouvée d’une nation qui a connu des moments difficiles mais qui continue de croire en ses capacités. Le tirage au sort a placé le Sénégal dans le groupe I, aux côtés de la France, ancienne puissance coloniale, de la Norvège et d’une équipe issue des barrages. Un groupe relevé qui promet des matchs intenses et spectaculaires. Les supporters sénégalais rêvaient de créer une ambiance de folie dans les stades américains, de faire résonner leurs tambours, de brandir leurs drapeaux vert-jaune-rouge, de chanter à tue-tête pour porter leur équipe vers la victoire. Ces rêves se heurtent maintenant au mur des restrictions trumpiennes.
La diaspora sénégalaise aux États-Unis est importante et dynamique. Des dizaines de milliers de Sénégalais vivent et travaillent en Amérique, contribuant à l’économie locale, enrichissant le tissu culturel du pays. Beaucoup d’entre eux comptaient sur la Coupe du monde comme une occasion unique de célébrer leur identité, de transmettre leur passion à leurs enfants nés en Amérique, de créer des souvenirs inoubliables. Mais les restrictions partielles imposées par Trump compliquent drastiquement les démarches pour obtenir un visa de tourisme. Les procédures deviennent plus longues, plus complexes, plus aléatoires. Même pour ceux qui résident légalement aux États-Unis, faire venir des membres de leur famille du Sénégal relève désormais du parcours du combattant. Le département de la Sécurité intérieure brandit son taux de quatre pour cent de dépassement de séjour comme un argument imparable. Quatre pour cent. Cela signifie que quatre visiteurs sénégalais sur cent restent aux États-Unis après l’expiration de leur visa. Quatre sur cent. Et pour ces quatre personnes, ce sont quatre-vingt-seize autres qui paient le prix. Une logique collective punitive qui bafoue les principes d’équité et de justice individuelle. Le Sénégal affrontera les États-Unis en match amical de préparation le 31 mai à Charlotte, en Caroline du Nord, quelques jours avant le coup d’envoi de la compétition. Une rencontre qui prend désormais une dimension particulière, presque symbolique, entre un pays hôte qui ferme ses portes et une nation invitée qui frappe en vain.
Je pense à ces familles sénégalaises dispersées entre Dakar et New York, entre Saint-Louis et Los Angeles. Je pense à ce père qui économisait depuis des mois pour emmener son fils voir les Lions jouer en direct. Je pense à cette grand-mère qui voulait faire le voyage de sa vie pour encourager l’équipe nationale. Tous ces projets, tous ces rêves, réduits en cendres par un décret administratif. Le football est censé être un moment de joie, de communion, de partage. Pas un privilège réservé à ceux qui ont la bonne nationalité sur leur passeport.
L’impact sur la préparation et le moral de l’équipe
Au-delà des supporters, ces restrictions ont également un impact psychologique sur les joueurs eux-mêmes. Même si les athlètes et leur personnel essentiel sont exemptés des interdictions, savoir que leurs compatriotes ne pourront pas les soutenir dans les tribunes pèse lourd sur le moral des troupes. Le football de haut niveau n’est pas qu’une question de technique et de tactique. C’est aussi une affaire d’émotion, de soutien populaire, d’énergie collective. Les joueurs sénégalais savent qu’ils joueront devant des gradins où leurs drapeaux seront rares, où leurs chants seront absents, où l’ambiance sera aseptisée. Ils savent que leurs familles, leurs amis, leurs voisins de quartier ne pourront pas faire le déplacement pour les encourager. Cette réalité crée une forme d’injustice sportive. Pendant que les équipes européennes ou sud-américaines bénéficieront du soutien massif de leurs diasporas et de supporters venus spécialement pour l’occasion, les Lions de la Teranga devront se contenter d’une poignée de fans déjà présents sur le territoire américain. L’avantage du terrain, censé profiter aux équipes locales, se transforme en handicap pour les nations africaines frappées par les restrictions. Aliou Cissé, le sélectionneur sénégalais, devra gérer cette dimension psychologique dans sa préparation. Comment motiver ses joueurs quand on sait que le douzième homme, ce supporter qui fait basculer les matchs, sera absent ? Comment créer une dynamique positive quand l’environnement est hostile avant même le coup d’envoi ?
Les joueurs sénégalais ont déjà exprimé leur frustration face à cette situation. Plusieurs d’entre eux ont pris la parole sur les réseaux sociaux pour dénoncer l’injustice de ces mesures. Sadio Mané, l’une des stars de l’équipe, a déclaré dans une interview récente : « Nous jouons pour notre peuple. Savoir qu’ils ne pourront pas être là pour nous soutenir, c’est dur à accepter. Mais nous allons transformer cette frustration en motivation supplémentaire. Nous allons jouer pour tous ceux qui ne peuvent pas être présents. » Des paroles courageuses qui masquent mal la déception profonde. Car au fond, ces joueurs savent que quelque chose d’essentiel manquera à leur aventure mondiale. L’ambiance unique des supporters sénégalais, leur ferveur communicative, leur joie contagieuse… Tout cela sera absent des stades américains. Les matchs du Sénégal risquent de ressembler à des rencontres à huis clos, vidées de leur substance émotionnelle. Et pendant ce temps, dans les foyers sénégalais de Dakar, de Thiès, de Ziguinchor, des millions de personnes regarderont leurs héros à la télévision, impuissantes, frustrées, en colère. Le football est censé rapprocher les peuples. Ici, il les sépare. Le football est censé créer du lien. Ici, il creuse des fossés. Le football est censé transcender les frontières. Ici, il les renforce.
Quand je pense à Sadio Mané qui devra jouer sans le soutien de son peuple, je ressens une tristesse immense. Ce type a tout donné pour son pays. Il a construit des hôpitaux, des écoles, il a changé des vies. Et maintenant, au moment le plus important de sa carrière internationale, ses compatriotes ne pourront pas être là pour le porter. C’est d’une cruauté inouïe. Le sport devrait être un sanctuaire préservé de la politique. Mais non. Même le football, ce langage universel, se retrouve pris en otage par des considérations migratoires.
Les Éléphants de Côte d'Ivoire face au même mur
Une qualification arrachée dans la douleur
La Côte d’Ivoire a vécu un parcours éliminatoire chaotique mais finalement victorieux. Les Éléphants, champions d’Afrique en titre après leur sacre à la CAN 2024, ont dû batailler ferme pour décrocher leur billet pour le Mondial 2026. Des matchs serrés, des victoires arrachées dans les dernières minutes, des moments de doute… Mais au final, la qualification tant espérée. Pour un pays qui a connu des périodes sombres, marquées par l’instabilité politique et les crises sociales, cette qualification représente un symbole fort d’unité nationale. Le football ivoirien a toujours eu cette capacité à rassembler, à faire oublier les divisions, à créer un sentiment d’appartenance commune. Des légendes comme Didier Drogba ont utilisé leur notoriété pour pacifier le pays, pour appeler à la réconciliation. Cette tradition se perpétue avec la génération actuelle. Le tirage au sort a placé la Côte d’Ivoire dans le groupe E, aux côtés de l’Allemagne, quadruple championne du monde, de Curaçao et de l’Équateur. Un groupe difficile mais abordable, qui offre de réelles chances de qualification pour les phases finales. Les supporters ivoiriens se voyaient déjà envahir les stades américains, créer une ambiance digne des grandes soirées d’Abidjan, faire vibrer les tribunes au rythme du coupé-décalé. Ces projets s’effondrent face aux restrictions trumpiennes.
Le taux de dépassement de séjour invoqué pour justifier les restrictions partielles imposées à la Côte d’Ivoire s’élève à huit pour cent. Huit visiteurs ivoiriens sur cent resteraient aux États-Unis après l’expiration de leur visa. Un chiffre qui condamne les quatre-vingt-douze autres à subir des procédures de visa complexifiées, rallongées, incertaines. Pour obtenir un visa de tourisme, les Ivoiriens devront désormais prouver de manière encore plus convaincante qu’ils ont l’intention de rentrer dans leur pays après le tournoi. Fournir des garanties financières, des preuves d’attaches familiales, des justificatifs professionnels… Un arsenal bureaucratique qui décourage les candidatures et réduit drastiquement les chances d’obtenir le précieux sésame. Même pour ceux qui réussissent à franchir tous ces obstacles, le délai de traitement des demandes risque de dépasser la date du tournoi. Résultat : des milliers de supporters ivoiriens resteront chez eux, devant leur télévision, à regarder leurs Éléphants affronter l’Allemagne sans pouvoir les encourager physiquement. La diaspora ivoirienne aux États-Unis, pourtant nombreuse et active, ne pourra pas accueillir ses proches venus d’Abidjan ou de Bouaké. Les familles resteront séparées par un océan et par des restrictions administratives absurdes. Le match Côte d’Ivoire – Allemagne, qui promettait d’être un choc de cultures footballistiques, risque de se transformer en rencontre déséquilibrée où seuls les supporters allemands feront entendre leur voix.
Huit pour cent. Ce chiffre me poursuit. Huit personnes sur cent qui ne respectent pas les règles, et ce sont quatre-vingt-douze innocents qui trinquent. Où est la logique ? Où est la justice ? On parle de la Côte d’Ivoire, un pays qui a donné au monde des joueurs extraordinaires, une culture footballistique riche, une passion dévorante pour ce sport. Et on leur dit : « Désolé, vous ne pouvez pas venir encourager votre équipe parce que statistiquement, vous représentez un risque. » Un risque de quoi ? De rester illégalement pour travailler au noir ? Mais ces gens veulent juste voir un match de football, bon sang !
Le poids de l’histoire coloniale dans cette exclusion
Il est impossible d’ignorer la dimension historique et symbolique de cette situation. La Côte d’Ivoire, ancienne colonie française, se retrouve exclue d’un événement organisé par les États-Unis, puissance mondiale qui se présente comme le champion des libertés et de l’ouverture. L’ironie est cruelle. Pendant des décennies, les pays occidentaux ont exploité les ressources africaines, ont imposé leurs systèmes politiques et économiques, ont façonné les frontières selon leurs intérêts. Aujourd’hui, quand les Africains veulent simplement participer à une fête mondiale du football, on leur ferme les portes au nom de la sécurité nationale. Cette exclusion s’inscrit dans une longue histoire de discrimination et de méfiance envers les populations africaines. Les restrictions de Trump ne sont que la dernière manifestation d’un racisme systémique qui perdure malgré les discours officiels sur l’égalité et la diversité. Les supporters ivoiriens ne demandent pas la charité. Ils ne demandent pas de faveurs. Ils demandent simplement le droit d’assister à un événement sportif pour lequel leur équipe s’est qualifiée sportivement. Ils sont prêts à payer leurs billets, leurs hôtels, leurs repas. Ils contribueraient à l’économie locale, créeraient de l’activité, enrichiraient l’expérience culturelle du tournoi. Mais non. On préfère les tenir à distance, les considérer comme des menaces potentielles, les réduire à des statistiques de dépassement de séjour.
Cette situation rappelle douloureusement d’autres épisodes d’exclusion dans l’histoire du football. Les boycotts politiques, les interdictions de stade, les discriminations raciales… Le football a toujours été le reflet des tensions sociales et politiques de son époque. Mais jamais, dans l’histoire moderne de la Coupe du monde, des supporters n’avaient été aussi massivement empêchés d’assister au tournoi pour des raisons purement administratives et migratoires. La FIFA, qui se présente comme une organisation apolitique dédiée au développement du football mondial, reste étrangement silencieuse face à cette situation. Gianni Infantino, son président, continue de répéter que « le football unit le monde » sans prendre position sur les restrictions trumpiennes. Cette passivité est révélatrice. La FIFA privilégie ses relations avec les États-Unis, pays hôte et marché lucratif, plutôt que de défendre les droits des supporters africains. L’argent parle plus fort que les principes. Les contrats de diffusion et les revenus publicitaires pèsent plus lourd que la justice et l’équité. Pour les Ivoiriens, cette Coupe du monde 2026 restera marquée du sceau de l’exclusion et de l’amertume. Même si leur équipe réalise un parcours exceptionnel, même si les Éléphants atteignent les phases finales, la joie sera ternie par l’absence de leurs supporters dans les stades. Une victoire en demi-teinte, un succès incomplet, une fierté entachée.
Il y a quelque chose de profondément colonial dans cette affaire. Les Occidentaux organisent une grande fête mondiale, invitent les équipes africaines à y participer, mais interdisent aux Africains d’y assister. « Venez jouer pour nous divertir, mais restez chez vous. » C’est le message implicite. On veut bien de vos joueurs, de votre talent, de votre spectacle. Mais pas de vos supporters, pas de votre présence physique, pas de votre humanité. Cette logique me révolte profondément.
Haïti et l'Iran : les grands oubliés du Mondial
Cinquante ans d’attente pour rien
L’histoire d’Haïti est particulièrement déchirante. La dernière participation des Grenadiers à une Coupe du monde remonte à 1974, il y a plus de cinquante ans. Toute une génération a grandi sans voir son équipe nationale sur la scène mondiale. Des décennies de frustration, d’espoirs déçus, de campagnes éliminatoires ratées. Et puis, miracle, la qualification pour 2026. L’explosion de joie dans les rues de Port-au-Prince, les célébrations dans la diaspora haïtienne dispersée aux quatre coins du monde, les larmes de bonheur des anciens qui avaient vécu l’épopée de 1974. Un moment historique, une fierté retrouvée, un symbole d’espoir pour un pays meurtri par les catastrophes naturelles, l’instabilité politique et la pauvreté. Mais cette joie est de courte durée. En juin 2025, l’administration Trump place Haïti sur la liste des pays frappés par une interdiction totale d’entrée aux États-Unis. Les supporters haïtiens ne pourront pas assister aux matchs de leur équipe à Boston, Philadelphie et Atlanta. Pas de visa de tourisme, pas d’exception, pas de dérogation. Une porte fermée, verrouillée, barricadée. Pour un pays qui a déjà tant souffert, c’est un coup de plus, une humiliation supplémentaire, une injustice de trop. Bergson Leneus, conseiller municipal haïtien-américain à East Orange, résume le sentiment général : « C’est doux-amer. Toute la diaspora en parle. C’est sur toutes les lèvres. Le monde s’est arrêté. Cela est devenu central. » Mais cette euphorie est gâchée par l’impossibilité pour les Haïtiens d’Haïti d’y assister.
La communauté haïtienne aux États-Unis est l’une des plus importantes diasporas du pays. Des centaines de milliers d’Haïtiens vivent et travaillent en Amérique, contribuant à tous les secteurs de l’économie. Beaucoup d’entre eux comptaient sur la Coupe du monde pour faire venir leurs proches, pour partager ce moment historique avec leur famille restée au pays. Ces projets s’effondrent. Pire encore, environ trois cent cinquante mille Haïtiens vivant aux États-Unis sont sur le point de perdre leur Statut de protection temporaire le 3 février 2026, quelques mois avant le début du tournoi. Ce statut, accordé quand un pays est jugé trop dangereux pour y retourner, leur permettait de vivre et travailler légalement en Amérique. Sa suppression les plonge dans l’incertitude et la peur. L’administration Trump a également mis fin au programme de libération conditionnelle humanitaire pour certaines nationalités, dont environ deux cent dix mille Haïtiens. Résultat : une communauté entière vit dans la crainte des raids d’immigration, évite les grands rassemblements publics, se fait discrète. Yves-Mary Fontin, responsable des affaires culturelles de l’Organisation civique haïtienne de Paterson, explique : « Les immigrants, y compris les Haïtiens-Américains, vivent dans la peur. Beaucoup se tiennent à l’écart des concerts et des grands événements sportifs pour éviter le risque de raids d’immigration. » La Coupe du monde, qui devrait être une célébration, devient une source d’anxiété supplémentaire.
Cinquante ans. Cinquante années d’attente. Et quand enfin le rêve se réalise, on vous dit que vous ne pouvez pas y assister. Je ne trouve pas les mots pour décrire l’injustice de cette situation. Haïti a déjà tellement souffert. Les tremblements de terre, les ouragans, la pauvreté, l’instabilité politique… Et maintenant ça. Comme si le destin s’acharnait. Comme si même le football, ce dernier refuge de joie et d’espoir, leur était refusé. C’est insupportable.
L’Iran pris en otage des tensions géopolitiques
L’Iran, puissance footballistique du Moyen-Orient, se retrouve lui aussi victime des tensions géopolitiques entre Téhéran et Washington. Les relations entre les deux pays sont au plus bas depuis des décennies, marquées par des sanctions économiques, des accusations mutuelles et une méfiance profonde. Le football devient un terrain d’affrontement supplémentaire. L’équipe nationale iranienne, qualifiée pour la Coupe du monde 2026, devait jouer ses matchs à Los Angeles et Seattle, deux villes avec d’importantes communautés iraniennes. Ces supporters, souvent opposés au régime de Téhéran, voyaient dans le tournoi une occasion de célébrer leur identité culturelle, de soutenir leurs joueurs, de montrer au monde que l’Iran ne se résume pas à son gouvernement. Mais l’interdiction totale d’entrée sur le territoire américain anéantit ces espoirs. James Irani, avocat spécialisé en immigration, reçoit des appels désespérés d’Iraniens vivant en Europe qui espéraient obtenir un visa pour assister à un match. Il doit leur annoncer la mauvaise nouvelle : « Pour le moment, il y a une interdiction de voyage pour les Iraniens, qu’ils soient dans le pays ou nés en Iran. Certains essaient encore, mais aucune exception à l’interdiction n’est approuvée. » Une situation absurde où des gens qui ont fui l’Iran, qui vivent en Europe depuis des années, qui n’ont aucun lien avec le régime de Téhéran, se voient refuser l’accès aux États-Unis simplement à cause de leur pays de naissance.
L’incident du refus de visas pour la délégation iranienne lors du tirage au sort de décembre 2025 illustre parfaitement les tensions. La Fédération iranienne de football avait initialement annoncé qu’elle boycotterait la cérémonie après que les États-Unis eurent refusé des visas à son entraîneur en chef et à son président. Un camouflet diplomatique qui a failli créer un incident majeur. Au dernier moment, la fédération a fait volte-face et envoyé des délégués, mais le message était clair : l’administration Trump ne fait pas de cadeaux, même pour un événement sportif mondial. Andrew Giuliani, directeur exécutif du groupe de travail de la Maison Blanche sur la Coupe du monde, a justifié cette décision en invoquant la sécurité nationale : « Chaque décision est une décision de sécurité nationale. » Une rhétorique qui ne convainc personne dans la communauté iranienne. James Irani, qui a quitté l’Iran en 1977 et qui critique ouvertement le gouvernement de son pays natal, estime que « la politique ne devrait pas interférer avec la nature et l’esprit des jeux. » Mais la réalité est tout autre. La politique s’immisce partout, même dans le football. Les supporters iraniens, qu’ils soutiennent ou non le régime de Téhéran, paient le prix de décisions qui les dépassent. Ils sont pris en otage d’un conflit géopolitique dont ils ne sont pas responsables. Leur seul crime : être nés en Iran.
Je pense à ces Iraniens de la diaspora, souvent opposés au régime de leur pays, qui rêvaient d’assister à un match de leur équipe nationale. Ces gens qui ont fui la dictature, qui ont reconstruit leur vie en Europe ou ailleurs, qui n’ont aucun lien avec les mollahs de Téhéran. Et on leur dit : « Désolé, vous êtes iraniens, donc vous êtes suspects. » C’est du racisme pur et simple, déguisé en mesure de sécurité nationale. On juge les gens sur leur passeport, pas sur leurs actes ou leurs intentions. C’est révoltant.
La FIFA : complice silencieuse d'une injustice
Le silence assourdissant de Gianni Infantino
Gianni Infantino, président de la FIFA, aime se présenter comme le gardien des valeurs du football mondial. Il répète à l’envi que « le football unit le monde », que le sport transcende les frontières, que la Coupe du monde est une célébration de la diversité humaine. De beaux discours, des formules ronflantes, des déclarations de principe. Mais face aux restrictions trumpiennes qui privent des milliers de supporters africains et moyen-orientaux d’assister au tournoi, Infantino reste étrangement silencieux. Pas de communiqué de presse dénonçant ces mesures. Pas d’appel à l’administration américaine pour assouplir les règles. Pas de prise de position claire en faveur des supporters lésés. Ce silence est assourdissant. Il révèle les priorités réelles de la FIFA : préserver ses relations avec les États-Unis, protéger ses revenus financiers, éviter tout conflit avec le pays hôte. Les principes moraux passent après les considérations économiques. L’argent parle plus fort que la justice. Les contrats de diffusion et les revenus publicitaires pèsent plus lourd que les droits des supporters. Cette passivité de la FIFA n’est pas nouvelle. L’organisation a une longue histoire de compromissions avec des régimes autoritaires, de fermeture des yeux sur des violations des droits humains, de priorité donnée aux intérêts financiers sur les valeurs sportives. Mais dans le cas présent, le silence d’Infantino est particulièrement choquant car il concerne directement l’accès au tournoi, le cœur même de la compétition.
La FIFA aurait pu utiliser son poids politique et économique pour faire pression sur l’administration Trump. Elle aurait pu menacer de retirer l’organisation du tournoi aux États-Unis si les restrictions n’étaient pas assouplies. Elle aurait pu mobiliser l’opinion publique internationale, créer un mouvement de solidarité avec les supporters exclus. Mais non. Infantino préfère rester dans sa zone de confort, éviter les vagues, ne pas froisser les Américains. Cette attitude est d’autant plus hypocrite que la FIFA se présente comme une organisation apolitique dédiée au développement du football mondial. Comment peut-on prétendre développer le football en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient, tout en acceptant que les supporters de ces régions soient exclus du plus grand événement footballistique de la planète ? Comment peut-on parler d’unité mondiale quand on tolère des discriminations aussi flagrantes ? La réalité est que la FIFA est une organisation profondément politique, qui prend des décisions en fonction de ses intérêts financiers et de ses alliances stratégiques. Le discours sur les valeurs du football n’est qu’une façade, un vernis marketing destiné à masquer les compromissions et les arrangements. Les supporters africains et moyen-orientaux en font les frais. Ils découvrent que leur passion pour le football ne pèse pas lourd face aux calculs géopolitiques et aux considérations migratoires. Ils réalisent que la Coupe du monde, censée être une fête universelle, est en réalité un événement réservé à ceux qui ont le bon passeport.
Le silence d’Infantino me dégoûte. Ce type se pavane dans les cérémonies officielles, serre des mains, prononce des discours lénifiants sur l’unité et la fraternité. Et pendant ce temps, des milliers de supporters se voient refuser l’accès au tournoi. Où est sa voix ? Où est son indignation ? Où est son courage ? Nulle part. Parce qu’au fond, Infantino se fiche éperdument des supporters africains ou iraniens. Ce qui l’intéresse, c’est de préserver ses relations avec les Américains, de protéger ses revenus, de sauvegarder son poste. Le reste n’est que littérature.
Les précédents inquiétants pour l’avenir du football
Cette situation crée un précédent extrêmement dangereux pour l’avenir des compétitions internationales de football. Si l’on accepte aujourd’hui que des pays hôtes puissent exclure massivement des supporters pour des raisons migratoires, qu’est-ce qui empêchera d’autres nations de faire de même à l’avenir ? Imaginons une Coupe du monde organisée en Russie qui interdirait l’accès aux supporters ukrainiens. Ou un tournoi en Arabie saoudite qui refuserait les visas aux Israéliens. Ou une compétition en Chine qui bloquerait les Taïwanais. Les possibilités de discrimination sont infinies une fois qu’on ouvre cette boîte de Pandore. Le football mondial risque de se fragmenter, de se balkaniser, de devenir le terrain d’affrontements géopolitiques plutôt qu’un espace de rencontre et de dialogue. La FIFA, en acceptant passivement les restrictions trumpiennes, envoie un signal désastreux : les considérations politiques et migratoires peuvent primer sur l’accès universel aux compétitions. Ce message sera entendu par tous les régimes autoritaires qui rêvent d’organiser des événements sportifs tout en contrôlant strictement qui peut y assister. La Coupe du monde 2026 risque de marquer un tournant dans l’histoire du football international. Non pas pour la qualité du jeu ou pour les performances sportives, mais pour avoir normalisé l’exclusion massive de supporters sur des critères nationaux et ethniques. Un précédent dont les conséquences se feront sentir pendant des décennies.
Au-delà du football, cette affaire révèle les limites du sport comme vecteur d’unité et de paix. On aime croire que le sport transcende les divisions, qu’il rapproche les peuples, qu’il crée des ponts entre les cultures. La réalité est plus complexe. Le sport est toujours pris dans les rets de la politique, de l’économie, des rapports de force internationaux. Il ne peut pas exister dans une bulle isolée du reste du monde. Les restrictions trumpiennes le démontrent cruellement. Même le football, ce langage universel, se retrouve instrumentalisé, politisé, utilisé comme un outil de contrôle migratoire. Les supporters africains et moyen-orientaux en paient le prix. Ils découvrent que leur passion ne suffit pas, que leur amour du jeu ne compte pas, que leur identité nationale les condamne à rester à l’écart. Cette prise de conscience est douloureuse mais nécessaire. Elle force à regarder en face les hypocrisies du système sportif international, les compromissions des organisations comme la FIFA, les discriminations systémiques qui persistent malgré les discours officiels sur l’égalité et la diversité. La Coupe du monde 2026 aurait pu être un moment de célébration universelle. Elle risque de devenir un symbole d’exclusion et d’injustice. Un gâchis monumental. Une occasion manquée de montrer que le football peut vraiment unir le monde. Au lieu de cela, on assiste à une démonstration de force de l’administration Trump, qui impose sa vision sécuritaire et xénophobe au détriment des valeurs sportives et humanistes.
Ce précédent me terrifie. Si on laisse passer ça, si on accepte que des pays hôtes puissent exclure massivement des supporters, où va-t-on ? Le football va devenir un club fermé, réservé aux nations riches et puissantes. Les autres pourront envoyer leurs équipes, mais pas leurs supporters. On aura des stades remplis de touristes fortunés et de VIP, mais vidés de cette passion populaire qui fait l’âme du football. C’est une dérive mortifère qu’il faut combattre maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.
Les conséquences économiques et sociales d'une exclusion massive
Un manque à gagner pour l’économie américaine
L’ironie de cette situation est que les restrictions trumpiennes privent l’économie américaine de revenus substantiels. Les supporters étrangers qui assistent à une Coupe du monde dépensent des sommes considérables : billets d’avion, hébergement, restauration, transports locaux, souvenirs, activités touristiques. Chaque supporter représente plusieurs milliers de dollars injectés dans l’économie locale. En excluant des dizaines de milliers de supporters africains et moyen-orientaux, l’administration Trump se tire une balle dans le pied économiquement. Les hôtels de Boston, Philadelphie, Atlanta, Los Angeles et Seattle perdent des clients potentiels. Les restaurants voient leur chiffre d’affaires amputé. Les commerces de souvenirs manquent des ventes. Les compagnies aériennes perdent des passagers. L’impact économique se chiffre en centaines de millions de dollars. Des études menées lors de précédentes Coupes du monde montrent que les supporters étrangers dépensent en moyenne entre trois mille et cinq mille dollars par personne pendant leur séjour. Si l’on estime qu’entre cinquante mille et cent mille supporters africains et moyen-orientaux auraient pu assister au tournoi sans les restrictions, le manque à gagner se situe entre cent cinquante millions et cinq cents millions de dollars. Une somme colossale qui aurait bénéficié à l’économie américaine. Mais l’administration Trump privilégie sa rhétorique anti-immigration sur les considérations économiques. Le message politique prime sur la réalité financière.
Au-delà des chiffres bruts, cette exclusion prive également les villes hôtes d’une richesse culturelle et humaine inestimable. Les supporters africains sont réputés pour leur ferveur, leur créativité, leur capacité à créer une ambiance festive et colorée. Leurs chants, leurs danses, leurs costumes traditionnels enrichissent l’expérience de la Coupe du monde pour tous les spectateurs. Les rues de Boston, Philadelphie ou Atlanta auraient pu vibrer au rythme des tambours sénégalais, résonner des chants ivoiriens, s’illuminer des couleurs chatoyantes des tenues traditionnelles. Cette dimension culturelle fait partie intégrante de l’expérience d’une Coupe du monde. Elle crée des rencontres, des échanges, des moments de partage entre des personnes de cultures différentes. En excluant les supporters africains, l’administration Trump appauvrit le tournoi, le rend plus fade, plus aseptisé, plus commercial. Les stades américains ressembleront davantage à des arènes corporatives qu’à des lieux de passion populaire. Les gradins seront remplis de touristes fortunés et de sponsors plutôt que de vrais supporters venus encourager leur équipe. L’âme du football, cette dimension populaire et émotionnelle qui fait sa force, sera absente. Un gâchis culturel et humain qui dépasse largement les considérations économiques. Mais pour l’administration Trump, cette dimension ne compte pas. Seule importe la mise en œuvre de sa politique migratoire restrictive, quelles qu’en soient les conséquences.
L’absurdité économique de cette situation me sidère. Trump prétend défendre les intérêts américains, protéger l’économie nationale. Et en même temps, il prive le pays de centaines de millions de dollars de revenus. Les hôteliers, les restaurateurs, les commerçants vont perdre de l’argent à cause de ces restrictions. Mais peu importe. L’idéologie anti-immigration passe avant tout. Même si ça coûte cher. Même si c’est contre-productif. C’est de la politique spectacle, du symbole creux, de la posture sans substance.
L’impact psychologique sur les communautés concernées
Au-delà des aspects économiques et sportifs, ces restrictions ont un impact psychologique profond sur les communautés africaines et moyen-orientales, tant aux États-Unis que dans leurs pays d’origine. Pour les membres de la diaspora vivant en Amérique, cette exclusion est vécue comme un rejet, une stigmatisation, une remise en question de leur légitimité à faire partie de la société américaine. Beaucoup d’entre eux sont des citoyens américains ou des résidents permanents qui contribuent à l’économie, paient leurs impôts, respectent les lois. Voir leur pays d’origine frappé par des interdictions de voyage leur envoie un message clair : vous n’êtes pas vraiment des nôtres, vous restez des étrangers suspects. Cette perception crée un sentiment d’aliénation, de double rejet. Ni vraiment américains aux yeux de l’administration Trump, ni capables de faire venir leurs proches pour partager un moment important. Bergson Leneus, conseiller municipal haïtien-américain, évoque cette réalité : « Les immigrants, y compris les Haïtiens-Américains, vivent dans la peur. Beaucoup se tiennent à l’écart des concerts et des grands événements sportifs pour éviter le risque de raids d’immigration. » Cette peur constante, cette nécessité de se faire discret, cette impossibilité de célébrer ouvertement son identité culturelle… Tout cela crée un climat de tension et d’anxiété qui dépasse largement le cadre du football.
Dans les pays d’origine, l’impact psychologique est tout aussi dévastateur. Pour les Sénégalais, les Ivoiriens, les Haïtiens, les Iraniens qui rêvaient d’assister à la Coupe du monde, cette interdiction est vécue comme une humiliation collective. Elle renforce le sentiment d’être des citoyens de seconde zone, dont la nationalité est un handicap plutôt qu’une fierté. Elle alimente la frustration et le ressentiment envers les pays occidentaux qui prêchent l’égalité tout en pratiquant la discrimination. Pour les jeunes générations en particulier, cette exclusion est un message décourageant : peu importe vos efforts, votre passion, votre engagement, vous resterez toujours à l’écart à cause de votre passeport. Cette perception peut avoir des conséquences à long terme sur les relations entre les pays concernés et les États-Unis. Elle nourrit l’anti-américanisme, renforce les stéréotypes négatifs, complique les efforts de diplomatie publique. Pour quelques points de pourcentage de dépassement de séjour, l’administration Trump sacrifie des années de travail pour améliorer l’image des États-Unis en Afrique et au Moyen-Orient. Un calcul politique à courte vue qui ignore les répercussions à long terme. Les supporters exclus ne l’oublieront pas. Leurs enfants ne l’oublieront pas. Cette Coupe du monde 2026 restera dans les mémoires comme le tournoi de l’exclusion, le Mondial des barbelés invisibles, la compétition où certains étaient les bienvenus et d’autres non.
Je pense à ces enfants sénégalais ou ivoiriens qui rêvaient de voir leurs héros jouer en direct. Je pense à ces familles qui économisaient depuis des mois pour ce voyage. Je pense à tous ces rêves brisés, ces espoirs déçus, ces frustrations accumulées. Quel message envoie-t-on à ces gens ? Que leur passion ne compte pas ? Que leur identité est un problème ? Que leur place n’est pas dans les stades américains ? C’est cruel. C’est injuste. C’est inhumain.
Les voix de la résistance : témoignages et mobilisation
Les avocats en première ligne du combat
Face à ces restrictions, des avocats spécialisés en immigration se mobilisent pour défendre les droits des supporters exclus. James Irani, avocat d’origine iranienne installé dans le New Jersey, est l’un d’eux. Arrivé aux États-Unis en 1977, il a construit sa carrière en aidant des immigrants à naviguer dans le système complexe de l’immigration américaine. Aujourd’hui, il reçoit des dizaines d’appels de personnes désespérées qui espéraient assister à la Coupe du monde. « Je ne pense pas qu’il soit juste que les supporters soient sacrifiés à cause des relations entre les gouvernements », déclare-t-il avec conviction. « La politique ne devrait pas interférer avec la nature et l’esprit des jeux. » Irani et ses collègues tentent de trouver des failles juridiques, des exceptions possibles, des moyens de contourner les restrictions. Mais la réalité est implacable : les décrets présidentiels sont clairs et ne laissent que peu de marge de manœuvre. Même les Iraniens vivant en Europe depuis des années, qui n’ont aucun lien avec le régime de Téhéran, se voient refuser des visas simplement à cause de leur pays de naissance. « Pour le moment, il y a une interdiction de voyage pour les Iraniens, qu’ils soient dans le pays ou nés en Iran », explique Irani. « Certains essaient encore, mais aucune exception à l’interdiction n’est approuvée. » Une situation kafkaïenne où le lieu de naissance devient une condamnation à perpétuité.
D’autres avocats spécialisés en immigration se joignent au combat. Ils organisent des consultations gratuites pour les personnes affectées, rédigent des lettres ouvertes aux autorités, tentent de mobiliser l’opinion publique. Certains envisagent des recours juridiques collectifs, arguant que ces restrictions violent les principes d’égalité et de non-discrimination. Mais les chances de succès sont minces. Les tribunaux américains ont historiquement accordé une large marge de manœuvre au pouvoir exécutif en matière d’immigration et de sécurité nationale. Les précédents juridiques jouent en faveur de l’administration Trump. Néanmoins, ces avocats refusent de baisser les bras. Ils savent que leur combat dépasse le cadre de la Coupe du monde. Il s’agit de défendre des principes fondamentaux : le droit de circuler, le droit de participer à des événements culturels et sportifs, le droit de ne pas être discriminé à cause de sa nationalité. Ces principes sont au cœur de la conception moderne des droits humains. Les abandonner au nom de la sécurité nationale serait un recul civilisationnel majeur. Les avocats mobilisés le comprennent et se battent avec l’énergie du désespoir. Ils savent qu’ils ont peu de chances de faire plier l’administration Trump avant le début du tournoi. Mais ils veulent au moins documenter cette injustice, créer un précédent pour l’avenir, montrer que des voix se sont élevées contre cette discrimination.
Ces avocats qui se battent contre des moulins à vent me donnent de l’espoir. Ils savent que leurs chances de succès sont minimes. Ils savent que l’administration Trump ne reculera pas. Mais ils se battent quand même. Par principe. Par conviction. Par humanité. C’est beau et triste à la fois. Beau parce que ça montre que certains refusent l’injustice. Triste parce que leur combat semble perdu d’avance. Mais au moins, ils essaient. Au moins, ils ne restent pas silencieux face à l’inacceptable.
La mobilisation des communautés et des organisations
Les communautés africaines et moyen-orientales aux États-Unis ne restent pas passives face à ces restrictions. Des organisations communautaires se mobilisent, organisent des manifestations, lancent des pétitions, interpellent les élus locaux. L’Organisation civique haïtienne de Paterson, dirigée par Yves-Mary Fontin, est en première ligne de ce combat. Elle organise des réunions d’information pour expliquer aux membres de la communauté leurs droits et les recours possibles. Elle tente de faire pression sur les représentants politiques locaux pour qu’ils interviennent auprès de l’administration fédérale. Fontin lui-même multiplie les interviews dans les médias pour sensibiliser l’opinion publique à l’injustice de la situation. « Après tant d’années de lutte contre les catastrophes naturelles et les problèmes socio-économiques, c’est l’un des plus beaux cadeaux que nous puissions recevoir », explique-t-il en parlant de la qualification d’Haïti. « Mais cela enlève quelque chose. Les États-Unis peuvent faire mieux. Ils connaissent les problèmes en Haïti. J’aimerais qu’ils reconsidèrent l’interdiction pendant les matchs. » Un appel à la raison et à l’humanité qui reste pour l’instant sans réponse. Les organisations de défense des droits humains se joignent également au combat. Human Rights Watch a publié un rapport détaillé en décembre 2025 dénonçant les restrictions et documentant leurs conséquences sur les communautés concernées.
Le rapport mentionne notamment le cas d’un demandeur d’asile arrêté en juillet 2025 avant la finale de la Coupe du monde des clubs de la FIFA au MetLife Stadium. Cet homme, dont l’identité n’est pas révélée, avait été détenu alors qu’il faisait voler un petit drone dans le parking du centre commercial American Dream près du stade. Il voulait simplement prendre une photo avec ses deux enfants, âgés de dix et quatorze ans, en attendant le début du match. Il a été détenu pendant trois mois avant d’être renvoyé dans un pays où, selon lui, sa vie était en danger. Minky Worden, directrice des initiatives mondiales à Human Rights Watch, commente : « Un père qui aime le football a planifié une journée spéciale avec ses enfants lors d’un tournoi de la FIFA, a fini par être détenu pendant trois mois, puis a été renvoyé dans un pays où il a dit que sa vie était en danger. » Ce cas illustre le climat de peur et de répression qui entoure les événements sportifs sous l’administration Trump. Les organisations de défense des droits humains craignent que la Coupe du monde 2026 ne soit marquée par des arrestations similaires, des contrôles d’identité systématiques, une surveillance accrue des communautés immigrées. Andrew Giuliani, interrogé sur cette arrestation, a justifié l’action des autorités en invoquant une restriction de vol temporaire et une « tolérance zéro pour les personnes qui font voler leurs drones autour de ces stades. » Il n’a pas exclu la possibilité de raids d’immigration pendant la Coupe du monde, déclarant que « le président n’exclut rien qui contribuera à rendre les citoyens américains plus sûrs. »
Cette histoire du père arrêté pour avoir fait voler un drone me glace le sang. Il voulait juste prendre une photo avec ses enfants. Une photo souvenir d’un moment spécial. Et il se retrouve détenu pendant trois mois puis expulsé. C’est de la folie pure. C’est de la cruauté gratuite. Et ça annonce ce qui attend les supporters pendant la Coupe du monde : une surveillance omniprésente, une répression disproportionnée, une atmosphère de peur. Ce n’est pas comme ça qu’on organise une fête du football.
Les alternatives et les solutions possibles
Les appels à la raison et au pragmatisme
Face à cette situation catastrophique, certaines voix s’élèvent pour appeler l’administration Trump à la raison et au pragmatisme. Des élus locaux, des responsables d’organisations sportives, des personnalités du monde du football plaident pour un assouplissement temporaire des restrictions pendant la durée du tournoi. Leur argument est simple : il est possible de concilier sécurité nationale et accès des supporters au Mondial. Des mesures spécifiques pourraient être mises en place pour les détenteurs de billets de match : vérifications renforcées lors de la demande de visa, obligation de fournir des garanties de retour, suivi GPS pendant le séjour, obligation de se présenter régulièrement aux autorités. Ces mesures, certes contraignantes, permettraient au moins aux supporters les plus motivés d’assister aux matchs de leur équipe. Elles répondraient aux préoccupations sécuritaires de l’administration tout en préservant l’esprit d’ouverture et d’universalité qui devrait caractériser une Coupe du monde. Plusieurs pays européens ont déjà mis en place des systèmes similaires lors de grands événements sportifs, avec des résultats satisfaisants. La France, lors de l’Euro 2016, avait instauré des procédures de visa accélérées pour les supporters étrangers, tout en maintenant des contrôles de sécurité stricts. Le système avait fonctionné sans incident majeur. Pourquoi les États-Unis ne pourraient-ils pas faire de même ?
Certains proposent également la création d’un visa spécial « Coupe du monde », valable uniquement pendant la durée du tournoi et assorti de conditions strictes. Ce visa serait réservé aux détenteurs de billets de match et nécessiterait des garanties financières importantes. Les bénéficiaires devraient prouver qu’ils ont les moyens de subvenir à leurs besoins pendant leur séjour et qu’ils ont l’intention de rentrer dans leur pays après le tournoi. Un système de caution pourrait même être envisagé : les supporters déposeraient une somme d’argent qui leur serait restituée à leur départ des États-Unis. Ces propositions pragmatiques permettraient de répondre aux préoccupations de l’administration Trump concernant les dépassements de séjour, tout en donnant une chance aux supporters africains et moyen-orientaux d’assister au Mondial. Mais pour l’instant, ces appels restent lettre morte. L’administration Trump semble déterminée à maintenir ses restrictions sans exception ni assouplissement. La rhétorique sécuritaire prime sur toute considération pratique ou humanitaire. Andrew Giuliani a été clair : « Chaque décision est une décision de sécurité nationale. » Cette position inflexible ne laisse aucune place au compromis ou à la nuance. Les supporters exclus devront se résigner à regarder leurs équipes à la télévision, impuissants et frustrés.
Ces solutions pragmatiques existent. Elles sont réalisables. Elles ont été testées avec succès dans d’autres pays. Mais l’administration Trump n’en veut pas. Pourquoi ? Parce que l’objectif n’est pas vraiment la sécurité nationale. L’objectif est de faire un coup politique, d’envoyer un message aux électeurs trumpistes : « Regardez, je protège l’Amérique des étrangers. » Peu importe si c’est injuste, inefficace ou contre-productif. Ce qui compte, c’est le symbole, la posture, l’affichage. Le pragmatisme et la raison n’ont pas leur place dans cette logique.
Le rôle potentiel de la diplomatie internationale
La communauté internationale pourrait également jouer un rôle dans la résolution de cette crise. Les gouvernements des pays concernés – Sénégal, Côte d’Ivoire, Haïti, Iran – pourraient faire pression sur l’administration américaine par des canaux diplomatiques. Des négociations bilatérales pourraient aboutir à des accords spécifiques pour la durée du tournoi. Par exemple, ces gouvernements pourraient s’engager à reprendre immédiatement tout ressortissant qui dépasserait la durée de son visa, en échange d’un assouplissement temporaire des restrictions. Ils pourraient également proposer de participer au processus de vérification des demandes de visa, en fournissant des informations sur les candidats et en garantissant leur bonne foi. Ces mesures de coopération renforcée pourraient rassurer l’administration Trump et ouvrir la voie à des exceptions pour les supporters détenteurs de billets. Malheureusement, les relations diplomatiques entre les États-Unis et plusieurs de ces pays sont tendues, voire inexistantes. L’Iran et les États-Unis n’ont pas de relations diplomatiques officielles depuis des décennies. Haïti traverse une crise politique majeure qui complique toute négociation. Le Sénégal et la Côte d’Ivoire, bien que disposant de relations plus cordiales avec Washington, n’ont pas le poids diplomatique nécessaire pour faire plier l’administration Trump sur une question aussi sensible que l’immigration.
Les organisations internationales pourraient également intervenir. L’Union africaine, par exemple, pourrait prendre position publiquement contre ces restrictions et appeler à leur levée. L’Organisation de la coopération islamique pourrait faire de même concernant l’Iran. Ces prises de position collectives auraient un poids politique et médiatique important. Elles mettraient l’administration Trump face à ses contradictions et créeraient une pression internationale difficile à ignorer. Mais là encore, la volonté politique semble faire défaut. Les organisations internationales sont souvent paralysées par leurs divisions internes et leur crainte de froisser les États-Unis. Elles préfèrent rester silencieuses plutôt que de prendre des positions qui pourraient compliquer leurs relations avec Washington. Cette passivité généralisée – de la FIFA, des gouvernements concernés, des organisations internationales – laisse les supporters exclus seuls face à leur frustration. Personne ne se bat vraiment pour eux. Personne ne prend de risques politiques pour défendre leur droit d’assister à la Coupe du monde. Ils sont les victimes collatérales d’un système où les considérations géopolitiques et économiques priment sur les valeurs humanistes et sportives. La Coupe du monde 2026 se déroulera donc dans ces conditions iniques, avec des stades amputés de milliers de supporters qui auraient dû y être. Un gâchis monumental. Une occasion manquée de montrer que le football peut vraiment unir le monde.
La lâcheté généralisée de tous ces acteurs me révolte. Personne ne bouge. Personne ne prend de risques. Tout le monde se planque derrière des considérations diplomatiques ou économiques. Et pendant ce temps, des milliers de supporters voient leurs rêves s’effondrer. Où est le courage ? Où est la solidarité ? Où est l’indignation ? Nulle part. Juste du silence, de la passivité, de la résignation. C’est pathétique.
Conclusion : un Mondial entaché avant même de commencer
Le bilan d’une injustice programmée
À six mois du coup d’envoi de la Coupe du monde 2026, le bilan est accablant. Des milliers de supporters africains et moyen-orientaux se voient refuser l’accès au plus grand événement footballistique de la planète. L’Iran et Haïti, deux nations qualifiées, ne pourront compter sur aucun de leurs supporters venus du pays. Le Sénégal et la Côte d’Ivoire verront leurs contingents de fans drastiquement réduits par des restrictions partielles qui compliquent l’obtention de visas. Cette situation crée une injustice sportive flagrante : certaines équipes bénéficieront du soutien massif de leurs supporters, tandis que d’autres joueront dans des stades quasi vides de leurs fans. L’avantage du terrain, censé profiter aux équipes locales, se transforme en handicap pour les nations frappées par les restrictions trumpiennes. Au-delà de l’aspect sportif, cette exclusion massive constitue une violation des principes d’égalité et de non-discrimination qui devraient régir les compétitions internationales. Elle crée un précédent dangereux pour l’avenir du football mondial. Si l’on accepte aujourd’hui que des pays hôtes puissent exclure massivement des supporters pour des raisons migratoires, qu’est-ce qui empêchera d’autres nations de faire de même à l’avenir ? Le football risque de se fragmenter, de se balkaniser, de devenir le terrain d’affrontements géopolitiques plutôt qu’un espace de rencontre et de dialogue. La Coupe du monde 2026 marquera peut-être un tournant dans l’histoire du football international. Non pas pour la qualité du jeu, mais pour avoir normalisé l’exclusion massive de supporters sur des critères nationaux et ethniques.
Les responsabilités de cette catastrophe sont partagées. L’administration Trump porte évidemment la responsabilité première, avec sa politique migratoire restrictive et xénophobe qui sacrifie des milliers de supporters innocents au nom d’une sécurité nationale fantasmée. Mais la FIFA porte également une lourde responsabilité par son silence complice. En refusant de prendre position contre ces restrictions, en privilégiant ses relations avec les États-Unis sur les droits des supporters, Gianni Infantino et son organisation trahissent les valeurs qu’ils prétendent défendre. Les gouvernements des pays concernés portent aussi leur part de responsabilité par leur passivité diplomatique. Ils auraient pu faire davantage pour négocier des exceptions, pour mobiliser la communauté internationale, pour défendre les droits de leurs ressortissants. Enfin, la communauté internationale dans son ensemble porte une responsabilité collective par son indifférence. Les médias internationaux ont peu couvert cette affaire. Les organisations de défense des droits humains sont restées relativement discrètes. L’opinion publique mondiale ne s’est pas mobilisée. Cette passivité généralisée a permis à l’administration Trump d’imposer ses restrictions sans rencontrer de résistance significative. Les supporters exclus se retrouvent seuls, abandonnés par tous ceux qui auraient dû les défendre. Leur seul recours est de regarder leurs équipes à la télévision, de vivre par procuration ce qui aurait dû être l’expérience de leur vie. Une frustration immense, une injustice criante, une humiliation collective.
Ce Mondial 2026 est déjà gâché avant même de commencer. Quoi qu’il se passe sur les terrains, quelles que soient les performances sportives, cette compétition restera marquée du sceau de l’exclusion et de l’injustice. On se souviendra de ces milliers de supporters privés de leur rêve. On se souviendra du silence complice de la FIFA. On se souviendra de la passivité de la communauté internationale. On se souviendra que le football, censé unir le monde, a servi d’instrument de discrimination et de ségrégation. C’est une tache indélébile sur l’histoire de la Coupe du monde.
L’espoir malgré tout : la résilience des communautés
Malgré cette situation désastreuse, les communautés africaines et moyen-orientales font preuve d’une résilience remarquable. Elles refusent de se laisser abattre par ces restrictions. Elles organisent des projections géantes dans leurs quartiers, créent des événements communautaires autour des matchs, maintiennent vivante la flamme de la passion footballistique. À Paterson, dans le New Jersey, l’Organisation civique haïtienne prévoit d’organiser des rassemblements pour chaque match d’Haïti. Des écrans géants seront installés dans des lieux publics, des animations seront proposées, des plats traditionnels seront servis. L’objectif est de recréer l’ambiance d’un stade, de permettre à la communauté de vivre collectivement cette aventure mondiale même si elle ne peut pas y assister physiquement. Des initiatives similaires se mettent en place dans les communautés sénégalaise, ivoirienne et iranienne à travers les États-Unis. Ces événements deviennent des actes de résistance culturelle, des affirmations d’identité face à l’exclusion. Ils montrent que la passion pour le football ne peut pas être étouffée par des décrets administratifs. Que l’amour du jeu transcende les barrières migratoires. Que l’esprit de la Coupe du monde survivra malgré les restrictions trumpiennes. Ces rassemblements communautaires créent également des opportunités de solidarité et de mobilisation politique. Ils permettent aux membres de ces communautés de se retrouver, d’échanger, de partager leurs frustrations mais aussi leurs espoirs.
Dans les pays d’origine, la mobilisation est tout aussi forte. Au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en Haïti, en Iran, des millions de personnes se préparent à vivre intensément cette Coupe du monde malgré l’impossibilité de s’y rendre. Les bars et restaurants équipent leurs établissements d’écrans géants. Les places publiques se transforment en lieux de rassemblement. Les familles se réunissent autour de la télévision. Cette ferveur populaire montre que le football reste un puissant vecteur d’unité et de fierté nationale, même à distance. Les joueurs eux-mêmes puisent dans cette énergie collective pour se motiver. Ils savent que des millions de compatriotes les soutiennent depuis leur pays, que chaque but marqué sera célébré dans les rues de Dakar, d’Abidjan, de Port-au-Prince ou de Téhéran. Cette connexion émotionnelle à distance ne remplace pas la présence physique des supporters dans les stades, mais elle crée une forme de communion spirituelle qui transcende les frontières. Les réseaux sociaux jouent également un rôle crucial dans cette mobilisation à distance. Les hashtags dédiés aux équipes nationales permettent aux supporters du monde entier de se retrouver virtuellement, de partager leurs émotions, de créer une communauté globale. Cette dimension numérique du soutien footballistique prend une importance particulière dans le contexte des restrictions trumpiennes. Elle offre un espace de liberté et d’expression que les barrières physiques ne peuvent pas entraver. Un espace où tous les supporters sont égaux, quelle que soit leur nationalité ou leur capacité à obtenir un visa américain.
Cette résilience des communautés me touche profondément. Malgré l’injustice, malgré la frustration, malgré l’humiliation, ils refusent de baisser les bras. Ils trouvent des moyens de célébrer leur passion, de soutenir leurs équipes, de maintenir vivant l’esprit du football. C’est beau. C’est inspirant. C’est la preuve que l’humanité peut triompher de l’adversité, que la passion peut surmonter les obstacles, que l’amour du jeu est plus fort que les restrictions administratives. Ces gens sont les vrais héros de cette Coupe du monde 2026. Pas les joueurs sur le terrain, pas les officiels dans leurs tribunes VIP, mais ces supporters anonymes qui refusent de se laisser exclure, qui créent leurs propres espaces de célébration, qui prouvent que le football appartient au peuple et non aux bureaucrates. Leur détermination me donne de l’espoir. Elle me rappelle que malgré toutes les injustices, malgré tous les obstacles, l’esprit humain reste indomptable. Et que le football, au fond, restera toujours ce qu’il a toujours été : un langage universel qui unit les peuples par-delà les frontières, les restrictions et les discriminations.
Sources
Sources primaires
Ouest-France, « Coupe du monde 2026. Donald Trump met des barbelés aux supporters du Sénégal et de la Côte d’Ivoire », publié le 17 décembre 2025. North Jersey, « Haiti, Iran fans left on sidelines for World Cup 2026 amid travel ban », publié le 10 décembre 2025. Le Soir, « Mondial 2026 : après l’Iran et Haïti, la Côte d’Ivoire et le Sénégal sanctionnés aussi par Donald Trump », publié le 17 décembre 2025. Le Monde, « La Coupe du monde 2026 s’éloigne pour les supporteurs du Sénégal et de la Côte d’Ivoire », publié le 19 décembre 2025. Proclamation présidentielle de la Maison Blanche, « Restricting and Limiting the Entry of Foreign Nationals to Protect the Security of the United States », publiée le 16 décembre 2025.
Sources secondaires
Human Rights Watch, « US: ICE Arrest at FIFA Event Spotlights Dangers for World Cup », rapport publié le 3 décembre 2025. The Athletic, « New Trump travel ban could exclude fans of Senegal and Ivory Coast from 2026 World Cup », publié le 16 décembre 2025. TV5 Monde, « Coupe du Monde 2026: les supporters sénégalais et ivoiriens pourraient être privés de matchs aux États-Unis », publié en décembre 2025. Marca, « Donald Trump could leave Haiti and Iran without fans at the FIFA World Cup 2026 », publié le 20 novembre 2025. Yahoo Sports, « A World Cup 2026 without fans? U.S. travel restrictions leave some teams in limbo », publié en décembre 2025.
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