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Une saisie spectaculaire le 10 décembre

Pour comprendre la saisie du 20 décembre, il faut revenir dix jours en arrière. Le 10 décembre 2025, les forces américaines ont intercepté un gigantesque pétrolier appelé « Skipper » au large des côtes vénézuéliennes. L’opération était encore plus spectaculaire que celle du week-end dernier. Elle a impliqué des forces spéciales, deux hélicoptères, dix membres des gardes-côtes et dix Marines. Le tout lancé depuis le porte-avions USS Gerald R. Ford, qui patrouille dans la région depuis des semaines dans le cadre d’un déploiement militaire massif ordonné par Trump. La procureure générale Pam Bondi a même publié une vidéo de quarante-cinq secondes montrant des personnels armés descendant en rappel depuis un hélicoptère sur le pont du navire. Hollywood n’aurait pas fait mieux.

Le Skipper n’est pas n’importe quel bateau. C’est un mastodonte de trois cent trente-trois mètres de long, l’un des plus grands pétroliers du monde lors de sa construction en 2005. À l’époque, il s’appelait The Toyo. Vingt ans plus tard, il transportait environ 1,8 million de barils de pétrole brut et naviguait sous pavillon guyanais. Sauf que le Guyana a rapidement démenti : le navire n’était pas enregistré dans le pays sud-américain. Il utilisait un faux pavillon, une pratique courante dans ce qu’on appelle la « flotte fantôme » – ces navires qui dissimulent leur localisation et leur propriétaire réel pour contourner les sanctions internationales. Le Skipper avait été sanctionné par le Département du Trésor américain en 2022 pour son rôle présumé dans un réseau de contrebande de pétrole finançant les Gardiens de la révolution iraniens et le Hezbollah. À l’époque, il s’appelait Adisa et était contrôlé par Viktor Artemov, un magnat russe du pétrole également sous sanctions.

Une opération rare et risquée

Ce qui rend cette saisie exceptionnelle, ce n’est pas seulement sa taille ou son timing. C’est la méthode. Faire descendre des forces spéciales en rappel depuis des hélicoptères sur un pétrolier en pleine mer, c’est une manœuvre extrêmement risquée que les gardes-côtes américains s’entraînent à faire mais qu’ils exécutent rarement. Normalement, les saisies de navires sanctionnés se font de manière beaucoup plus discrète, souvent dans les ports ou avec la coopération des autorités locales. Là, c’était une démonstration de force pure et simple. Un message envoyé non seulement à Caracas, mais à tous ceux qui oseraient défier les sanctions américaines. Le message était simple : nous viendrons vous chercher, même en eaux internationales, même si ça nécessite une opération militaire digne d’un film d’action.

Karoline Leavitt, la porte-parole de la Maison Blanche, a expliqué le lendemain que le navire était « actuellement en cours de procédure de confiscation » et qu’une « équipe d’enquête complète » était à bord pour interroger l’équipage et saisir les preuves. Le pétrolier sera emmené dans un port américain, et les États-Unis « ont l’intention de saisir le pétrole », a-t-elle précisé, tout en soulignant qu’il y avait « un processus légal pour la saisie de ce pétrole, et ce processus légal sera suivi. » Comme si suivre un processus légal après avoir mené une opération militaire en eaux internationales rendait le tout parfaitement légitime. Comme si la légalité pouvait être appliquée rétroactivement à une action qui ressemble furieusement à de la piraterie d’État.

Il y a quelque chose de profondément ironique dans cette situation. Les États-Unis accusent le Venezuela de piraterie, de vol, de terrorisme. Mais qu’est-ce que c’est, exactement, que de saisir un navire en eaux internationales sans déclaration de guerre formelle ? Qu’est-ce que c’est, sinon de la piraterie légalisée par la force ? Je ne défends pas Maduro, loin de là. Mais il faut appeler les choses par leur nom. Quand un pays envoie ses forces spéciales capturer des navires qui ne lui appartiennent pas, dans des eaux qui ne sont pas les siennes, c’est de la piraterie. Point final.

Sources

Sources primaires

The Hill – « US seizes second oil tanker off Venezuela’s coast as Trump ups pressure on Maduro » – Filip Timotija – 20 décembre 2025

Al Jazeera – « US seizes second oil tanker off Venezuela’s coast » – Umut Uras et agences – 20 décembre 2025

Reuters – « Trump orders ‘blockade’ of sanctioned oil tankers leaving, entering Venezuela » – Idrees Ali, Phil Stewart, Shariq Khan, Marianna Parraga – 16 décembre 2025

CBS News – « What we know about The Skipper, the oil tanker seized by the U.S. near Venezuela » – Jennifer Jacobs, James LaPorta, Richard Escobedo, Eleanor Watson, Nick Kurtz, Nicole Sganga, Joe Walsh – 11 décembre 2025

Sources secondaires

Département du Trésor américain – Communiqué de presse sur les sanctions contre le pétrolier Adisa (Skipper) – 2022

Département de la Justice américain – Mandat de saisie du pétrolier Skipper – Décembre 2025

Gouvernement du Venezuela – Déclarations officielles de la vice-présidente Delcy Rodríguez – 20 décembre 2025

Déclarations du président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva au sommet du Mercosur – 20 décembre 2025

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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