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Une justification qui ne tient pas debout

Dans un War Powers Report destiné à limiter le pouvoir présidentiel d’engager les États-Unis dans un conflit armé sans le consentement du Congrès, Trump a tenté de justifier ces attaques en vertu de l’autorité constitutionnelle que lui confère l’article II en tant que commandant en chef des forces armées, et en affirmant agir conformément au droit inhérent des États-Unis à la légitime défense en vertu du droit international. Le bureau du conseiller juridique du ministère de la Justice aurait même rendu un avis classifié conférant une couverture juridique à ces frappes meurtrières, un document que l’administration s’efforce de garder secret tout en affirmant sa validité.

Pourtant, les experts en droit de la guerre et les membres du Congrès sont unanimes : ces frappes constituent des exécutions extrajudiciaires illégales. L’armée n’est tout simplement pas autorisée à cibler délibérément des civils, même soupçonnés d’être des criminels, qui ne présentent pas une menace imminente de violence. Ces exécutions sommaires s’écartent radicalement de la pratique habituelle dans la longue guerre menée par les États-Unis contre la drogue, où les forces de l’ordre arrêtaient traditionnellement les trafiquants présumés pour les faire juger. La représentante Sara Jacobs, démocrate de Californie et membre de la commission des forces armées de la Chambre des représentants, a été particulièrement claire : « Nous ne sommes pas en conflit armé avec ces cartels. Il s’agit donc simplement de meurtres. »

Cette tentative de maquiller des assassinats en actes de guerre me révulse au plus haut point. L’administration Trump a créé de toutes pièces une qualification juridique pour justifier l’injustifiable, transformant des civils en « combattants » par un simple tour de passe-passe sémantique. C’est une trahison de tout ce que la démocratie américaine est censée représenter, une perversion du langage juridique au service de la mort.

Le fardeau de la preuve inversé

Lors du briefing de jeudi, les responsables du Pentagone ont admis que l’administration ne connaissait pas l’identité de tous les individus tués lors des frappes. « Ils ont dit qu’ils n’avaient pas besoin d’identifier formellement les gens se trouvant sur les navires pour conduire les frappes », a déclaré Sara Jacobs à The Intercept. « Il leur suffit de montrer qu’il y a un lien avec un réseau de trafic de drogue ou une organisation affiliée. » Cette révélation est d’autant plus alarmante que seules trois personnes ont survécu aux attaques américaines jusqu’à présent : deux lors d’une frappe le 16 octobre et une lors d’une série d’attaques le 27 octobre. Aucune n’a été poursuivie pour le trafic de drogue présumé pour lequel Trump revendique le droit de les tuer sommairement.

« Ils ont déclaré qu’ils ne pouvaient pas détenir ou juger les personnes qui avaient survécu à l’une des attaques, ni dans notre pays ni dans l’un des pays de rapatriement, car ils ne pouvaient pas satisfaire à la charge de la preuve », a ajouté Jacobs. « Cela a conduit certains à émettre l’hypothèse que la détention d’une personne nécessite un niveau de preuve plus élevé que son meurtre, ce qui pose problème. » Brian Finucane, ancien avocat du département d’État spécialisé dans les questions de lutte anti-terrorisme et le droit de la guerre, a fait remarquer que l’incapacité de l’administration Trump à identifier les personnes qu’elle tue « compromet indubitablement le fait de qualifier ces individus de narco-terroristes. »

Je suis terrifié par cette logique absurde qui fait qu’il faut plus de preuves pour emprisonner quelqu’un que pour le tuer. Nous vivons dans un monde inversé où la vie humaine a moins de valeur que la procédure judiciaire, où la mort devient la solution de facilité face à l’exigence de preuves. C’est une folie meurtrière qui nous conduit droit au gouffre.

Sources

Sources primaires

The Intercept, Nick Turse, « Trump administration admits it doesn’t know exactly who it’s killing in boat strikes », 31 octobre 2025

Al Jazeera, Sarah Shamim, « Trump’s boat bombings: How the US has long used ‘double-tap’ strikes », 2 décembre 2025

Lawfare, Charlie Trumbull, « The Administration’s Drug Boat Strikes Are Crimes Against Humanity », 16 décembre 2025

Human Rights Watch, « Q&A: US Military Operations in the Caribbean, Pacific », 16 décembre 2025

Les Crises, « L’administration Trump admet ne pas savoir exactement qui elle tue lors des frappes contre des bateaux », 27 novembre 2025

Sources secondaires

Déclarations de la représentante Sara Jacobs, commission des forces armées de la Chambre des représentants, novembre 2025

Communiqué du sénateur Mark Warner, commission sénatoriale du renseignement, novembre 2025

Déclarations du représentant Seth Moulton, commission HASC, novembre 2025

Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies, communiqué d’octobre 2025

Commission interaméricaine des droits de l’homme, déclaration de novembre 2025

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