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Une criminelle selon Washington

Le Département de la Sécurité intérieure a publié une déclaration le 9 décembre 2025, quelques heures après la libération de Bruna Ferreira. Le ton est sans appel : elle serait une « criminelle illégale venue du Brésil », arrêtée pour agression par le passé. Selon le DHS, elle est entrée aux États-Unis avec un visa touristique B2 qui exigeait son départ avant le 6 juin 1999. Elle aurait donc vécu illégalement sur le territoire américain pendant plus de vingt-six ans. Le communiqué ajoute qu’un juge a autorisé sa libération sous caution dans le cadre d’une procédure d’expulsion. Voilà pour la version officielle. Une narration claire, factuelle, destinée à justifier l’intervention de l’ICE. Mais cette version résiste-t-elle à l’examen des faits ? Pas vraiment. Todd Pomerleau, l’avocat de Bruna, a démoli point par point ces accusations lors de l’audience de libération sous caution. Il a affirmé que sa cliente n’avait aucun casier judiciaire et que le gouvernement faisait probablement référence à un incident survenu en 2008, lorsque Bruna avait seize ans.

Cet incident ? Une altercation devant un Dunkin’ Donuts pour une somme de huit dollars. Bruna, alors mineure, avait été convoquée devant un tribunal pour mineurs. L’affaire avait été classée sans suite. Aucune arrestation, aucune condamnation. Juste une convocation, comme des milliers d’adolescents en reçoivent chaque année pour des disputes sans gravité. Mais pour le DHS, cet incident de jeunesse devient une « arrestation pour agression ». Une distorsion des faits qui transforme une adolescente turbulente en criminelle dangereuse. Pomerleau a souligné que les dossiers des tribunaux pour mineurs sont scellés et que Bruna était mineure au moment des faits. « C’est faux en tant que fait et en tant que droit », a-t-il martelé devant la juge. Plus révélateur encore : l’avocat représentant le DHS lors de l’audience n’a pas contesté ces arguments. Il a même reconnu que Bruna ne représentait ni un danger pour la société ni un risque de fuite. Alors pourquoi cette arrestation ? Pourquoi cette détention dans un centre à des milliers de kilomètres de son domicile ? Les réponses à ces questions restent floues, noyées dans le jargon administratif et les procédures opaques de l’immigration.

Transformer une adolescente de seize ans en criminelle pour une dispute à huit dollars. Voilà où nous en sommes. Voilà comment fonctionne la machine à broyer les vies. On prend un incident mineur, on le sort de son contexte, on l’amplifie, on le déforme jusqu’à ce qu’il devienne une justification acceptable pour arracher une mère à son enfant. Et le plus terrifiant dans tout ça ? C’est que personne ne semble s’en offusquer. C’est devenu normal. Acceptable. Une simple ligne dans un communiqué de presse. Mais derrière cette ligne, il y a une femme. Une mère. Un enfant de onze ans qui se demande pourquoi sa maman a disparu un matin en allant le déposer à l’école.

La réalité d’une mère présente

Bruna Ferreira a une tout autre version de son histoire. Dans son interview au Washington Post, elle a décrit sa vie quotidienne avec son fils Michael Jr. Elle l’emmène régulièrement chez Dave & Buster’s, cette chaîne de restaurants-arcades où les enfants adorent passer du temps. Elle le conduit à l’école chaque matin, assiste à ses matchs de sport, remplit sa chambre de jouets et de tout ce dont un garçon de onze ans peut rêver. Elle a même « déplacé des montagnes », selon ses propres mots, pour que son fils puisse assister au mariage de Karoline Leavitt avec le promoteur immobilier Nicholas Riccio début janvier 2025. Elle a également donné son accord pour que Michael Jr participe à la traditionnelle chasse aux œufs de Pâques à la Maison Blanche au printemps dernier. Des détails qui contredisent frontalement l’image d’une mère absente véhiculée par l’administration. Mais le plus révélateur reste ce choix qu’elle a fait il y a des années : demander à Karoline Leavitt d’être la marraine de son fils, un honneur qu’elle n’a même pas accordé à sa propre sœur.

« J’ai demandé à Karoline d’être la marraine plutôt qu’à ma seule sœur », a-t-elle confié au Post. « J’ai fait une erreur là, en lui faisant confiance. Pourquoi ils créent ce récit dépasse mon imagination la plus folle. » Ces mots résonnent comme un cri de trahison. Bruna pensait avoir tissé des liens familiaux solides avec les Leavitt. Elle croyait que son fils aurait toujours une place dans cette famille, malgré sa séparation d’avec Michael. Mais l’arrestation et le récit qui a suivi ont brisé cette illusion. Dans le centre de détention en Louisiane, d’autres personnes en attente d’expulsion l’ont questionnée sur sa relation avec la porte-parole de la Maison Blanche. « Elle ne vous aimait pas ? » lui ont-ils demandé. « Votre supposition vaut la mienne », a-t-elle répondu, incapable elle-même de comprendre ce qui s’était passé. Comment une relation familiale peut-elle se transformer en cauchemar bureaucratique ? Comment une marraine peut-elle rester silencieuse pendant que la mère de son filleul est détenue à des milliers de kilomètres ? Ces questions hantent Bruna depuis sa libération.

Il y a quelque chose de profondément humain dans cette trahison. Bruna a fait confiance. Elle a ouvert son cœur, sa famille, son fils à des gens qu’elle croyait être les siens. Et ces mêmes personnes l’ont laissée tomber quand elle en avait le plus besoin. Je ne sais pas si Karoline Leavitt a joué un rôle actif dans cette arrestation. Peut-être que non. Peut-être qu’elle est aussi prisonnière d’un système qu’elle défend publiquement. Mais son silence est une forme de complicité. Son absence de soutien est une trahison en soi. Et ça, c’est quelque chose qu’on ne peut pas effacer avec des communiqués de presse ou des déclarations officielles.

Sources

Sources primaires

The Guardian – « Mother of Karoline Leavitt’s nephew rejects White House portrayal of her after ICE arrest » par Edward Helmore, publié le 8 décembre 2025. NBC News – « Mother of Karoline Leavitt’s nephew released from ICE custody » par Doha Madani et Christiana Corporon, publié le 9 décembre 2025. The Washington Post – « Mom of Karoline Leavitt’s nephew rejects White House narrative of her ICE arrest » par Maria Sacchetti et Todd Wallack, publié le 7 décembre 2025.

Sources secondaires

ABC News – « Mother of White House press secretary Karoline Leavitt’s nephew released from ICE custody », décembre 2025. NBC Boston – « Judge orders release of Karoline Leavitt’s relative from ICE detention », décembre 2025. People Magazine – « Mom of Karoline Leavitt’s Nephew Breaks Silence on ICE Arrest », décembre 2025. Al Jazeera – « Woman linked to Trump Press Secretary Leavitt freed by immigration agency », publié le 9 décembre 2025. NHPR – « Brother of White House press secretary Leavitt had custody battle with ICE detainee », décembre 2025. WBUR – « White House spokeswoman Leavitt now has a family connection to ICE arrest », novembre 2025.

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