Premier message : l’attaque personnelle contre Colbert
À 00h08 le 24 décembre 2025, Trump publie son premier message sur Truth Social. Le ton est immédiatement agressif, presque violent. « Stephen Colbert est un naufrage pathétique, sans talent ni rien d’autre nécessaire au succès dans le show business », écrit-il. Le président ne s’arrête pas là. Il poursuit : « Maintenant, après avoir été viré par CBS mais laissé à l’abandon, il est devenu encore pire, avec des audiences inexistantes. Stephen fonctionne à la haine et aux vapeurs — un mort en sursis ! » Cette formulation — « dead man walking » en anglais — est particulièrement chargée. Elle évoque les condamnés à mort marchant vers leur exécution. Une image macabre, délibérément choisie pour son impact émotionnel.
Puis vient la phrase qui fait froid dans le dos : « CBS devrait ‘le mettre à dormir’ MAINTENANT, c’est la chose humanitaire à faire ! » Le choix des mots est révélateur. « Mettre à dormir » est une expression généralement utilisée pour l’euthanasie des animaux. Trump compare donc Colbert à un animal malade qu’il faudrait abattre par compassion. L’insulte est double : elle déshumanise l’animateur tout en suggérant que sa carrière est une souffrance dont il faudrait le délivrer. Cette rhétorique, aussi choquante soit-elle, n’est pas nouvelle chez Trump. Mais elle atteint ici un niveau de violence verbale rarement égalé, même pour lui. Le président des États-Unis demande publiquement qu’une chaîne de télévision mette fin à la carrière d’un de ses employés. Pas pour des raisons professionnelles. Mais parce que cet employé le critique.
Deuxième message : l’élargissement de la cible
Quelques minutes plus tard, Trump publie un second message. Cette fois, il élargit son tir. « Qui a le pire animateur de late-night, CBS, ABC ou NBC ??? Ils ont tous trois choses en commun : des salaires élevés, aucun talent, des AUDIENCES VRAIMENT BASSES ! » Le président ne vise plus seulement Colbert. Il s’en prend à l’ensemble des animateurs de late-night des grandes chaînes américaines. Jimmy Kimmel sur ABC. Seth Meyers sur NBC. Tous sont dans le collimateur. Cette généralisation n’est pas anodine. Elle révèle une stratégie : Trump ne combat pas un individu, mais un système. Un système médiatique qu’il juge hostile et qu’il veut voir disparaître.
L’affirmation selon laquelle ces émissions auraient des « audiences vraiment basses » est factuellement incorrecte. En réalité, tant « The Late Show with Stephen Colbert » que « Jimmy Kimmel Live » ont connu une hausse d’audience significative en 2025, notamment grâce à leur couverture critique de l’administration Trump. Les téléspectateurs se tournent vers ces émissions précisément parce qu’elles offrent un contrepoint satirique au discours présidentiel. Mais Trump ne s’embarrasse pas de faits. Il construit sa propre réalité, où ses ennemis sont des échecs et où lui seul triomphe. Cette distorsion de la vérité est devenue sa marque de fabrique. Et elle fonctionne auprès de sa base électorale, qui ne vérifie pas les chiffres d’audience mais croit aveuglément aux affirmations présidentielles.
Troisième message : la menace institutionnelle
Le troisième message de Trump est le plus grave. Il ne s’agit plus d’attaques personnelles ni de critiques générales. Il s’agit d’une menace directe contre les licences de diffusion des chaînes de télévision. « Si les JOURNAUX TÉLÉVISÉS des chaînes, et leurs émissions de late-night, sont presque 100% négatifs envers le président Donald J. Trump, MAGA et le Parti républicain, leurs très précieuses licences de diffusion ne devraient-elles pas être révoquées ? Je dis OUI ! » écrit Trump. Cette déclaration franchit une ligne rouge. Le président des États-Unis suggère ouvertement d’utiliser le pouvoir de l’État pour punir des médias qui le critiquent. C’est une attaque frontale contre le Premier Amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté de la presse.
Les licences de diffusion sont délivrées par la Federal Communications Commission (FCC), une agence fédérale indépendante. En théorie, la FCC ne peut révoquer une licence que pour des raisons techniques ou des violations graves de la réglementation — jamais pour des raisons de contenu éditorial. Le Premier Amendement protège explicitement les médias contre ce type de représailles gouvernementales. Mais Trump semble ignorer ces protections constitutionnelles. Ou pire : il les connaît et choisit délibérément de les bafouer. En menaçant de retirer les licences de CBS, NBC et ABC, il envoie un message à l’ensemble de l’industrie médiatique : critiquez-moi, et je vous détruirai. Cette menace, même si elle est juridiquement irréalisable, a un effet dissuasif. Elle crée un climat de peur. Elle pousse les médias à l’autocensure. Et c’est exactement ce que Trump recherche.
Trois messages. Trois étapes. Trois niveaux de violence. Trump ne frappe pas au hasard. Il construit son attaque comme un crescendo. D’abord, il détruit l’individu. Colbert est un « naufrage », un « mort en sursis ». Ensuite, il élargit à la profession. Tous les animateurs de late-night sont des ratés. Enfin, il menace l’institution. Les chaînes elles-mêmes sont en danger. C’est une stratégie rodée, presque militaire. On isole la cible, on la déshumanise, puis on menace de l’anéantir. Et pendant ce temps, le reste du monde regarde, sidéré, incapable de croire que c’est vraiment en train de se passer. Mais ça se passe. Ça se passe vraiment. Et personne ne semble pouvoir l’arrêter.
Le contexte : une guerre déclarée contre les médias
Une escalade qui dure depuis des mois
Les menaces de Trump contre les médias ne datent pas du 24 décembre. Elles s’inscrivent dans une campagne systématique menée depuis son retour à la Maison-Blanche. En août 2025, Trump avait déjà suggéré que ABC et NBC devraient perdre leurs licences de diffusion en raison de leur couverture « négative » de son administration. En septembre 2025, il avait attaqué Jimmy Kimmel après que l’animateur ait fait des commentaires sur l’activiste conservateur Charlie Kirk. ABC avait alors suspendu Kimmel pendant plusieurs jours, une décision largement perçue comme une capitulation face aux pressions présidentielles. En novembre 2025, Trump s’en était pris à Seth Meyers, l’accusant de souffrir d’un « cas incurable de syndrome de dérangement Trump » et exigeant que NBC le licencie « IMMÉDIATEMENT ».
Cette escalade révèle une stratégie cohérente. Trump ne se contente pas de critiquer les médias. Il cherche activement à les intimider, à les punir, à les faire plier. Chaque attaque est plus violente que la précédente. Chaque menace est plus explicite. Et surtout, chaque intervention présidentielle obtient des résultats. Kimmel suspendu. Colbert annulé. Les chaînes qui s’excusent, qui reculent, qui censurent leurs propres contenus par peur de représailles. Trump a compris qu’il pouvait gagner cette guerre d’usure. Que les médias, malgré leur puissance apparente, sont vulnérables. Qu’ils dépendent de licences gouvernementales, de régulations fédérales, d’un cadre légal que lui contrôle. Et il exploite cette vulnérabilité sans scrupule.
Le rôle controversé de la FCC et de Brendan Carr
Au cœur de cette stratégie se trouve Brendan Carr, président de la FCC nommé par Trump. Carr a multiplié les déclarations ambiguës sur le rôle de la FCC dans la régulation du contenu médiatique. En septembre 2025, lors d’une apparition dans le podcast du commentateur conservateur Benny Johnson, Carr avait suggéré que la FCC pourrait « prendre des mesures » contre l’émission de Jimmy Kimmel après ses commentaires sur Charlie Kirk. « Les diffuseurs ont une licence accordée par nous à la FCC, et cela vient avec une obligation d’opérer dans l’intérêt public », avait-il déclaré. « Nous pouvons faire ça de manière facile ou difficile. Ces entreprises peuvent trouver des moyens de changer leur conduite et prendre des mesures, franchement, contre Kimmel, ou il y aura du travail supplémentaire pour la FCC. »
Ces propos ont suscité une vive inquiétude parmi les défenseurs de la liberté de presse. Interrogé lors d’une audition au Congrès en décembre 2025, Carr a tenté de minimiser ses déclarations, affirmant qu’il cherchait simplement à « faire respecter le standard d’intérêt public » pour les diffuseurs. Mais le mal était fait. Le message était passé : la FCC, sous la direction de Carr, était prête à utiliser son pouvoir réglementaire pour punir les médias critiques envers Trump. Cette posture marque une rupture historique. Depuis sa création en 1934, la FCC s’est toujours présentée comme une agence indépendante, protégée des pressions politiques. Sous Carr, cette indépendance semble avoir volé en éclats. La FCC est devenue un instrument au service de l’agenda présidentiel. Et cela devrait terrifier tous ceux qui croient encore en la démocratie.
Carr me fait peur. Plus que Trump, peut-être. Parce que Trump, on le connaît. On sait qu’il ment, qu’il menace, qu’il manipule. Mais Carr ? Carr se drape dans la légalité. Il parle de « standard d’intérêt public », de « obligations des diffuseurs », de « travail de la FCC ». Il donne une apparence de respectabilité à ce qui est, fondamentalement, de la censure d’État. Il transforme la répression en bureaucratie. Et c’est ça qui est terrifiant. Parce qu’on peut combattre un tyran qui hurle. Mais comment combattre un bureaucrate qui sourit en signant des formulaires de révocation de licence ? Comment dénoncer une oppression qui se cache derrière des règlements et des procédures ? Carr est le visage acceptable de l’autoritarisme trumpiste. Et c’est précisément ce qui le rend si dangereux.
L'annulation de "The Late Show" : une capitulation déguisée ?
Les raisons officielles de CBS
En juillet 2025, CBS et les dirigeants de Paramount ont annoncé que « The Late Show with Stephen Colbert » prendrait fin en mai 2026. La chaîne a insisté sur le fait que cette décision était « purement financière » et « non liée de quelque manière que ce soit aux performances de l’émission, à son contenu ou à d’autres questions concernant Paramount ». Selon les chiffres avancés par CBS, l’émission coûtait environ 40 millions de dollars par an de plus qu’elle ne rapportait. Dans un contexte de restructuration financière de Paramount, cette perte n’était plus tenable. La direction a donc décidé de « retirer » la franchise « The Late Show », vieille de plusieurs décennies, pour réallouer ces ressources vers d’autres projets plus rentables.
Cette explication officielle a été accueillie avec scepticisme. D’abord, parce que « The Late Show » restait l’une des émissions de late-night les plus regardées aux États-Unis. Ses audiences avaient même augmenté en 2025, portées par l’intérêt du public pour la couverture critique de l’administration Trump. Ensuite, parce que le timing de l’annonce était pour le moins suspect. Elle intervenait quelques semaines seulement après que Paramount ait accepté de verser 16 millions de dollars à Trump pour clore un procès lié à une interview controversée de Kamala Harris diffusée dans « 60 Minutes ». Cette transaction avait été largement perçue comme une capitulation face aux pressions présidentielles. L’annulation de Colbert, dans ce contexte, ressemblait à une nouvelle concession. Une manière de calmer Trump en sacrifiant son critique le plus virulent.
Les soupçons de pression politique
Plusieurs élus démocrates ont publiquement remis en question la version officielle de CBS. Ils ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme une autocensure préventive, une tentative de la chaîne de se protéger contre de futures attaques présidentielles en éliminant sa voix la plus critique. Des observateurs des médias ont souligné que l’annulation de Colbert envoyait un message clair à l’ensemble de l’industrie : critiquer Trump a un coût. Un coût financier, d’abord, avec les procès et les règlements à payer. Mais aussi un coût professionnel, avec des carrières brisées et des émissions annulées. Ce message, même s’il n’est jamais formulé explicitement, est parfaitement compris par tous les acteurs du secteur médiatique.
Colbert lui-même a exprimé sa déception lors de son discours aux Emmy Awards 2025, quelques semaines après l’annonce de l’annulation. « Je suis triste que ce soit fini », a-t-il déclaré, la voix chargée d’émotion. « Mais je suis fier de ce que nous avons accompli. Nous avons dit la vérité. Nous avons ri face à l’absurdité. Et nous n’avons jamais baissé les yeux. » Ces mots, prononcés devant une salle debout qui l’applaudissait, résonnent comme un acte de résistance. Mais ils ne changent rien à la réalité : Colbert a perdu. Trump a gagné. Et le message est passé. Dans l’Amérique de 2025, critiquer le président peut vous coûter votre carrière. Même si vous êtes l’un des animateurs les plus populaires du pays. Même si vous avez raison. Même si vous défendez la vérité.
CBS a menti. Ils peuvent habiller ça comme ils veulent, parler de « décisions financières » et de « restructuration », mais tout le monde sait la vérité. Ils ont plié. Ils ont eu peur. Et ils ont sacrifié Colbert pour sauver leur peau. C’est lâche. C’est pathétique. Et c’est exactement ce que Trump voulait. Il n’a même pas eu besoin de menacer directement CBS. Il a juste créé un climat de terreur suffisant pour que la chaîne prenne les devants. Pour qu’elle s’autocensure. Pour qu’elle élimine le problème avant qu’il ne devienne trop coûteux. Et maintenant, Colbert paie le prix. Pas pour avoir échoué. Pas pour avoir fait de mauvaises audiences. Mais pour avoir osé dire la vérité. Pour avoir refusé de se taire. Pour avoir été trop bon dans son travail. C’est révoltant.
Les implications constitutionnelles : un assaut contre le Premier Amendement
La protection de la liberté de presse aux États-Unis
Le Premier Amendement de la Constitution américaine est sans ambiguïté : « Le Congrès ne fera aucune loi… restreignant la liberté de parole ou de la presse ». Cette protection, adoptée en 1791, est l’un des piliers de la démocratie américaine. Elle garantit que les médias peuvent critiquer le gouvernement sans crainte de représailles. Elle empêche l’État d’utiliser son pouvoir pour museler les voix dissidentes. Et elle a été confirmée à maintes reprises par la Cour suprême, qui a systématiquement rejeté les tentatives gouvernementales de contrôler le contenu éditorial des médias. L’arrêt New York Times Co. v. Sullivan de 1964, par exemple, a établi que les personnalités publiques ne peuvent poursuivre les médias pour diffamation que si elles prouvent une « malveillance réelle » — un standard extrêmement difficile à atteindre.
Cette protection constitutionnelle s’applique également aux licences de diffusion. La FCC ne peut révoquer une licence que pour des raisons techniques (non-respect des normes de diffusion, interférences avec d’autres fréquences) ou des violations graves de la réglementation (diffusion de contenu obscène, non-respect des obligations de service public). Elle ne peut jamais, en théorie, révoquer une licence en raison du contenu éditorial d’une émission. Toute tentative en ce sens serait immédiatement contestée devant les tribunaux et presque certainement annulée. Le Premier Amendement est une barrière juridique infranchissable. Du moins, c’est ce qu’on croyait. Jusqu’à ce que Trump commence à menacer ouvertement de franchir cette barrière. Et jusqu’à ce que la FCC, sous la direction de Brendan Carr, commence à suggérer qu’elle pourrait l’aider à le faire.
Les précédents historiques et les dangers actuels
L’histoire américaine compte quelques exemples de présidents ayant tenté de contrôler les médias. Richard Nixon, dans les années 1970, avait ordonné à la FCC d’enquêter sur les licences de diffusion de certaines chaînes critiques envers son administration. Ces tentatives avaient échoué, en partie grâce à la résistance de la FCC elle-même, qui avait refusé de se plier aux pressions présidentielles. Nixon avait finalement été contraint de démissionner suite au scandale du Watergate, en partie révélé par des journalistes d’investigation que son administration avait tenté de faire taire. Cette histoire devrait servir d’avertissement. Elle montre que les attaques contre la presse finissent toujours par se retourner contre ceux qui les mènent. Mais elle montre aussi que ces attaques peuvent causer des dégâts considérables avant d’échouer.
La différence avec l’ère Trump, c’est que les institutions qui avaient résisté à Nixon semblent aujourd’hui plus fragiles. La FCC, sous Carr, ne joue plus son rôle de rempart contre les pressions politiques. Les chaînes de télévision, affaiblies par la concurrence des plateformes numériques et les difficultés financières, sont plus vulnérables aux menaces présidentielles. Et surtout, Trump bénéficie d’un soutien populaire qui lui permet de présenter ses attaques contre les médias comme une lutte contre les « fake news » et l' »establishment ». Cette rhétorique, aussi mensongère soit-elle, trouve un écho auprès d’une partie significative de l’électorat américain. Ce qui rend les menaces de Trump d’autant plus dangereuses. Elles ne sont pas seulement juridiquement problématiques. Elles sont politiquement efficaces. Et elles créent un précédent terrifiant pour l’avenir de la démocratie américaine.
Le Premier Amendement est censé nous protéger. C’est ce qu’on nous a toujours dit. C’est ce qu’on a toujours cru. Mais aujourd’hui, je me demande si ce n’est pas juste un morceau de papier. Un texte vieux de plus de deux siècles qui ne pèse rien face à la volonté d’un homme déterminé à détruire ses ennemis. Trump se fiche du Premier Amendement. Il se fiche de la Constitution. Il se fiche de la démocratie. Tout ce qui compte pour lui, c’est le pouvoir. Et il est prêt à tout pour le conserver. Même à piétiner les principes fondateurs de la nation qu’il est censé diriger. Et le pire, c’est que ça marche. Les médias ont peur. Les chaînes reculent. Les journalistes s’autocensurent. Le Premier Amendement existe toujours sur le papier. Mais dans la réalité, il est en train de mourir. Lentement. Silencieusement. Et personne ne semble capable de l’arrêter.
Les réactions : entre indignation et résignation
Les défenseurs de la liberté de presse sonnent l’alarme
Les messages de Trump du 24 décembre ont suscité une vague d’indignation parmi les défenseurs de la liberté de presse et les organisations de droits civiques. Human Rights First, une ONG américaine, a publié un rapport intitulé « Une menace pour la vérité : la campagne de l’administration américaine pour faire taire la dissidence et la presse libre ». Le rapport documente les multiples attaques de Trump contre les médias et met en garde contre une « érosion systématique des normes démocratiques ». PEN America, une organisation de défense de la liberté d’expression, a qualifié les menaces présidentielles d' »assaut sans précédent contre le Premier Amendement » et a appelé le Congrès à intervenir pour protéger les médias.
Des élus démocrates ont également réagi avec force. La sénatrice Elizabeth Warren a tweeté : « Un président qui menace de révoquer les licences de diffusion parce qu’il n’aime pas la couverture médiatique n’est pas un démocrate. C’est un autocrate. » Le représentant Adam Schiff a déclaré lors d’une conférence de presse : « Les menaces de Trump contre CBS, NBC et ABC sont une attaque directe contre la Constitution. Si nous laissons passer ça, nous abandonnons tout ce qui fait de l’Amérique une démocratie. » Ces déclarations, aussi fortes soient-elles, restent largement symboliques. Les démocrates, minoritaires au Congrès, n’ont pas le pouvoir d’empêcher Trump d’agir. Ils peuvent dénoncer, protester, alerter. Mais ils ne peuvent pas arrêter la machine.
Le silence assourdissant des républicains
Plus troublant encore que les attaques de Trump : le silence des républicains. À quelques exceptions près, les élus du Parti républicain n’ont pas condamné les menaces présidentielles contre les médias. Certains ont même applaudi. Le sénateur Ted Cruz a tweeté : « Les médias mainstream mentent depuis des années. Il est temps qu’ils paient le prix. » La représentante Marjorie Taylor Greene a déclaré : « Trump a raison. Ces chaînes sont des ennemis du peuple. Elles méritent de perdre leurs licences. » Ces réactions révèlent une transformation profonde du Parti républicain. Autrefois défenseur des libertés individuelles et de la limitation du pouvoir gouvernemental, le parti s’est mué en machine de soutien inconditionnel à Trump. Peu importe ce qu’il dit ou fait. Peu importe les principes bafoués. Peu importe les dégâts causés.
Ce silence républicain n’est pas seulement une lâcheté politique. C’est une complicité active. En refusant de condamner les attaques de Trump contre les médias, les élus républicains lui donnent carte blanche pour continuer. Ils normalisent l’inacceptable. Ils transforment l’autoritarisme en politique partisane ordinaire. Et ils envoient un message clair à leurs électeurs : la liberté de presse n’est importante que quand elle sert nos intérêts. Quand elle nous critique, elle devient l’ennemi. Cette logique, poussée à son terme, mène droit à la dictature. Et le fait qu’elle soit embrassée par l’un des deux grands partis américains devrait terrifier tous ceux qui croient encore en la démocratie. Parce que si les républicains ne défendent plus les libertés fondamentales, qui le fera ?
Le silence des républicains me brise le cœur. Pas parce que j’attendais mieux d’eux — je sais depuis longtemps qu’ils ont vendu leur âme à Trump. Mais parce que ce silence révèle quelque chose de plus profond. Une acceptation. Une résignation. L’idée que tout ça est normal maintenant. Qu’un président peut menacer de détruire des médias et que personne ne bronche. Qu’on peut piétiner la Constitution et que ça ne choque plus personne. Ce silence n’est pas de l’indifférence. C’est de la complicité. Et c’est ça qui fait le plus mal. Parce que ça veut dire qu’on a déjà perdu. Que la bataille pour la démocratie est terminée. Et que personne n’a même remarqué qu’elle avait eu lieu.
Le rôle des réseaux sociaux : amplificateurs de la menace
Truth Social, l’arme de communication présidentielle
Les attaques de Trump contre Colbert et les médias n’auraient pas le même impact sans Truth Social, la plateforme de médias sociaux qu’il a créée après avoir été banni de Twitter. Cette plateforme est devenue son principal outil de communication directe avec ses partisans, court-circuitant les médias traditionnels qu’il méprise tant. Sur Truth Social, Trump peut publier ce qu’il veut, quand il veut, sans filtre ni modération. Il peut insulter, menacer, mentir, sans craindre d’être censuré ou contredit. Cette liberté totale lui donne un pouvoir considérable. Chaque message présidentiel est immédiatement relayé par des millions de followers, amplifié par des comptes pro-Trump, et finalement repris par les médias traditionnels qui ne peuvent ignorer les déclarations du président.
Cette dynamique crée un cercle vicieux. Trump attaque les médias sur Truth Social. Les médias sont obligés de couvrir ces attaques, donnant ainsi une visibilité encore plus grande aux propos présidentiels. Les partisans de Trump voient cette couverture comme une preuve que les médias sont obsédés par lui. Et Trump utilise cette perception pour justifier de nouvelles attaques. C’est un système parfaitement rodé qui permet de contrôler l’agenda médiatique tout en prétendant être victime des médias. Truth Social n’est pas juste une plateforme de communication. C’est une arme politique qui permet à Trump de mener sa guerre contre la presse avec une efficacité redoutable. Et le fait qu’il en soit propriétaire lui donne un contrôle total sur le narratif, sans aucun contre-pouvoir.
L’écosystème des médias conservateurs comme caisse de résonance
Mais Truth Social ne fonctionne pas seul. Il s’inscrit dans un écosystème plus large de médias conservateurs qui amplifient et légitiment les attaques de Trump. Fox News, Newsmax, One America News Network, des dizaines de podcasts conservateurs, des centaines de sites web d’information de droite — tous reprennent et défendent les positions présidentielles. Quand Trump qualifie Colbert de « mort en sursis », ces médias ne se contentent pas de rapporter l’information. Ils la commentent favorablement. Ils trouvent des experts pour expliquer pourquoi Trump a raison. Ils invitent des personnalités qui applaudissent les menaces présidentielles. Cette caisse de résonance transforme les attaques individuelles de Trump en un mouvement de masse.
Cette coordination, même si elle n’est pas toujours explicite, crée une réalité alternative où les médias traditionnels sont effectivement les ennemis du peuple, où Colbert mérite d’être « mis à dormir », où révoquer des licences de diffusion serait une mesure légitime. Dans cet univers parallèle, Trump n’est pas un autocrate qui menace la liberté de presse. C’est un héros qui combat un système corrompu. Cette narration, aussi fausse soit-elle, est extrêmement puissante. Elle convainc des millions d’Américains que les attaques contre les médias sont justifiées. Elle normalise l’autoritarisme. Elle transforme la défense de la démocratie en partisanerie politique. Et elle rend presque impossible un débat rationnel sur ce qui est en train de se passer. Parce que dans deux Amériques différentes, avec deux réalités différentes, il n’y a plus de terrain commun pour discuter.
Les réseaux sociaux ont changé la donne. Avant, un président devait passer par les médias traditionnels pour communiquer. Il y avait des filtres. Des journalistes qui vérifiaient les faits. Des éditeurs qui refusaient de publier certaines choses. Maintenant ? Trump peut dire n’importe quoi, directement à des millions de personnes, sans aucun filtre. Et le pire, c’est que ça marche. Ses mensonges se propagent plus vite que la vérité. Ses attaques ont plus d’impact que les démentis. Et ses partisans le croient aveuglément, parce qu’ils vivent dans une bulle où seule sa version de la réalité existe. Comment combattre ça ? Comment rétablir la vérité quand la moitié du pays refuse même d’écouter ? Je ne sais pas. Et ça me terrifie. Parce que sans vérité partagée, il n’y a pas de démocratie possible. Juste deux camps qui se haïssent, incapables de se parler, encore moins de se comprendre.
L'impact sur l'industrie médiatique : la peur comme outil de contrôle
L’autocensure généralisée dans les rédactions
Les menaces de Trump ont un effet concret sur le travail des journalistes et des producteurs de télévision. Plusieurs sources anonymes au sein de grandes chaînes américaines ont confié à des médias spécialisés que la peur des représailles influence désormais les décisions éditoriales. Des sujets critiques envers l’administration sont écartés. Des invités trop virulents sont évités. Des blagues sur Trump sont coupées au montage. Cette autocensure ne résulte pas d’ordres directs de la direction. Elle émane d’une compréhension tacite : critiquer Trump peut avoir des conséquences. Pour l’émission. Pour la chaîne. Pour les carrières individuelles. Alors on évite. On adoucit. On se tait.
Cette dynamique est particulièrement visible dans les émissions de late-night. Après l’annulation de Colbert et la suspension de Kimmel, les autres animateurs ont notablement modéré leur ton. Seth Meyers, pourtant connu pour ses segments politiques acerbes, a réduit la fréquence de ses critiques directes de Trump. Jimmy Fallon, qui avait déjà une approche plus consensuelle, évite désormais presque totalement les sujets politiques controversés. Cette transformation ne résulte pas d’un changement de conviction. Elle résulte de la peur. La peur de devenir la prochaine cible. La peur de perdre son émission. La peur de voir sa carrière détruite par un tweet présidentiel. Et cette peur, Trump l’a cultivée méthodiquement. C’est son arme la plus efficace. Plus efficace que n’importe quelle loi. Plus efficace que n’importe quelle censure officielle. Parce qu’elle vient de l’intérieur. Parce qu’elle transforme les journalistes en leurs propres censeurs.
Les conséquences pour le débat démocratique
Au-delà de l’industrie médiatique, ces attaques ont des conséquences profondes pour la démocratie américaine. Une presse libre et critique est essentielle au fonctionnement d’une démocratie. Elle informe les citoyens. Elle contrôle le pouvoir. Elle révèle les abus. Elle permet le débat. Quand cette presse est intimidée, censurée ou réduite au silence, c’est toute la démocratie qui en souffre. Les citoyens perdent accès à des informations cruciales. Les abus de pouvoir ne sont plus dénoncés. Le débat public s’appauvrit. Et le pouvoir exécutif peut agir sans contrôle ni contrepoids. C’est exactement ce que Trump recherche. Un espace médiatique où seules les voix qui le soutiennent peuvent s’exprimer librement. Où la critique est étouffée. Où la vérité devient optionnelle.
Les experts en démocratie tirent la sonnette d’alarme. Freedom House, une organisation qui évalue l’état de la démocratie dans le monde, a abaissé la note des États-Unis dans son dernier rapport, citant spécifiquement les attaques de Trump contre les médias comme un facteur de dégradation. Reporters sans frontières a placé les États-Unis sur sa liste de surveillance des pays où la liberté de presse est menacée. Ces signaux d’alarme internationaux devraient inquiéter tous les Américains. Ils montrent que ce qui se passe aux États-Unis n’est pas normal. Que ce n’est pas acceptable. Et que si rien ne change, le pays pourrait basculer vers un régime où la presse n’est plus libre. Où les médias sont contrôlés par le pouvoir. Où la démocratie n’existe plus que de nom. Ce scénario n’est plus de la science-fiction. Il est en train de se réaliser. Sous nos yeux. Et personne ne semble capable de l’arrêter.
On est en train de perdre quelque chose d’irremplaçable. Quelque chose qu’on croyait acquis. La liberté de presse. Le droit de critiquer. Le droit de savoir. Tout ça est en train de disparaître. Pas d’un coup. Pas avec des tanks dans les rues et des journalistes emprisonnés. Non. Ça disparaît lentement. Silencieusement. Par la peur. Par l’autocensure. Par la résignation. Et c’est peut-être pire. Parce qu’on ne peut pas combattre ce qu’on ne voit pas. On ne peut pas résister à une oppression qui ne dit pas son nom. On se réveille un jour et on réalise que tout a changé. Que les médias ne disent plus la vérité. Que les journalistes ont peur. Que le pouvoir n’a plus de limites. Et on se demande comment on en est arrivé là. Comment on a laissé faire. Mais il est trop tard. Le mal est fait. Et on ne peut plus revenir en arrière.
Les précédents internationaux : quand les démocraties basculent
Les leçons de la Hongrie et de la Turquie
Ce qui se passe aux États-Unis n’est pas sans précédent. D’autres démocraties ont connu des trajectoires similaires. En Hongrie, le Premier ministre Viktor Orbán a systématiquement érodé la liberté de presse depuis son arrivée au pouvoir en 2010. Il a utilisé des pressions économiques, des rachats de médias par des alliés, et des modifications législatives pour transformer le paysage médiatique hongrois. Aujourd’hui, la quasi-totalité des médias hongrois sont contrôlés par des proches du gouvernement. Les voix critiques ont été marginalisées ou réduites au silence. Et Orbán peut gouverner sans véritable contrôle médiatique. La Hongrie reste formellement une démocratie. Mais dans les faits, elle fonctionne comme un régime autoritaire déguisé.
En Turquie, le président Recep Tayyip Erdoğan a suivi une trajectoire similaire. Après la tentative de coup d’État de 2016, il a lancé une purge massive des médias. Des centaines de journalistes ont été emprisonnés. Des dizaines de chaînes de télévision et de journaux ont été fermés. Ceux qui restent pratiquent une autocensure généralisée par peur de représailles. Erdoğan a transformé la Turquie, autrefois considérée comme un modèle de démocratie musulmane, en un régime où la critique du pouvoir est devenue dangereuse. Ces exemples montrent que l’érosion de la liberté de presse n’est pas un processus instantané. C’est une dégradation progressive, presque imperceptible au début, qui finit par transformer radicalement la nature d’un régime politique.
Les États-Unis sont-ils sur la même voie ?
Les parallèles entre ces cas et la situation américaine sont troublants. Comme Orbán et Erdoğan, Trump utilise une rhétorique populiste pour justifier ses attaques contre les médias. Il présente les journalistes comme des ennemis du peuple, des élites déconnectées qui mentent délibérément. Il exploite la méfiance populaire envers les médias traditionnels pour légitimer ses tentatives de contrôle. Et il bénéficie du soutien d’une base électorale qui applaudit ses attaques, convaincue qu’il combat un système corrompu. Cette dynamique crée un cercle vicieux : plus Trump attaque les médias, plus sa base le soutient. Plus sa base le soutient, plus il se sent libre d’attaquer. Et plus il attaque, plus les médias reculent.
Cependant, les États-Unis disposent encore de garde-fous que la Hongrie et la Turquie n’avaient pas. Le Premier Amendement reste une protection constitutionnelle forte. Les tribunaux américains ont historiquement défendu la liberté de presse avec vigueur. Et la société civile américaine, bien que divisée, compte encore de nombreuses organisations prêtes à se battre pour défendre les libertés fondamentales. La question est de savoir si ces garde-fous tiendront face à la pression trumpiste. Si les tribunaux résisteront aux nominations de juges conservateurs. Si les organisations de défense des droits civiques auront les ressources pour mener des batailles juridiques longues et coûteuses. Et si les citoyens américains, au final, se soucieront suffisamment de la liberté de presse pour la défendre. Parce que c’est là que tout se joue. Dans la volonté collective de dire non. De refuser l’inacceptable. De se battre pour préserver ce qui fait d’une démocratie une démocratie.
Je regarde la Hongrie. Je regarde la Turquie. Et je vois notre avenir. C’est terrifiant. Parce que ces pays étaient des démocraties. Pas parfaites, mais réelles. Et en quelques années, elles ont basculé. Elles sont devenues autre chose. Quelque chose de plus sombre. Quelque chose où la liberté n’est plus qu’un mot vide. Et je me dis : pourquoi pas nous ? Qu’est-ce qui nous protège ? Notre Constitution ? Nos institutions ? Notre histoire ? Tout ça n’a pas empêché d’autres pays de tomber. Tout ça n’a pas arrêté Orbán. Tout ça n’a pas arrêté Erdoğan. Alors pourquoi ça arrêterait Trump ? Je veux croire qu’on est différents. Que l’Amérique est plus forte. Que nos garde-fous tiendront. Mais chaque jour qui passe, je doute un peu plus. Parce que je vois les mêmes signes. Les mêmes attaques. La même érosion. Et personne ne fait rien. On regarde. On commente. On s’indigne. Mais on ne fait rien. Et pendant ce temps, la démocratie meurt. Lentement. Silencieusement. Inexorablement.
Les voix de la résistance : ceux qui refusent de se taire
Les journalistes qui continuent de se battre
Malgré la peur et l’autocensure, certains journalistes refusent de plier. Rachel Maddow, animatrice sur MSNBC, continue de produire des enquêtes approfondies sur l’administration Trump. Jake Tapper sur CNN maintient une ligne éditoriale critique, malgré les attaques présidentielles répétées. Des journalistes d’investigation comme Maggie Haberman du New York Times ou Bob Woodward du Washington Post continuent de révéler des informations embarrassantes pour la Maison-Blanche. Ces professionnels incarnent ce que devrait être le journalisme : un contre-pouvoir qui refuse de se laisser intimider. Ils paient un prix pour cette résistance. Ils sont harcelés sur les réseaux sociaux. Ils reçoivent des menaces. Leurs carrières sont attaquées. Mais ils continuent. Parce qu’ils croient en leur mission. Parce qu’ils savent que quelqu’un doit dire la vérité.
Au-delà des grandes figures médiatiques, des milliers de journalistes locaux continuent leur travail dans l’ombre. Ils couvrent les conseils municipaux, les tribunaux locaux, les scandales de corruption régionaux. Ils ne font pas la une des journaux nationaux. Ils ne passent pas à la télévision. Mais ils sont essentiels au fonctionnement de la démocratie américaine. Et eux aussi subissent les conséquences des attaques de Trump. Les budgets des journaux locaux sont coupés. Les rédactions sont réduites. Les conditions de travail se dégradent. Mais ils persistent. Parce qu’ils savent que si personne ne fait ce travail, personne ne le fera. Et que sans journalisme local, les communautés perdent leur capacité à se gouverner démocratiquement. Ces journalistes anonymes sont les héros méconnus de cette histoire. Et ils méritent notre reconnaissance et notre soutien.
Le rôle crucial de la société civile
La résistance ne vient pas seulement des médias. Elle vient aussi de la société civile. Des organisations comme PEN America, Human Rights First, Reporters sans frontières et Freedom House documentent les attaques contre la presse et alertent l’opinion publique. Des avocats spécialisés dans le Premier Amendement se préparent à défendre les médias devant les tribunaux si Trump tente effectivement de révoquer des licences de diffusion. Des citoyens ordinaires manifestent, signent des pétitions, boycottent les entreprises qui soutiennent Trump. Cette mobilisation citoyenne est cruciale. Parce qu’au final, la démocratie ne se défend pas toute seule. Elle nécessite l’engagement actif de ceux qui y croient. Elle nécessite des gens prêts à se lever et à dire non.
Des initiatives émergent pour soutenir le journalisme indépendant. Des plateformes de financement participatif permettent aux citoyens de soutenir directement les médias qu’ils jugent importants. Des fondations philanthropiques augmentent leurs dons aux organisations de défense de la liberté de presse. Des universités renforcent leurs programmes de journalisme pour former la prochaine génération de reporters. Ces efforts, aussi modestes soient-ils individuellement, créent collectivement un écosystème de résistance. Ils montrent que tout n’est pas perdu. Que des gens se battent encore. Que la démocratie a encore des défenseurs. La question est de savoir si ces efforts seront suffisants. Si cette résistance pourra contenir la vague autoritaire qui déferle sur le pays. Si les citoyens américains se mobiliseront en nombre suffisant pour faire la différence. Parce que c’est là que tout se joue. Dans les choix individuels de millions de personnes. Dans leur volonté de se battre. Ou de se résigner.
Ces gens me donnent de l’espoir. Les journalistes qui continuent malgré tout. Les avocats qui se préparent à défendre le Premier Amendement. Les citoyens qui manifestent, qui signent, qui donnent. Ils me rappellent que tout n’est pas perdu. Que la résistance existe encore. Que des gens refusent de se taire. Mais en même temps, je me demande si ça suffira. Si quelques milliers de personnes engagées peuvent vraiment arrêter une machine aussi puissante que l’administration Trump. Si la volonté de quelques-uns peut compenser l’indifférence de la majorité. Parce que c’est ça, le vrai problème. Pas Trump. Pas ses attaques. Mais l’indifférence. Le fait que la plupart des gens s’en fichent. Qu’ils ne voient pas le danger. Qu’ils pensent que ça ne les concerne pas. Et tant que cette indifférence persistera, la résistance restera marginale. Courageuse, mais marginale. Et insuffisante pour sauver la démocratie.
L'avenir de la liberté de presse en Amérique : scénarios possibles
Le scénario optimiste : la résistance institutionnelle
Dans le meilleur des cas, les institutions américaines tiendraient bon. Les tribunaux rejetteraient toute tentative de Trump de révoquer des licences de diffusion pour des raisons de contenu éditorial. Le Congrès, même avec une majorité républicaine, refuserait de soutenir des mesures ouvertement anticonstitutionnelles. La FCC, malgré la présidence de Brendan Carr, serait contrainte par ses propres règlements et par la pression publique de maintenir son indépendance. Les médias eux-mêmes, après un moment de recul, retrouveraient leur courage et intensifieraient leur couverture critique de l’administration. Et les citoyens, réalisant le danger, se mobiliseraient massivement pour défendre la liberté de presse. Dans ce scénario, les attaques de Trump échoueraient. Elles seraient repoussées par un front uni de défense des libertés fondamentales.
Ce scénario n’est pas impossible. L’histoire américaine montre que les institutions ont parfois résisté à des présidents autoritaires. Nixon a été contraint de démissionner. McCarthy a été censuré. Les tentatives de contrôle des médias ont échoué. Mais ce scénario optimiste repose sur plusieurs conditions. Il nécessite que les juges nommés par Trump respectent la Constitution plutôt que leur loyauté envers le président. Il nécessite que les républicains au Congrès placent les principes au-dessus de la politique partisane. Il nécessite que les médias trouvent le courage de résister malgré les pressions économiques et politiques. Et il nécessite que les citoyens se mobilisent en masse. Toutes ces conditions sont loin d’être garanties. Ce qui rend ce scénario optimiste… optimiste. Possible, mais peu probable.
Le scénario pessimiste : l’érosion continue
Dans le pire des cas, l’érosion de la liberté de presse se poursuivrait. Trump continuerait ses attaques, de plus en plus violentes. La FCC, sous Carr, commencerait à menacer concrètement certaines chaînes, peut-être en lançant des enquêtes sur leurs licences. Les médias, terrorisés, pratiqueraient une autocensure de plus en plus marquée. Les émissions critiques seraient progressivement annulées. Les journalistes les plus virulents seraient écartés. Et petit à petit, le paysage médiatique américain se transformerait. Il ne ressemblerait plus à celui d’une démocratie libre, mais à celui d’un régime autoritaire où seules les voix approuvées par le pouvoir peuvent s’exprimer librement. Ce processus ne se ferait pas d’un coup. Il prendrait des années. Mais au final, le résultat serait le même : une presse domestiquée, incapable de jouer son rôle de contre-pouvoir.
Ce scénario pessimiste n’est pas de la science-fiction. C’est ce qui s’est passé en Hongrie. C’est ce qui s’est passé en Turquie. C’est ce qui se passe dans de nombreux pays où des leaders populistes ont pris le pouvoir. Et rien ne garantit que les États-Unis soient immunisés contre cette trajectoire. Au contraire, tous les signes actuels pointent dans cette direction. L’autocensure est déjà là. Les annulations d’émissions critiques ont déjà commencé. La FCC est déjà compromise. Et Trump est plus déterminé que jamais à détruire ses ennemis médiatiques. Si rien ne change, si aucune résistance efficace ne s’organise, ce scénario pessimiste deviendra réalité. Et dans dix ans, les Américains se demanderont comment ils ont pu laisser faire. Comment ils ont pu regarder leur démocratie mourir sans réagir. Mais il sera trop tard. Le mal sera fait. Et il sera presque impossible de revenir en arrière.
Je ne sais pas quel scénario se réalisera. Je veux croire au meilleur. Je veux croire que les institutions tiendront. Que les citoyens se réveilleront. Que la démocratie survivra. Mais chaque jour qui passe, je penche un peu plus vers le pessimisme. Parce que je vois ce qui se passe. Je vois l’indifférence. Je vois la résignation. Je vois les médias qui reculent. Je vois les politiciens qui se taisent. Je vois Trump qui gagne, encore et encore. Et je me dis que peut-être, on a déjà perdu. Que la bataille est terminée avant même d’avoir vraiment commencé. Que dans quelques années, on regardera en arrière et on réalisera que c’était là, en décembre 2025, que tout a basculé. Que c’était là qu’on aurait dû se battre. Mais qu’on ne l’a pas fait. Et qu’il est maintenant trop tard.
Conclusion : le moment de vérité pour la démocratie américaine
Un tournant historique
Les événements du 24 décembre 2025 ne sont pas un incident isolé. Ils sont le symptôme d’une crise profonde qui secoue la démocratie américaine. Quand un président peut menacer ouvertement de détruire des médias qui le critiquent, quand il peut exiger qu’une chaîne de télévision « mette à dormir » un animateur, quand il peut suggérer de révoquer des licences de diffusion pour des raisons purement politiques — et que tout cela se passe sans conséquences réelles — c’est que quelque chose de fondamental s’est brisé. Les garde-fous institutionnels qui étaient censés protéger la démocratie ne fonctionnent plus. Les normes qui régissaient le comportement présidentiel ont volé en éclats. Et la liberté de presse, ce pilier essentiel de toute démocratie, est en danger mortel.
Ce moment est un tournant. Soit les Américains se mobilisent pour défendre leurs libertés fondamentales, soit ils acceptent passivement leur érosion. Soit les institutions résistent et repoussent les attaques trumpistes, soit elles plient et deviennent complices de l’autoritarisme. Soit les médias retrouvent leur courage et intensifient leur rôle de contre-pouvoir, soit ils se résignent à l’autocensure et deviennent des instruments de propagande. Il n’y a pas de position intermédiaire. Pas de compromis possible. C’est maintenant qu’il faut choisir. Maintenant qu’il faut agir. Parce que dans quelques années, il sera trop tard. Le processus de transformation autoritaire sera trop avancé pour être inversé. Et les Américains se réveilleront dans un pays qu’ils ne reconnaîtront plus. Un pays où la critique du pouvoir est dangereuse. Où les médias sont contrôlés. Où la démocratie n’existe plus que de nom.
L’appel à la résistance
Face à cette menace, la résistance est un devoir. Un devoir pour les journalistes, qui doivent continuer à faire leur travail malgré les menaces. Un devoir pour les citoyens, qui doivent soutenir les médias indépendants et se mobiliser pour défendre la liberté de presse. Un devoir pour les élus, qui doivent placer les principes démocratiques au-dessus de la loyauté partisane. Un devoir pour les juges, qui doivent faire respecter la Constitution même quand c’est politiquement difficile. Et un devoir pour tous ceux qui croient encore en la démocratie, qui doivent refuser l’inacceptable et se battre pour préserver ce qui fait d’une société libre une société libre. Cette résistance ne sera pas facile. Elle nécessitera du courage, de la persévérance, des sacrifices. Mais elle est nécessaire. Parce que sans elle, tout est perdu.
L’histoire jugera cette génération d’Américains sur sa réponse à cette crise. Soit elle sera celle qui a laissé mourir la démocratie par indifférence et lâcheté. Soit elle sera celle qui s’est levée et a dit non. Qui a refusé de se taire. Qui a combattu pour préserver les libertés fondamentales. Le choix appartient à chacun. Mais il faut le faire maintenant. Parce que le temps presse. Parce que chaque jour qui passe sans résistance est un jour de gagné pour l’autoritarisme. Et parce que l’avenir de la démocratie américaine — et peut-être de la démocratie tout court — se joue ici et maintenant. Dans les choix que nous faisons. Dans les batailles que nous menons. Dans notre volonté de nous battre. Ou de nous résigner.
Je ne sais pas si on gagnera. Je ne sais pas si la démocratie survivra. Je ne sais pas si dans dix ans, les Américains vivront encore dans un pays libre. Mais je sais une chose : on ne peut pas abandonner. On ne peut pas se résigner. On ne peut pas accepter l’inacceptable. Parce que si on le fait, on perd tout. Notre dignité. Notre liberté. Notre humanité. Trump veut nous faire peur. Il veut nous faire taire. Il veut nous briser. Et peut-être qu’il y arrivera. Peut-être qu’il est trop fort. Peut-être que la machine est trop puissante. Mais on doit essayer. On doit se battre. On doit résister. Pas parce qu’on est sûrs de gagner. Mais parce que c’est la seule chose juste à faire. Parce que c’est ce que nous devons à ceux qui sont venus avant nous et qui se sont battus pour ces libertés. Et parce que c’est ce que nous devons à ceux qui viendront après nous et qui hériteront du monde que nous leur laisserons. Alors oui, je suis terrifié. Oui, je doute. Oui, je me demande si ça vaut encore la peine. Mais je refuse d’abandonner. Je refuse de me taire. Je refuse de laisser Trump gagner sans combattre. Et j’espère que vous refuserez aussi. Parce que c’est notre seule chance. Notre seul espoir. Notre seule façon de sauver ce qui peut encore l’être.
Sources
Sources primaires
Just the News – « After calling Stephen Colbert ‘dead man walking,’ Trump threatens networks’ broadcast license » – Publié le 24 décembre 2025 – https://justthenews.com/politics-policy/all-things-trump/after-calling-stephen-colbert-dead-man-walking-trump-threatens
New York Post – « Trump calls Stephen Colbert ‘dead man walking’ while urging CBS to put late-night host ‘to sleep' » – Publié le 24 décembre 2025 – https://nypost.com/2025/12/24/us-news/trump-calls-stephen-colbert-dead-man-walking-urges-cbs-to-put-late-night-host-to-sleep/
Forbes – « Trump Says CBS Should Put Colbert ‘To Sleep’—Threatens Networks Over Coverage » – Publié le 24 décembre 2025 – https://www.forbes.com/sites/siladityaray/2025/12/24/trump-says-cbs-should-put-colbert-to-sleep-threatens-licenses-of-networks-over-100-negative-coverage/
Truth Social – Messages officiels de Donald Trump publiés le 24 décembre 2025
Sources secondaires
NPR – « FCC chair faces questions about threats to broadcasters and agency’s independence » – Publié le 18 décembre 2025
Brookings Institution – « Donald Trump has threatened to shut down broadcasters but can he? » – 2025
CNN – « Inside CBS’ ‘agonizing decision’ to cancel Colbert’s top-rated show » – Publié le 18 juillet 2025
PBS NewsHour – « CBS says Colbert cancelation was financial decision, but timing raises questions » – Juillet 2025
Human Rights First – « A Threat to Truth: The U.S. Administration’s Campaign to Silence Dissent and the Free Press » – Rapport 2025
Freedom House – Rapport annuel sur l’état de la démocratie aux États-Unis – 2025
Reporters sans frontières – Classement mondial de la liberté de presse – 2025
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