De la télévangélisation à la Maison Blanche
Paula White n’est pas arrivée à la Maison Blanche par hasard. Son parcours est celui d’une télévangéliste qui a su naviguer les eaux troubles de la prosperity gospel—cette théologie qui prêche que la richesse matérielle est un signe de bénédiction divine. Née en 1966, White a construit son empire sur la promesse que Dieu récompense financièrement ceux qui ont la foi. Et par « avoir la foi », elle entend souvent « donner de l’argent à son ministère ». Entre 2004 et 2006, son ancienne église, Without Walls International, a reçu pas moins de 150 millions de dollars. Oui, vous avez bien lu. Cent cinquante millions. Une somme qui a attiré l’attention du sénateur républicain Chuck Grassley, qui a lancé une enquête de trois ans sur les pratiques financières de l’église. L’enquête a révélé que des fonds exonérés d’impôts avaient servi à payer un million de dollars de salaires à des membres de la famille White, ainsi qu’à financer un jet privé. Mais aucune sanction n’a suivi—les employés de l’église ayant signé des accords de confidentialité à vie.
C’est dans ce contexte que White rencontre Trump. Pas dans une église, pas dans un moment de recueillement spirituel, mais dans le monde du business et de la célébrité. Leur relation remonte aux années 2000, quand White prêchait déjà à la télévision et que Trump bâtissait son empire immobilier. En 2016, elle devient la tête du conseil consultatif évangélique de sa campagne présidentielle. En 2017, elle prononce l’invocation lors de son inauguration, devant des millions de téléspectateurs. Et en février 2025, après la réélection de Trump, elle est nommée conseillère principale du tout nouveau White House Faith Office—un bureau créé spécifiquement pour « protéger la liberté religieuse » et « éradiquer les préjugés anti-chrétiens ». Un bureau qui, dans les faits, sert surtout à consolider l’emprise de l’évangélisme conservateur sur la politique américaine.
Une relation qui défie les conventions
La relation entre Paula White et Donald Trump est fascinante—et terrifiante. D’un côté, un homme qui a été marié trois fois, qui a été accusé d’agressions sexuelles par plus de vingt femmes, qui a payé une actrice pornographique pour acheter son silence. De l’autre, une femme qui se présente comme une messagère de Dieu, qui prétend parler au nom du divin, qui affirme que le sol qu’elle foule devient sacré par sa simple présence. Comment ces deux personnages peuvent-ils coexister dans une alliance aussi étroite ? La réponse est simple : parce que leur relation n’a jamais été spirituelle. Elle a toujours été transactionnelle. Trump offre à White un accès sans précédent au pouvoir politique. White offre à Trump une légitimité religieuse auprès d’une base électorale évangélique qui représente des dizaines de millions de voix.
Mais cette alliance va au-delà du simple calcul politique. White semble véritablement croire que Trump est un instrument de Dieu. Dans ses sermons, elle le compare à des figures bibliques—Cyrus, le roi perse qui a libéré les Juifs de Babylone, ou David, le roi guerrier choisi par Dieu malgré ses imperfections. Pour elle, les défauts de Trump ne sont pas des obstacles à sa mission divine—ils en font partie. C’est Dieu qui utilise des hommes imparfaits pour accomplir ses desseins. Cette logique permet à White de justifier n’importe quelle action de Trump, n’importe quelle déclaration, n’importe quel scandale. Parce que si Trump est l’élu de Dieu, alors critiquer Trump revient à critiquer Dieu lui-même. Et c’est exactement ce qu’elle a dit en 2019, le jour de l’impeachment : « Dire non à Trump, c’est dire non à Dieu. »
Il y a quelque chose de profondément troublant dans cette logique. Parce qu’elle transforme la foi en arme politique. Elle fait de Dieu un otage des ambitions humaines. Et elle rend impossible toute critique, toute remise en question, toute dissidence. Si vous osez dire que Trump a tort, vous êtes automatiquement un ennemi de Dieu. C’est du totalitarisme spirituel. C’est de la manipulation pure et dure. Et le plus effrayant, c’est que des millions de personnes y croient. Des millions de personnes ont entendu Paula White dire ces mots et ont hoché la tête en signe d’approbation. Parce qu’elles veulent croire. Parce qu’elles ont besoin de croire que leur camp est le camp de Dieu.
"Dire non à Trump, c'est dire non à Dieu"
Les mots qui ont tout déclenché
Revenons à cette phrase. « To say no to President Trump would be saying no to God, and I won’t do that. » Prononcée sur PBS NewsHour en décembre 2019, cette déclaration n’était pas un accident, pas un dérapage verbal, pas une formulation maladroite. C’était une affirmation claire, assumée, répétée. Paula White savait exactement ce qu’elle disait. Elle savait que ces mots allaient choquer. Elle savait qu’ils allaient diviser. Mais elle les a prononcés quand même. Parce que pour elle, c’était la vérité. Trump venait d’être mis en accusation par la Chambre des représentants pour abus de pouvoir et obstruction au Congrès. Le pays était déchiré. Les démocrates réclamaient sa destitution. Les républicains le défendaient bec et ongles. Et au milieu de ce chaos, Paula White est apparue à la télévision nationale pour dire que s’opposer à Trump, c’était s’opposer à Dieu.
Cette déclaration n’est pas juste problématique sur le plan théologique—elle l’est aussi sur le plan démocratique. Parce qu’elle suggère que Trump est au-dessus de la loi, au-dessus de la critique, au-dessus de la responsabilité. Si Trump est l’instrument de Dieu, alors aucune institution humaine n’a le droit de le juger. Ni le Congrès, ni les tribunaux, ni les électeurs. C’est une négation totale des principes démocratiques. C’est une porte ouverte à l’autoritarisme. Et c’est exactement ce que Trump a toujours voulu : être traité comme un roi, comme un empereur, comme un dieu vivant. Paula White lui offre cette légitimité sur un plateau d’argent. Elle transforme sa présidence en mission divine. Elle fait de ses partisans des croisés. Et elle fait de ses opposants des hérétiques.
Un timing révélateur
Le fait que cette vidéo ait ressurgi le 26 décembre 2025 n’est pas anodin. Trump vient de passer Noël à Mar-a-Lago, entouré de ses fidèles, célébrant sa victoire électorale de novembre. Paula White, elle, vient de passer presque un an à la tête du White House Faith Office, consolidant son pouvoir, élargissant son influence. Et soudain, cette vidéo de 2019 refait surface, rappelant à tout le monde ce que beaucoup avaient oublié ou préféré ignorer : Paula White a toujours cru que Trump était l’élu de Dieu. Elle ne l’a jamais caché. Elle l’a dit publiquement, à plusieurs reprises, devant des millions de personnes. Mais en 2025, après quatre années supplémentaires de Trump au pouvoir, après la création du White House Faith Office, après toutes les controverses et tous les scandales, ces mots résonnent différemment. Ils ne sont plus juste choquants—ils sont prophétiques. Parce qu’ils annoncent ce qui est en train de se passer : la fusion complète entre pouvoir politique et autorité religieuse.
Le journaliste Wajahat Ali a été l’un des premiers à réagir. Sur les réseaux sociaux, il a posté un message simple mais percutant : « This is blasphemy. » Ce blasphème. Un mot que l’on n’entend plus souvent dans le discours public américain. Un mot qui appartient à une autre époque, à une autre langue, à une autre sensibilité. Mais Ali a raison de l’utiliser. Parce que ce que fait Paula White, c’est exactement ça : du blasphème. Elle prend le nom de Dieu en vain. Elle utilise la foi pour justifier l’injustifiable. Elle transforme le sacré en outil de propagande. Et elle le fait sans honte, sans remords, sans la moindre hésitation. Pour Ali, qui est musulman et qui a passé sa carrière à dénoncer l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques, cette déclaration de White est intolérable. Elle représente tout ce qui ne va pas dans l’Amérique de Trump : le cynisme, la manipulation, le mépris total pour la vérité et pour la décence.
Quand j’ai lu la réaction de Wajahat Ali, j’ai ressenti un soulagement étrange. Parce que quelqu’un osait enfin appeler les choses par leur nom. Blasphème. Pas « controverse ». Pas « déclaration maladroite ». Blasphème. Un mot qui fait mal, qui dérange, qui force à regarder la réalité en face. Paula White ne fait pas juste de la politique—elle commet un sacrilège. Elle profane ce qui devrait être sacré. Et le fait qu’elle le fasse au nom de Dieu rend la chose encore plus insupportable. Parce que ça signifie qu’il n’y a plus de limite, plus de ligne rouge, plus rien qui soit hors de portée de la machine politique trumpiste.
Le White House Faith Office, un pouvoir sans précédent
Février 2025, la consécration
Le White House Faith Office n’est pas une simple continuation du Office of Faith-Based and Neighborhood Partnerships créé sous George W. Bush. C’est quelque chose de radicalement différent. Bush avait créé ce bureau pour faciliter les partenariats entre le gouvernement fédéral et les organisations religieuses dans le domaine des services sociaux. L’idée était que les églises, les mosquées, les synagogues pouvaient jouer un rôle dans la lutte contre la pauvreté, l’aide aux sans-abri, le soutien aux toxicomanes. C’était controversé, certes, mais l’objectif était au moins compréhensible. Le White House Faith Office de Trump, lui, n’a rien à voir avec les services sociaux. Son objectif déclaré est de « protéger la liberté religieuse » et d' »éradiquer les préjugés anti-chrétiens ». En d’autres termes, il s’agit d’un bureau politique dont la mission est de défendre les intérêts des chrétiens conservateurs—et uniquement eux.
Paula White a été nommée conseillère principale de ce bureau en février 2025, deux semaines après l’inauguration de Trump. L’annonce a été faite en grande pompe, avec un décret présidentiel créant également une « Task Force to Eradicate Anti-Christian Bias »—une force opérationnelle pour éradiquer les préjugés anti-chrétiens. Dans son discours, Trump a déclaré : « Tant que je serai à la Maison Blanche, nous protégerons les chrétiens dans nos écoles, dans notre armée, dans notre gouvernement, dans nos lieux de travail, dans nos hôpitaux et sur nos places publiques. Et nous ramènerons notre pays ensemble en tant qu’une seule nation sous Dieu, avec liberté et justice pour tous. » Des mots qui sonnent bien. Des mots qui évoquent l’unité, la protection, la justice. Mais qui, dans la bouche de Trump et avec Paula White à la manœuvre, prennent une tout autre signification.
Quand la religion devient instrument politique
Le White House Faith Office n’est pas là pour protéger la liberté religieuse de tous les Américains. Il est là pour protéger une certaine vision du christianisme—celle de Paula White, celle de la prosperity gospel, celle qui mélange foi et nationalisme, celle qui voit en Trump un sauveur envoyé par Dieu. Depuis sa création, le bureau a multiplié les initiatives qui vont dans ce sens. En mars 2025, Trump a révoqué les directives qui empêchaient l’Immigration and Customs Enforcement et les Customs and Border Protection de procéder à des arrestations dans les églises. Plus de deux douzaines de groupes chrétiens ont intenté un procès contre le gouvernement pour cette politique, arguant qu’elle violait le caractère sacré des lieux de culte. Mais pour White, cette mesure était nécessaire. Parce que pour elle, les églises qui abritent des immigrés sans papiers ne sont pas de vraies églises—ce sont des complices de l’illégalité.
Le White House Faith Office a également lancé une campagne contre ce qu’il appelle la « cancel culture anti-chrétienne ». Selon White, les chrétiens sont persécutés en Amérique—persécutés par les médias, par les universités, par Hollywood, par les grandes entreprises. Cette rhétorique de la persécution est centrale dans la stratégie politique de Trump. Elle permet de mobiliser la base évangélique en lui faisant croire qu’elle est assiégée, qu’elle doit se battre pour survivre, que Trump est son seul défenseur. Mais c’est une fiction. Les chrétiens ne sont pas persécutés en Amérique. Ils représentent toujours la majorité de la population. Ils contrôlent une grande partie des institutions politiques et économiques. Ce que White appelle « persécution », c’est en réalité la perte progressive de leur monopole culturel. C’est le fait que d’autres voix—musulmanes, juives, athées, LGBTQ+—réclament elles aussi une place dans l’espace public. Et ça, pour White et pour Trump, c’est intolérable.
Le White House Faith Office est une aberration démocratique. Point final. Il n’a aucune raison d’exister dans un pays qui se prétend laïc, dans un pays où la séparation de l’Église et de l’État est censée être un principe fondamental. Mais Trump s’en fiche. Paula White s’en fiche. Parce que pour eux, la démocratie n’est qu’un outil—un outil qu’on utilise quand il sert nos intérêts, qu’on ignore quand il nous gêne. Et le plus tragique, c’est que des millions d’Américains applaudissent. Parce qu’ils pensent que ce bureau les protège. Alors qu’en réalité, il les manipule.
La théologie de la prospérité, un business juteux
Les « graines de résurrection » à 1144 dollars
En 2016, Paula White a fait quelque chose qui aurait dû la disqualifier définitivement de toute fonction publique : elle a vendu des « graines de résurrection » pour 1144 dollars. Oui, vous avez bien lu. Des graines. Pas de vraies graines, bien sûr—des graines métaphoriques. Mais le prix, lui, était bien réel. Dans un sermon enregistré, White a expliqué que Dieu lui avait parlé et lui avait dit de demander cette somme précise. « Il y a quelqu’un à qui Dieu parle, pour cliquer sur ce bouton de don en minimisant l’écran. Et quand vous le ferez, pour semer 1144 dollars, » a-t-elle déclaré. « Ce n’est pas souvent que je demande quelque chose de très spécifique, mais Dieu m’a instruite et je veux que vous entendiez. Ce n’est pas pour tout le monde, mais c’est pour quelqu’un. Quand vous semez ces 1144 dollars basés sur Jean 11:44, je crois en la vie de résurrection. »
Jean 11:44 est le verset où Jésus ressuscite Lazare. White a pris ce verset et l’a transformé en formule magique—donnez-moi 1144 dollars et vous recevrez la vie de résurrection. Qu’est-ce que ça signifie, la vie de résurrection ? White ne le précise pas vraiment. Mais elle suggère que cela peut inclure la guérison de maladies, la résolution de problèmes financiers, la restauration de relations brisées. En d’autres termes, donnez-moi de l’argent et Dieu vous bénira. C’est la prosperity gospel dans toute sa splendeur—ou plutôt, dans toute sa misère. Pour ceux qui ne pouvaient pas se permettre 1144 dollars, White offrait des options à 144 dollars ou 44 dollars. Parce que même dans l’exploitation religieuse, il faut être flexible. L’argent incluait également un « tissu de prière » que White recommandait de placer sous le lit d’un être cher pour apporter des « miracles spéciaux ».
Sept bénédictions pour mille dollars
En mars 2025, alors qu’elle dirigeait déjà le White House Faith Office, Paula White a récidivé. À l’approche de Pâques, elle a publié une vidéo dans laquelle elle offrait « sept bénédictions surnaturelles » pour la modique somme de 1000 dollars. Ces bénédictions incluaient, selon elle, l’assignation d’un ange personnel, la prospérité financière, et une « augmentation de l’héritage ». La vidéo a immédiatement suscité l’indignation, même parmi certains chrétiens conservateurs. Jon Root, un contributeur de Turning Point USA et influenceur conservateur qui soutient Trump, a déclaré au site Notus : « Quiconque a une vraie conviction biblique et du discernement ne serait pas impliqué avec Paula White. Elle est à 100% une fausse enseignante. » Des mots durs, venant d’un allié politique de Trump.
White a nié que les gens devaient payer pour recevoir les bénédictions. Un porte-parole de Paula White Ministries a déclaré au Christian Post : « Cette histoire est une diffamation trompeuse. La pasteure White dit spécifiquement dans la même vidéo : ‘Vous ne faites pas cela pour obtenir quelque chose’, et la sollicitation, qui vient plus tard dans le programme, précise clairement que tout don au ministère ne doit être fait que ‘comme le Saint-Esprit vous guide’. De plus, les dons au ministère ne bénéficient pas directement à la pasteure White. » Mais cette défense est faible. Parce que la vidéo elle-même est claire : White promet des bénédictions spécifiques en échange d’une somme d’argent spécifique. Peu importe les clauses de non-responsabilité ajoutées après coup—le message est limpide. Donnez de l’argent, recevez des bénédictions. C’est du commerce spirituel. C’est de la simonie. C’est exactement ce que Jésus a condamné quand il a chassé les marchands du temple.
Je ne peux pas m’empêcher de penser aux gens qui ont donné cet argent. Aux familles qui ont économisé pendant des mois pour pouvoir « semer » ces 1144 dollars. Aux personnes malades qui ont cru que ce tissu de prière allait les guérir. Aux parents désespérés qui ont pensé que ces sept bénédictions allaient sauver leur mariage, leur entreprise, leur vie. Paula White les a exploités. Elle a pris leur foi, leur espoir, leur vulnérabilité, et elle les a transformés en profit. Et maintenant, cette même femme dirige la politique religieuse de la Maison Blanche. C’est obscène. C’est révoltant. Et ça devrait nous terrifier tous.
Les scandales financiers qui s'accumulent
150 millions de dollars sous enquête
Les « graines de résurrection » et les « sept bénédictions » ne sont que la partie visible de l’iceberg financier de Paula White. En 2007, le sénateur républicain Chuck Grassley a lancé une enquête sur six télévangélistes américains, dont White, soupçonnés d’utiliser des fonds exonérés d’impôts à des fins personnelles. L’enquête s’est concentrée sur Without Walls International, l’église que White dirigeait avec son mari de l’époque, Randy White. Entre 2004 et 2006, cette église a reçu 150 millions de dollars de dons. Cent cinquante millions. Une somme astronomique pour une église. L’enquête a révélé que ces fonds avaient servi à payer un million de dollars de salaires à des membres de la famille White, ainsi qu’à financer l’achat et l’entretien d’un jet privé. L’église possédait également plusieurs propriétés de luxe, dont une maison de 3,5 millions de dollars en Floride.
L’enquête de Grassley a duré trois ans et a produit un rapport accablant. Mais aucune sanction n’a été imposée. Pourquoi ? Parce que les employés de Without Walls International avaient tous signé des accords de confidentialité à vie. Ces accords les empêchaient de témoigner ou de fournir des documents aux enquêteurs. Sans témoignages ni preuves documentaires, l’enquête a été bloquée. Grassley a publiquement dénoncé ces accords de confidentialité, les qualifiant d’obstruction à la justice. Mais il n’a rien pu faire. White et son église ont échappé à toute conséquence. Et quelques années plus tard, elle était à la Maison Blanche, conseillant le président des États-Unis sur les questions de foi.
Jets privés et salaires familiaux
Le jet privé de Paula White est devenu un symbole de tout ce qui ne va pas dans la prosperity gospel. Pendant que White prêchait que Dieu voulait que ses fidèles soient riches, elle utilisait leur argent pour s’acheter un jet. Pendant qu’elle promettait des miracles financiers à ceux qui donnaient généreusement, elle payait des salaires exorbitants à sa famille. C’est de l’hypocrisie pure. Mais c’est aussi plus que ça. C’est une trahison de la confiance que les gens placent dans leurs leaders religieux. Les fidèles de Without Walls International croyaient que leur argent servait à faire l’œuvre de Dieu—construire des écoles, nourrir les affamés, aider les pauvres. Au lieu de ça, il servait à financer le style de vie luxueux de Paula White.
Et ce n’est pas fini. En 2019, CNN a rapporté que White avait reçu un salaire annuel de 350 000 dollars de son ministère, en plus de divers avantages en nature. Pour une femme qui prêche l’humilité et le sacrifice, c’est un salaire plutôt confortable. Mais White ne voit aucune contradiction. Pour elle, sa richesse est la preuve que Dieu la bénit. Et si Dieu la bénit, c’est parce qu’elle fait son œuvre. C’est un raisonnement circulaire qui justifie tout. Vous êtes riche ? C’est parce que Dieu vous aime. Vous êtes pauvre ? C’est parce que vous n’avez pas assez de foi. Cette logique est cruelle. Elle blâme les victimes. Elle transforme la pauvreté en péché et la richesse en vertu. Et elle permet à des gens comme Paula White de s’enrichir sans scrupule, tout en prétendant servir Dieu.
Les scandales financiers de Paula White ne sont pas des accidents. Ce ne sont pas des erreurs de jugement. Ce sont des choix délibérés. Elle a choisi d’utiliser la foi des gens pour s’enrichir. Elle a choisi de transformer l’Évangile en business. Elle a choisi de trahir la confiance de ceux qui croyaient en elle. Et maintenant, elle a choisi de mettre ce même système au service du pouvoir politique. Parce que c’est ça, le vrai scandale—pas juste qu’elle ait volé de l’argent, mais qu’elle continue à le faire, en toute impunité, avec la bénédiction du président des États-Unis.
"Là où je marche, le sol est saint"
La Maison Blanche comme terre sacrée
En 2019, lors d’un sermon qui a été capturé en vidéo et compilé par NowThis Impact, Paula White a fait une déclaration qui en dit long sur sa vision d’elle-même et de son rôle : « Quand je marche sur le terrain de la Maison Blanche, Dieu marche sur le terrain de la Maison Blanche. J’ai tout le droit et l’autorité de déclarer la Maison Blanche comme terre sainte parce que j’y étais, et là où je me tiens est saint ! » Cette déclaration est stupéfiante. Elle suggère que Paula White possède un pouvoir divin—que sa simple présence sanctifie un lieu. C’est une affirmation de mégalomanie spirituelle qui dépasse tout ce qu’on a pu entendre de la part d’un leader religieux américain moderne. Même les papes, qui sont censés être les représentants de Dieu sur terre selon la doctrine catholique, ne prétendent pas que le sol qu’ils foulent devient automatiquement sacré.
Mais pour White, cette affirmation n’est pas une métaphore. Elle croit vraiment qu’elle est un canal direct de la volonté divine. Elle croit vraiment que Dieu l’a choisie pour sanctifier la Maison Blanche. Et par extension, elle croit que Trump, en tant que président, est lui aussi sanctifié par cette présence divine. C’est une logique circulaire parfaite : White est sainte parce qu’elle est à la Maison Blanche, et la Maison Blanche est sainte parce que White y est. Et Trump, qui a invité White à la Maison Blanche, est donc lui aussi un instrument de cette sainteté. C’est une construction théologique qui justifie tout—tous les mensonges, tous les scandales, toutes les violations de la loi. Parce que si la Maison Blanche est terre sainte, alors tout ce qui s’y passe est sanctifié par définition.
Une mégalomanie spirituelle
La déclaration de Paula White sur le caractère sacré du sol qu’elle foule n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans un pattern plus large de déclarations grandioses sur son propre pouvoir spirituel. Dans d’autres sermons, elle a affirmé qu’elle avait le pouvoir de lier et de délier les forces spirituelles, qu’elle pouvait commander aux anges, qu’elle avait autorité sur les démons. Ces affirmations sont courantes dans certaines branches du pentecôtisme et du mouvement charismatique, mais White les pousse à l’extrême. Elle ne se contente pas de prier pour que Dieu agisse—elle prétend agir au nom de Dieu, avec l’autorité de Dieu. C’est une forme de théologie de la domination qui donne à certains individus un pouvoir quasi-divin sur les autres.
Cette mégalomanie spirituelle est dangereuse. Parce qu’elle rend impossible toute critique, toute remise en question. Si Paula White parle au nom de Dieu, alors la contredire revient à contredire Dieu. Si elle déclare que la Maison Blanche est terre sainte, alors remettre en question cette déclaration revient à blasphémer. C’est un système de pensée totalitaire qui ne laisse aucune place au doute, aucune place à la dissidence. Et c’est exactement ce système de pensée que White a apporté à la Maison Blanche. Elle a transformé la politique en religion et la religion en politique. Elle a fait de Trump un messie et de ses opposants des hérétiques. Et elle a convaincu des millions de personnes que c’était la volonté de Dieu.
Quand j’entends Paula White dire que le sol qu’elle foule est saint, je pense à toutes les personnes qui ont vraiment marché sur des terres saintes—les pèlerins qui ont traversé des déserts pour atteindre Jérusalem, les moines qui ont passé leur vie dans la prière et le silence, les martyrs qui sont morts pour leur foi. Et je me demande ce qu’ils penseraient de cette femme qui prétend sanctifier la Maison Blanche par sa simple présence. Je pense qu’ils seraient horrifiés. Parce que la sainteté n’est pas une question de pouvoir ou de prestige. C’est une question d’humilité, de sacrifice, de service. Paula White n’a rien de tout ça. Elle a juste de l’arrogance.
Black Lives Matter, l'Antéchrist selon Paula White
Des déclarations qui divisent
En 2020, alors que l’Amérique était secouée par les manifestations de Black Lives Matter suite au meurtre de George Floyd, Paula White a pris la parole pour dénoncer le mouvement. Dans un sermon, elle a déclaré : « La ressemblance du Christ ne se trouve pas dans mon genre, elle ne se trouve pas dans ma culture, elle ne se trouve pas dans mon ethnicité, elle ne se trouve pas dans le KKK, elle ne se trouve pas dans Antifa, et elle ne se trouve pas dans Black Lives Matter. Tous sont anti-Christ, et même des organisations terroristes. » Oui, vous avez bien lu. Paula White a mis Black Lives Matter dans la même catégorie que le Ku Klux Klan. Elle a qualifié un mouvement qui réclame la fin de la violence policière contre les Noirs d’organisation « anti-Christ » et « terroriste ». C’est une déclaration d’une violence inouïe, d’une ignorance crasse, d’un racisme à peine voilé.
Cette déclaration n’est pas juste offensante—elle est révélatrice. Elle montre que pour Paula White, la justice raciale est une menace. Elle montre que pour elle, les Noirs qui réclament l’égalité sont des ennemis de Dieu. Elle montre que sa vision du christianisme est une vision qui exclut, qui opprime, qui justifie l’injustice. Et c’est cette femme qui dirige maintenant le White House Faith Office. C’est cette femme qui est censée représenter les valeurs chrétiennes au sein du gouvernement américain. C’est cette femme qui a l’oreille du président. Le message est clair : l’administration Trump ne se soucie pas de la justice raciale. Elle ne se soucie pas des vies noires. Elle se soucie uniquement de maintenir le statu quo, de protéger les privilèges des Blancs conservateurs, de faire taire toute voix dissidente.
Quand la foi justifie la haine
La déclaration de Paula White sur Black Lives Matter s’inscrit dans une longue tradition de leaders religieux blancs qui ont utilisé la foi pour justifier le racisme. Pendant l’esclavage, des pasteurs blancs prêchaient que Dieu avait créé les Noirs pour être des serviteurs. Pendant la ségrégation, des églises blanches refusaient l’entrée aux Noirs. Pendant le mouvement des droits civiques, des leaders religieux blancs dénonçaient Martin Luther King Jr. comme un agitateur, un communiste, un ennemi de Dieu. Paula White est l’héritière de cette tradition. Elle utilise le langage de la foi pour délégitimer les revendications des Noirs. Elle transforme la lutte pour la justice en péché. Elle fait de l’oppression une vertu et de la résistance un crime.
Mais il y a quelque chose de particulièrement pervers dans la façon dont White formule sa critique. En mettant Black Lives Matter dans la même catégorie que le KKK, elle crée une fausse équivalence. Elle suggère que réclamer la justice pour les Noirs est aussi extrême que lyncher des Noirs. Elle suggère que manifester contre la violence policière est aussi violent que commettre des actes de terrorisme racial. C’est une inversion totale de la réalité. C’est une manipulation rhétorique qui vise à confondre, à déstabiliser, à faire douter. Et ça marche. Parce que des millions de chrétiens blancs conservateurs ont entendu Paula White dire ces mots et ont hoché la tête en signe d’approbation. Parce qu’ils voulaient croire que Black Lives Matter était une menace. Parce qu’ils avaient peur du changement.
Les mots de Paula White sur Black Lives Matter me rendent malade. Littéralement. Parce qu’ils révèlent une absence totale d’empathie, une incapacité à voir la souffrance des autres, une indifférence cruelle à l’injustice. Comment peut-on se dire chrétien et qualifier de « terroriste » un mouvement qui réclame simplement que les vies noires comptent ? Comment peut-on prétendre suivre Jésus—qui a passé sa vie à défendre les opprimés, à dénoncer les puissants, à renverser les tables des marchands—et en même temps condamner ceux qui luttent pour la justice ? C’est une trahison de l’Évangile. C’est une perversion de la foi. Et c’est exactement ce que Paula White représente.
Immigration et Jésus, une interprétation controversée
« Jésus aurait été un pécheur »
En 2019, lors d’une interview avec le Christian Broadcasting Network, Paula White a fait une déclaration qui a choqué même certains de ses alliés conservateurs. Parlant de l’immigration, elle a dit : « Je pense que tant de gens ont sorti des Écritures de leur contexte à ce sujet, pour dire des choses comme : ‘Eh bien, Jésus était un réfugié.’ Et oui, il a vécu en Égypte pendant trois ans et demi. Mais ce n’était pas illégal. S’il avait enfreint la loi, alors il aurait été pécheur et il n’aurait pas été notre Messie. » Cette déclaration est problématique à plusieurs niveaux. D’abord, elle suggère que la légalité est équivalente à la moralité—que si quelque chose est légal, c’est moral, et si c’est illégal, c’est immoral. C’est une logique dangereuse qui ignore le fait que de nombreuses lois ont été injustes tout au long de l’histoire.
Ensuite, la déclaration de White ignore complètement le contexte historique de la fuite de Jésus en Égypte. Selon l’Évangile de Matthieu, Joseph et Marie ont fui en Égypte pour échapper au massacre des innocents ordonné par le roi Hérode. Ils n’ont pas demandé de visa. Ils n’ont pas rempli de formulaires d’immigration. Ils ont fui pour sauver leur vie. C’est exactement ce que font de nombreux migrants aujourd’hui—ils fuient la violence, la persécution, la pauvreté. Mais pour Paula White, ces migrants sont des criminels. Parce qu’ils n’ont pas suivi les procédures légales. Parce qu’ils ont enfreint la loi. Cette logique est cruelle. Elle transforme les victimes en coupables. Elle fait de la survie un crime.
La Bible au service de l’exclusion
La position de Paula White sur l’immigration s’inscrit dans la politique plus large de l’administration Trump, qui a séparé des milliers de familles à la frontière, qui a construit des camps de détention pour enfants, qui a révoqué les protections pour les demandeurs d’asile. En janvier 2025, Trump a révoqué les directives qui empêchaient l’Immigration and Customs Enforcement de procéder à des arrestations dans les églises. Cette décision a été condamnée par plus de deux douzaines de groupes chrétiens, qui ont intenté un procès contre le gouvernement. Mais Paula White a soutenu cette politique. Pour elle, les églises qui abritent des immigrés sans papiers ne sont pas de vraies églises—ce sont des complices de l’illégalité.
Cette vision de l’immigration est en contradiction totale avec l’enseignement biblique. L’Ancien Testament contient des dizaines de passages qui ordonnent aux Israélites de traiter les étrangers avec compassion. « Tu ne maltraiteras pas l’étranger, et tu ne l’opprimeras pas, car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte » (Exode 22:21). « L’étranger qui séjourne avec vous sera pour vous comme un indigène du milieu de vous ; tu l’aimeras comme toi-même » (Lévitique 19:34). Le Nouveau Testament va encore plus loin. Jésus lui-même dit : « J’étais étranger, et vous m’avez accueilli » (Matthieu 25:35). Mais Paula White ignore ces passages. Elle choisit de se concentrer sur la loi, sur l’ordre, sur les frontières. Parce que pour elle, la Bible n’est pas un guide moral—c’est un outil politique qu’on utilise pour justifier ce qu’on veut déjà faire.
La façon dont Paula White parle de l’immigration me brise le cœur. Parce que je sais que derrière chaque « immigré illégal », il y a une histoire. Une famille qui fuit la violence. Un enfant qui rêve d’un avenir meilleur. Une mère qui traverse le désert pour sauver ses enfants. Et Paula White les traite comme des criminels. Elle les déshumanise. Elle les transforme en menace. Et elle le fait au nom de Jésus—le même Jésus qui a dit « Laissez venir à moi les petits enfants », le même Jésus qui a accueilli les marginaux, les exclus, les rejetés. C’est une trahison. C’est une perversion. Et c’est impardonnable.
La réaction de Wajahat Ali et l'indignation publique
Un journaliste qui ose dire « blasphème »
Wajahat Ali n’est pas n’importe quel journaliste. Musulman américain, auteur, commentateur politique, il a passé sa carrière à dénoncer l’islamophobie, le racisme, l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques. Quand il a vu la vidéo de Paula White comparant Trump à Dieu, il n’a pas hésité. Il a posté un message simple mais puissant sur les réseaux sociaux : « This is blasphemy. » Ce blasphème. Un mot que l’on n’entend plus souvent dans le discours public américain. Un mot qui appartient à une autre époque, à une autre langue, à une autre sensibilité. Mais Ali a raison de l’utiliser. Parce que ce que fait Paula White, c’est exactement ça : du blasphème. Elle prend le nom de Dieu en vain. Elle utilise la foi pour justifier l’injustifiable. Elle transforme le sacré en outil de propagande.
La réaction d’Ali a touché une corde sensible. Son message a été partagé des milliers de fois, commenté par des centaines de personnes. Beaucoup ont exprimé leur accord, leur indignation, leur dégoût. Mais d’autres ont attaqué Ali, l’accusant d’être un « ennemi de Trump », un « gauchiste radical », un « islamiste ». Ces attaques sont révélatrices. Elles montrent que pour les partisans de Trump, critiquer Paula White revient à critiquer Trump lui-même. Elles montrent que la fusion entre pouvoir politique et autorité religieuse est désormais complète. Elles montrent que nous vivons dans un monde où dire la vérité—où appeler le blasphème par son nom—est devenu un acte de résistance.
Les réseaux sociaux s’enflamment
La vidéo de Paula White a déclenché une tempête sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, Facebook, Instagram, TikTok, des millions de personnes ont regardé, commenté, partagé. Les réactions ont été variées. Certains ont exprimé leur soutien à White, arguant qu’elle avait le droit d’exprimer sa foi, que critiquer Trump revenait effectivement à s’opposer à la volonté de Dieu. D’autres ont été horrifiés, choqués, révoltés. Des chrétiens progressistes ont dénoncé White comme une « fausse prophétesse ». Des athées ont vu dans ses déclarations la preuve que la religion est dangereuse. Des musulmans, des juifs, des bouddhistes ont exprimé leur inquiétude face à cette fusion entre pouvoir politique et autorité religieuse.
Mais au-delà des réactions individuelles, ce qui est frappant, c’est l’ampleur de la controverse. La vidéo de Paula White n’est pas juste devenue virale—elle est devenue un symbole. Un symbole de tout ce qui ne va pas dans l’Amérique de Trump. Un symbole de la manipulation, du cynisme, de la corruption de la foi. Un symbole de la façon dont le pouvoir politique peut pervertir même les choses les plus sacrées. Et c’est pour ça que la réaction a été si forte. Parce que les gens en ont assez. Assez des mensonges. Assez de l’hypocrisie. Assez de voir la religion transformée en arme politique. La vidéo de Paula White a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Quand j’ai vu la réaction sur les réseaux sociaux, j’ai ressenti quelque chose que je n’avais pas ressenti depuis longtemps : de l’espoir. Parce que ça signifie que les gens ne sont pas complètement endormis. Qu’ils sont encore capables de s’indigner. Qu’ils sont encore capables de reconnaître le blasphème quand ils le voient. Oui, il y a des millions de personnes qui soutiennent Paula White. Mais il y a aussi des millions de personnes qui la rejettent. Et peut-être—juste peut-être—c’est suffisant pour faire la différence.
Les chrétiens conservateurs divisés
« Une fausse enseignante à 100% »
La controverse autour de Paula White ne se limite pas aux progressistes, aux athées, aux non-chrétiens. Même parmi les chrétiens conservateurs, même parmi les alliés de Trump, il y a des voix dissidentes. Jon Root, contributeur de Turning Point USA et influenceur conservateur qui soutient Trump, a déclaré au site Notus : « Quiconque a une vraie conviction biblique et du discernement ne serait pas impliqué avec Paula White. Elle est à 100% une fausse enseignante. » Ces mots sont forts. Ils viennent d’un homme qui partage les convictions politiques de Trump, qui soutient son agenda conservateur. Mais même lui ne peut pas accepter Paula White. Parce que pour lui, White ne représente pas le vrai christianisme. Elle représente une perversion, une corruption, une trahison de l’Évangile.
Root n’est pas le seul. De nombreux leaders évangéliques conservateurs ont exprimé leur malaise face à la nomination de White à la tête du White House Faith Office. Certains ont critiqué sa théologie de la prospérité. D’autres ont dénoncé ses scandales financiers. D’autres encore ont remis en question ses déclarations sur Black Lives Matter et l’immigration. Mais malgré ces critiques, White reste en place. Parce que Trump la soutient. Parce qu’elle lui est utile. Parce qu’elle lui offre une légitimité religieuse auprès d’une base électorale qui représente des dizaines de millions de voix. Et pour Trump, c’est tout ce qui compte. Peu importe que White soit une « fausse enseignante ». Peu importe qu’elle ait trahi la confiance de ses fidèles. Peu importe qu’elle ait transformé l’Évangile en business. Tant qu’elle lui est utile, elle restera.
Quand les alliés de Trump se retournent
La division parmi les chrétiens conservateurs est révélatrice d’une tension plus large au sein du mouvement évangélique américain. D’un côté, il y a ceux qui sont prêts à tout accepter, à tout justifier, à tout pardonner, tant que Trump reste au pouvoir. Pour eux, Trump est un instrument de Dieu, et critiquer Trump revient à critiquer Dieu. De l’autre côté, il y a ceux qui commencent à se poser des questions. Qui commencent à se demander si l’alliance avec Trump en vaut vraiment la peine. Qui commencent à réaliser que cette alliance a un coût—un coût moral, un coût spirituel, un coût en termes de crédibilité et d’intégrité. Paula White est devenue le symbole de cette tension. Elle représente tout ce que l’alliance avec Trump a de problématique.
Mais malgré ces divisions, il est peu probable que White soit écartée. Parce que Trump ne recule jamais. Parce qu’il ne reconnaît jamais ses erreurs. Parce qu’il ne se soucie pas de ce que pensent les chrétiens conservateurs qui critiquent White. Il se soucie uniquement de sa base électorale la plus fidèle—celle qui croit que Trump est l’élu de Dieu, celle qui voit en Paula White une prophétesse, celle qui est prête à suivre Trump jusqu’au bout, quoi qu’il arrive. Et tant que cette base reste fidèle, Trump n’a aucune raison de changer de cap. Paula White restera à la tête du White House Faith Office. Elle continuera à prêcher que Trump est un instrument de Dieu. Elle continuera à vendre ses « graines de résurrection » et ses « bénédictions surnaturelles ». Et elle continuera à transformer la foi en arme politique.
Les divisions parmi les chrétiens conservateurs me donnent un peu d’espoir. Parce qu’elles montrent que tout le monde n’est pas aveugle. Que certaines personnes sont encore capables de voir la vérité, même quand elle est inconfortable. Mais en même temps, ces divisions me rendent triste. Parce qu’elles arrivent trop tard. Paula White est déjà à la Maison Blanche. Le mal est déjà fait. Et je me demande si ces voix dissidentes seront assez fortes pour faire la différence. Ou si elles seront simplement noyées dans le bruit, ignorées, oubliées.
Trump et la religion, une alliance cynique
La foi comme outil de manipulation
L’alliance entre Donald Trump et Paula White n’est pas une alliance spirituelle. C’est une alliance transactionnelle. Trump n’est pas un homme religieux. Il ne va pas à l’église. Il ne lit pas la Bible. Il ne prie pas—du moins, pas de manière sincère. Lors de la campagne de 2016, quand on lui a demandé quel était son verset biblique préféré, il n’a pas pu en citer un seul. Quand on lui a demandé s’il avait déjà demandé pardon à Dieu, il a répondu qu’il n’en avait jamais eu besoin. Ces déclarations auraient dû disqualifier Trump aux yeux des évangéliques. Mais elles ne l’ont pas fait. Parce que pour Trump et pour ses alliés évangéliques, la foi n’est pas une question de conviction personnelle. C’est une question de pouvoir politique.
Trump a compris très tôt que les évangéliques représentaient une force électorale massive. En 2016, 81% des évangéliques blancs ont voté pour lui. En 2020, ce chiffre est resté stable. En 2024, il a encore augmenté. Ces chiffres sont stupéfiants. Ils montrent que les évangéliques sont la base électorale la plus fidèle de Trump. Et Trump le sait. C’est pour ça qu’il a nommé Paula White à la tête du White House Faith Office. C’est pour ça qu’il a créé une « Task Force to Eradicate Anti-Christian Bias ». C’est pour ça qu’il parle constamment de « protéger la liberté religieuse ». Pas parce qu’il croit vraiment en ces choses. Mais parce qu’elles lui permettent de maintenir le soutien de sa base évangélique.
Le danger d’un messianisme politique
Le vrai danger de l’alliance entre Trump et Paula White n’est pas juste qu’elle soit cynique. C’est qu’elle transforme la politique en religion. Quand Paula White dit que « dire non à Trump, c’est dire non à Dieu », elle ne fait pas juste une déclaration théologique. Elle fait une déclaration politique. Elle dit que Trump est au-dessus de la critique, au-dessus de la loi, au-dessus de la responsabilité. Elle dit que ses partisans ont un devoir religieux de le soutenir, quoi qu’il fasse. C’est du messianisme politique. C’est la croyance qu’un leader politique est un sauveur envoyé par Dieu pour sauver la nation. Et c’est extrêmement dangereux. Parce que ça rend impossible toute opposition démocratique. Parce que ça transforme les élections en guerres saintes. Parce que ça fait de la politique une question de salut ou de damnation.
L’histoire est remplie d’exemples de messianisme politique qui ont mal tourné. Hitler se présentait comme le sauveur de l’Allemagne. Staline était vénéré comme un dieu vivant. Mao était le « Grand Timonier » qui ne pouvait pas se tromper. Dans chaque cas, le messianisme politique a conduit à la catastrophe—à la guerre, à la répression, au génocide. L’Amérique n’est pas encore là. Mais les signes sont inquiétants. Quand une conseillère spirituelle du président dit que s’opposer au président revient à s’opposer à Dieu, nous sommes sur une pente glissante. Quand des millions de personnes croient que leur leader politique est un instrument divin, nous sommes en danger. Quand la foi devient un outil de manipulation politique, nous perdons quelque chose d’essentiel—notre capacité à penser de manière critique, à remettre en question l’autorité, à défendre la vérité.
Le messianisme politique me terrifie. Parce que je sais où il mène. Je sais qu’il mène à la violence, à l’oppression, à la destruction de la démocratie. Et je vois les signes partout. Je les vois dans les discours de Paula White. Je les vois dans les rassemblements de Trump. Je les vois dans les commentaires sur les réseaux sociaux. Des gens qui disent que Trump est « l’élu ». Que Dieu l’a choisi. Que s’opposer à lui, c’est s’opposer à Dieu. Et je me demande : comment en sommes-nous arrivés là ? Comment avons-nous permis que la foi soit pervertie à ce point ? Et surtout : comment allons-nous en sortir ?
Conclusion : quand Dieu devient Trump
Le prix de l’idolâtrie politique
L’histoire de Paula White et de sa déclaration selon laquelle « dire non à Trump, c’est dire non à Dieu » n’est pas juste une anecdote bizarre, un moment embarrassant dans l’histoire politique américaine. C’est un symptôme d’une maladie plus profonde—l’idolâtrie politique. Quand un leader politique devient un objet de vénération religieuse, quand ses partisans le traitent comme un messie, quand ses critiques sont traités comme des hérétiques, nous avons franchi une ligne dangereuse. Nous avons transformé la politique en religion et la religion en politique. Et le prix de cette transformation est énorme. C’est la perte de notre capacité à penser de manière critique. C’est la perte de notre capacité à remettre en question l’autorité. C’est la perte de notre capacité à défendre la vérité.
Paula White n’est pas juste une télévangéliste controversée. Elle est le symbole d’une alliance toxique entre pouvoir politique et autorité religieuse. Elle est le symbole d’un christianisme qui a perdu son âme, qui a trahi ses principes, qui a vendu son intégrité pour un peu de pouvoir. Et Trump n’est pas juste un président controversé. Il est le bénéficiaire de cette alliance. Il est celui qui a su exploiter la foi des gens pour ses propres fins. Il est celui qui a transformé la religion en arme politique. Et ensemble, Trump et White ont créé quelque chose de profondément dangereux—un mouvement politique qui se présente comme une mission divine, qui ne tolère aucune dissidence, qui voit ses opposants comme des ennemis de Dieu.
Un avertissement pour la démocratie
La vidéo de Paula White comparant Trump à Dieu est un avertissement. Un avertissement que nous ne pouvons pas ignorer. Parce qu’elle nous montre où nous allons. Elle nous montre ce qui se passe quand la foi devient un outil de manipulation. Elle nous montre ce qui se passe quand un leader politique est traité comme un messie. Elle nous montre ce qui se passe quand la critique devient blasphème. Et elle nous montre que nous sommes à un moment critique de l’histoire américaine. Un moment où nous devons choisir : allons-nous accepter cette fusion entre pouvoir politique et autorité religieuse ? Allons-nous accepter que Trump soit traité comme un instrument de Dieu ? Allons-nous accepter que Paula White dirige la politique religieuse de la Maison Blanche ? Ou allons-nous résister ?
La résistance ne sera pas facile. Parce que Trump et White ont des millions de partisans. Parce qu’ils contrôlent des institutions puissantes. Parce qu’ils ont l’argent, le pouvoir, l’influence. Mais la résistance est nécessaire. Parce que l’alternative est inacceptable. L’alternative, c’est un pays où la foi est instrumentalisée pour justifier l’injustice. Un pays où les leaders politiques sont traités comme des dieux. Un pays où la critique est considérée comme un péché. Un pays où la démocratie meurt au nom de Dieu. Nous ne pouvons pas laisser ça arriver. Nous ne devons pas laisser ça arriver. Et tout commence par appeler les choses par leur nom. Ce que fait Paula White, c’est du blasphème. Ce que fait Trump, c’est de l’idolâtrie politique. Et nous devons le dire. Haut et fort. Sans peur. Sans hésitation.
Je termine cet article avec un sentiment étrange—un mélange de colère, de tristesse, et d’espoir. Colère face à ce que Paula White et Trump ont fait à la foi. Tristesse face à tous ceux qui ont été manipulés, exploités, trahis. Mais aussi espoir. Parce que je crois encore que la vérité finit toujours par triompher. Que le mensonge ne peut pas durer éternellement. Que la lumière finit toujours par percer les ténèbres. Paula White peut dire que Trump est l’élu de Dieu. Elle peut vendre ses graines de résurrection et ses bénédictions surnaturelles. Elle peut transformer la Maison Blanche en terre sainte. Mais elle ne peut pas changer la vérité. Et la vérité, c’est que Trump n’est pas Dieu. Il n’est qu’un homme. Un homme imparfait, corrompu, dangereux. Et un jour—peut-être pas aujourd’hui, peut-être pas demain, mais un jour—les gens s’en rendront compte. Et quand ce jour viendra, Paula White et son empire de mensonges s’effondreront. J’attends ce jour avec impatience.
Sources
Sources primaires
Raw Story – « ‘This is blasphemy’: Trump’s spiritual advisor stuns with clip comparing president to God » – Alexander Willis – 26 décembre 2025 – https://www.rawstory.com/paula-white-2674830426/
The Guardian – « ‘False teacher’: Trump’s pick to head the ‘White House faith office’ roils some fellow Christians » – Adam Gabbatt – 5 avril 2025 – https://www.theguardian.com/us-news/2025/apr/05/paula-white-faith-office-trump
PBS NewsHour – Interview de Paula White – Décembre 2019
Harvard Divinity Bulletin – « At Trump’s Right Hand » – 2019 – https://bulletin.hds.harvard.edu/at-trumps-right-hand/
Sources secondaires
Christian Post – « Televangelist Paula White hawks ‘resurrection life’ $1,144 ‘seed' » – 2016
CNN – « Paula White critics » – 2017
Senate Finance Committee – Investigation Chuck Grassley sur Without Walls International – 2007-2010
Notus – Interview de Jon Root sur Paula White – 2025
The Grio – « Paula White BLM Anti-Christ Trump » – 2025
NowThis Impact – Compilation vidéo des déclarations de Paula White – 2019
Christian Broadcasting Network – Interview de Paula White sur l’immigration – 2019
People for the American Way – « Paula White: The White House is holy ground » – 2019
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