Des avancées significatives malgré les obstacles
La rencontre du dimanche vingt-huit décembre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky à Mar-a-Lago avait pourtant marqué un tournant potentiel dans les efforts de paix. Les deux dirigeants avaient passé plus de deux heures à discuter d’un plan de paix en vingt points élaboré conjointement par les équipes américaine et ukrainienne. Zelensky avait déclaré que quatre-vingt-dix pour cent du plan avait été accepté, tandis que Trump affirmait que les garanties de sécurité pour l’Ukraine étaient réglées à quatre-vingt-quinze pour cent. Ces chiffres optimistes contrastaient avec les nombreux échecs diplomatiques des mois précédents. Le président ukrainien avait révélé que les États-Unis proposaient des garanties de sécurité fortes pour une durée de quinze ans, un engagement significatif même s’il restait en deçà des trente, quarante ou cinquante ans souhaités par Kiev. Ces garanties devaient être votées conjointement par le Congrès américain et le parlement ukrainien, donnant ainsi un poids institutionnel à cet engagement bilatéral.
Cependant, des questions épineuses demeuraient non résolues. La principale concernait le statut territorial du Donbass, cette région de l’est de l’Ukraine largement contrôlée par les forces russes. Moscou contrôle actuellement environ soixante-quinze pour cent de la région de Donetsk et quatre-vingt-dix-neuf pour cent de la région voisine de Louhansk. Trump avait reconnu que certaines terres avaient été prises et que d’autres pourraient être conquises dans les mois à venir. Il avait qualifié la question territoriale de très difficile mais destinée à être résolue. Le plan ukrainien proposait de transformer le Donbass en zone démilitarisée et économique libre, avec un retrait des troupes des deux côtés de la ligne de front actuelle. Cette proposition se heurtait aux exigences russes qui insistaient pour que l’Ukraine retire ses forces de la ceinture fortifiée de villes dans l’oblast de Donetsk. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait averti que si Kiev ne concluait pas d’accord, elle perdrait davantage de territoire. La centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par Moscou depuis l’invasion de février deux mille vingt-deux, constituait un autre point de blocage majeur dans les négociations.
Le référendum comme outil de légitimation
Zelensky avait évoqué la possibilité d’organiser un référendum national pour soumettre le plan de paix au peuple ukrainien. Cette consultation populaire ne pourrait avoir lieu que si la Russie acceptait un cessez-le-feu d’au moins soixante jours. Le président ukrainien considérait ce vote comme un outil puissant qui exprimerait la volonté du peuple ukrainien. Cette approche démocratique contrastait fortement avec les méthodes autoritaires employées par Moscou dans les territoires occupés, où des référendums truqués avaient été organisés pour justifier l’annexion illégale de régions ukrainiennes. Zelensky avait catégoriquement exclu de céder des terres à la Russie, affirmant que dans les fantasmes russes, ils aimeraient que l’Ukraine n’existe plus du tout sur le territoire de son propre pays. Le président ukrainien avait également annoncé qu’il s’attendait à rencontrer des dirigeants européens dans les jours suivants, avec une réunion de suivi probable avec Trump en janvier, probablement à la Maison-Blanche.
Les discussions entre les délégations américaine et ukrainienne avaient été qualifiées de formidables et substantielles par Zelensky. Trump avait participé à un appel vidéo avec des dirigeants européens depuis Mar-a-Lago le dimanche, soulignant la dimension transatlantique des efforts de paix. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait salué les bons progrès réalisés lors des discussions en Floride tout en insistant sur la nécessité pour l’Ukraine de recevoir des garanties de sécurité inébranlables dès le premier jour. Le président français Emmanuel Macron avait annoncé qu’une réunion se tiendrait à Paris début janvier pour finaliser les contributions concrètes de chaque pays de la Coalition des volontaires. Cette coordination internationale témoignait de la volonté des alliés occidentaux de soutenir l’Ukraine dans sa quête d’une paix juste et durable. Cependant, l’accusation russe du lundi matin menaçait de faire dérailler cet élan diplomatique fragile mais prometteur.
Quatre-vingt-dix pour cent d’accord. Quinze ans de garanties de sécurité. Un référendum pour donner la parole au peuple. Tout cela semblait enfin prendre forme. Après quatre années de souffrance, de destructions, de morts par centaines de milliers, la paix devenait presque palpable. Et puis Moscou balance son mensonge grotesque sur une attaque imaginaire. Comme si le Kremlin ne supportait pas l’idée que la paix puisse se construire sans sa bénédiction totale. Comme si Poutine préférait voir l’Ukraine brûler plutôt que de la voir survivre et prospérer. Cette accusation fabriquée n’est pas un accident. C’est une stratégie délibérée pour empoisonner l’atmosphère, pour créer de la méfiance, pour ralentir le processus. Et ça marche. Trump doute. Les médias s’emballent. L’attention se détourne des vrais enjeux vers cette polémique artificielle. Mission accomplie pour le Kremlin.
La machine de propagande russe en action
Lavrov et ses menaces à peine voilées
Sergueï Lavrov, ce diplomate de la vieille école soviétique au visage impassible et au discours glacial, a joué son rôle à la perfection. Dans sa déclaration à l’agence Interfax, il a affirmé que de telles actions imprudentes ne resteraient pas sans réponse. Le ministre russe a accusé l’Ukraine d’avoir lancé quatre-vingt-onze drones longue portée visant la résidence présidentielle d’État, également connue sous le nom de Valdaï, dans la nuit du lundi. Lavrov n’a pas précisé si Poutine se trouvait dans la résidence au moment de l’attaque présumée. Cette omission stratégique permettait de maintenir le suspense et d’amplifier l’impact émotionnel de l’accusation. Les chiffres avancés par Lavrov contredisaient d’ailleurs le rapport officiel du ministère russe de la Défense, qui affirmait que ses forces avaient abattu un total de quatre-vingt-neuf drones ukrainiens dans la nuit du lundi, dont dix-huit dans la région de Novgorod. Cette incohérence dans les chiffres officiels russes aurait dû alerter les observateurs sur la fiabilité de l’ensemble du récit.
Lavrov a poursuivi en déclarant qu’étant donné la dégénérescence complète du régime criminel de Kiev, qui s’est tourné vers une politique de terrorisme d’État, la position de négociation de la Russie serait reconsidérée. Cette rhétorique apocalyptique visait à justifier un durcissement de la position russe dans les négociations. Le ministre a ajouté que des cibles appropriées avaient déjà été sélectionnées pour des représailles, sans préciser lesquelles. Cette menace planait comme une épée de Damoclès sur Kiev et ses habitants. Euronews n’a pas pu vérifier de manière indépendante ces affirmations russes, et pour cause. Aucune preuve matérielle n’a été fournie. Pas d’images de débris de drones. Pas de vidéos de systèmes de défense aérienne en action. Pas de témoignages de résidents locaux. Rien. Juste des mots prononcés par un homme dont le gouvernement a fait du mensonge systématique une politique d’État depuis le début de cette guerre d’agression.
Le Kremlin double la mise
Le Kremlin n’a pas tardé à amplifier le message de Lavrov. Dmitri Peskov, le porte-parole présidentiel, a refusé de commenter la centrale nucléaire de Zaporijjia, un autre point de friction majeur dans les négociations. Il a cependant insisté sur le fait que l’Ukraine devait retirer ses troupes d’une ceinture fortifiée de villes dans l’oblast de Donetsk. Cette exigence maximaliste ignorait complètement la réalité sur le terrain et les aspirations légitimes du peuple ukrainien à récupérer ses territoires occupés illégalement. Peskov a averti que si Kiev ne parvenait pas à conclure un accord, elle perdrait davantage de territoire. Cette menace à peine déguisée révélait les véritables intentions de Moscou. La Russie ne cherchait pas une paix négociée mais une capitulation ukrainienne. Le Kremlin voulait que l’Ukraine accepte la perte permanente de vingt pour cent de son territoire, renonce à son aspiration à rejoindre l’OTAN et se soumette à la sphère d’influence russe.
Yuri Ushakov, le conseiller présidentiel russe et ancien ambassadeur de Russie aux États-Unis, a affirmé que Poutine avait informé Trump de l’attaque présumée lors de leur appel téléphonique. Selon Ushakov, Trump était choqué par la nouvelle et les responsables russes alléguaient que la Grande-Bretagne était également impliquée dans ces provocations. Cette tentative d’impliquer Londres dans le récit russe visait à élargir le conflit et à créer des tensions entre les alliés occidentaux. Ushakov a déclaré que l’appel avait été initié par Trump et que les deux présidents avaient discuté des dernières propositions de l’Union européenne et de l’Ukraine pour mettre fin à la guerre. Le conseiller russe a affirmé que Trump avait écouté l’évaluation du Kremlin sur ces propositions et que les deux présidents étaient sortis de l’appel unis dans leur conviction qu’un cessez-le-feu temporaire proposé par l’UE et l’Ukraine ne ferait que prolonger le conflit. Cette version des événements, si elle était exacte, suggérait que Trump se laissait influencer par la perspective russe au détriment des intérêts ukrainiens.
Lavrov parle de terrorisme d’État ukrainien. Lavrov. Le représentant d’un régime qui bombarde des hôpitaux, des écoles, des immeubles résidentiels depuis quatre ans. Le représentant d’un pays qui a kidnappé des milliers d’enfants ukrainiens. Le représentant d’une armée qui a commis des massacres à Boutcha, à Marioupol, à Izioum. Et c’est lui qui ose parler de terrorisme. L’inversion accusatoire est une spécialité russe. Accuser l’autre de ce que tu fais toi-même. Crier au loup pendant que tu dévores les moutons. Et le plus révoltant, c’est que ça marche. Parce que Lavrov a l’apparence d’un diplomate respectable. Parce qu’il parle avec calme et assurance. Parce qu’il représente une grande puissance nucléaire. Alors ses mensonges sont relayés, discutés, analysés comme s’ils méritaient considération. Mais ce ne sont que des mensonges. Des mensonges destinés à tuer la paix avant qu’elle ne naisse.
La réponse ukrainienne : fermeté et clarté
Zelensky dénonce la manipulation
Volodymyr Zelensky n’a pas attendu longtemps pour répondre aux accusations russes. Dans une conversation avec des journalistes le lundi après-midi, le président ukrainien a qualifié l’affirmation russe d’un autre mensonge de la Fédération de Russie. Il a souligné qu’il était clair qu’ils avaient eu une réunion avec Trump la veille et qu’il était évident que pour les Russes, s’il n’y avait pas de scandale entre l’Ukraine et l’Amérique et qu’ils progressaient, c’était un échec pour Moscou. Zelensky a ajouté que les Russes ne voulaient pas mettre fin à cette guerre et qu’ils n’étaient capables d’y mettre fin que par la pression exercée sur eux. Il s’est dit certain qu’ils cherchaient des raisons pour saboter le processus de paix. Cette analyse lucide mettait en lumière la stratégie russe consistant à créer des crises artificielles chaque fois que des progrès diplomatiques semblaient possibles. Le président ukrainien avait même anticipé ce genre de manœuvre, déclarant qu’il s’attendait à une sorte de scandale pour saboter les pourparlers de paix après sa rencontre avec Trump.
Zelensky a également averti que l’affirmation du ministre russe des Affaires étrangères pourrait être un prélude à de nouvelles frappes contre des cibles civiles en Ukraine, notamment des bâtiments gouvernementaux clés à Kiev. Il a déclaré que tout le monde devait être vigilant maintenant, absolument tout le monde, car une frappe pourrait être lancée sur la capitale, d’autant plus que cet individu, si on peut l’appeler ainsi, avait dit qu’ils sélectionneraient des cibles appropriées, ce qui constituait une menace. Cette mise en garde n’était pas une simple rhétorique. En septembre dernier, la Russie avait bombardé le complexe des ministres du cabinet au centre de Kiev, faisant plusieurs victimes. Le schéma était clair. Moscou fabriquait une accusation, puis l’utilisait comme justification pour intensifier ses attaques contre des cibles civiles. Cette tactique violait toutes les lois de la guerre et tous les principes humanitaires, mais le Kremlin s’en fichait éperdument. Pour Poutine et son entourage, la fin justifiait tous les moyens, aussi criminels soient-ils.
Sybiha et la tactique de l’inversion accusatoire
Andrii Sybiha, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, a apporté son soutien à la position de Zelensky en soulignant que Moscou utilisait la vieille tactique consistant à accuser l’autre partie de ce que vous faites ou planifiez vous-même. Il a rappelé que Kiev ne frappait que des cibles militaires légitimes sur le territoire ennemi et se défendait contre l’agression russe. Cette distinction était cruciale. L’Ukraine, en tant que nation victime d’une invasion illégale, avait le droit en vertu du droit international de se défendre et de frapper des cibles militaires sur le territoire de l’agresseur. Les frappes ukrainiennes visaient des dépôts de munitions, des bases aériennes, des installations de commandement et de contrôle, pas des résidences présidentielles. La différence entre les actions ukrainiennes et russes était fondamentale. L’Ukraine cherchait à affaiblir la machine de guerre russe pour protéger sa population civile. La Russie bombardait délibérément des infrastructures civiles pour terroriser et soumettre le peuple ukrainien.
Sybiha a également souligné que l’Ukraine avait toujours été transparente sur ses opérations militaires, contrairement à la Russie qui niait systématiquement ses crimes de guerre ou les attribuait à d’autres. Cette transparence ukrainienne contrastait fortement avec l’opacité et le mensonge systématique du régime russe. Le ministre des Affaires étrangères a réitéré que l’Ukraine était prête à négocier une paix juste et durable, mais pas au prix de sa souveraineté et de son intégrité territoriale. Kiev ne pouvait pas accepter un accord qui légitimerait l’agression russe et encouragerait de futures invasions. La communauté internationale devait comprendre que céder aux exigences maximalistes de Moscou ne créerait pas la paix mais établirait un précédent dangereux où la force brutale l’emporterait sur le droit international. Cette position de principe était essentielle pour préserver l’ordre international fondé sur des règles, un ordre que la Russie cherchait à détruire depuis le début de cette guerre.
Sybiha a raison. Moscou accuse toujours l’autre de ce qu’elle fait elle-même. C’est une constante. Une signature. Quand la Russie crie au terrorisme, c’est qu’elle prépare des actes terroristes. Quand elle accuse l’Ukraine d’attaquer des civils, c’est qu’elle s’apprête à massacrer des civils. Cette inversion systématique de la réalité est épuisante. Elle brouille les repères. Elle crée une confusion qui sert les intérêts russes. Parce que dans le brouillard de la désinformation, certains finissent par se dire que les deux camps se valent, que la vérité est quelque part au milieu. Mais non. Il n’y a pas d’équivalence morale entre l’agresseur et l’agressé. Entre celui qui envahit et celui qui se défend. Entre celui qui ment et celui qui dit la vérité. L’Ukraine n’est pas parfaite, aucun pays ne l’est. Mais dans ce conflit, la ligne de démarcation entre le bien et le mal est claire comme de l’eau de roche.
Les enjeux territoriaux au cœur du conflit
Le Donbass, pomme de discorde majeure
La question du Donbass reste le nœud gordien des négociations de paix. Cette région industrielle de l’est de l’Ukraine, composée des oblasts de Donetsk et de Louhansk, est au cœur du conflit depuis deux mille quatorze. La Russie contrôle actuellement environ soixante-quinze pour cent de Donetsk et quatre-vingt-dix-neuf pour cent de Louhansk. Ces territoires représentent non seulement une superficie considérable mais aussi des ressources économiques importantes et une population de plusieurs millions d’habitants. Moscou exige que l’Ukraine retire ses forces de la ceinture fortifiée de villes dans l’oblast de Donetsk, ce qui reviendrait à abandonner les dernières positions défensives ukrainiennes dans la région. Cette exigence est inacceptable pour Kiev car elle équivaudrait à une capitulation pure et simple. Le plan ukrainien propose plutôt de transformer le Donbass en zone démilitarisée et économique libre, avec un retrait des troupes des deux côtés de la ligne de front actuelle. Cette proposition vise à geler le conflit tout en préservant la souveraineté ukrainienne sur l’ensemble du territoire.
Trump a reconnu que la question territoriale était très difficile mais destinée à être résolue. Il a admis que certaines terres avaient été prises et que d’autres pourraient être conquises dans les mois à venir. Cette déclaration a suscité l’inquiétude à Kiev car elle semblait suggérer une acceptation tacite des gains territoriaux russes. Zelensky a catégoriquement exclu de céder des terres à la Russie, affirmant que ce n’était pas un secret que la Russie voulait cela et que dans leurs fantasmes, ils aimeraient que l’Ukraine n’existe plus du tout sur le territoire de son propre pays. Le président ukrainien a proposé de soumettre tout accord territorial à un référendum national, donnant ainsi au peuple ukrainien le dernier mot sur l’avenir de leur pays. Cette approche démocratique contrastait fortement avec les référendums truqués organisés par la Russie dans les territoires occupés en septembre deux mille vingt-deux. Ces consultations bidons avaient été universellement condamnées par la communauté internationale comme des violations flagrantes du droit international et de la Charte des Nations Unies.
Zaporijjia, la menace nucléaire permanente
La centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, constitue un autre point de blocage majeur dans les négociations. Occupée par les forces russes depuis mars deux mille vingt-deux, cette installation représente un danger permanent pour toute la région. L’Agence internationale de l’énergie atomique a exprimé à plusieurs reprises ses préoccupations concernant la sécurité de la centrale sous occupation russe. Des bombardements ont endommagé certaines infrastructures et les travailleurs ukrainiens qui maintiennent la centrale en état de fonctionnement travaillent sous la menace constante des forces d’occupation. Le Kremlin refuse de discuter du statut de Zaporijjia, considérant la centrale comme faisant partie des territoires annexés. Cette position est intenable car elle place une installation nucléaire majeure sous le contrôle d’une puissance occupante qui a démontré à maintes reprises son mépris pour les normes de sécurité internationales. La communauté internationale doit insister pour que Zaporijjia soit démilitarisée et placée sous contrôle international jusqu’à ce qu’un accord de paix global soit conclu.
Le sort de Zaporijjia illustre le dilemme plus large auquel est confrontée l’Ukraine. Comment négocier avec un adversaire qui occupe illégalement une partie de votre territoire et refuse de discuter de son retrait? Comment garantir la sécurité d’installations critiques quand l’occupant les utilise comme boucliers humains et comme leviers de négociation? Ces questions n’ont pas de réponses faciles. Elles nécessitent une pression internationale coordonnée sur Moscou pour forcer le Kremlin à adopter une position plus raisonnable. Malheureusement, cette pression fait souvent défaut. Certains pays occidentaux, fatigués par la durée du conflit et préoccupés par leurs propres intérêts économiques, sont tentés de pousser l’Ukraine à accepter un accord défavorable au nom d’une paix rapide. Mais une paix injuste ne serait pas durable. Elle ne ferait que préparer le terrain pour le prochain conflit, peut-être encore plus destructeur que celui-ci.
Le Donbass. Zaporijjia. Ces noms résonnent comme des symboles de tout ce qui ne va pas dans ce monde. Des terres volées. Une centrale nucléaire transformée en otage. Des millions de personnes prises au piège entre deux feux. Et pendant ce temps, des diplomates en costume discutent de pourcentages et de zones démilitarisées comme s’il s’agissait d’un jeu d’échecs abstrait. Mais ce n’est pas un jeu. Ce sont des vies humaines. Des familles séparées. Des maisons détruites. Des rêves brisés. Chaque kilomètre carré de territoire disputé représente des milliers de destins individuels. Des gens qui veulent juste vivre en paix, élever leurs enfants, cultiver leurs champs, aller au travail. Est-ce trop demander? Apparemment oui, dans le monde de Poutine où la grandeur impériale compte plus que le bonheur humain.
Les garanties de sécurité, clé de voûte d'un accord durable
Quinze ans d’engagement américain
Les garanties de sécurité proposées par les États-Unis constituent l’un des éléments les plus prometteurs du plan de paix en cours d’élaboration. Zelensky a révélé que Washington offrait des garanties fortes pour une durée de quinze ans. Ces garanties devaient être votées conjointement par le Congrès américain et le parlement ukrainien, leur donnant ainsi un poids institutionnel considérable. Trump a affirmé que les garanties de sécurité étaient réglées à quatre-vingt-quinze pour cent, suggérant qu’un accord était proche sur ce point crucial. Cependant, les détails précis de ces garanties restaient flous. Trump avait exclu le déploiement de troupes de maintien de la paix américaines, ce qui limitait les options disponibles. Zelensky avait déclaré que la présence de moniteurs internationaux dans une Ukraine d’après-guerre serait la meilleure forme de sécurité et rassurerait les citoyens du pays. Cette approche pragmatique reconnaissait les limites de ce que les États-Unis étaient prêts à offrir tout en cherchant à maximiser les protections disponibles.
Le président ukrainien avait exprimé le souhait que les garanties soient plus longues, mentionnant des périodes de trente, quarante ou même cinquante ans. Il avait dit à Trump que ce serait une décision historique de sa part. Le président américain avait répondu qu’il y réfléchirait. Cette différence de perspective révélait une tension fondamentale dans les négociations. L’Ukraine, ayant subi une invasion brutale et faisant face à une menace existentielle permanente de la part de la Russie, cherchait des garanties à très long terme qui décourageraient toute future agression. Les États-Unis, avec leurs cycles électoraux et leurs priorités changeantes, hésitaient à s’engager sur des décennies. Zelensky avait souligné que les promesses précédentes, notamment le mémorandum de Budapest de mille neuf cent quatre-vingt-quatorze garantissant les frontières ukrainiennes, n’avaient pas fonctionné. Cette référence historique rappelait que l’Ukraine avait renoncé à son arsenal nucléaire en échange de garanties de sécurité qui s’étaient révélées sans valeur lorsque la Russie avait envahi la Crimée en deux mille quatorze puis lancé son invasion à grande échelle en deux mille vingt-deux.
Le rôle crucial de l’Europe
L’Europe joue un rôle essentiel dans l’élaboration des garanties de sécurité pour l’Ukraine. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a insisté sur la nécessité pour l’Ukraine de recevoir des garanties de sécurité inébranlables dès le premier jour. Cette position ferme reflétait la compréhension européenne que la sécurité de l’Ukraine était indissociable de la sécurité de l’Europe dans son ensemble. Si l’Ukraine tombait ou était forcée d’accepter un accord humiliant, cela enverrait un signal dangereux à d’autres agresseurs potentiels. Le président français Emmanuel Macron a annoncé qu’une réunion se tiendrait à Paris début janvier pour finaliser les contributions concrètes de chaque pays de la Coalition des volontaires. Cette initiative française témoignait de la volonté de certains pays européens de prendre leurs responsabilités dans la défense de l’ordre international fondé sur des règles. La Coalition des volontaires regroupait des pays prêts à fournir un soutien militaire, économique et diplomatique à l’Ukraine au-delà de ce qui était coordonné au niveau de l’Union européenne ou de l’OTAN.
Cependant, l’Europe était divisée sur la question de l’engagement à long terme envers l’Ukraine. Certains pays, notamment la Pologne, les États baltes et les pays nordiques, soutenaient fermement Kiev et étaient prêts à fournir des garanties de sécurité substantielles. D’autres, comme la Hongrie et la Slovaquie, adoptaient des positions plus ambiguës, voire ouvertement pro-russes. Cette division affaiblissait la capacité de l’Europe à parler d’une seule voix et à exercer une pression maximale sur Moscou. De plus, l’incertitude concernant l’engagement américain à long terme forçait l’Europe à envisager de prendre en charge une plus grande part du fardeau de la sécurité ukrainienne. Cette perspective soulevait des questions difficiles sur les capacités militaires européennes, les budgets de défense et la volonté politique de maintenir un soutien à long terme face à une Russie hostile. Les prochains mois seraient cruciaux pour déterminer si l’Europe était prête à assumer ce rôle de garant de la sécurité ukrainienne ou si elle se contenterait de suivre la direction américaine, quelle qu’elle soit.
Quinze ans. Trente ans. Cinquante ans. On parle de garanties de sécurité comme si c’était une police d’assurance qu’on peut souscrire et oublier. Mais qu’est-ce que ça signifie vraiment? Que se passera-t-il dans quinze ans quand Trump ne sera plus président, quand de nouveaux dirigeants avec de nouvelles priorités seront au pouvoir? Les promesses d’aujourd’hui vaudront-elles encore quelque chose? L’histoire nous enseigne que non. Le mémorandum de Budapest était censé protéger l’Ukraine. Il n’a servi à rien quand Poutine a décidé d’envahir. Les garanties de sécurité ne valent que ce que valent ceux qui les donnent. Et dans un monde où les intérêts nationaux changent plus vite que les saisons, où les alliances se font et se défont au gré des élections, comment l’Ukraine peut-elle avoir confiance? La réponse est qu’elle ne peut pas. Elle doit se préparer à se défendre seule tout en espérant que ses alliés tiendront parole. C’est une position terrible, mais c’est la réalité.
La dimension internationale du conflit
L’implication britannique selon Moscou
L’accusation russe selon laquelle la Grande-Bretagne serait impliquée dans l’attaque présumée contre la résidence de Poutine mérite une attention particulière. Cette affirmation, relayée par Yuri Ushakov, s’inscrit dans une stratégie plus large visant à présenter le conflit ukrainien comme une guerre par procuration entre la Russie et l’Occident. En impliquant Londres, Moscou cherche à élargir le conflit et à créer des tensions entre les alliés occidentaux. La Grande-Bretagne a effectivement été l’un des soutiens les plus fermes de l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe. Le Royaume-Uni a fourni des armes avancées, notamment des missiles Storm Shadow, et a formé des milliers de soldats ukrainiens sur son territoire. Cette implication britannique a irrité le Kremlin qui voit Londres comme un obstacle majeur à ses ambitions en Ukraine. L’accusation d’implication dans une attaque contre Poutine vise à justifier d’éventuelles représailles contre des intérêts britanniques et à dissuader le Royaume-Uni de continuer son soutien à Kiev.
Cependant, aucune preuve n’a été fournie pour étayer cette accusation. Comme pour l’attaque présumée elle-même, Moscou se contente d’affirmations sans fondement. Cette tactique de la désinformation vise à créer un climat de suspicion et de confusion. En multipliant les accusations non vérifiées, la Russie espère noyer la vérité dans un océan de mensonges et de contre-vérités. La communauté internationale doit rester vigilante face à ces manipulations et exiger des preuves concrètes avant d’accorder le moindre crédit aux affirmations russes. Le gouvernement britannique a fermement démenti toute implication dans une quelconque attaque contre la résidence de Poutine, soulignant que ces accusations étaient typiques de la propagande russe destinée à détourner l’attention des crimes de guerre commis par les forces russes en Ukraine. Londres a réaffirmé son soutien indéfectible à l’Ukraine et sa détermination à aider Kiev à se défendre contre l’agression russe jusqu’à ce qu’une paix juste et durable soit atteinte.
La position chinoise et ses implications
La Chine joue un rôle de plus en plus important dans le conflit ukrainien, bien qu’elle maintienne officiellement une position de neutralité. Pékin s’est abstenu de condamner l’invasion russe et a continué à entretenir des relations économiques étroites avec Moscou, fournissant ainsi une bouée de sauvetage économique au régime de Poutine face aux sanctions occidentales. En même temps, la Chine a présenté son propre plan de paix en douze points qui appelait au respect de la souveraineté de tous les pays, un principe qui, s’il était appliqué, exigerait le retrait russe d’Ukraine. Cette position ambiguë reflète les intérêts complexes de la Chine dans le conflit. D’un côté, Pékin bénéficie de l’affaiblissement de la Russie qui la rend plus dépendante de la Chine. De l’autre, la Chine ne veut pas voir un précédent établi où l’agression territoriale est récompensée, car cela pourrait compliquer ses propres revendications sur Taïwan et en mer de Chine méridionale.
Le rôle de la Chine dans les négociations de paix reste incertain. Trump a suggéré à plusieurs reprises que Pékin pourrait jouer un rôle de médiateur, mais Zelensky s’est montré sceptique quant à l’impartialité chinoise. Le président ukrainien a souligné que la Chine devait choisir entre soutenir l’ordre international fondé sur des règles ou cautionner l’agression russe. Cette mise en demeure reflétait la frustration de Kiev face à l’ambiguïté chinoise. Pour que la Chine joue un rôle constructif dans la résolution du conflit, elle devrait exercer une pression réelle sur Moscou pour accepter un retrait de ses forces et respecter l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Jusqu’à présent, Pékin n’a montré aucune volonté de le faire, préférant maintenir sa position confortable de pseudo-neutralité qui lui permet de bénéficier économiquement de la situation tout en évitant les coûts politiques d’un engagement clair d’un côté ou de l’autre. Cette approche opportuniste de la Chine complique les efforts de paix et prolonge la souffrance du peuple ukrainien.
La Grande-Bretagne impliquée dans une attaque fantôme. La Chine qui joue sur tous les tableaux. Le monde entier pris dans cette toile d’araignée de mensonges et d’intérêts contradictoires. Pendant ce temps, des Ukrainiens meurent chaque jour. Des villes sont rasées. Des vies sont détruites. Et nous, spectateurs de ce drame, nous débattons de nuances diplomatiques et de positions géopolitiques comme si c’était un exercice académique. Mais ce n’est pas académique. C’est réel. C’est maintenant. C’est urgent. Chaque jour qui passe sans paix est un jour de trop. Chaque mensonge russe qui retarde les négociations coûte des vies. Chaque hésitation occidentale encourage Moscou à continuer. Nous sommes tous complices de cette tragédie par notre inaction, notre lâcheté, notre calcul cynique des intérêts nationaux. L’histoire nous jugera sévèrement.
Les précédents historiques et leurs leçons
Le mémorandum de Budapest, une trahison fondatrice
Le mémorandum de Budapest de mille neuf cent quatre-vingt-quatorze hante les négociations actuelles comme un fantôme accusateur. Cet accord, signé par l’Ukraine, la Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni, garantissait l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine en échange de son renoncement au troisième plus grand arsenal nucléaire du monde hérité de l’Union soviétique. À l’époque, cet accord était présenté comme un triomphe de la diplomatie et du désarmement nucléaire. L’Ukraine, jeune nation indépendante, faisait confiance aux garanties internationales et choisissait la voie de la paix plutôt que celle de la dissuasion nucléaire. Cette décision, louable sur le plan moral, s’est révélée désastreuse sur le plan stratégique. En deux mille quatorze, lorsque la Russie a annexé la Crimée et déclenché la guerre dans le Donbass, les signataires du mémorandum de Budapest n’ont rien fait pour défendre l’Ukraine. Les garanties de sécurité se sont révélées être du papier sans valeur face à la détermination russe et à l’indifférence occidentale.
Cette trahison historique explique pourquoi l’Ukraine est aujourd’hui si méfiante envers les promesses de garanties de sécurité. Zelensky a explicitement mentionné l’échec du mémorandum de Budapest lors de ses discussions avec Trump, soulignant que les promesses précédentes n’avaient pas fonctionné. Cette référence n’était pas une simple note historique mais un avertissement. L’Ukraine ne peut pas se permettre de répéter l’erreur de mille neuf cent quatre-vingt-quatorze. Elle ne peut pas renoncer à ses moyens de défense en échange de garanties qui pourraient s’avérer illusoires. C’est pourquoi Kiev insiste sur des garanties concrètes, vérifiables et contraignantes, pas sur de vagues promesses diplomatiques. La leçon du mémorandum de Budapest est claire. Les garanties de sécurité ne valent rien si elles ne sont pas accompagnées de mécanismes d’application crédibles et de la volonté politique de les faire respecter. Sans cela, elles ne sont que des mots sur du papier, destinés à être oubliés dès que les circonstances changent.
Les accords de Minsk, une autre illusion perdue
Les accords de Minsk de deux mille quatorze et deux mille quinze constituent un autre précédent troublant. Ces accords, négociés avec la médiation de la France et de l’Allemagne, visaient à mettre fin au conflit dans le Donbass et à établir un cessez-le-feu durable. Ils prévoyaient un retrait des armes lourdes, un échange de prisonniers et une autonomie spéciale pour certaines régions du Donbass. Sur le papier, ces accords semblaient offrir une voie vers la paix. Dans la réalité, ils n’ont jamais été pleinement mis en œuvre. La Russie et les séparatistes soutenus par Moscou ont violé systématiquement les cessez-le-feu, continuant à bombarder les positions ukrainiennes et à consolider leur contrôle sur les territoires occupés. Les accords de Minsk sont devenus un symbole de l’échec de la diplomatie face à l’agression russe. Pire encore, l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel a révélé en deux mille vingt-deux que les accords de Minsk avaient été conçus pour gagner du temps et permettre à l’Ukraine de se renforcer militairement, une admission qui a confirmé les soupçons russes et compliqué les futures négociations.
L’échec des accords de Minsk enseigne plusieurs leçons importantes pour les négociations actuelles. Premièrement, un accord de paix n’a de valeur que si toutes les parties sont sincèrement engagées à le respecter. Si l’une des parties considère l’accord comme un simple stratagème tactique pour gagner du temps, l’accord est voué à l’échec. Deuxièmement, les accords de paix doivent inclure des mécanismes de vérification et d’application robustes. Les accords de Minsk prévoyaient une mission de surveillance de l’OSCE, mais cette mission n’avait ni les moyens ni le mandat pour faire respecter les termes de l’accord. Troisièmement, les médiateurs doivent être prêts à imposer des coûts réels aux parties qui violent l’accord. La France et l’Allemagne n’ont jamais sérieusement sanctionné la Russie pour ses violations répétées des accords de Minsk, envoyant ainsi le message que les violations n’avaient pas de conséquences. Ces leçons doivent guider les négociations actuelles si l’on veut éviter de répéter les erreurs du passé.
Budapest. Minsk. Deux noms qui résonnent comme des échecs. Deux accords qui promettaient la paix et n’ont apporté que désillusion. L’Ukraine a appris à ses dépens que les promesses internationales ne valent rien face à la brutalité russe. Elle a renoncé à ses armes nucléaires et a été envahie. Elle a signé des accords de cessez-le-feu qui ont été violés avant même que l’encre ne sèche. Combien de fois doit-on trahir un pays avant qu’il cesse de faire confiance? Combien de mensonges doit-on lui servir avant qu’il refuse d’écouter? L’Ukraine est aujourd’hui dans une position impossible. Elle doit négocier avec un ennemi qui ne respecte aucune règle, aucun accord, aucune promesse. Elle doit faire confiance à des alliés qui l’ont déjà abandonnée par le passé. Comment peut-elle croire que cette fois sera différente? La réponse honnête est qu’elle ne peut pas. Mais elle n’a pas le choix. Elle doit essayer, encore et encore, parce que l’alternative est la guerre perpétuelle.
L'impact humanitaire de la guerre
Les civils, premières victimes du conflit
Derrière les manœuvres diplomatiques et les accusations mutuelles se cache une réalité humaine déchirante. Depuis le début de l’invasion russe en février deux mille vingt-deux, des dizaines de milliers de civils ukrainiens ont été tués. Les chiffres exacts sont difficiles à établir car de nombreuses victimes se trouvent dans des zones occupées ou contestées où les enquêtes sont impossibles. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a documenté plus de dix mille morts civiles confirmées, mais reconnaît que le nombre réel est probablement beaucoup plus élevé. Chaque chiffre représente une vie brisée, une famille détruite, un avenir annihilé. Les bombardements russes ont détruit des hôpitaux, des écoles, des immeubles résidentiels, des centres commerciaux. Des villes entières comme Marioupol ont été rasées. Des millions d’Ukrainiens ont été forcés de fuir leurs foyers, devenant réfugiés dans leur propre pays ou à l’étranger. Cette catastrophe humanitaire est le résultat direct de la décision de Poutine d’envahir l’Ukraine, une décision qui viole toutes les normes du droit international et de la décence humaine.
Les crimes de guerre commis par les forces russes sont documentés de manière extensive. Les massacres de Boutcha, où des centaines de civils ont été exécutés sommairement, ont choqué le monde. Les bombardements délibérés d’infrastructures civiles, notamment les réseaux électriques et de chauffage en plein hiver, constituent des crimes contre l’humanité visant à terroriser la population. Les enlèvements et déportations forcées de milliers d’enfants ukrainiens vers la Russie représentent un génocide culturel destiné à effacer l’identité ukrainienne. La Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine pour ces crimes, une première historique contre le dirigeant d’une puissance nucléaire. Cependant, ce mandat reste largement symbolique tant que Poutine ne voyage que dans des pays qui refusent de coopérer avec la CPI. La justice internationale se heurte aux réalités du pouvoir et de la géopolitique. Les victimes ukrainiennes attendent toujours que justice leur soit rendue, et beaucoup craignent qu’elle ne vienne jamais.
Les traumatismes psychologiques d’une génération
Au-delà des morts et des destructions physiques, la guerre laisse des cicatrices psychologiques profondes qui affecteront la société ukrainienne pendant des décennies. Des millions d’enfants ont grandi sous les bombardements, passant des nuits dans des abris souterrains, interrompant leur éducation, perdant leurs amis et leurs proches. Ces traumatismes de l’enfance auront des répercussions à long terme sur leur santé mentale et leur développement. Les soldats qui reviennent du front portent les stigmates invisibles du syndrome de stress post-traumatique. Beaucoup luttent pour se réintégrer dans la vie civile, hantés par les horreurs qu’ils ont vécues. Les familles sont déchirées par la perte d’êtres chers, par les séparations forcées, par l’incertitude constante. La société ukrainienne dans son ensemble souffre d’un traumatisme collectif qui nécessitera des années de soutien psychologique et de reconstruction sociale pour guérir. Les services de santé mentale, déjà insuffisants avant la guerre, sont complètement débordés par l’ampleur des besoins.
Cette dimension humaine du conflit est souvent négligée dans les discussions diplomatiques qui se concentrent sur les questions territoriales et les garanties de sécurité. Pourtant, aucune paix ne sera durable si elle n’aborde pas les besoins des victimes et ne prévoit pas de mécanismes de justice et de réconciliation. L’Ukraine aura besoin d’un soutien international massif pour reconstruire non seulement ses infrastructures physiques mais aussi le tissu social déchiré par la guerre. Les programmes de soutien psychologique, les initiatives de justice transitionnelle, les efforts de réconciliation communautaire devront faire partie intégrante de tout plan de reconstruction post-conflit. La communauté internationale a la responsabilité morale d’accompagner l’Ukraine dans ce long processus de guérison. Abandonner l’Ukraine une fois la paix signée serait une trahison supplémentaire envers un peuple qui a déjà tant souffert. La reconstruction de l’Ukraine doit être une priorité internationale, non seulement par solidarité mais aussi parce que la stabilité de l’Europe en dépend.
Les chiffres me donnent le vertige. Des dizaines de milliers de morts. Des millions de déplacés. Des enfants traumatisés. Des villes détruites. Comment mesure-t-on une telle souffrance? Comment quantifie-t-on la douleur d’une mère qui a perdu son fils? Le désespoir d’un enfant qui a vu sa maison bombardée? La terreur d’une famille qui fuit sous les obus? On ne peut pas. Ces réalités échappent aux statistiques et aux graphiques. Elles sont trop vastes, trop profondes, trop personnelles. Et pourtant, nous devons essayer de les comprendre. Nous devons regarder en face l’horreur de ce que la guerre fait aux êtres humains. Pas pour nous complaire dans le malheur, mais pour nous rappeler pourquoi la paix est si urgente. Chaque jour de guerre supplémentaire ajoute à cette montagne de souffrance. Chaque mensonge russe qui retarde les négociations prolonge l’agonie. Nous n’avons pas le droit de détourner le regard.
Les défis de la reconstruction post-conflit
L’ampleur des destructions matérielles
La reconstruction de l’Ukraine après la guerre représentera un défi colossal. La Banque mondiale estime que les dommages directs causés par la guerre dépassent déjà les quatre cents milliards de dollars, et ce chiffre continue d’augmenter chaque jour. Des villes entières devront être reconstruites de zéro. Les infrastructures critiques, notamment les réseaux électriques, les systèmes d’approvisionnement en eau, les routes et les ponts, ont été systématiquement ciblées par les forces russes et nécessiteront des investissements massifs pour être restaurées. Le secteur du logement a été particulièrement touché, avec des millions de maisons et d’appartements détruits ou gravement endommagés. L’agriculture, pilier de l’économie ukrainienne, a souffert de la contamination des terres par les mines et les munitions non explosées, un problème qui prendra des décennies à résoudre. Les ports de la mer Noire, essentiels pour les exportations ukrainiennes, ont été bloqués ou endommagés, paralysant le commerce international du pays.
La communauté internationale a commencé à discuter de plans de reconstruction, mais les engagements financiers concrets restent insuffisants par rapport à l’ampleur des besoins. L’Union européenne a proposé un plan de reconstruction ambitieux, mais son financement dépend de contributions volontaires des États membres qui sont déjà confrontés à leurs propres défis économiques. Les États-Unis ont fourni une aide militaire et humanitaire substantielle pendant la guerre, mais leur engagement à long terme pour la reconstruction reste incertain, surtout avec les changements politiques à Washington. Certains ont suggéré d’utiliser les avoirs russes gelés en Occident pour financer la reconstruction ukrainienne, une idée qui a un certain attrait moral mais soulève des questions juridiques complexes. Quelle que soit la source du financement, il est clair que la reconstruction de l’Ukraine nécessitera un effort international coordonné sur plusieurs décennies, comparable au Plan Marshall qui a reconstruit l’Europe après la Seconde Guerre mondiale.
La question de la justice et de la responsabilité
La reconstruction matérielle ne suffira pas. L’Ukraine et la communauté internationale devront également aborder la question de la justice pour les crimes de guerre commis pendant le conflit. La Cour pénale internationale mène des enquêtes, mais les procès prendront des années et ne concerneront qu’une fraction des responsables. De nombreux Ukrainiens réclament une justice plus large qui tiendrait la Russie responsable en tant qu’État pour son agression et ses crimes. Cette demande soulève des questions difficiles sur les mécanismes de responsabilité internationale et les limites du droit international. Comment peut-on tenir un État responsable de crimes de guerre lorsque cet État est une puissance nucléaire membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU? Comment peut-on obtenir réparation lorsque l’agresseur refuse de reconnaître ses crimes et continue de les nier avec véhémence? Ces questions n’ont pas de réponses faciles, mais elles doivent être abordées si l’on veut établir un précédent clair que l’agression ne paie pas.
Certains proposent la création d’un tribunal spécial pour juger le crime d’agression contre l’Ukraine, similaire aux tribunaux créés pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda. D’autres suggèrent d’utiliser les mécanismes existants de la CPI et de la Cour internationale de justice. Quelle que soit l’approche choisie, il est essentiel que la justice soit rendue, non seulement pour les victimes ukrainiennes mais aussi pour préserver l’ordre international fondé sur des règles. Si la Russie peut envahir un pays voisin, commettre des crimes de guerre massifs et s’en tirer sans conséquences réelles, cela encouragera d’autres agresseurs potentiels à suivre le même chemin. La justice internationale est imparfaite et souvent frustrante dans sa lenteur, mais elle reste un outil essentiel pour maintenir un minimum de civilisation dans les relations internationales. L’Ukraine mérite justice, et le monde a la responsabilité de la lui fournir, même si cela prend du temps et nécessite de surmonter des obstacles considérables.
Quatre cents milliards de dollars. Le chiffre est si énorme qu’il en devient abstrait. Mais derrière ce chiffre se cachent des réalités concrètes. Des écoles à reconstruire pour que les enfants puissent apprendre. Des hôpitaux à réparer pour que les malades puissent être soignés. Des maisons à rebâtir pour que les familles puissent avoir un toit. Des routes à refaire pour que l’économie puisse fonctionner. C’est le travail de plusieurs générations. Et pendant ce temps, les responsables de ces destructions, Poutine et ses complices, vivent confortablement dans leurs palais, protégés par leur pouvoir et leur impunité. Cette injustice me révolte. Elle devrait nous révolter tous. Mais la révolte ne suffit pas. Il faut agir. Il faut s’assurer que l’Ukraine reçoit l’aide dont elle a besoin pour se reconstruire. Il faut s’assurer que les criminels de guerre sont jugés et punis. Il faut s’assurer que cette tragédie ne se répète jamais.
Conclusion : entre espoir fragile et menaces persistantes
Un moment charnière pour la paix
Nous nous trouvons à un moment charnière de ce conflit dévastateur. Les discussions entre Trump et Zelensky à Mar-a-Lago ont ouvert une fenêtre d’opportunité pour la paix, aussi étroite soit-elle. Les progrès réalisés sur les garanties de sécurité et d’autres aspects du plan de paix sont encourageants. Cependant, l’accusation russe fabriquée concernant une attaque contre la résidence de Poutine démontre que Moscou n’est pas prêt à négocier de bonne foi. Le Kremlin préfère saboter les pourparlers plutôt que d’accepter un accord qui ne répondrait pas à ses exigences maximalistes. Cette attitude russe pose un défi fondamental aux efforts de paix. Comment peut-on négocier avec un adversaire qui ment systématiquement, qui viole tous les accords qu’il signe et qui utilise la violence comme principal outil de politique étrangère? La réponse n’est pas simple, mais elle doit inclure une pression internationale coordonnée sur Moscou pour forcer le Kremlin à adopter une position plus raisonnable.
Les prochaines semaines seront cruciales. Les réunions prévues à Paris et à Washington détermineront si la communauté internationale peut maintenir son unité et son soutien à l’Ukraine. Trump devra décider s’il veut être le président qui a mis fin à la guerre en Ukraine ou celui qui a abandonné un allié démocratique face à l’agression autoritaire. L’Europe devra décider si elle est prête à assumer un rôle de leadership dans la défense de l’ordre international ou si elle se contentera de suivre la direction américaine. L’Ukraine, quant à elle, devra naviguer entre la nécessité de faire des compromis pour obtenir la paix et l’impératif de préserver sa souveraineté et son intégrité territoriale. Ces choix difficiles façonneront non seulement l’avenir de l’Ukraine mais aussi celui de l’Europe et du système international dans son ensemble. L’enjeu dépasse largement les frontières ukrainiennes. Il s’agit de savoir si nous vivons dans un monde où les règles comptent ou dans un monde où la force brute l’emporte.
L’urgence d’agir maintenant
Le temps presse. Chaque jour de guerre supplémentaire coûte des vies, détruit des infrastructures et approfondit les traumatismes. L’hiver ukrainien est particulièrement meurtrier, avec les bombardements russes ciblant systématiquement les infrastructures énergétiques pour plonger la population dans le froid et l’obscurité. Cette tactique barbare vise à briser le moral ukrainien et à forcer Kiev à accepter les conditions russes. Elle doit être condamnée sans équivoque et combattue avec détermination. La communauté internationale doit fournir à l’Ukraine les moyens de se défendre efficacement, notamment des systèmes de défense aérienne avancés pour protéger les civils et les infrastructures critiques. En même temps, les efforts diplomatiques doivent s’intensifier pour trouver une solution négociée qui respecte les principes fondamentaux du droit international et les aspirations légitimes du peuple ukrainien. Cette double approche, combinant soutien militaire et pression diplomatique, offre la meilleure chance d’aboutir à une paix juste et durable.
L’histoire jugera notre génération sur la façon dont nous avons répondu à cette crise. Avons-nous défendu les principes que nous prétendons chérir ou avons-nous cédé au cynisme et à l’opportunisme? Avons-nous soutenu un peuple qui se bat pour sa liberté ou l’avons-nous abandonné par lassitude et calcul égoïste? Ces questions ne sont pas rhétoriques. Elles exigent des réponses concrètes sous forme d’actions et d’engagements. L’Ukraine ne demande pas la charité mais la solidarité. Elle ne demande pas qu’on se batte à sa place mais qu’on lui donne les moyens de se défendre. Elle ne demande pas de promesses vides mais des garanties concrètes. Ces demandes sont raisonnables et justes. La communauté internationale a le devoir moral et l’intérêt stratégique de les satisfaire. L’alternative, un monde où l’agression est récompensée et où les règles ne comptent plus, serait catastrophique pour tous. Le moment d’agir est maintenant. Demain sera trop tard.
Je termine cet article avec un sentiment mélangé d’espoir et d’angoisse. Espoir parce que la paix semble enfin possible après quatre années d’horreur. Angoisse parce que je sais combien elle est fragile, combien elle peut être sabotée par un mensonge russe, par une hésitation américaine, par une division européenne. L’Ukraine mérite mieux que cette incertitude perpétuelle. Elle mérite la paix. Elle mérite la justice. Elle mérite de reconstruire son pays et de vivre sans la menace constante de l’agression russe. Mais mériter ne suffit pas dans ce monde cruel. Il faut se battre pour obtenir ce qu’on mérite. Et l’Ukraine se bat depuis quatre ans avec un courage qui force l’admiration. Maintenant, c’est à nous, le reste du monde, de faire notre part. De tenir nos promesses. De fournir le soutien nécessaire. De ne pas abandonner quand les choses deviennent difficiles. L’Ukraine compte sur nous. L’histoire nous regarde. Ne la décevons pas.
Sources
Sources primaires
The Cradle – Zelensky says Russia sabotaging peace talks hours after attack on Putins residence – 29 décembre 2025. Le Monde – Zelensky denies Ukraine attacked Putins residence accuses Russia of lies – 29 décembre 2025. The Guardian – Zelenskyy accuses Russia of trying to sabotage peace talks with typical Russian lies – 29 décembre 2025. Euronews – Lavrov threatens Kyiv after alleged drone attack on Putins residence – 29 décembre 2025. BBC News – Trump says progress made in Ukraine talks but thorny issues remain – 29 décembre 2025.
Sources secondaires
Reuters – Trump says US and Ukraine a lot closer on peace deal but thorny issues remain – 28 décembre 2025. Al Jazeera – Trump Zelenskyy hail progress towards Russia-Ukraine peace deal – 28 décembre 2025. CBS News – As Trump claims progress Russia says Ukrainian attempt – 29 décembre 2025. Politico – Russia again appears to throw cold water on hopes for a Ukrainian peace deal – 29 décembre 2025. The New York Times – Russia Threatens to Toughen Its Stance on Ending the War – 29 décembre 2025.
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