Cet été, la fièvre Labubu s’est transformée en cauchemar pour des milliers de parents, d’enfants et de collectionneurs français : les douanes ont stoppé net la vague de contrefaçons en interceptant des dizaines de milliers de fausses peluches sur les routes du pays. Le jouet star, devenu viral sur les réseaux et iconique dans les cours d’école, s’est retrouvé au cœur d’un trafic massif qui expose – dans toute sa violence et sa perversité – le vrai visage du marché noir du jouet en 2025.
Explosion, engouement, tromperie, arnaques… Derrière chaque peluche Labubu se cachent des histoires de désillusion et de colère, des rêves d’enfant fracassés sur le bitume de Mulhouse ou dans la poussière des entrepôts de Moselle. C’est le choc, la stupeur, la rage. Quarante-cinq mille peluches saisies en quelques jours, des palettes entières, des camions bourrés de copies et une enquête qui soulève un voile inquiétant sur la capacité des faussaires à inonder les villes et les villages, du plus grand centre commercial aux petits dépanneurs de quartier.
Des chiffres qui donnent le vertige

La saisie record des douanes françaises
Le point culminant de l’été s’est joué le 31 juillet 2025, lorsque les agents ont intercepté un camion venant de l’étranger avec à son bord 25 000 fausses Labubu prêtes à envahir le territoire. Plusieurs autres opérations, menées entre le 30 juillet et le 20 août, ont permis de porter le total des prises à plus de 45 000 peluches contrefaites. Le décor est posé : jamais les forces douanières françaises n’avaient observé un trafic aussi massif de jouets contrefaits.
Sur la frontière luxembourgeoise, les palettes s’empilent, des montagnes de peluches faussement douces, à l’apparence de lapin-monstre, mais cache-misère pour un business illégal de plusieurs millions d’euros… Et dire qu’il ne s’agit que de la pointe de l’iceberg.
Le poids économique du phénomène
Le marché de la copie ne chôme pas. En Moselle, en une seule matinée d’août, ce sont quatorze palettes – soit 28 000 articles de contrefaçon – qui sont tombés sous le coup des contrôles, incluant nombre de peluches Labubu. L’inventaire donne le tournis : chaque faux jouet représente une infraction, une perte pour la marque Pop Mart, et surtout un risque insidieux pour les familles et les enfants.
Le chiffre résonne comme un avertissement. Derrière chaque peluche, une filière, une technique d’importation, une faille béante dans la logistique du jouet en Europe. Le Labubu, créature innocentée par sa bouille, incarne dorénavant – contre son gré – la guerre moderne du jouet.
Des réseaux internationaux organisés
La Chine, plaque tournante historique de la production Labubu authentique, s’est retrouvée elle-même submergée par la vague de faux. Les douanes de Shanghai, Wuhan, Ningbo et Beilun ont saisi des centaines de produits et des milliers de clés, boîtes et peluches imitant Labubu. Les faussaires agissent avec une rapidité et une inventivité déconcertantes : chaque nouvelle édition, chaque nouveauté Pop Mart, est répliquée, embarquée dans des conteneurs, puis expédiée vers l’Europe par Rotterdam ou Anvers.
Le schéma est classique et diabolique : réseaux de contrebande, enchères sauvages, vente via plateformes parallèles… Le tsunami Labubu ne connaît aucune limite géographique ni morale. Personne n’est à l’abri.
L’arnaque qui broie les rêves d’enfance

Des enfants floués, des parents révoltés
La vague de faux Labubu a laissé sur son passage des familles dévastées. Au Québec comme en France, des enfants ont sacrifié leurs économies pour s’offrir le Graal… et n’ont reçu qu’une pâle copie. Des parents racontent la tristesse de leur progéniture, la honte de s’être fait duper, la colère face à des vendeurs qui ne s’excusent même pas, ou qui remboursent à contrecœur après avoir été pris la main dans le sac.
La peluche Labubu, promise comme le jouet de l’année, vire au cauchemar. Sur les réseaux, le mot « Lafufu » circule – moquerie cruelle envers les faux. L’espoir se transforme en doute, la confiance explose. Les familles sont touchées dans leur fierté, leur naïveté, leur besoin de croire que tout n’est pas fake dans le grand cirque du business du jouet.
Les vendeurs sans scrupules surfent sur la tendance
Petits commerces, dépanneurs de quartier, plateformes de vente en ligne… tous ont été contaminés. Certains professionnels, de bonne foi, ont écoulé des peluches Labubu persuadés de leur authenticité, pour découvrir trop tard qu’ils participaient à une chaîne de fraude. D’autres, moins candides, ont profité du phénomène viral pour vendre à gros prix des répliques, s’abritant derrière des clauses minuscules ou des sites web aux visuels trompeurs.
Il faut dire que la tentation est grande : le prix du Labubu explose et le stock officiel est en rupture partout dans le monde. Les acheteurs, affamés, se tournent vers le marché noir, parfois par désespoir, parfois par ignorance. L’économie souterraine du jouet prospère, à la vitesse d’un tweet, d’un post Instagram, d’un message sur Telegram.
Un impact psychologique difficile à mesurer
L’humiliation, la frustration, la peur d’être à nouveau trompé… Les effets psychologiques dépassent largement la simple perte financière. Des enfants se retrouvent exclus de leur groupe d’amis, moqués pour leur peluche “louche”, tandis que les parents se sentent impuissants et coupables. Les réseaux sociaux, eux, amplifient le phénomène, rendent la honte publique, instantanée, virale.
Le Labubu, censé célébrer la différence, devient paradoxalement l’arme d’une exclusion nouvelle. Ce n’est plus seulement une affaire de douanes : c’est une faille dans le tissu social.
Le jouet viral devenu poison pour ses fans

L’ascension fulgurante de Labubu
Créé en 2015 par Kasing Lung, Labubu – la créature mi-monstre, mi-lapin, star de Pop Mart – s’est imposé comme le phénomène viral de la décennie. Ses ventes explosent, ses éditions limitées s’arrachent en quelques minutes… et le monde entier se l’arrache. Au Canada, la demande explose. À peine les stocks sortis que tout disparaît, les rayons se vident, les enfants pleurent. C’est la folie des grandeurs, la consommation qui dévore les frontières et anesthésie les garde-fous du réel.
Labubu ne serait que l’innocence pure, le jouet des possibles, si le marché de la contrefaçon n’était venu gâcher la fête. Le sanglot des acheteurs floués remplace la joie des collectionneurs comblés. Le jouet viral devient le poison qui infecte toute une génération.
La pénurie alimente le marché noir
La rareté s’installe. Les stocks officiels sont vides. Les prix flambent : un Labubu authentique peut dépasser les 4 700 $ sur les plateformes d’enchères en Chine. Face à cette inflation, le faux prolifère, le danger guette. L’appât du gain, l’urgence de consommer, l’obsession de posséder… Voilà le cocktail toxique qui nourrit la filière de la contrefaçon.
En Europe, comme en Asie, c’est la même histoire. Quand le désir d’un jouet devient déraison, le marché noir se frotte les mains et les familles pleurent leurs pertes. La pénurie, loin de freiner l’achat, ne fait que pousser à la transgression.
L’énorme impact sur la santé et la sécurité
Le danger ne se limite pas à l’arnaque financière. Les peluches Labubu de contrefaçon ne respectent aucune norme européenne ou internationale. Matières toxiques, pièces détachables, absence de contrôle qualité… Les faux jouets représentent une menace concrète pour la santé des enfants.
Les douaniers de Moselle, effarés, tirent la sonnette d’alarme : un enfant peut risquer sa vie en serrant dans ses bras une peluche fantasque fabriquée à la va-vite dans une usine clandestine. Ici, la viralité n’est plus un jeu – c’est une tragédie.
La contrefaçon Labubu : cyber-escrocs et sites fantômes

Arnaques numériques massives
Au cœur de l’été, le phénomène Labubu a été détourné par des cybercriminels inventifs. Plusieurs sites frauduleux ont vu le jour, promettant la peluche “officielle” à prix bradé, jouant sur le sentiment d’urgence et la peur de passer à côté d’une bonne affaire. Résultat : des consommateurs ont reçu soit des “Lafufu” de qualité médiocre, soit… rien du tout. Colis vides, faux avis, promotions faramineuses – la jungle du web dévore sans scrupule les rêves des plus naïfs. Les escrocs profitent de la viralité du jouet pour engranger des milliers d’euros, laissant derrière eux désillusion et frustration aigüe.
Cette dérive numérique n’épargne personne : ni les familles, ni les collectionneurs, ni les influenceurs qui, parfois sans le savoir, promeuvent des contrefaçons. Les revendeurs se livrent à une course effrénée, tripatouillant les présentations et rajoutant même de faux autocollants d’authentification pour embrouiller encore un peu plus les pistes. Le marché officiel, pris à revers, semble impuissant.
Des fausses peluches aux dangers insidieux
Les fausses Labubu ne sont pas qu’une arnaque touchant le portefeuille : elles mettent en péril la santé des enfants. Fabriquées avec des matériaux douteux, bourrées de petites pièces détachables, elles échappent aux normes européennes. Les cas d’étouffement se multiplient, les alertes tombent aux États-Unis comme en France. Derrière la douceur vendue en vitrine se cache un risque mortel – et une légèreté tragique des escrocs qui ne voient jamais le visage de l’enfant qui serre le jouet contre lui.
L’enjeu est mondial, la vigilance s’impose. Les familles cherchent des signes d’authenticité, mais les faussaires perfectionnent leurs copies – faux hologrammes, faux packaging, fausses garanties. Le sentiment d’urgence crée la panique et le marché officiel, asphyxié, court après son propre succès, incapable de protéger ce qu’il a lui-même généré.
Une hystérie collective orchestrée

Des peluches jusqu’à la folie
La Labubu s’est imposée comme symbole viral de 2025, objet de toutes les convoitises, jusqu’à générer des scènes d’émeute dans les boutiques et des files d’attente interminables. De Berlin à Londres, des milliers de personnes patientent des heures dans l’espoir de décrocher le Graal. À l’ouverture d’un magasin Labubu à Berlin, sept heures de queue n’ont pas suffi à assouvir la soif d’achat. À Londres, la vente a été stoppée après des débordements hors normes.
Cet engouement, savamment alimenté par la marque Pop Mart, propulse la peluche hors de sa simple fonction mignonne. Elle devient totem, accessoire de mode, effigie de gâteau d’anniversaire, même pour Madonna. Mais la rareté, l’envahissement et le manque de contrôle transforment l’euphorie en frustration et parfois en violence, avec cambriolages et razzias relayés dans les médias.
Le business double face de Pop Mart
Pop Mart, créateur officiel du Lapubu, orchestre la pénurie à coups de tirages au sort, collaborations et éditions limitées. Dix millions d’exemplaires vendus chaque mois… sans réussir à répondre à la demande partout. Cette stratégie s’appuie sur la frustration collective et la rareté, mais le revers est brutal : plus Pop Mart ralentit ses stocks, plus la copie explose, plus le marché noir s’épanouit.
La guerre entre l’original et la contrefaçon s’intensifie. Chaque peluche achetée hors des canaux officiels fragilise Pop Mart, tout en faisant exploser la bulle spéculative. Les enfants ne veulent plus seulement une peluche, ils veulent un badge social, un ticket d’entrée dans une communauté mondiale fascinée… et exposée à tous les risques.
Conséquences économiques dévastatrices

Explosion des contrefaçons : un marché parallèle vorace
Le business du faux Labubu pèse aujourd’hui des millions d’euros. Un réseau démantelé à Shanghai en juillet 2025 cachait déjà plus de 5 000 peluches, pour un butin estimé à 1,7 million de dollars — et ce n’est qu’un point du réseau mondial. En France, les faussaires pillent l’économie du jouet officiel : chaque peluche achetée hors circuit est une perte pour Pop Mart, une fraude pour le fisc, une blessure ouverte pour la filière artisanale et créative.
Les fraudeurs intègrent même les faux autocollants anti-fraude pour brouiller les pistes, rendant la traque des douaniers encore plus laborieuse. Ce marché parallèle détériore aussi la réputation des marques et injecte une angoisse constante chez les consommateurs, qui ne savent plus à qui faire confiance. La rareté, brandie comme argument commercial par Pop Mart, se retourne contre la marque, fragilisant son modèle et son image.
Un impact mondial, du Canada à la Californie
Cette crise du faux Labubu s’étend bien au-delà de la France. Au Canada, la demande explose, rendant l’arnaque plus facile. Aux États-Unis, des boutiques entières sont braquées pour récupérer la peluche star, et jusqu’à Singapour, des familles volent les machines attrape-jouets dans l’espoir d’obtenir le modèle convoité.
Le phénomène prend une ampleur pathologique : le faux Labubu circule sur tous les continents, dans chaque colis venu d’internet, dans chaque conversation TikTok, Instagram ou Telegram. Le business ne connaît plus de frontières, et l’avidité remplace la prudence dans cette économie parallèle où la peluche, au départ inoffensive, devient la monnaie d’un marché globalisé.
L’obsession, la peur et la nouvelle norme sociale

La naissance d’une nouvelle anxiété parentale
Face à la prolifération de copies, la question de la sécurité s’impose désormais comme premier critère d’achat. Les parents, jadis confiants, scrutent chaque détail, demandent des preuves d’authenticité, cherchent le fameux hologramme au pied de la peluche. Cette paranoïa nouvelle déteint sur la cellule familiale, crée des tensions et encourage la vigilance à outrance. L’obsession du faux remplace celle du vrai, la peur de mal acheter est devenue norme sociale.
Pour les enfants, l’incertitude remplace la joie. Acheter un Labubu n’est plus simplement un plaisir, mais une course d’obstacles, une épreuve. Le jouet perd sa magie, et la famille s’enferme dans une traque du détail, du label, du certificat. L’angoisse gagne du terrain, chaque achat de peluche devient un pari.
L’effondrement de la confiance dans le marché du jouet
Les consommateurs, habitués à une certaine fiabilité, voient s’effriter leur confiance dans les marques et les revendeurs. La vague de faux Labubu bouscule la réputation du marché du jouet, brouille la frontière entre l’original et la copie. Chaque nouvelle arnaque, chaque promotion douteuse, chaque peluche détachée fait du tort au secteur dans son ensemble.
La marque Pop Mart, idolâtrée jusqu’ici, doit repenser sa stratégie, communiquer massivement sur la qualité, rassurer ses clients. La bataille de l’image s’intensifie, la guerre de la crédibilité fait rage. Il ne suffit plus d’assurer la qualité, il s’agit désormais de piloter la confiance à chaque instant, de reconstruire le lien brisé par la crise du faux.
Labubu, poison ou révélation ? L’ironie du jouet viral

Transformation sociale et symbolique
Labubu, simple plaisanterie au départ, s’est muée en révélateur social. Le jouet viral n’est plus un objet inoffensif, mais un miroir de nos failles collectives : obsession, tricherie, anxiété, et recherche de statut social. Le faux Labubu n’est pas seulement une menace, c’est la preuve vivante que le succès d’un produit peut faire trembler les bases morales d’une société.
Mais reconnaître ce poison, c’est aussi l’occasion de sonder en profondeur : pourquoi avons-nous besoin d’un symbole comme Labubu ? Qu’est-ce qui, dans sa bouille étrange, suscite la démesure ? Le business du jouet viral est-il le reflet de la grande anxiété contemporaine ? L’ironie plane, grinçante, au-dessus de chaque achat compulsif.
Sortir enfin du cycle infernal
La tragédie Labubu force à l’introspection. La société doit apprendre à détecter la copie, à refuser les fausses promesses. Aucune autorité, aucune marque n’est à l’abri d’une telle vague. La force du jouet viral, c’est sa capacité à révéler l’extrême porosité du marché global, la fragilité de nos comportements, l’immense vulnérabilité du collectif face à un simple accessoire de mode.
Le Labubu, par la folie qu’il a générée, condamne le marché du jouet à une révolution urgente. La sécurité, la traçabilité, la pédagogie auprès des familles deviennent des enjeux cruciaux – et le marché noir doit être traqué, sans relâche, partout où il sévit.
Conclusion

Rayé de son innocence, le Labubu star de l’été 2025 cristallise les tensions, les peurs, les frustrations. Entre matière à scandale, objet de marché noir et catalyseur d’angoisses sociales, la peluche s’est arrachée tous les masques. L’invasion des copies la condamne à incarner le malaise d’une génération attachée à la possession, mais piégée par la tromperie et le chaos digital. Le business du faux, l’hystérie collective, la paranoïa parentale… Tout converge pour faire de la saga Labubu le tremblement de terre du marché du jouet contemporain.
L’heure est venue de restaurer la confiance, de repenser l’achat, d’apprendre à distinguer l’authentique de l’artifice. Les douanes continueront à sévir, les familles à scruter, les faussaires à innover – mais il faudra bien plus qu’une saisie pour réparer l’enfance volée et redonner au jouet sa magie originelle. Labubu, poison, icône ou révélateur ? Seule la société décidera ce qu’elle veut garder… ou perdre, à jamais.