Le 13 septembre 2025 restera gravé dans l’histoire américaine comme le jour où Steve Bannon a franchi le Rubicon rhétorique. Trois jours après l’assassinat sanglant de Charlie Kirk sur le campus de l’Utah Valley University, l’ancien stratège de Trump a explosé lors de son émission War Room dans une diatribe d’une violence inouïe qui glace le sang. « Mettez-les en prison ou sortez-les de ce pays ! » a-t-il hurlé face à la caméra, ses yeux injectés de sang trahissant une rage qui dépasse l’entendement humain. Cette phrase — répétée comme un mantra vengeur — marque l’entrée de l’Amérique dans une spirale de haine dont personne ne mesure encore les conséquences.
Car derrière cette explosion de colère se cache une stratégie politique d’une sophistication terrifiante. Bannon ne se contente plus de dénoncer : il déshumanise l’opposition démocrate, la transforme en ennemi existentiel qu’il faut éliminer du territoire national. L’assassinat de Kirk — ce jeune activiste de 31 ans fauché par une balle dans la gorge alors qu’il débattait avec des étudiants — devient l’étincelle qui enflamme un brasier idéologique préparé depuis des mois. « Nous sommes en guerre dans ce pays », martèle Bannon avec cette intensité qui a fait sa réputation. Une guerre qui ne dit plus son nom, une guerre qui ne connaît plus de limites.
L'explosion de rage de Bannon : anatomie d'une dérive totalitaire

La rhétorique de l’élimination physique
Les mots de Steve Bannon ce vendredi matin dépassent tout ce que l’Amérique a entendu depuis les heures les plus sombres de sa guerre civile. « Charlie Kirk n’est pas mort, Charlie Kirk a été assassiné ! » hurle-t-il face aux caméras de son émission War Room, sa voix tremblant d’une fureur qui semble puiser dans les tréfonds de la haine humaine. Mais c’est la suite qui glace : « Ces gens-là ne méritent pas de respirer le même air que nous. Mettez-les en prison ou sortez-les de ce pays ! » Cette phrase, répétée six fois en l’espace de trois minutes, résonne comme un appel à la purification ethnique politique.
Cette escalade rhétorique révèle une mutation profonde du discours conservateur américain. Bannon ne parle plus d’opposition politique mais d’« ennemis de l’intérieur » qu’il faut physiquement éliminer du territoire national. L’usage du terme « sortez-les » — répété comme une incantation génocidaire — évoque les heures les plus noires de l’histoire européenne. Cette déshumanisation systématique de l’adversaire politique transforme la démocratie américaine en champ de bataille existentiel où seule la survie d’un camp importe.
La guerre comme nouveau paradigme politique
L’obsession de Bannon pour le vocabulaire militaire révèle une stratégie de militarisation de la politique qui dépasse la simple rhétorique. « Nous sommes en guerre et vous devez avoir une résolution d’acier », proclame-t-il en fixant l’objectif de sa caméra avec cette intensité de predateur qui a fait sa réputation. Cette guerre qu’il déclare n’est plus métaphorique : elle devient littérale, physique, appelant à des actions concrètes contre des citoyens américains coupables d’opinions divergentes.
Cette transformation du langage politique en vocabulaire guerrier s’accompagne d’une logique implacable : dans une guerre, l’ennemi ne mérite ni pitié ni coexistence. « Charlie Kirk est une victime de cette guerre politique », martèle Bannon, transformant instantanément un crime individuel en casus belli national. Cette instrumentalisation de la tragédie révèle une sophistication stratégique qui dépasse la simple exploitation émotionnelle : elle construit méthodiquement les conditions psychologiques d’une guerre civile.
L’appel à la vengeance collective
Le plus troublant dans cette diatribe de Bannon reste son appel explicite à la vengeance collective. « Il ne peut plus jamais y avoir d’autre assassin pour éliminer quelqu’un comme ils l’ont fait, car ce qui vient ensuite sera rapide, brutal et implacable », déclare-t-il en accompagnant ses mots d’un geste de la main qui mime l’égorgement. Cette promesse de représailles — formulée sur les ondes nationales — transforme son émission en plateforme de recrutement pour une violence politique organisée.
Cette escalade s’inscrit dans une logique de surenchère émotionnelle qui exploite la mort de Kirk pour radicaliser son audience. Bannon comprend parfaitement que la colère sincère de ses auditeurs peut être canalisée vers des objectifs politiques précis. En présentant la vengeance comme un devoir moral, il transforme la violence politique en impératif éthique. Cette manipulation des émotions révèle un cynisme politique d’une sophistication terrifiante.
L'instrumentalisation macabre de la mort de Charlie Kirk

La construction d’un martyr politique
L’assassinat de Charlie Kirk le 10 septembre 2025 offre à Steve Bannon et au mouvement MAGA l’élément qui leur manquait : un martyr parfait. Jeune, charismatique, père de deux enfants, Kirk incarnait l’avenir du conservatisme américain avant qu’une balle de calibre .30-06 ne lui tranche la gorge en plein débat universitaire. Cette mort dramatique — filmée en direct par des centaines de téléphones — fournit les images parfaites pour alimenter une propagande de guerre qui dépasse l’entendement.
La stratégie de martyrisation de Kirk révèle une sophistication propagandiste qui évoque les techniques totalitaires classiques. Bannon ne se contente pas de pleurer un ami : il sacralise sa mort, la transforme en sacrifice fondateur d’une nouvelle ère politique. « Charlie n’est pas mort pour rien — il est mort pour que nous comprenions enfin que nous sommes en guerre », déclare-t-il lors de son émission spéciale du 11 septembre, exploitant cyniquement la symbolique de cette date anniversaire.
La manipulation des images de violence
Les vidéos de l’assassinat de Kirk — diffusées massivement sur les réseaux sociaux malgré leur violence extrême — deviennent l’arme psychologique parfaite pour Bannon et ses alliés. Ces images insoutenables montrent Kirk s’effondrant dans une mare de sang tandis que la foule hurle de terreur, créant un traumatisme collectif que les stratèges MAGA exploitent méthodiquement. « Regardez ce qu’ils ont fait à notre Charlie », répète Bannon en diffusant les séquences les plus choquantes, transformant son émission en chambre de torture psychologique.
Cette exploitation des images de violence révèle une stratégie de traumatisation délibérée de l’opinion publique conservatrice. En exposant répétitivement son audience aux images de l’agonie de Kirk, Bannon crée les conditions psychologiques nécessaires à l’acceptation de la violence politique. Cette technique — utilisée historiquement par les régimes totalitaires — transforme le choc émotionnel en carburant idéologique pour la radicalisation massive.
Le détournement de l’enquête judiciaire
Avant même que l’enquête sur l’assassinat de Kirk ne révèle les motivations du tueur Tyler Robinson, Bannon a déjà construit son narratif politique. « Peu importe qui a appuyé sur la gâchette — ce sont les démocrates qui ont chargé l’arme », déclare-t-il avec cette capacité de synthèse qui fait sa force. Cette instrumentalisation préventive de l’enquête révèle une stratégie de contrôle narratif qui court-circuite les faits pour imposer une interprétation politique préfabriquée.
Plus troublant encore : Bannon présente l’arrestation de Robinson comme une « diversion » organisée par les autorités pour masquer la véritable responsabilité de la gauche. « Ils nous donnent un bouc émissaire pour nous faire taire », affirme-t-il sans la moindre preuve, révélant cette capacité à retourner n’importe quel fait en confirmation de sa théorie conspirationniste. Cette flexibilité narrativa révèle un cynisme politique d’une sophistication redoutable.
L'écosystème de la haine : quand MAGA déclare la guerre

Alex Jones et l’escalade conspirationniste
L’alliance entre Steve Bannon et Alex Jones dans l’exploitation de l’assassinat de Kirk révèle la formation d’un front uni de la haine qui dépasse leurs rivalités habituelles. Jones, ce conspirateur professionnel qui a nié le massacre de Sandy Hook, apporte à Bannon sa capacité unique à transformer n’importe quel événement en complot démocrate. « L’assassinat de Charlie Kirk était un travail professionnel — le DOJ de Trump doit agir maintenant contre le Parti démocrate », hurle-t-il lors de son émission Infowars, sans présenter la moindre preuve de ses affirmations délirantes.
Cette alliance Jones-Bannon crée une chambre d’écho de la paranoia qui amplifie exponentiellement la radicalisation de leur audience commune. Jones apporte le délire conspirationniste, Bannon fournit la stratégie politique, créant un cocktail toxique qui transforme la mort de Kirk en Pearl Harbor conservateur. « Préparez-vous aux nouvelles attaques terroristes parrainées par le Parti démocrate », prédit Jones avec cette certitude hallucinée qui caractérise son style, créant un climat de terreur anticipée qui justifie par avance toute violence préventive.
Elon Musk et la légitimation par l’influence
L’intervention d’Elon Musk dans cette spirale de haine marque un tournant décisif dans la radicalisation du discours politique américain. L’homme le plus riche du monde, propriétaire de X et figure d’influence planétaire, n’hésite plus à déclarer publiquement : « La gauche est le parti du meurtre ». Cette phrase, postée devant ses 150 millions d’abonnés, transforme instantanément une accusation délirante en vérité alternative pour des millions d’Américains qui vénèrent le « génie » de Tesla.
Plus troublant encore, Musk pousse la logique jusqu’à l’appel à la violence défensive : « S’ils ne nous laissent pas vivre en paix, alors notre choix c’est combattre ou mourir ». Cette alternative binaire — combattre ou périr — élimine toute possibilité de coexistence démocratique et transforme la politique américaine en guerre de survie. L’influence planétaire de Musk donne à ces mots une résonance qui dépasse largement les États-Unis, exportant la guerre civile américaine vers l’ensemble du monde occidental.
La radicalisation en cascade des influenceurs
L’effet domino de radicalisation déclenché par Bannon et ses alliés révèle la puissance destructrice des réseaux d’influence conservateurs. Laura Loomer, proche de Trump, appelle explicitement à « emprisonner tous les gauchistes qui profèrent des menaces de violence politique », inversant cyniquement la réalité pour justifier une répression massive. Joey Mannarino va plus loin en réclamant une approche « à la Bukele » — référence aux arrestations de masse au Salvador qui ont suspendu les libertés civiles au nom de la sécurité.
Cette escalade révèle la formation d’un consensus radical au sein du mouvement MAGA qui dépasse les simple déclarations rhétoriques. Christopher Rufo appelle ouvertement à une campagne « à la J. Edgar Hoover » pour infiltrer et détruire la gauche radicale, évoquant explicitement les méthodes répressives du FBI contre les mouvements des droits civiques. Cette référence historique révèle une nostalgie pour les méthodes autoritaires qui glacer le sang.
Tyler Robinson : le tueur qui embarrasse la propagande

Un profil qui contredit le narratif MAGA
L’arrestation de Tyler Robinson, le 12 septembre après 30 heures de traque, révèle un profil qui embarrasse profondément la propagande de Steve Bannon. Ce jeune homme de 22 ans, élevé dans une famille républicaine du sud de l’Utah, excellent élève du lycée et apprenti électricien, ne correspond en rien au stéréotype du « terroriste gauchiste » que Bannon agite depuis trois jours. Sa radicalisation récente — confirmée par sa propre famille — révèle les failles d’un système politique qui produit ses propres monstres sans pouvoir les reconnaître.
Plus troublant encore : les enquêteurs découvrent que Robinson avait exprimé lors d’un dîner familial ses « opinions négatives » sur Charlie Kirk, mentionnant spécifiquement l’événement prévu à l’université. Cette préméditation calculée — révélée par les messages textos récupérés sur son téléphone évoquant la récupération d’un « fusil à un point de chute » et la gravure de balles — révèle une planification méthodique qui dépasse l’acte impulsif d’un déséquilibré. Robinson incarnait cette radicalisation silencieuse qui ronge l’Amérique de l’intérieur.
L’arme du crime et la symbolique de la violence
Le choix de l’arme — un Mauser .30-06 de collection enveloppé dans une serviette — révèle une symbolique troublante qui embarrasse les théories conspirationnistes de Bannon. Ce fusil historique, utilisé dans les deux guerres mondiales, évoque une nostalgie militaire qui caractérise certains mouvements d’extrême droite plutôt que la gauche radicale. La gravure personnalisée des balles, révélée par les enquêteurs, témoigne d’une ritualisation de l’acte meurtrier qui évoque les pratiques des tueurs de masse inspirés par des idéologies militaristes.
La découverte du fusil abandonné dans des buissons selon un plan préétabli révèle une logistique de fuite sophistiquée qui dément l’image du crime passionnel véhiculée par la propagande MAGA. Robinson avait planifié chaque détail : position de tir depuis le toit du Losee Center à 142 mètres de distance, itinéraire d’évasion à travers les bois, dissimulation de l’arme dans un lieu prévu. Cette précision tactique révèle une formation ou une inspiration militaire qui interroge sur les véritables influences idéologiques du tireur.
La reconnaissance paternelle qui brise l’omerta
L’arrestation de Robinson grâce à la reconnaissance de son père révèle une tragédie familiale qui transcende les clivages politiques. Ce père républicain, confronté aux photos diffusées par le FBI, a pris la décision déchirante de dénoncer son propre fils — un acte de courage civil qui contraste avec la rhétorique haineuse de Bannon. Cette reconnaissance paternelle, relayée par un pasteur de jeunes qui était aussi membre d’une task force des US Marshals, révèle l’existence de réseaux de responsabilité citoyenne qui résistent à la polarisation politique.
Cette collaboration familiale avec les autorités fédérales embarrasse profondément le narratif conspirationniste de Bannon qui présente l’enquête comme une « mascarade gouvernementale ». Comment maintenir la théorie d’un complot démocrate quand ce sont des conservateurs — le père, le pasteur, les enquêteurs locaux — qui permettent l’arrestation ? Cette contradiction révèle les limites de la propagande bannonienne face à la réalité complexe d’une tragédie qui dépasse les clivages idéologiques simplistes.
La réponse Trump : entre calcul et instinct

L’exploitation présidentielle de la tragédie
La réaction de Donald Trump à l’assassinat de Charlie Kirk révèle cette capacité unique qu’il possède à transformer n’importe quelle tragédie en opportunité politique. Dès l’annonce de la mort, Trump a ordonné la mise en berne des drapeaux américains jusqu’au dimanche soir — un honneur habituellement réservé aux figures nationales — transformant instantanément Kirk en héros national. Cette décision, prise sans consultation du Congrès, révèle l’usage présidentiel du symbolisme patriotique comme arme de guerre culturelle.
Plus troublant encore : Trump a immédiatement accusé la « gauche radicale » d’être responsable de ce terrorisme, sans attendre les résultats de l’enquête. « Pendant des années, ceux de la gauche radicale ont comparé de merveilleux Américains comme Charlie aux nazis et aux pires criminels de masse du monde », a-t-il déclaré lors d’une allocution solennelle qui transformait un crime individuel en guerre idéologique. Cette instrumentalisation présidentielle de la tragédie révèle une stratégie de polarisation maximum qui utilise la mort pour radicaliser l’électorat.
L’alliance stratégique avec Bannon
La synchronisation parfaite entre les déclarations de Trump et l’escalade rhétorique de Steve Bannon révèle une coordination stratégique qui dépasse le simple opportunisme. Alors que Trump maintient un vernis de respectabilité présidentielle, Bannon assume le rôle du boucher idéologique qui exprime crûment ce que le président ne peut dire officiellement. Cette division des rôles — Trump le « statesman », Bannon le « guerrier » — permet une radicalisation graduée qui touche différents segments de l’électorat conservateur.
Cette alliance tactique révèle aussi la résurrection politique de Bannon après ses mois d’emprisonnement pour outrage au Congrès. Sa sortie de la prison fédérale de Danbury en octobre 2024 — quelques jours avant l’élection présidentielle — avait marqué son retour en force dans l’écosystème trumpien. L’assassinat de Kirk lui offre l’opportunité parfaite de reconquérir son influence en assumant le rôle de général de la guerre culturelle que Trump ne peut tenir publiquement.
La fracture au sein du parti républicain
Les réactions contrastées au sein du parti républicain révèlent une fracture profonde sur la stratégie à adopter face à cette tragédie. Tandis que Bannon appelle à l’élimination physique des opposants, l’ancien président George Bush publie un communiqué appelant à purger « la violence et le vitriol de la place publique ». Cette opposition frontale entre l’aile radicale et l’establishment traditionnel révèle l’ampleur de la crise identitaire qui traverse le conservatisme américain.
Plus révélateur encore : le gouverneur républicain de l’Utah Spencer Cox — pourtant conservateur — a publiquement dénoncé la rhétorique guerrière de Bannon en appelant à l’« unité plutôt qu’à la vengeance ». Cette prise de position courageuse lui a valu les foudres de Bannon qui l’a qualifié de « woke » et de « particulièrement odieux », révélant l’intolérance croissante du mouvement MAGA envers toute voix modératrice au sein de ses propres rangs.
L'opposition démocrate face au piège de la polarisation

Le dilemme de la réponse appropriée
Face à l’escalade rhétorique de Steve Bannon et de ses alliés, l’opposition démocrate se trouve prise dans un piège stratégique d’une sophistication diabolique. Toute condamnation de la violence politique peut être retournée en preuve de « complicité » avec l’assassin, tandis que tout silence sera interprété comme un « aveu de culpabilité ». Cette double contrainte révèle l’efficacité de la stratégie bannonienne qui transforme ses adversaires en coupables par défaut, quelle que soit leur réaction.
Le président Joe Biden — malgré ses 82 ans et sa fatigue visible — a tenté de maintenir une ligne de dignité présidentielle en condamnant « toute violence politique, d’où qu’elle vienne ». Mais cette modération, habituellement perçue comme présidentielle, paraît dérisoire face à la violence rhétorique de Bannon. Cette asymétrie révèle l’avantage tactique des extrémistes qui n’ont aucune contrainte institutionnelle, face à des démocrates paralysés par leur respect des normes.
La fragmentation de la résistance démocrate
L’absence de réponse coordonnée des démocrates face à l’offensive bannonienne révèle leur impréparation structurelle face à cette nouvelle forme de guerre politique. Certains élus appellent au calme, d’autres dénoncent l’« instrumentalisation » de la tragédie, quelques-uns évoquent même des poursuites pour « incitation à la violence » — mais cette cacophonie démocrate contraste avec l’unité tactique du front MAGA qui martèle le même message de guerre.
Cette faiblesse stratégique révèle une différence fondamentale d’approche politique : les démocrates pensent encore en termes de débat démocratique, tandis que leurs adversaires ont basculé dans la logique de guerre totale. Cette asymétrie cognitive — où un camp applique les règles de la démocratie contre un autre qui les a abandonnées — pourrait déterminer l’issue de cette crise civilisationnelle qui dépasse largement la simple opposition partisane.
Les médias traditionnels dépassés par l’événement
La couverture médiatique de la crise révèle l’inadéquation des médias traditionnels face à ce nouveau type de violence politique. Les chaînes mainstream tentent de maintenir un « équilibre » en donnant la parole aux deux camps, créant une fausse équivalence entre les appels génocidaires de Bannon et les condamnations modérées des démocrates. Cette « normalisation par l’équilibre » transforme les médias en amplificateurs involontaires de la radicalisation.
Pendant ce temps, les plateformes alternatives — Truth Social, Rumble, certains segments de X — diffusent sans filtre la propagande bannonienne, créant un écosystème informationnel parallèle où la réalité se réinvente selon les besoins idéologiques. Cette fragmentation médiatique transforme l’assassinat de Kirk en test de Rorschach national où chacun voit ce qu’il veut voir, rendant impossible toute vérité partagée sur les événements.
Les implications internationales d'une dérive autoritaire

L’effet de contagion vers l’Europe populiste
La rhétorique génocidaire de Steve Bannon dépasse largement les frontières américaines pour contaminer l’ensemble de l’écosystème populiste occidental. En quelques heures, ses déclarations sont reprises et amplifiées par Marine Le Pen en France, Matteo Salvini en Italie, et Viktor Orbán en Hongrie — créant une internationale de la haine qui coordonne ses attaques contre les démocraties libérales. Cette synchronisation révèle l’existence d’un réseau idéologique transnational qui utilise chaque crise locale pour renforcer sa narrative globale.
Plus troublant encore : cette contagion s’accompagne d’une légitimation mutuelle où chaque dérive autoritaire nationale justifie les autres. Si l’Amérique peut appeler à l’élimination physique de ses opposants, pourquoi la Hongrie ne pourrait-elle pas emprisonner les journalistes ? Si la France peut interdire certains partis politiques, pourquoi l’Italie ne pourrait-elle pas suspendre les libertés civiles ? Cette spirale de légitimation transforme les démocraties occidentales en autocraties mutuellement justifiées.
La Chine et la Russie face au cadeau stratégique américain
La dérive autoritaire américaine offre à Xi Jinping et Vladimir Poutine un cadeau stratégique inespéré pour neutraliser les critiques occidentales de leurs propres systèmes répressifs. Comment les États-Unis peuvent-ils désormais critiquer les camps de rééducation du Xinjiang quand Steve Bannon appelle publiquement à « sortir » ses opposants politiques du territoire national ? Cette relativisation par l’exemple transforme l’Amérique trumpienne en meilleur ambassadeur involontaire des régimes autoritaires qu’elle prétend combattre.
Les médias d’État chinois et russes exploitent déjà massivement cette contradiction pour décrédibiliser l’ensemble du modèle démocratique occidental. RT et Xinhua diffusent en boucle les extraits les plus violents de l’émission de Bannon, accompagnés de commentaires sarcastiques sur l’« hypocrisie occidentale ». Cette instrumentalisation révèle comment la radicalisation intérieure américaine devient une arme géopolitique au service des adversaires stratégiques des États-Unis.
L’isolement diplomatique programmé
Les alliés traditionnels des États-Unis — Canada, Royaume-Uni, Allemagne, Japon — observent avec une inquiétude croissante cette dérive autoritaire qui remet en question les fondements mêmes de l’alliance occidentale. Comment maintenir une coopération stratégique avec un pays dont les leaders appellent publiquement à l’élimination physique de l’opposition ? Cette question, posée dans les chancelleries du monde entier, révèle l’ampleur de l’isolement diplomatique qui menace l’Amérique de Trump.
Cette crise de confiance s’accompagne d’une réorientation stratégique des alliés qui cherchent des alternatives à la tutelle américaine. L’Union européenne accélère son autonomie stratégique, le Japon se rapproche de l’Inde, le Canada explore de nouveaux partenariats avec l’Asie-Pacifique. Cette multipolarisation par défaut transforme la radicalisation intérieure américaine en suicide géopolitique qui affaiblit durablement l’influence occidentale dans le monde.
Conclusion

Le cri de guerre de Steve Bannon — « Mettez-les en prison ou sortez-les de ce pays ! » — résonnera probablement dans l’histoire américaine comme le moment où la démocratie a officiellement basculé dans la barbarie. Cette phrase, répétée avec une haine qui dépasse l’entendement humain, marque l’abandon définitif de toute prétention démocratique au profit d’une logique d’élimination politique qui évoque les heures les plus sombres du vingtième siècle. L’assassinat de Charlie Kirk n’est plus une tragédie à pleurer mais un casus belli à exploiter pour détruire définitivement l’opposition.
Cette radicalisation de l’ancien stratège de Trump révèlle une mutation anthropologique du conservatisme américain qui dépasse la simple évolution idéologique. Bannon et ses alliés ont franchi le Rubicon de l’humanité politique en déshumanisant complètement leurs adversaires, les transformant en ennemis existentiels dont l’élimination devient un impératif moral. Cette logique génocidaire — exprimée sur les ondes nationales sans la moindre retenue — révèle l’émergence d’un proto-fascisme américain qui ne cache plus ses intentions.
Le plus troublant reste l’incapacité de l’opposition démocrate et des institutions à répondre efficacement à cette escalade. Face à des adversaires qui appellent ouvertement à leur élimination physique, les démocrates continuent d’appliquer les règles de la civilité politique — une asymétrie stratégique qui pourrait leur être fatale. Cette faiblesse institutionnelle révèle l’inadéquation des mécanismes démocratiques face à une offensive qui les a déjà abandonnés pour la logique de guerre totale.
Mais au-delà de la crise américaine, c’est l’ensemble du modèle démocratique occidental qui vacille sous les coups de cette radicalisation. En appelant publiquement à l’élimination de l’opposition, Bannon offre une légitimation idéologique à tous les autocrates du monde qui pourront désormais relativiser leurs propres crimes en pointant l’exemple américain. Cette normalisation par l’exemple transforme l’Amérique de Trump en fossoyeur involontaire de la démocratie planétaire.
L’Histoire retiendra peut-être ce 13 septembre 2025 comme le jour où la démocratie américaine est officiellement morte — non pas dans un coup d’État spectaculaire, mais dans l’indifférence générale face aux appels génocidaires d’un homme qui fut conseiller du président. Car quand un pays tolère que ses leaders appellent publiquement à « sortir » des millions de citoyens de leur propre territoire, il a déjà renoncé à tout ce qui faisait sa grandeur démocratique. L’Amérique de Bannon n’est déjà plus celle de Washington — et celle de demain pourrait ne plus ressembler à aucune démocratie que nous ayons jamais connue.