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Quand les stratégies s’effondrent une à une, quand les promesses de paix mondiale en 24 heures se transforment en cendres, que fait un président en détresse ? Il ouvre un nouveau front de guerre. Donald Trump, confronté à des échecs cuisants sur tous les théâtres diplomatiques majeurs, vient de tourner ses canons vers le Venezuela de Nicolás Maduro. Une manœuvre de diversion qui sent la panique politique à plein nez.

Les faits sont têtus. Huit mois après son retour triomphal à la Maison-Blanche, Trump accumule les revers internationaux avec une constance déconcertante. Ukraine toujours en guerre, Gaza en flammes, relations transatlantiques en lambeaux — la liste s’allonge de jour en jour. Alors plutôt que d’affronter ces réalités amères, l’homme qui promettait de « faire la paix partout » préfère créer un nouveau conflit. Au Venezuela, cette fois. Comme si l’Amérique n’avait pas assez de problèmes à résoudre.

L’effondrement spectaculaire des promesses de paix

Les chiffres parlent d’eux-mêmes, brutalement. Trump avait juré de mettre fin aux conflits ukrainien et gazaoui « en 24 heures ». Résultat des courses après huit mois ? Zéro cessez-le-feu obtenu, zéro négociation aboutie, zéro victoire diplomatique à l’horizon. Pire encore — et cela frise l’humiliation — Vladimir Poutine refuse même de prendre ses appels téléphoniques. Le maître du Kremlin, pourtant réputé calculateur, a publiquement snobé les tentatives de rapprochement trumpiennes.

À Gaza, c’est la débâcle totale. Malgré un bref cessez-le-feu négocié avant même sa prise de fonction — et qui s’est rapidement désintégré — Trump n’a rien pu faire pour stabiliser la situation. Les bombardements continuent, les civils meurent, et la crédibilité américaine s’effrite jour après jour dans tout le Moyen-Orient. Les alliés arabes traditionnels regardent ailleurs, cherchant de nouveaux partenaires moins imprévisibles.

NATO et alliés européens en mode survie

L’Europe, elle, a compris le message. Face aux menaces répétées de Trump de se désengager de l’OTAN, plusieurs pays prennent leurs précautions. La Pologne et la Corée du Sud — des alliés historiques — envisagent désormais sérieusement de développer leurs propres capacités nucléaires. Un signal d’alarme assourdissant qui traduit une perte de confiance sans précédent dans les garanties sécuritaires américaines.

Les relations transatlantiques, pilier de l’ordre mondial depuis 1945, vacillent dangereusement. Les dirigeants européens ne cachent plus leur exaspération face aux volte-faces permanentes de l’administration Trump. Emmanuel Macron multiplie les déclarations sur « l’autonomie stratégique européenne », un euphémisme diplomatique pour dire : nous ne pouvons plus compter sur Washington. L’Allemagne accélère ses programmes de défense, l’Italie reconsidère ses engagements atlantiques. L’alliance occidentale se fissure sous les coups de boutoir de son propre leader.

La guerre commerciale chinoise qui tourne au vinaigre

Du côté asiatique, la situation n’est guère plus reluisante. La guerre commerciale avec la Chine, relancée en fanfare avec les tarifs « Liberation Day » d’avril dernier, a rapidement tourné au fiasco économique. Les marchés américains ont plongé, les entreprises ont crié au secours, et Trump a dû battre en retraite en réduisant drastiquement ses taxes douanières. Une humiliation publique qui a démontré les limites de la politique du bâton face à Pékin.

Xi Jinping, lui, n’a pas bronché. Pire : il a profité du chaos pour renforcer les partenariats chinois en Afrique et en Amérique latine. Pendant que Trump menaçait et gesticule, la Chine signait des contrats juteux et étendait son influence. Les terres rares, essentielles à l’industrie high-tech ? Pékin en contrôle 90%. Les nouvelles routes de la soie ? Elles progressent méthodiquement, continent après continent. Face à cette machine diplomatique bien huilée, les rodomontades trumpiennes font figure de coups d’épée dans l’eau.

Moyen-Orient : l’impuissance face aux Houthis

Au Yémen, la stratégie de bombardements intensifiés contre les rebelles houthis se révèle tout aussi inefficace. Malgré une escalade militaire significative, les attaques contre la navigation internationale en mer Rouge continuent de plus belle. Les Houthis, soutenus par l’Iran, semblent immunisés contre les frappes américaines. Ils multiplient même les provocations, testant sans cesse la détermination de Washington.

Cette impuissance criante révèle les limites de la doctrine Trump du « maximum de pression ». Face à des adversaires déterminés et bien équipés, les menaces ne suffisent plus. Il faut négocier, composer, faire des compromis — autant de concepts étrangers à la philosophie trumpienne. Résultat : l’Iran avance ses pions régionaux, les Houthis contrôlent des zones stratégiques, et les alliés du Golfe commencent à regarder vers Moscou ou Pékin pour leur sécurité.

L’Iran joue au chat et à la souris

Avec Téhéran, c’est le ballet diplomatique de la dernière chance. Trump a réinstauré les sanctions « maximum pressure » tout en ouvrant des négociations nucléaires. Une approche contradictoire qui révèle son désarroi face au dossier iranien. Les analystes s’accordent sur un point troublant : l’accord final que Trump pourrait signer ressemblerait étrangement à celui de 2015 — le fameux JCPOA dont il s’était retiré avec fracas lors de son premier mandat.

L’ironie est cruelle. Après avoir dynamité l’accord Obama-Biden, Trump pourrait se retrouver contraint de signer un texte quasi-identique. Les Iraniens, eux, savourent cette revanche diplomatique. Ils ont tenu bon face aux sanctions, développé leurs capacités régionales, et voient maintenant Washington revenir à la table des négociations en position de relative faiblesse. Le rapport de force s’est inversé.

Programmes d’aide internationale sabotés

Pour masquer ses échecs, Trump a décidé de sabrer dans les programmes humanitaires américains. L’aide alimentaire et médicale au Yémen et en Syrie a été brutalement suspendue. Voice of America et les autres outils de soft power ont été démantelés. Une stratégie à courte vue qui offre sur un plateau d’argent l’influence américaine à la Chine et à la Russie.

Cette politique du « America Only » se retourne contre les intérêts américains. Là où Washington se retire, Pékin et Moscou s’installent durablement. Les populations abandonnées par l’aide américaine se tournent naturellement vers d’autres puissances. Le leadership moral des États-Unis, patiemment construit depuis des décennies, s’effrite à vue d’œil. Trump ne dirige plus un empire bienveillant, mais un pays replié sur lui-même et de plus en plus isolé diplomatiquement.

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