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Un partage plus juste des fruits de la croissance

Pendant que l’Amérique se congratule pour ses taux de croissance, l’Europe construisait silencieusement quelque chose de moins spectaculaire mais infiniment plus durable. Le modèle européen—celui des syndicats forts, des protections sociales robustes, des négociations collectives sérieuses—a forcé les entreprises à partager les gains de productivité avec leurs employés. Quand une usine suédoise augmente sa production de 10%, les travailleurs suédois reçoivent une augmentation reflétant cette amélioration. Ce n’est pas du socialisme, c’est de l’équité basique. Ce n’est pas de l’idéologie, c’est de la mécanique économique. Résultat? Les salaires réels en Europe ont suivi la productivité. Depuis 1999, tandis que la productivité augmentait, les salaires augmentaient aussi. Le gâteau grossissait et tout le monde en recevait une part proportionnelle. Évidemment, cette approche a aussi ses inconvénients. Les entreprises européennes disposent de moins de capital pour investir en R&D et en innovation. C’est d’ailleurs un problème que l’Union européenne reconnaît ouvertement. Mais rappelez-vous: l’Europe garde la plupart de ses talents, maintient une cohésion sociale, préserve la classe moyenne et évite les convulsions sociales qui menacent l’Amérique.

L’épargne, la stabilité et l’absence de bulles

Voici une conséquence rarement discutée du partage inégal américain : le taux d’épargne des ménages américains reste anormalement faible. Pourquoi épargner quand vos salaires stagnent mais que vous devez maintenir un standard de vie? Les Américains empruntent. Ils s’endettent massivement. Leurs dettes de crédit à la consommation explosent. Leurs hypothèques deviennent des fardeaux écrasants. En Europe, l’équilibre salarial crée une épargne beaucoup plus saine. Les ménages européens, dont les salaires augmentent avec la productivité, peuvent mettre de l’argent de côté. Ils ne sont pas piégés dans un cycle de consommation désespérée. Cette épargne plus élevée crée aussi une stabilité financière accrue. Les ménages ne s’effondrent pas quand survient une crise—ils ont des reserves. Les systèmes bancaires restent plus stables car moins d’emprunts problématiques les fragilisent. Pendant ce temps, aux États-Unis, l’absence d’épargne signifie une dépendance accrue au crédit. Elle crée des bulles de dette. Elle fragilise l’économie pour les chocs à venir. La croissance américaine est spectaculaire mais construite sur un fondement de sables mouvants d’endettement massif.

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