Le verdict qui redessine les limites du pouvoir fédéral
Vendredi 11 octobre 2025, une cour d’appel fédérale a rendu une décision qui va faire trembler les fondations du fédéralisme américain. Dans un jugement de cent quatre-vingt-trois pages, les juges ont autorisé Trump à fédéraliser la Garde nationale — c’est-à-dire à retirer le contrôle de ces troupes aux gouverneurs d’État pour les placer directement sous commandement présidentiel. C’est colossal. C’est terrifiant. C’est l’aboutissement d’une longue bataille juridique qui oppose la Maison-Blanche aux États démocrates depuis des mois. Trump voulait ce pouvoir pour déployer des forces armées dans les villes qu’il juge incontrôlables, pour réprimer les manifestations, pour imposer sa loi dans les bastions progressistes qui lui résistent. Et il vient de l’obtenir. Presque. Parce que dans le même souffle, la cour a maintenu une interdiction spécifique pour Chicago — cette métropole démocrate, diversifiée, rebelle qui symbolise tout ce que Trump déteste. Un verdict à double tranchant qui ouvre la porte à l’autoritarisme tout en maintenant une résistance partielle. Bienvenue dans l’Amérique fragmentée de 2025.
Contexte d’une bataille juridique explosive
Cette décision ne tombe pas du ciel. Elle est l’aboutissement d’une escalade qui a débuté en avril 2025 quand Trump, exaspéré par ce qu’il appelle les zones de non-droit démocrates, a signé un décret présidentiel ordonnant la fédéralisation de la Garde nationale dans douze États. Son argument ? La clause constitutionnelle qui permet au président de réprimer les insurrections et garantir l’ordre public. En réalité ? Une tentative transparente d’imposer un contrôle militaire fédéral sur des populations qui ne l’ont pas élu et des gouverneurs qui s’opposent à sa politique. Les États visés — Illinois, Californie, New York, Oregon, Washington, Massachusetts et autres — ont immédiatement attaqué le décret en justice. Des juges de première instance ont bloqué son application. Trump a fait appel. Et voilà le résultat : une victoire partielle qui lui donne l’outil mais pas encore le droit de l’utiliser partout. C’est une bombe à retardement juridique qui va exploser dans les prochaines semaines.
Chicago : symbole d’une résistance qui refuse de plier
Pourquoi Chicago précisément ? Parce que cette ville incarne tout ce que Trump combat. Troisième métropole américaine, bastion démocrate historique, population diversifiée — quarante pour cent de latinos, trente pour cent d’Afro-Américains —, tradition d’activisme syndical et communautaire… Chicago a toujours été dans le viseur. Depuis des mois, Trump la désigne comme exemple de chaos urbain — criminalité galopante, immigration illégale, gestion démocrate catastrophique. Il menace régulièrement d’y envoyer des troupes fédérales pour « nettoyer » la ville. La mairesse démocrate, les élus locaux, les organisations communautaires ont juré qu’ils résisteraient par tous moyens légaux et civiques. Et pour l’instant, ils tiennent. La cour d’appel a spécifiquement maintenu l’interdiction pour Chicago en reconnaissant que le déploiement y présenterait un risque constitutionnel majeur d’abus de pouvoir. C’est une victoire fragile. Mais une victoire quand même. Pour combien de temps ?
Décryptage du jugement : entre concessions et résistances

Les arguments juridiques qui ont convaincu la cour
Les juges — deux nommés par Trump, un par Obama — ont accepté l’argument central de l’administration : le président détient un pouvoir constitutionnel inhérent de fédéraliser la Garde nationale en cas de menace à l’ordre public que les États ne peuvent ou ne veulent pas contrer. Ils citent des précédents historiques : Eisenhower fédéralisant la Garde de l’Arkansas en 1957 pour imposer la déségrégation scolaire, Kennedy faisant de même en Alabama en 1963, George H.W. Bush à Los Angeles après les émeutes de 1992. Le raisonnement ? Si le président peut le faire ponctuellement en situation de crise, il peut théoriquement le faire de manière préventive et durable. C’est un énorme saut logique que les juges dissidents ont violemment contesté. Mais la majorité l’a accepté, ouvrant ainsi une brèche que Trump va exploiter jusqu’à l’os. La cour a néanmoins posé des conditions : la fédéralisation doit être justifiée par des preuves concrètes de désordre public, limitée dans le temps, soumise à révision judiciaire régulière. En théorie. En pratique, qui va faire respecter ces conditions ?
L’exception Chicago et son raisonnement spécifique
Sur Chicago, la cour a été plus prudente. Elle reconnaît que les preuves présentées par l’administration — statistiques de criminalité, rapports d’incidents — ne justifient pas une intervention fédérale d’urgence. Oui, Chicago a des problèmes de violence armée. Mais rien qui diffère fondamentalement d’autres grandes métropoles américaines. La cour soupçonne donc — sans le dire explicitement — que la cible n’est pas tant la criminalité que la composition politique et démographique de la ville. Déployer des troupes fédérales dans une ville majoritairement non-blanche, démocrate, hostile au président, sans justification d’urgence claire, ça ressemble trop à une opération punitive pour être constitutionnel. La cour maintient donc l’interdiction spécifique, tout en laissant la porte ouverte : si la situation se détériore — ou si Trump réussit à créer les conditions d’une détérioration — il pourra revenir devant les juges avec de nouveaux arguments. C’est un sursis, pas une victoire définitive.
Les opinions dissidentes qui alertent sur la dérive
Le juge Obama dans sa dissidence — quatre-vingt-sept pages de rage juridique contenue — ne mâche pas ses mots. Il qualifie la décision de la majorité de capitulation face à l’autoritarisme. Il rappelle que la Garde nationale a toujours été conçue comme une force sous contrôle des États précisément pour éviter que le pouvoir fédéral ne dispose d’une armée domestique. Fédéraliser la Garde de manière permanente et préventive, c’est détruire ce garde-fou. C’est donner au président un outil de répression interne qui n’a rien à envier aux dictatures. Il cite des exemples historiques glaçants : comment Hitler a utilisé la Reichswehr, comment Mussolini a instrumentalisé les forces armées, comment tous les régimes autoritaires commencent par militariser le maintien de l’ordre intérieur. Cette dissidence sera probablement citée par les historiens futurs comme l’avertissement prophétique que personne n’a écouté. Mais pour l’instant, elle reste minoritaire. Et en droit, la minorité ne compte pas.
Ce que cette décision change concrètement sur le terrain

Déploiements imminents dans les États républicains d’abord
Trump ne va pas perdre de temps. Dès lundi matin, son administration pourrait commencer à fédéraliser la Garde nationale dans les États où les gouverneurs républicains sont complices ou indifférents. Texas, Floride, Ohio, peut-être Arizona… Des États où le déploiement de troupes fédérales servira moins à maintenir l’ordre — il n’y a pas de crise particulière — qu’à créer un précédent. Une fois la machine rodée dans des contextes consensuels, il sera plus facile de l’étendre aux États récalcitrants. On imagine déjà les images : soldats en treillis patrouillant dans les rues d’Austin ou Miami, checkpoints aux entrées de certains quartiers, présence militaire normalisée dans le paysage urbain américain. Ça changera profondément la psychologie collective. Les citoyens s’habitueront à voir des uniformes partout. La militarisation de l’espace public — déjà bien avancée avec la police — franchira un nouveau palier. Et quand ce sera devenu banal, Trump pourra dire : « Regardez, ça fonctionne ailleurs, pourquoi pas en Californie ou à New York ? »
Bataille juridique qui va remonter jusqu’à la Cour suprême
Cette décision d’appel n’est qu’une étape. Les États démocrates vont immédiatement faire appel devant la Cour suprême. Là, tout se jouera. Avec sa composition ultra-conservatrice — six juges conservateurs contre trois progressistes — la Cour pourrait valider complètement la fédéralisation, retirant le dernier obstacle juridique à Trump. Ou alors, dans un sursaut institutionnel rare, elle pourrait reconnaître que cette décision va trop loin, qu’elle détruit l’équilibre fédéral, qu’elle ouvre la voie à des abus trop évidents. Les paris sont ouverts. Personnellement, je suis pessimiste. Cette Cour suprême a déjà montré à maintes reprises qu’elle privilégie l’idéologie conservatrice sur les principes constitutionnels quand les deux entrent en conflit. Elle a validé le Muslim Ban, détruit Roe v. Wade, affaibli le droit de vote… Pourquoi s’arrêterait-elle maintenant ? La décision finale tombera probablement d’ici janvier 2026. D’ici là, le chaos juridique règne.
Réactions des gouverneurs et menaces de non-coopération
Les gouverneurs démocrates sont furieux. Gavin Newsom en Californie a déjà annoncé qu’il refuserait de coopérer avec toute tentative de fédéralisation, qu’il ordonnerait aux commandants de la Garde californienne de désobéir aux ordres fédéraux s’ils venaient. C’est une position extraordinairement risquée. Ça pourrait mener à des inculpations fédérales pour obstruction, voire à des accusations de sédition. Mais Newsom calcule — probablement à raison — que Trump n’osera pas arrêter un gouverneur populaire d’un État de quarante millions d’habitants. Ou peut-être qu’il osera, et alors on plonge dans une crise constitutionnelle sans précédent depuis la guerre de Sécession. D’autres gouverneurs — Illinois, New York, Washington — tiennent des discours similaires. Ils parlent de former un front commun d’États résistants, de coordonner leurs réponses juridiques et politiques. Certains évoquent même — en privé — la possibilité de créer des milices d’État alternatives si la Garde est capturée par le fédéral. On est au bord d’une guerre froide interne entre États et gouvernement fédéral.
Chicago : pourquoi cette ville cristallise tout

Histoire d’une métropole rebelle et diverse
Chicago n’est pas n’importe quelle ville. C’est le berceau du mouvement syndical américain — la fête du travail du 1er mai trouve ses origines dans les grèves sanglantes de Chicago en 1886. C’est aussi la ville d’Obama, celle qui a produit une génération de leaders démocrates progressistes. Trois millions d’habitants dans la ville propre, neuf millions dans l’aire métropolitaine. Une économie diversifiée — finance, industrie, technologie, culture. Une ségrégation raciale brutale héritée de décennies de redlining et de politiques discriminatoires, mais aussi des communautés extrêmement mobilisées politiquement. Le South Side, majoritairement noir, a une tradition d’activisme qui remonte à la Grande Migration. Les quartiers latinos de Pilsen et Little Village vibrent d’énergie culturelle et politique. Cette ville a affronté tous les présidents républicains modernes. Elle ne pliera pas devant Trump sans combattre férocement.
Les vrais enjeux derrière la rhétorique sécuritaire
Trump prétend vouloir « sauver Chicago » de la violence des gangs et de la criminalité. Mensonge transparent. Ce qu’il veut vraiment, c’est intimider une population qui vote massivement démocrate, qui organise des manifestations massives contre ses politiques, qui abrite des réseaux de sanctuaires pour migrants. Il veut faire de Chicago un exemple : regardez ce qui arrive aux villes qui me défient. Des soldats dans vos rues. Vos libertés suspendues. Votre autonomie locale écrasée. C’est un message destiné à toutes les métropoles progressistes : soumettez-vous ou subissez le même sort. Et puis il y a la dimension raciale, impossible à ignorer. Chicago est une ville majoritairement non-blanche. Déployer des troupes fédérales là-bas envoie un signal clair sur qui Trump considère comme une menace à contrôler. C’est de la politique identitaire brutale déguisée en maintien de l’ordre.
La résistance organisée des communautés locales
Mais Chicago ne se laisse pas faire. Depuis des mois, les organisations communautaires se préparent. Des réseaux de veille juridique pour documenter immédiatement toute violation des droits. Des formations aux techniques de désobéissance civile non-violente. Des plans d’évacuation et de protection pour les populations les plus vulnérables — migrants sans papiers, militants connus des autorités. Les églises s’organisent en sanctuaires potentiels. Les avocats bénévoles préparent des recours en masse. Et surtout, une mobilisation politique sans précédent : inscription massive sur les listes électorales, campagnes pour les élections locales, pression sur les élus fédéraux. L’idée est simple : si Trump veut transformer Chicago en zone militaire, il devra le faire face à une population totalement mobilisée, documentant chaque abus, résistant par tous les moyens légaux disponibles. C’est David contre Goliath. Mais David, parfois, gagne.
Précédents historiques et dérives autoritaires

Quand les États-Unis ont déjà franchi ces lignes rouges
L’Amérique a déjà vécu des moments où le pouvoir fédéral a militarisé le contrôle intérieur. La pire période reste probablement la répression du mouvement ouvrier entre 1880 et 1930 — grèves écrasées par l’armée, syndicalistes abattus, loi martiale imposée dans certaines villes minières. Plus récemment, la National Guard a tiré sur des étudiants à Kent State en 1970, tuant quatre manifestants pacifiques. Après le 11 septembre, la militarisation de la police via le programme 1033 a transféré des milliards de dollars d’équipement militaire aux forces locales. Mais jamais — jamais — un président n’avait tenté de fédéraliser la Garde nationale de manière permanente et préventive comme outil de contrôle politique. C’est un seuil nouveau. Et les seuils, une fois franchis, ne se reconstituent jamais. Ce qui était impensable hier devient précédent juridique aujourd’hui, norme acceptée demain.
Les exemples internationaux qui doivent nous alerter
Regardons ailleurs. La Turquie d’Erdogan a utilisé l’armée pour écraser l’opposition après le coup d’État raté de 2016. La Hongrie d’Orbán a créé des forces de police spéciales directement contrôlées par le Premier ministre. Le Venezuela de Maduro déploie régulièrement des militaires dans les quartiers opposants. La Birmanie a montré ce qui arrive quand l’armée décide que son rôle est de contrôler la population plutôt que de défendre le pays. Ces exemples ne sont pas des curiosités exotiques. Ce sont des avertissements. Des démonstrations de ce qui se passe quand les institutions démocratiques cèdent face à la tentation autoritaire de militariser le politique. Et l’Amérique de Trump suit exactement ce playbook, étape par étape. Ceux qui disent « ça ne peut pas arriver ici » n’ont pas prêté attention. Ça arrive. Maintenant. Sous nos yeux.
La normalisation progressive de l’état d’exception permanent
C’est le plus insidieux. Chaque mesure d’exception finit par devenir normale. Les contrôles de sécurité aéroportuaires post-11 septembre devaient être temporaires — vingt-quatre ans plus tard, ils sont toujours là. La surveillance de masse de la NSA révélée par Snowden a choqué puis a été oubliée. La militarisation de la police a suscité des protestations après Ferguson puis s’est poursuivie tranquillement. Cette fédéralisation de la Garde suivra le même schéma. Dans deux ans, des soldats fédéraux patrouillant dans les villes américaines paraîtra banal. Dans cinq ans, les enfants qui grandiront avec ça ne connaîtront rien d’autre. C’est cette érosion graduelle des libertés qui tue les démocraties. Pas un coup brutal. Une succession de petits renoncements qu’on accepte parce qu’on est fatigués de résister, parce que ça ne nous concerne pas directement, parce qu’on a peur. Jusqu’au jour où on réalise qu’il n’y a plus rien à défendre. Que tout a été cédé, morceau par morceau.
Implications pour le fédéralisme américain

L’équilibre constitutionnel États-fédéral en danger
Le fédéralisme américain repose sur un équilibre fragile : les États conservent des pouvoirs substantiels — police, éducation, santé, infrastructures — pendant que le fédéral gère défense, affaires étrangères, commerce inter-États. Cet équilibre a survécu pendant deux cent cinquante ans avec des ajustements mais sans rupture totale. La fédéralisation permanente de la Garde nationale détruit cet équilibre. Parce qu’elle retire aux États leur capacité de résister physiquement aux empiètements fédéraux. Jusqu’ici, un gouverneur qui s’opposait à une politique fédérale pouvait mobiliser sa Garde pour protéger les installations d’État, sécuriser les frontières étatiques, maintenir l’ordre selon ses propres priorités. Maintenant ? Ces soldats répondent à Washington. Les États deviennent des coquilles vides, dépourvus de tout moyen d’action autonome. C’est une centralisation de type français ou chinois, totalement étrangère à la tradition constitutionnelle américaine. Et ça se fait sans amendement, sans débat national, juste par décisions judiciaires successives. C’est une révolution silencieuse.
Risque de sécession ou confédération d’États résistants
Si cette logique se poursuit, si Trump obtient un pouvoir de coercition militaire total sur les États récalcitrants, certains pourraient envisager des options radicales. Pas la sécession formelle — personne n’est assez fou pour déclencher une nouvelle guerre civile. Mais une confédération informelle d’États progressistes qui coordonnent leurs politiques, ignorent certaines directives fédérales, créent des structures parallèles. Californie, New York, Illinois, Washington, Oregon, Massachusetts représentent ensemble cent vingt millions d’habitants et quarante pour cent du PIB américain. Si ces États décident collectivement de résister, le gouvernement fédéral aurait un problème majeur. On ne peut pas gouverner un pays contre la volonté d’États qui concentrent l’essentiel de la richesse, de la population, de l’innovation. Ce scénario paraissait science-fiction il y a cinq ans. Aujourd’hui, des think tanks progressistes l’étudient sérieusement. C’est terrifiant parce que ça signifie que même les esprits les plus raisonnables envisagent la fragmentation de l’Union.
Précédents pour les futurs présidents et abus potentiels
Même si vous soutenez Trump — hypothèse que je trouve moralement indéfendable mais bref — vous devriez réfléchir à ceci : les pouvoirs qu’on donne à un président qu’on aime deviennent disponibles pour les présidents suivants qu’on détestera peut-être. Si Trump peut fédéraliser la Garde pour réprimer des villes démocrates, un futur président progressiste pourra fédéraliser la Garde du Texas pour imposer des politiques fédérales sur l’avortement ou les droits LGBTQ que le Texas refuse d’appliquer. Chaque extension du pouvoir exécutif est une bombe à retardement pour l’avenir. Les Pères fondateurs avaient compris ça. Ils ont conçu un système de freins et contrepoids précisément pour empêcher la concentration du pouvoir. Chaque garde-fou qu’on retire nous rapproche de la tyrannie. Peu importe que le tyran soit de droite ou de gauche. C’est la capacité d’être tyran qui pose problème. Et cette décision de justice vient d’élargir considérablement cette capacité.
Que faire face à cette dérive autoritaire

Mobilisation citoyenne et défense des institutions locales
La résistance passe d’abord par le local. Soutenez vos élus municipaux et d’État qui tiennent tête à l’autoritarisme fédéral. Participez aux conseils municipaux, aux assemblées citoyennes, aux organisations communautaires. Créez des réseaux de solidarité pour protéger les populations ciblées — migrants, militants, minorités. Documentez systématiquement tout abus de pouvoir. Utilisez vos téléphones pour filmer, vos réseaux sociaux pour diffuser, votre présence physique pour témoigner. Les régimes autoritaires détestent la lumière. Ils opèrent dans l’ombre, comptent sur l’ignorance et la passivité. Chaque citoyen qui s’engage, qui refuse la normalisation, qui maintient la mémoire de ce que devrait être une démocratie… c’est un grain de sable dans la machine. Individuellement dérisoire. Collectivement puissant.
Pression sur les élus et batailles électorales cruciales
Les élections de mi-mandat approchent en novembre 2026. C’est potentiellement la dernière chance de reprendre le Congrès avant que Trump n’ait consolidé un pouvoir quasi-total. Chaque siège compte. Chaque circonscription est un champ de bataille. Inscrivez-vous, vérifiez votre inscription, aidez les autres à s’inscrire. Battez-vous contre les lois de suppression du vote que les États républicains multiplient. Faites du bénévolat pour les candidats démocrates même si vous trouvez qu’ils ne vont pas assez loin. Parce que dans une situation d’urgence démocratique, on ne peut plus se permettre le luxe de la pureté idéologique. Il faut un front uni contre l’autoritarisme. Les querelles internes peuvent attendre. Et surtout, bombardez vos représentants actuels — même républicains — d’appels, emails, lettres exigeant qu’ils s’opposent à cette fédéralisation. Certains pourraient basculer si la pression de leurs électeurs devient insoutenable.
Préparation aux scénarios de répression massive
Il faut aussi se préparer au pire. Connaître ses droits face aux forces de l’ordre. Savoir comment réagir lors d’une arrestation. Avoir les numéros d’avocats d’urgence enregistrés. Établir des plans de communication cryptée si Internet est coupé ou surveillé massivement. Organiser des systèmes d’alerte rapide dans les communautés vulnérables. Former des observateurs légaux pour documenter les manifestations et interventions policières. Créer des fonds de solidarité pour les cautions et frais juridiques. Ça paraît paranoïaque ? Peut-être. Mais tous les mouvements de résistance historiques qui ont survécu l’ont fait parce qu’ils étaient organisés, préparés, résilients. Ceux qui ont improvisé ont été écrasés. Espérons ne jamais avoir besoin de ces préparations. Mais si nous en avons besoin et qu’elles n’existent pas, ce sera trop tard.
Conclusion

Le moment où l’Amérique bascule dans l’inconnu
Cette décision de justice autorisant la fédéralisation de la Garde nationale tout en protégeant partiellement Chicago est un de ces moments charnières où l’Histoire hésite. D’un côté, la pente autoritaire devient plus glissante, plus rapide, plus difficile à remonter. Trump obtient un outil de répression dont aucun président moderne n’a disposé. Les États perdent leur capacité de résistance physique. Le fédéralisme américain traditionnel vacille. De l’autre, Chicago tient encore. Les gouverneurs démocrates jurent de résister. Les communautés s’organisent. Les dissidences judiciaires avertissent clairement du danger. La bataille n’est pas terminée. Mais elle devient inégale, asymétrique, désespérée. Les semaines qui viennent détermineront si l’Amérique peut encore inverser cette dérive ou si elle s’enfonce définitivement dans une forme de néo-autoritarisme technocratique et militarisé. Personne ne connaît l’issue. C’est ça qui rend ce moment à la fois terrifiant et historiquement fascinant.
Ce qui change dans le rapport citoyens-État
À partir de maintenant, les Américains vivant dans des États récalcitrants devront intégrer une nouvelle réalité : des soldats fédéraux pourraient patrouiller dans leurs rues, non pour les protéger d’une menace extérieure, mais pour imposer la volonté d’un président qu’ils n’ont pas élu. C’est un changement anthropologique majeur. Les États-Unis ont toujours cultivé une méfiance envers le pouvoir fédéral centralisé — c’est dans leur ADN depuis la Révolution américaine. Cette décision brise ce pacte implicite. Elle transforme le gouvernement fédéral d’arbitre distant en présence oppressante immédiate. Les conséquences psychologiques et politiques de ce changement seront immenses. Une partie du pays applaudira, voyant enfin l’ordre imposé aux villes chaotiques. Une autre partie vivra ça comme une occupation. La fracture entre ces deux Amériques n’a jamais été aussi profonde. Et elle continue de s’élargir.