Quand l’opportunisme mène à la ruine
C’est l’histoire d’une chute spectaculaire. Phil McGraw — connu mondialement comme « Dr Phil » — a passé 21 ans à dominer la télévision américaine en distribuant des conseils psychologiques à des millions de téléspectateurs. En 2023, il a quitté CBS pour lancer sa propre révolution médiatique : Merit Street Media, un réseau conservateur qui devait devenir « l’un des réseaux de démarrage les plus largement distribués de l’histoire moderne ». Un an et demi plus tard, en octobre 2025, Merit Street est en faillite. Les employés ont été licenciés. Les émissions sont en hiatus. Et McGraw est empêtré dans un procès de 500 millions de dollars avec son partenaire de distribution, Trinity Broadcasting Network (TBN), le plus grand réseau télévisé chrétien du monde. Pendant ce temps, McGraw a passé l’année 2025 à se transformer en propagandiste officiel de l’administration Trump. On l’a vu accompagner les raids d’ICE à Chicago. Assister à la prestation de serment de RFK Jr. Critiquer les manifestants pro-Palestine. Diriger la nouvelle Commission sur la liberté religieuse de la Maison-Blanche. Tout ça filmé, diffusé, monétisé sur sa chaîne Merit TV. Jusqu’à ce que tout s’effondre. En juin 2025, Merit Street entre en « hiatus d’été » et licencie des dizaines d’employés. En juillet, l’entreprise dépose le bilan. En août, TBN contre-attaque avec un procès accusant McGraw de fraude, de fausses déclarations, d’avoir créé un « faux sentiment d’urgence » pour extorquer 20 millions de dollars. Et maintenant, en octobre, McGraw tente de lancer une troisième entreprise — Envoy Media — alors que Merit Street agonise en tribunal. C’est du spectacle. Du chaos. Du désespoir déguisé en ambition. Et c’est une leçon brutale : parier sur Trump ne garantit pas le succès. Parfois, ça garantit juste la ruine.
L’alliance toxique avec Trump
McGraw n’a pas toujours été un trumpiste fanatique. Dans les années 2000, il incarnait un conservatisme traditionnel à la Reagan — pro-business, pro-famille, respectueux des institutions. Il soutenait George W. Bush mais dialoguait poliment avec les progressistes. Il évitait les polémiques partisanes. Il restait dans sa zone de confort télévisuel : écouter des gens raconter leurs problèmes, leur donner des conseils génériques, encaisser les chèques publicitaires. Mais quelque chose a changé. Peut-être l’influence d’Oprah qui s’est estompée. Peut-être l’attrait du mouvement MAGA. Peut-être l’envie de rester pertinent dans une époque où la télévision traditionnelle s’effondre et où les figures médiatiques doivent choisir un camp politique pour survivre. Quoi qu’il en soit, McGraw a choisi Trump. En octobre 2024, il a pris la parole lors du rassemblement de clôture de Trump au Madison Square Garden. Après l’investiture de janvier 2025, il est devenu un visiteur régulier de la Maison-Blanche. Il ne se contentait plus de commenter l’actualité. Il participait. Il légitimait. Il normalisait. Et il pensait que cette proximité avec le pouvoir se traduirait en audiences, en influence, en argent. Mais ça n’a pas marché. Parce que McGraw a commis une erreur fondamentale : il a cru que le soutien de Trump suffisait à bâtir un empire médiatique. Il a oublié que même dans l’écosystème MAGA, saturé de chaînes conservatrices — Fox News, Newsmax, OAN — il faut plus qu’un alignement politique pour réussir. Il faut du contenu. Des audiences. Un modèle économique viable. Merit Street n’avait rien de tout ça. Et maintenant, McGraw découvre que Trump ne peut pas sauver une entreprise mal gérée. Même avec toute la proximité du monde.
Les chiffres catastrophiques de Merit Street
Les données sont impitoyables. Selon une analyse de février 2025, Merit TV attirait en moyenne 27 000 téléspectateurs par semaine. Vingt-sept mille. Pour un réseau qui prétendait devenir « l’un des plus largement distribués de l’histoire moderne ». Pour comparaison, Fox News attire des millions de téléspectateurs quotidiens. Même Newsmax, souvent moqué pour ses faibles audiences, dépasse largement Merit TV. Et ce n’est pas comme si McGraw manquait de visibilité. Il avait passé deux décennies à construire une marque reconnue. Il avait l’appui d’Oprah Winfrey — qui l’avait propulsé vers la célébrité dans les années 1990. Il avait des connexions politiques au plus haut niveau. Il avait un financement initial conséquent. Mais rien de tout ça n’a suffi. Parce que Merit Street souffrait d’un problème fondamental : personne ne voulait le regarder. Le contenu était ennuyeux. Répétitif. Prévisible. McGraw commentait l’actualité avec le même ton moralisateur qu’il utilisait dans son talk-show. Il invitait des personnalités conservatrices — Nancy Grace, Steve Harvey, Bear Grylls — pour discuter de sujets que d’autres chaînes couvraient déjà mieux. Il n’apportait rien de nouveau. Rien de différent. Rien qui justifie de changer de chaîne. Et dans un marché médiatique saturé, où l’attention est la ressource la plus rare, l’insignifiance est mortelle. Les annonceurs ont fui. Les investisseurs ont paniqué. Et en août 2024, Merit Street a licencié 38 employés. En juin 2025, Dr. Phil Primetime — l’émission phare du réseau — est entrée en hiatus. Et un mois plus tard, l’entreprise déposait le bilan. Fin de partie.
Le procès à 500 millions : qui ment ?

Trinity Broadcasting accuse McGraw de fraude
Le 19 août 2025, Trinity Broadcasting Network dépose une contre-poursuite dévastatrice contre McGraw et sa société de production, Peteski Productions. TBN réclame 500 millions de dollars de dommages et intérêts. L’accusation ? Fraude. Fausses déclarations. Rupture de contrat. Selon TBN, McGraw a créé un « faux sentiment d’urgence » en 2023 pour forcer le réseau chrétien à signer rapidement un accord de 500 millions de dollars sur dix ans. Il aurait affirmé que CBS lui offrait 75 millions de dollars par an pour renouveler son contrat, et que TBN devait agir immédiatement — ou perdre l’opportunité. Il aurait exigé un paiement initial de 20 millions de dollars comme « preuve de bonne foi », affirmant que sans cet argent, l’accord tomberait à l’eau. TBN, sous pression, a capitulé. Ils ont signé. Ils ont payé. Ils ont investi des millions dans des studios au Texas. Ils ont promis une distribution nationale. Mais selon eux, McGraw n’a jamais tenu ses promesses. Il avait promis de produire 160 nouveaux épisodes de 90 minutes de son émission. Il n’en a livré qu’une poignée. Il avait promis de réduire les coûts de production de 40 % en déménageant tout au Texas et en licenciant le personnel syndiqué. Les coûts ont explosé. Il avait promis des audiences massives, des revenus publicitaires, un succès garanti. Rien de tout ça ne s’est matérialisé. TBN affirme que McGraw les a trompés dès le départ. Qu’il a gonflé les chiffres. Qu’il a menti sur les offres de CBS. Qu’il a utilisé le nom de TBN pour lever des fonds auprès d’autres investisseurs, tout en sachant que Merit Street était vouée à l’échec. « McGraw a créé un faux sentiment d’urgence et a fait de fausses déclarations concernant les audiences, les revenus publicitaires, la propriété du contenu et les coûts de production », affirme la plainte de TBN. C’est une accusation dévastatrice. Et si elle est prouvée, McGraw ne fait pas face seulement à une faillite. Il fait face à une destruction totale de sa réputation.
McGraw contre-attaque : « TBN a saboté Merit Street »
McGraw, évidemment, nie tout. Dans sa propre poursuite déposée début juillet 2025, Merit Street accuse TBN de rupture de contrat, affirmant que le réseau chrétien a délibérément saboté l’entreprise. Selon Merit Street, TBN avait promis de fournir une distribution nationale en transférant ses droits « must-carry » — un mécanisme légal qui oblige les câblodistributeurs à diffuser certaines chaînes. Sans ces droits, Merit Street ne pouvait pas transmettre son signal ni diffuser ses programmes, peu importe leur qualité. Merit Street affirme également que TBN a abusé de sa position comme actionnaire majoritaire pour forcer l’entreprise à conclure des accords de distribution coûteux au lieu d’utiliser son propre réseau de stations locales. TBN aurait également loué ses propres studios à Merit Street à des prix gonflés, et fourni des « services de production de qualité inférieure ». « Ces échecs de TBN n’étaient ni involontaires ni accidentels », affirme la plainte de Merit Street. « C’était un schéma conscient et intentionnel de choix faits en pleine connaissance que la conséquence serait de saboter et sceller le destin d’un réseau nouveau mais déjà acclamé nationalement ». Les avocats de Merit Street qualifient les actions de TBN de « gangster move » et de « poker de dernière minute ». Alors, qui ment ? TBN, qui accuse McGraw d’avoir escroqué un réseau chrétien ? Ou McGraw, qui accuse TBN d’avoir sabotéé son entreprise pour des raisons inconnues ? La vérité est probablement quelque part entre les deux. Les deux parties ont probablement commis des erreurs. Les deux ont probablement sur-promis. Les deux ont probablement sous-livré. Mais ce qui est certain, c’est que Merit Street est morte. Et que les deux parties vont passer des années — et des millions de dollars — à se battre en tribunal pour déterminer qui est responsable.
Le témoignage explosif de McGraw en septembre
Le 23 septembre 2025, McGraw est appelé à témoigner dans les procédures de faillite de Merit Street. Et ça ne s’est pas bien passé. Selon les comptes rendus de Deadline et du Hollywood Reporter, McGraw était « agacé », « cassant », « sarcastique ». Lorsque les avocats de TBN l’ont interrogé sur les promesses faites au réseau, il a répondu avec irritation. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi Merit Street avait échoué, il a rejeté la responsabilité sur TBN. Lorsqu’on lui a demandé s’il avait gonflé les chiffres pour obtenir le financement, il a nié catégoriquement. Mais ce qui a marqué les observateurs, c’est l’arrogance de McGraw. Son incapacité à admettre une erreur. Son refus de reconnaître que Merit Street avait été mal gérée. À un moment, selon les témoignages, McGraw a affirmé qu’il avait « capitulé » face aux exigences de TBN. Comme si signer un accord de 500 millions de dollars était une concession douloureuse qu’on lui avait imposée. Cette attitude — ce mélange de déni, d’arrogance, et de victimisation — est caractéristique de McGraw. C’est la même posture qu’il adopte dans son émission : jamais responsable, toujours victime des circonstances, toujours prêt à blâmer les autres. Mais dans une salle de tribunal, face à des avocats expérimentés, face à des documents financiers, face à des preuves, cette posture ne fonctionne pas. Et les observateurs juridiques affirment que le témoignage de McGraw a probablement nui à sa propre cause. Qu’il a donné aux avocats de TBN des munitions pour le présenter comme quelqu’un de malhonnête, d’évasif, de non crédible. Ce procès est loin d’être terminé. Mais pour l’instant, McGraw n’est pas en position de force.
L'opportunisme politique de McGraw

Des raids d’ICE à la Maison-Blanche
Pendant que Merit Street s’effondrait financièrement, McGraw s’est jeté à corps perdu dans l’opportunisme politique. En juin 2025, il a accompagné des agents d’ICE lors de raids à Chicago dans le cadre de l’« Opération Midway Blitz » de Trump. Les images étaient surréalistes : McGraw, en gilet pare-balles, filmant des arrestations d’immigrants, commentant les opérations comme s’il s’agissait d’un documentaire plutôt que d’une tragédie humaine. Il a qualifié les manifestants anti-ICE de « radicaux » et a loué les agents pour leur « courage ». Ces images ont été diffusées sur Merit TV — juste avant que la chaîne n’entre en hiatus. McGraw a également assisté à la prestation de serment de RFK Jr comme secrétaire à la Santé. Il a participé à des événements publics avec Trump après les inondations catastrophiques au Texas. Il a été nommé à la tête de la nouvelle Commission sur la liberté religieuse de la Maison-Blanche — un poste purement symbolique mais qui lui donnait accès aux couloirs du pouvoir. Tout ça filmé. Tout ça diffusé. Tout ça utilisé comme contenu pour Merit TV. McGraw pensait que cette proximité avec le pouvoir se traduirait en audiences. Que les téléspectateurs MAGA afflueraient pour voir leur héros conservateur aux côtés du président. Mais ça n’a pas marché. Parce que l’audience MAGA est déjà saturée de contenus pro-Trump. Ils ont Fox News. Ils ont Newsmax. Ils ont des dizaines de podcasts, de chaînes YouTube, de comptes Twitter. Pourquoi regarderaient-ils McGraw ? Qu’apporte-t-il de nouveau ? Rien. Absolument rien. Juste un vieux psychologue de la télévision qui essaie désespérément de rester pertinent en se collant au président. C’est du parasitisme médiatique. Et ça ne fonctionne que si vous avez quelque chose d’unique à offrir. McGraw n’avait rien.
La critique des manifestants pro-Palestine
McGraw a également utilisé sa plateforme pour attaquer les manifestants pro-Palestine qui s’opposaient aux opérations militaires d’Israël à Gaza. Lors de plusieurs émissions sur Merit TV, il a qualifié ces manifestants — dont beaucoup sont des étudiants universitaires — d’« ignorants », de « manipulés », de « complices du terrorisme ». Il a affirmé qu’ils ne comprenaient pas la complexité du conflit israélo-palestinien et qu’ils étaient influencés par des « professeurs gauchistes ». Cette rhétorique n’est pas nouvelle. C’est la même que celle utilisée par les conservateurs depuis des décennies pour discréditer les mouvements étudiants. Mais ce qui est frappant, c’est l’agressivité de McGraw. Son mépris pour les jeunes qui osent remettre en question la politique américaine au Moyen-Orient. Son incapacité à reconnaître que ces manifestants — qu’on soit d’accord ou pas avec eux — exercent un droit constitutionnel. McGraw, qui pendant des années a prétendu être un guérisseur, un médiateur, quelqu’un qui aide les gens à résoudre leurs conflits, s’est transformé en polémiste. En propagandiste. En harceleur. Et ce changement n’est pas passé inaperçu. Plusieurs anciens fans de McGraw — y compris des conservateurs modérés — ont exprimé leur déception face à cette transformation. Ils se souviennent du Dr Phil des années 2000 : celui qui écoutait, qui conseillait, qui essayait de comprendre. Celui d’aujourd’hui ne fait que hurler. Comme tous les autres. Et dans un marché saturé de hurleurs, il n’y a pas de place pour un de plus.
Une marque personnelle détruite
Pendant 21 ans, McGraw a construit une marque basée sur la confiance, l’empathie, l’autorité psychologique. Des millions d’Américains le regardaient chaque jour pour obtenir des conseils sur leurs relations, leur santé mentale, leurs problèmes familiaux. Ils le considéraient comme une figure stable, rassurante, apolitique. Mais en se jetant dans le mouvement MAGA, McGraw a détruit cette marque. Il ne représente plus la neutralité bienveillante. Il représente la polarisation. L’agressivité. L’opportunisme. Et dans un pays aussi divisé que les États-Unis en 2025, cette transformation a un coût. La moitié du pays — les démocrates, les indépendants, les conservateurs modérés — ne veut plus rien avoir à faire avec lui. Ils le voient comme un traître à ses propres valeurs. Comme quelqu’un qui a vendu son âme pour un accès au pouvoir. L’autre moitié — les trumpistes — ne le considère pas vraiment comme l’un des leurs. Il est trop vieux. Trop daté. Trop insignifiant. Résultat ? McGraw se retrouve dans un no man’s land. Rejeté par ceux qui l’admiraient autrefois. Ignoré par ceux qu’il essaie désespérément de courtiser. C’est une position impossible. Et c’est exactement là qu’il s’est mis lui-même. Par choix. Par calcul. Par erreur.
Envoy Media : la troisième tentative désespérée

Lancer une nouvelle entreprise pendant une faillite
Alors que Merit Street agonise en tribunal, McGraw fait quelque chose de remarquable : il lance une troisième entreprise. En juillet 2025, quelques semaines seulement après le dépôt de bilan de Merit Street, McGraw annonce la création d’Envoy Media Company. Selon lui, Envoy sera différent. Mieux géré. Mieux financé. Mieux distribué. Il promet que les erreurs de Merit Street ne se répéteront pas. Mais cette annonce soulève une question évidente : comment peut-on lancer une nouvelle entreprise alors que l’ancienne est en faillite et fait face à un procès de 500 millions de dollars ? La réponse : en utilisant les mêmes investisseurs, les mêmes actifs, les mêmes tactiques. Selon les documents judiciaires, McGraw a transféré une partie des actifs de Merit Street — y compris des droits de diffusion, des contrats d’employés, des équipements — vers Envoy. Il a également utilisé le nom et la réputation de Merit Street pour lever des fonds auprès de nouveaux investisseurs. TBN, dans sa contre-poursuite, affirme que c’est exactement ce genre de manœuvre frauduleuse que McGraw a utilisée depuis le début. Qu’il crée une entreprise, la vide de ses actifs, la laisse mourir, puis recommence avec une nouvelle. Comme un Ponzi médiatique. McGraw, évidemment, nie. Il affirme qu’Envoy est une entreprise légitime, indépendante, qui n’a rien à voir avec Merit Street. Mais les créanciers de Merit Street ne sont pas convaincus. Ils ont déposé des réclamations exigeant que les actifs transférés à Envoy soient retournés à Merit Street pour rembourser les dettes. Ce qui signifie qu’Envoy pourrait être mort-né. Saisi avant même d’avoir vraiment commencé. C’est une farce. Un désastre. Et c’est exactement le genre de chaos que McGraw a créé en essayant de gérer trop de choses à la fois.
Un accord avec Charter : trop peu, trop tard
Le 6 octobre 2025, McGraw annonce un accord de distribution avec Charter Communications, l’un des plus grands câblodistributeurs américains. C’est un coup majeur — en théorie. Charter dessert des millions de foyers. Avoir accès à ce réseau pourrait donner à Envoy la distribution nationale que Merit Street n’a jamais eue. Mais il y a un problème. L’accord avec Charter a été négocié alors que Merit Street était encore en faillite. Selon TBN, McGraw a utilisé les relations et les actifs de Merit Street pour obtenir cet accord — puis l’a attribué à Envoy. C’est exactement le genre de transfert d’actifs que les créanciers contestent. De plus, même avec Charter, Envoy fait face aux mêmes problèmes que Merit Street. Pas de contenu unique. Pas d’audiences prouvées. Pas de modèle économique viable. Juste McGraw, encore une fois, promettant que cette fois ce sera différent. Que cette fois ça va marcher. Que cette fois il a appris de ses erreurs. Mais les investisseurs, les distributeurs, les annonceurs — ils ont déjà entendu tout ça. Avec Merit Street. Et ça n’a pas marché. Pourquoi croiraient-ils que ça va marcher avec Envoy ? La vérité, c’est que McGraw est fini dans le monde des médias. Il a brûlé trop de ponts. Détruit trop de relations. Perdu trop de crédibilité. Et maintenant, il est coincé dans un cycle : créer une entreprise, la ruiner, en créer une nouvelle, la ruiner, répéter. C’est une spirale descendante. Et il n’y a pas d’issue.
Les créanciers réclament leur dû
Pendant ce temps, les créanciers de Merit Street s’accumulent. Employés licenciés qui n’ont pas été payés. Fournisseurs qui n’ont pas été remboursés. Investisseurs qui ont perdu des millions. Tous réclament leur argent. Tous veulent leur part de ce qui reste. Selon les documents de faillite, Merit Street doit plus de 100 millions de dollars. Mais l’entreprise n’a que quelques millions d’actifs à liquider. Ce qui signifie que la plupart des créanciers ne récupéreront qu’une fraction de ce qu’on leur doit. Certains ne récupéreront rien. Et maintenant, avec le transfert d’actifs vers Envoy, les créanciers sont furieux. Ils accusent McGraw d’avoir vidé Merit Street pour financer Envoy. De leur avoir volé leur argent. De les avoir trahis. Un juge de la faillite a qualifié le différend entre McGraw et TBN de « tout sauf routinier ». Il a exprimé sa frustration face au chaos, aux accusations, aux contre-accusations. Il a averti les deux parties que si elles ne trouvaient pas un règlement, le tribunal imposerait une solution — et personne ne sera satisfait. Mais pour l’instant, McGraw refuse de plier. Il continue de se battre. De nier. De blâmer les autres. Et pendant ce temps, les créanciers attendent. Espérant récupérer au moins une partie de ce qu’on leur doit. Sachant qu’ils ne le verront probablement jamais.
Les leçons de l'effondrement de Merit Street

L’opportunisme politique ne garantit pas le succès
La première leçon de l’effondrement de Merit Street, c’est que l’opportunisme politique ne suffit pas. McGraw pensait que s’aligner avec Trump, accompagner ICE, critiquer les progressistes, suffirait à construire une audience loyale. Mais il avait tort. Parce que l’audience MAGA n’est pas automatique. Elle doit être cultivée. Elle doit être nourrie. Elle doit avoir une raison de vous préférer aux dizaines d’autres voix conservatrices qui se battent pour son attention. McGraw n’a jamais compris ça. Il pensait que sa célébrité suffirait. Que son nom suffirait. Que sa proximité avec Trump suffirait. Mais dans l’écosystème médiatique de 2025, rien de tout ça ne suffit. Il faut du contenu original. Des perspectives uniques. Une voix authentique. McGraw avait juste une copie de ce que Fox News, Newsmax, et OAN faisaient déjà mieux. Et dans un marché saturé, les copies meurent. Toujours. La deuxième leçon, c’est que détruire sa marque a un coût. Pendant 21 ans, McGraw avait cultivé une image de psychologue bienveillant, de conseiller de confiance, de figure apolitique. En se jetant dans le mouvement MAGA, il a détruit cette image en quelques mois. Et maintenant, il ne peut plus la récupérer. Parce que la confiance, une fois perdue, ne se retrouve jamais vraiment. Les gens se souviennent. Ils n’oublient pas. Et ils ne pardonnent pas facilement. McGraw découvre maintenant ce que signifie être rejeté par la moitié du pays. Et ignoré par l’autre moitié. C’est une position impossible. Et il n’y a pas de retour en arrière.
La mauvaise gestion financière tue plus vite que l’idéologie
La troisième leçon, c’est que même avec le meilleur alignement politique, une mauvaise gestion financière tue une entreprise. Merit Street a échoué non pas parce que son idéologie était mauvaise — dans l’Amérique de Trump, il y a clairement un marché pour les médias conservateurs. Elle a échoué parce qu’elle était mal gérée. Dépenses excessives. Promesses non tenues. Accords mal négociés. Transferts d’actifs douteux. Manque de transparence. Manque de planification. Manque de discipline. McGraw a traité Merit Street comme une extension de son ego. Pas comme une entreprise. Il a dépensé sans compter. Il a embauché sans stratégie. Il a promis sans livrer. Et maintenant, il paie le prix. Parce que dans le monde des affaires, l’idéologie ne sauve pas une entreprise mal gérée. L’argent ne sauve pas une entreprise mal gérée. Seule une gestion compétente sauve une entreprise. Et McGraw n’en avait pas. La quatrième leçon, c’est que les partenariats mal choisis peuvent détruire une entreprise. McGraw a choisi TBN comme partenaire parce qu’ils avaient de l’argent et de la distribution. Mais il n’a jamais vraiment compris qui était TBN. Un réseau chrétien conservateur qui avait ses propres priorités, ses propres valeurs, sa propre vision. Et quand ces visions sont entrées en conflit, le partenariat s’est effondré. Maintenant, les deux parties se battent en tribunal. Et personne ne gagne. Sauf les avocats.
L’arrogance précède toujours la chute
La cinquième et dernière leçon, c’est que l’arrogance précède toujours la chute. McGraw pensait qu’il ne pouvait pas échouer. Qu’il était trop célèbre. Trop intelligent. Trop connecté. Il a ignoré les avertissements. Il a rejeté les critiques. Il a blâmé les autres pour ses propres erreurs. Et maintenant, il est assis dans une salle d’audience de faillite, essayant de sauver ce qui reste de son empire. C’est une histoire classique. On la voit encore et encore. Des gens qui ont eu du succès pendant si longtemps qu’ils croient être invincibles. Ils prennent des risques insensés. Ils font des promesses impossibles. Ils brûlent des ponts. Et un jour, tout s’effondre. McGraw n’est pas unique. Il n’est pas spécial. Il est juste un de plus dans une longue liste de gens qui ont cru en leur propre mythe. Et qui ont payé le prix. La seule différence, c’est que dans le cas de McGraw, tout ça s’est passé publiquement. Sous les projecteurs. Avec des millions de témoins. Et ça rend la chute encore plus brutale. Encore plus humiliante. Encore plus définitive.
Trump peut-il sauver McGraw ?

La proximité avec le pouvoir ne paie pas toujours
Pendant toute l’année 2025, McGraw a misé sur sa proximité avec Trump pour sauver son entreprise. Il pensait que chaque apparition à la Maison-Blanche, chaque raid d’ICE filmé, chaque événement politique lui donnerait de la visibilité, de la crédibilité, des audiences. Mais ça n’a pas marché. Parce que Trump, malgré toute sa puissance, ne peut pas créer une audience pour quelqu’un. Il peut donner de l’accès. Il peut donner de la visibilité. Mais il ne peut pas forcer les gens à regarder. Et les gens n’ont pas regardé. Parce que McGraw n’offrait rien de nouveau. Rien de différent. Rien qui justifie de changer de chaîne. La proximité avec le pouvoir peut être une ressource. Mais elle n’est pas une garantie. Elle ne remplace pas le talent. Elle ne remplace pas le contenu. Elle ne remplace pas la compétence. Et McGraw n’avait aucune de ces choses. Il avait juste de l’opportunisme. Et ça ne suffit pas. D’autres figures médiatiques proches de Trump ont réussi. Tucker Carlson, après avoir quitté Fox News, a lancé son propre show sur Twitter et a construit une audience massive. Joe Rogan, bien qu’il ne soit pas trumpiste au sens strict, a réussi à maintenir une audience énorme en offrant des conversations longues, non filtrées, authentiques. Même Steve Bannon, malgré ses problèmes légaux, a construit une audience fidèle avec son podcast War Room. Qu’ont-ils tous en commun ? Ils offrent quelque chose d’unique. Une perspective. Une voix. Un style. McGraw n’avait rien de tout ça. Il était juste un vieux psychologue de la télévision essayant de surfer sur la vague MAGA. Et ça ne fonctionne pas.
L’alliance avec Trump comme fardeau
En fait, l’alliance de McGraw avec Trump pourrait avoir été un fardeau plutôt qu’un avantage. Parce qu’en s’associant si étroitement à Trump, McGraw a aliéné une grande partie de son ancienne audience. Les modérés. Les indépendants. Même les conservateurs traditionnels qui n’aiment pas Trump. Tous ces gens — qui constituaient autrefois le cœur de l’audience de McGraw — l’ont abandonné. Et il ne les récupérera jamais. Parce qu’ils le voient maintenant comme un propagandiste. Un opportuniste. Quelqu’un qui a vendu son intégrité pour un accès au pouvoir. Et dans un pays aussi polarisé que les États-Unis en 2025, cette perception est mortelle. Parce qu’elle signifie que McGraw n’a plus d’audience large. Il a juste une niche : les trumpistes hardcore. Mais cette niche est déjà saturée. Elle a ses propres héros. Ses propres voix. Et McGraw n’en fait pas vraiment partie. Il est trop vieux. Trop daté. Trop insignifiant. Résultat ? McGraw se retrouve dans le pire des deux mondes. Rejeté par son ancienne audience. Ignoré par la nouvelle. C’est une position impossible. Et c’est exactement là que l’alliance avec Trump l’a mené.
Aucun sauvetage en vue
Alors, Trump va-t-il sauver McGraw ? Non. Parce que Trump ne sauve personne. Il utilise les gens. Et quand ils ne lui sont plus utiles, il les abandonne. McGraw était utile pendant quelques mois. Il fournissait du contenu. Il légitimait les opérations d’ICE. Il amplifiait la propagande de la Maison-Blanche. Mais maintenant que Merit Street est mort, maintenant que McGraw n’a plus de plateforme, il n’est plus utile. Et Trump passera à autre chose. Il trouvera un autre opportuniste prêt à le servir. Un autre parasite médiatique prêt à échanger son intégrité contre un accès au pouvoir. C’est le cycle. C’est comme ça que Trump fonctionne. Il consomme les gens. Il les vide. Il les jette. Et McGraw vient de découvrir qu’il n’est pas différent des autres. Il n’est pas spécial. Il n’est pas indispensable. Il est juste un autre nom sur la longue liste de ceux qui ont tout misé sur Trump. Et qui ont tout perdu.
L'avenir sombre de McGraw

Une carrière en lambeaux
Alors, que reste-t-il à McGraw ? Pas grand-chose. Sa carrière télévisuelle est terminée. CBS ne le reprendra jamais. Aucun grand réseau ne voudra travailler avec quelqu’un qui a détruit sa crédibilité, qui est empêtré dans un procès de 500 millions de dollars, qui a brûlé tous ses ponts. Merit Street est mort. Envoy survivra peut-être quelques mois, peut-être un an, avant de s’effondrer à son tour. Parce que McGraw n’a pas appris de ses erreurs. Il répète les mêmes schémas. Les mêmes promesses. Les mêmes mensonges. Et ça ne fonctionne pas. Financièrement, McGraw est probablement encore riche. Il a accumulé une fortune pendant ses deux décennies à la télévision. Mais cette fortune se vide rapidement. Les frais juridiques. Les dettes de Merit Street. Les investissements dans Envoy. Tout ça coûte des millions. Et si le procès avec TBN se termine mal pour lui — ce qui est probable — il pourrait perdre encore plus. Au niveau de la réputation, McGraw est fini. Il sera toujours connu comme « le type qui a tout gâché ». Comme « l’opportuniste qui a vendu son âme à Trump ». Comme « le milliardaire arrogant qui a ruiné sa propre entreprise ». Cette réputation le suivra pour le reste de sa vie. Et dans le monde des médias, où la réputation est tout, c’est une condamnation à mort.
Aucune rédemption possible
Y a-t-il un chemin vers la rédemption pour McGraw ? Peut-il se reconstruire ? Reconquérir une audience ? Retrouver sa crédibilité ? Non. Parce que la rédemption nécessite quelque chose que McGraw semble incapable de faire : admettre ses erreurs. S’excuser. Reconnaître qu’il a tort. Montrer de l’humilité. Mais McGraw n’a jamais fait ça. Dans son témoignage de septembre, il a blâmé TBN. Dans ses interviews publiques, il blâme les médias. Dans ses déclarations, il se présente comme une victime. Jamais comme quelqu’un qui a commis des erreurs. Et tant qu’il maintiendra cette posture, il n’y aura pas de rédemption. Parce que les gens pardonnent les erreurs. Mais ils ne pardonnent pas l’arrogance. Ils ne pardonnent pas le refus de reconnaître ses torts. Ils ne pardonnent pas le narcissisme. Et McGraw incarne tout ça. Il est trop fier pour s’excuser. Trop arrogant pour admettre qu’il a échoué. Trop narcissique pour reconnaître qu’il a détruit sa propre carrière. Alors il continuera de blâmer les autres. De lancer de nouvelles entreprises qui échoueront. De promettre que cette fois ce sera différent. Et personne ne le croira. Parce qu’on ne le croit déjà plus.
Un symbole de l’ère Trump
Dans un sens, McGraw est devenu un symbole de l’ère Trump. Un symbole de l’opportunisme qui détruit ceux qui le pratiquent. Un symbole de l’arrogance qui précède toujours la chute. Un symbole de la cupidité qui consume ceux qu’elle habite. Il a tout sacrifié — sa réputation, sa marque, ses valeurs — pour un accès au pouvoir. Et maintenant, il se retrouve avec rien. Pas de pouvoir. Pas de réputation. Pas d’entreprise. Pas d’avenir. Juste un procès interminable et une fortune qui se vide. C’est une histoire que nous verrons se répéter encore et encore dans les années à venir. D’autres figures médiatiques, d’autres hommes d’affaires, d’autres opportunistes feront le même pari que McGraw. Ils s’allieront avec Trump. Ils détruiront leur réputation. Ils ruineront leur carrière. Et ils finiront comme McGraw : seuls, brisés, oubliés. Parce que c’est ce que fait Trump. Il consomme les gens. Il les utilise. Il les détruit. Et il passe au suivant. McGraw vient de découvrir cette vérité. Mais il est trop tard. Le mal est fait. L’empire est tombé. Et il ne se relèvera jamais.
Conclusion

Ce qu’il faut retenir
Phil McGraw — Dr Phil — a passé 21 ans à dominer la télévision américaine. En 2023, il a quitté CBS pour lancer Merit Street Media, un réseau conservateur qui devait révolutionner les médias. Un an et demi plus tard, Merit Street est en faillite. McGraw est empêtré dans un procès de 500 millions de dollars avec son partenaire Trinity Broadcasting. Son émission phare est en hiatus. Ses employés ont été licenciés. Ses investisseurs ont perdu des millions. Et maintenant, il tente de lancer une troisième entreprise — Envoy Media — alors que la deuxième agonise en tribunal. Tout ça parce que McGraw a fait un pari désastreux : s’allier avec Trump. Il pensait que cette proximité avec le pouvoir se traduirait en audiences, en influence, en argent. Mais ça n’a pas marché. Parce que l’opportunisme politique ne suffit pas. Parce que détruire sa marque a un coût. Parce que la mauvaise gestion tue plus vite que l’idéologie. Et parce que Trump ne sauve personne. Il consomme les gens. Il les utilise. Il les détruit. McGraw vient de découvrir cette vérité. Et il paie le prix. Sa carrière est en lambeaux. Sa réputation est détruite. Son empire s’est effondré. Et il n’y a pas de retour en arrière. Pas de rédemption. Pas de sauvetage. Juste une chute spectaculaire, publique, humiliante. Et un avertissement pour tous ceux qui envisagent de parier leur avenir sur Trump.
Ce qui change dès maintenant
Ce qui change immédiatement, c’est que McGraw n’est plus une figure crédible dans le monde des médias. Il est devenu un symbole de l’échec. Un exemple de ce qui arrive quand on sacrifie son intégrité pour l’opportunisme politique. Les autres figures médiatiques qui envisagent de s’allier avec Trump regarderont McGraw et hésiteront. Parce qu’ils verront ce qui lui est arrivé. Ils verront comment il a tout perdu. Et ils se demanderont si ça en vaut vraiment la peine. Ce qui change aussi, c’est que l’histoire de McGraw devient un cas d’école en gestion d’entreprise. Comment ne pas lancer une entreprise. Comment ne pas gérer des partenaires. Comment ne pas négocier des accords. Les écoles de commerce étudieront Merit Street pendant des années comme exemple de ce qui se passe quand l’arrogance, l’opportunisme, et la mauvaise gestion se combinent. Enfin, ce qui change, c’est que McGraw lui-même devra affronter sa réalité. Il ne peut plus se cacher derrière les excuses. Il ne peut plus blâmer les autres. Il devra reconnaître — au moins pour lui-même — qu’il a échoué. Qu’il a tout gâché. Qu’il a détruit sa propre carrière. Et cette reconnaissance, aussi douloureuse soit-elle, est peut-être la seule chose qui pourrait lui permettre de trouver une forme de paix. Mais connaissant McGraw, il ne la trouvera probablement jamais.