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Un sarcasme qui gèle le sang

C’est arrivé ce lundi 13 octobre 2025, dans le tumulte de l’échange historique entre Israël et le Hamas. Vingt otages israéliens encore vivants retrouvaient enfin leur famille après deux années d’enfer à Gaza. Le monde entier retenait son souffle. Les familles pleuraient de soulagement. Les caméras captaient chaque seconde de cet instant, presque miraculeux… Et c’est là, dans ce moment de grâce fragile, que le vice-président JD Vance a choisi de dégainer son arme préférée : le racisme déguisé en plaisanterie. La cible ? Elizabeth Warren, sénatrice du Massachusetts, qui avait osé saluer ce cessez-le-feu. Vance a tweeté : « Le président m’a dit qu’il a fait ça le jour des Peuples Autochtones en ton honneur. » Un coup de poignard masqué sous l’humour, une insulte codée mais parfaitement lisible pour quiconque suit la politique américaine depuis quelques années. Pocahontas. Encore. Toujours. L’obsession raciale comme signature politique d’une administration qui ne recule devant rien, même pas devant la dignité d’un moment historique.

L’histoire qui se répète, en pire

Trump et son entourage ridiculisent Warren depuis 2016 sous ce sobriquet de « Pocahontas », une attaque dévastatrice contre ses revendications d’ascendance amérindienne partielle. Elle avait, il y a des années, mentionné cette part de son héritage familial alors qu’elle enseignait à l’Université de Pennsylvanie et à Harvard. Ses détracteurs ont saisi cette occasion pour en faire un scandale — comme si une femme blanche osant évoquer ses racines amérindiennes méritait d’être humiliée publiquement pendant une décennie. En 2018, Warren avait même publié les résultats d’un test ADN confirmant une ascendance amérindienne remontant entre six et dix générations. Trump l’avait qualifié de « bidon ». La Nation Cherokee avait déclaré qu’utiliser un test ADN pour prétendre à une identité tribale était « inapproprié et incorrect ». Warren s’était excusée. Mais l’insulte n’a jamais cessé. Au contraire, elle s’est institutionnalisée, normalisée, banalisée. Et aujourd’hui, dans ce contexte de libération d’otages où chaque mot devrait peser son poids d’humanité, Vance remet ça — non pas par maladresse, mais par calcul politique froid.

Le cynisme à l’état pur

Warren avait publié un message sincère sur X : « Pendant deux années déchirantes, j’ai plaidé pour le retour des otages brutalement enlevés le 7 octobre et retenus à Gaza. Aujourd’hui, c’est un bon jour. Les otages israéliens survivants sont enfin chez eux, retrouvant leurs familles. Mes pensées les accompagnent ainsi que leurs proches en ce jour encourageant, et je prie pour leur rétablissement complet. » Elle avait ajouté : « Nous devons mettre fin à la guerre à Gaza, augmenter l’aide humanitaire et poursuivre une solution à deux États immédiatement. » Un message de compassion, de politique responsable, de vision à long terme. La réponse de Vance ? Un crachat public, une moquerie raciale, un rappel que dans l’Amérique de Trump et Vance, même les tragédies humaines peuvent servir de prétexte pour humilier une adversaire politique. Le message est clair : pour cette administration, aucun sujet n’est sacré, aucune ligne ne mérite d’être respectée, aucune décence n’existe quand il s’agit de marquer des points contre les Démocrates. La haine comme méthode. Le mépris comme gouvernance.

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